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Je ne sais pas où ça va (replay)

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Je ne sais pas où ça va (replay) Empty Je ne sais pas où ça va (replay)

Message  Isak Yiil Sam 4 Mar 2006 - 14:39

« Si l'on souhaite savoir où crèche Dieu, il suffit de le demander à un ivrogne. »
Bukowski


Je ne sais pas où ça va


Qu’est- ce que je fais
Je sais pas
Qu’est ce que je suis
Je sais pas
Qu’est-ce que je fais là dans la « rue »
Me perdre ou me trouver
Suis pas foutue de le dire.
Ni même envie de savoir
Pas envie de me savoir.
Le tout, c’est d’arriver à l’ultime, à l’absolu, au final être saoule, saoule comme hier, et hier, et hier, et hier, et…
Alcool
Danse
Musique.
C’est ça… Musique ! Au Cirque, elle est bonne. Et la bière… Cent sortes de bières !
Avant j’étais une femme sérieuse.
Avant.
Avant est loin. Un mois, deux ?
Avant, j’étais la femme de quelqu’un.
Avant

***


Rentrer chez soi, pour moi, c’est sortir de taule, réintégrer la « rue », ma rue. Me rouler dans ce monde de misère, monde aux paluches sales, craspouilles, mais mains toujours ouvertes.
Je m’arrête un instant, m’allume une clope, une vraie. Putain que c’est bon !
— Restez où vous êtes, il a gueulé !
Je me suis barré dans la direction opposée, résultat : trois mois de plus.
— Né de père inconnu, qu’il a dit le procureur, avec un air méprisant, votre mère ? Tout le monde a une mère, même les gars de votre espèce. Son nom ?
— La « rue » ! j’ai dit :
Trois mois de plus !
— Votre nom ?
— Tipi ! j’ai dit :
Trois mois de plus !
Quand j’ai vu que ça se barrait comme ça, j’ai plus rien répondu :
Trois mois de plus !
Le « Proc trimestriel » qu’on le surnomme. Je le savais. Là, je l’ai compris.
Après ça, va t’en trouver du boulot ! Un normal je veux dire. Inutile. Alors tu prends ton sac, tes cliques, tes claques, et ta réinsertion tu vas la faire, là où, c’est sûr, jamais tu trouveras un casier vierge : la « rue »
Je balance ma clope au caniveau, respire et entre dans la Maison Jaune.
— Alors ces vacances ? Balance le patron, un sourire goguenard sous ses moustaches.
— Ça manquait de filles, et la bouffe, c’était pas ça ! …Dis t’aurais pas besoin d’un…
— Ton tablier est sous le comptoir !
Voilà, aussi simple que ça…
— Un type va passer tout à l’heure, tu lui remettras le paquet qu’est dans… enfin, tu sais !
… De replonger !

***


Je suis la rue, l’artère, la rue sang du monde, rouge de plaisir, ivre de joie, bleue de nuit, bleue de blues. La rue qui bat palpite, la rue qui s’fout les veines en l’air, vend ses charmes, exalte ses peurs pour les vomir, les pleurer, au petit matin, au petit crachin, au petit chagrin… et qui, quelquefois, livre un corps entre poubelles. Je suis « la rue », je célèbre la vie à mort !


***


— Une bière, s’il vous plait !
Une, puis une autre… après, quand je flotterai un peu, j’irai faire un flipper à la Maison Jaune. Me déchaîner sur la machine, j’aime ça.
… mensonge, me dis-je. La vérité toute crue, c’est que je me sers du flipper pour attirer son attention. Lui balancer mon cul l’air de pas en avoir l’air. Remuer mon joli petit cul de fille seule, je le fais mieux que personne. Mais tout à l’heure c’était pas Tipi au bar, c’était le patron. Bien obligée de le reconnaître, si c’était juste pour le flipper j’y serais allée quand même… Alors je reste là, devant ma bière, les pensées tendues vers lui, pensées bercées par Janis.
J’ai le Kozmic Blues à fond, oui.

Un mec entre, un que j’ai jamais vu, il ne s’assied pas, reste debout tout au bout du comptoir. Moi, je suis à ma place, à l’opposé, près du cul de femme en plâtre, en marbre… je n’ai jamais su.
Il déclare à la cantonade en ouvrant large les bras :
— Il faut éclabousser le monde !
Puis…
— Je m’appelle Taran, je suis z’un hongr... z’un hon-grois, ja ! Sculpteur hon-grois !
Et sa voix résonne, ses mots cinglent, claquent comme fouet sur les murs carrelés de bleu, de blanc.
Il demande le téléphone, s’ébouriffe les cheveux. Clairs les cheveux, châtains et fins — je pense : des cheveux d’enfant — et clairs les yeux, délavés, couleur du nord, des yeux marins usés au sel .
Il parle abondamment, il dit avec un accent métissé non identifié collé au timbre de l’alcool :
— Viens me chercher Edward, ça tu dois faire pour moi, ma femme elle veut pas. Olga elle veut pas venir chercher son petit ma-ri ché-ri, ce vau-rien qui vaut rien…. Olga elle est avec sa copine, je sais pas ce qu’elles for-niquent. Hilda et Olga. Hilda elle est jolie ça oui ! Foutre-ment ! Olga et Hilda vont en bateau. Hilda tombe dans l’eau. Et keski reste, hein ? Olga. Ma femme. E-videmment, celle-là elle reste. Toujours, et puis encore toujours. Et puis, moi, hein, je suis là comme une conne-rie d’or-dure où je me pré-lasse. Edward, je n’ai que toi. Edward ? allo ? allo ? Coupé ! Godverdom !

Mais de Taran, je m’en fous…
Je ne sais pas où ça va…
Tipi !
L’effet qu’il me fait
Penser à lui
Même furtivement…
C’est la mer
La marée qui me monte du bas-ventre au cœur et puis ce goût-là m’arrive dans la bouche, redescend et… ressac once again ! Sensation infiniment complexe, jouissance et, dans le même temps, au bord des yeux les larmes, au bord des lèvres le cœur. Suis retournée, chamboulée, remuée est le mot, chavirée aussi convient.
Mal ou bien de mer… tôt ou tard m’échouer … somewhere.
Tipi !

***


Elle vient depuis quelque temps déjà, elle joue, se la joue, me la joue au flipper. Je lui plais, elle me plaît, elle sait, je sais, nous savons, tout le monde sait, mais nous n’osons faire voler en éclats ce « savoir », nous n’osons transformer le présent en imparfait, pas encore.

***


Je suis la mère ogresse, dans la jouissance j’enfante, dans la démence j’allaite, mes gosses dansent sur mes seins pavés, dansent et tournent jusqu’à rompre vie. Je suis celle qui reprend ce qu’elle offre, je suis la rue becteuse d’âmes.


***



Il m’a vue, repérée, il se rapproche, abandonne le téléphone, caresse le cul de plâtre de marbre ; caresse instinctivement comme tous le font, comme je le fais moi.
Il ouvre à nouveau les bras, invite :
— Hé, hola ! Champagne ! Taran régale le monde !
Puis, à moi :
— Tu veux des fleurs toi Madame jolie ? Je te paye des fleurs. Garçon ! Téléphone, als u blief ! Ja, dank u ! T’as le nom d’un fleuriste ou je fais Interflora ? Interflora jamais il dort… Allo ! je voudrais cinquante roses rouges pour Madame jolie, neen, cinquante et une fleurs, faut que ce soit impair, hein, tu sais ça, ja ? Adresse ? Attends, je demande : rue Rodu,… non… rue Rotuuur… numéro treize, Le Cirque Divers, à Liège, ja ! Belgique. Ok.
Et sa main bat l’air alentour :
— Il faut inonder le monde, que ça gicle ! Eclats et boussures, ja ! et tu sais, tutti quanti enzovoort ! Je meurs ! Et Olga vient pas chercher son homme… Tant mieux de tant pis ! Je bois, je pisse et je gerbe des morts !
Et moi…
Je ne sais pas où ça va…
Lui
Tipi
Dans ma tête
Dans mon ventre
Dans ma nuit
Je l’appelle
Je l’appelle
Tellement je l’appelle
Et je bois
Et Janis chante :
« Oh Lord, won't you buy me a night on the town ?
I'm counting on you, Lord, please don't let me down.
Prove that you love me and buy the next round,
Oh Lord, won't you buy me a night on the town ? »*


***


J’en ai dépensé des vies pour être, consumé des rêves, des envies, j’en ai brûlé des espoirs, rangé des passions au placard, j’en ai bouffé du pain noir, si noir, que dans mon ventre, la lumière se fait pénombre.


***


Le sculpteur Zon-grois me tend une coupe :
— Et toi Madame ? Tiens, prends Champagne !
— Non merci, je fais, j’ai déjà ma bière.
Mais je le regarde. Je le vois. Il est transparent. Je pense « C’est une crevette… comme moi, ballottée, bringuebalée, comme moi ».
— C’est comme tu veux. Tu me plais, tu sais, toi ! J’aime les femmes à bière !
Il vague un peu, s’évade, hoquette, cherche à amorcer une idée, la trouve, la perd puis … :
— T’as raison… les femmes à Champagne c’est de la merde ! « De la merde ! » il répète pour le cul de marbre en plâtre.
Ma bière bue, j’attrape mon sac, je m’en vais, envie de danser, en face, au Lion.
Je l’entends :
— Eh ! Madame ! Pars pas !
Je ne me retourne pas. Je suis partie déjà. Froid, pavé, « la rue », son odeur-pisse-de-chat-de-chien-d’homme. Pénétrante, écœurante, enivrante… Je passe d’abord devant la Maison Jaune. Merde ! Flipper pas libre, « dommage , c’est « lui » au bar ! » Je me pointe quand même dans l’entrée, balaie l’espace du regard, moue désinvolte. Il m’a vue, c’est bon, je repasserai plus tard. Je sonne au Lion. Jacques me fait attendre. Il ouvre le judas.
— T’es seule ? il fait
— Ben oui, tu vois pas !
La porte noire s’ouvre, se referme.
J’entre dans la musique.

***


Ce soir, la rue est pleine de rires, d’engueulades, comme chaque soir la rue se fait théâtre de vie : chiens, hommes, filles à la beauté pleine et qui la vende, d’autres non, chats fouillant les poubelles restaus, bistrots, chats efflanqués guettant derrière les fenêtres des cuisines, des hommes encore : beaux, aux gueules de pochards célestes, et des filles encore : sculptées par la nuit, et sur leurs lèvres, la lune qui se dessine, fascine, et les chiens qui voient ça et qui hurlent.
Ce soir, je marche la tête en vrac, les idées au foutraque, j’arpente ma rue.
Nuit de chien.
Sur la scène bord trottoir, l’une d’elles s’avance, me tend un miroir, me dit « regarde ! ». Et comme je relève la tête de mon reflet, elle prend mes lèvres et dit « Tu viens ?! »
À toutes je plais, et toutes elles me veulent, mais moi Tipi je ne pense qu’à « elle ».
Nuit féline
Ce soir, je marche, chantonne : « Les hommes, il ne conviendrait de les connaître que disponibles, à certaines heures pâles de la nuit, près d’une machine à sous**… »
Nuit citadine
Ce soir, je marche en direction de la « Maison Jaune », bistrot s’il en est, pour y prendre mon service.
Tipi, c’est ainsi que la rue m’appelle. J’ai, dans les cheveux, des plumes. Elles sont sorties de mon dos pour se planter là.
Nuit divine.
« Elle est passée. Elle était seule, alors peut-être, ce soir c’est ma chance. »

***


Je suis de ces rues interdites à l’ordinaire, de ces rues mal-pensantes que le quidam réprouve de jour et dans laquelle, à l’abri des consciences, il vient se fondre la nuit. Je suis la rue des marins en partance, des putains sans repentance, celle des junkies, des clowns, des artistes de tous poils et qui de leurs poils me peignent, je suis la rue poumons du monde, je suis étroite comme l’entrecuisse d’une pucelle, j’ai le cœur gros comme l’univers, les idées à l’envers, je suis l’endroit, miroir de vos têtes, alouettes.


***


Je danse. Quand je danse, je suis tout à ça. Jusqu’à la transe, jusqu’à l’extase ; je croise des regards mais plus rien n’existe. Que la musique et moi dedans et mon sang qui bat.
Janis encore : « Cry Baby »
Je ne sais pas où ça va…
Je suis folle.
Suis-je folle ?
Je suis folle mais pas encore assez
Pas encore assez
Pas encore assez
Pas
Encore
Assez
Et comme ça
Jusqu’à l’épuisement
Après, ça va. Ça va mieux. Là je m’arrête un peu, commande un verre au bar, cachaça, j’aime ça. Grabuge. Jacques s’encolère avec un gars à la porte qu’il ne veut pas laisser entrer. Le gars tambourine sur la porte comme un forcené. Je reconnais la voix : Taran le sculpteur z’hon-grois !
Je dis :
— Laisse entrer, Jacques, ce type est avec moi.
— T’avais pas dit que t’étais seule ?
— Allez, sois sympa, je le connais, c’est une crevette
— Une quoi ?
— Rien.
Taran entre il tient une brassée de roses rouges ; il est échevelé, débraillé, attendrissant. Il me voit, tombe sur moi avec toutes ses fleurs : cinquante et une.
Il dit :
— Pour toi !
J’ai envie d’être méchante alors je réponds :
— Je n’aime pas les roses rouges, que les jaunes ! Tache de t’en souvenir la prochaine fois.
Mais il me désarme, il dit :
— Ok ! Il y a téléphone ici ?
Bon, assez parlé, la piste m’appelle. Je danse. Je danse. Je danse.
Ensuite j’attrape la main de Taran et je dis, :
Viens le Zongrois, on change de crèmerie !

Isak Yiil

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Je ne sais pas où ça va (replay) Empty Re: Je ne sais pas où ça va (replay)

Message  Isak Yiil Sam 4 Mar 2006 - 14:39

***



Je suis la rue, je sinue, insinue d’un bouge à l’autre, m’ouvre, mouve, je perpétue, tue, je déglingue, dézingue les espérances sur bord de zinc, je passe outre, je suis outre, j’Outremeuse.


***


J’ai fini mon service, balayé le bistrot, collé une bouteille moitié pleine de scotch dans les pognes de Jujube pour qu’il la range sous son manteau, tout contre son cœur de poivrot, et qu’il décampe. Ce qu’il finit par faire après m’avoir raconté pour la énième fois à quel point la vie est moche et mal foutue pour qui a défendu son pays son existence durant.
Jujube, accordéon en bandoulière, chihuahua obèse posé sur l’épaule, a couru le monde, vendu ses talents d’égorgeur patriote aux quatre vents, avant que d’échoir dans la rue, avant que de se faire happer par elle. « Avant est si loin… » dit-il.
Depuis, au coin, un peu plus loin, il joue des chansons tristes, et lorsqu’il pleure sur le passé, son chien boit sa tristesse à la source, tandis que ses doigts courent sur des gâchettes désormais diatoniques.
Mais ne vous y trompez pas, mieux vaut ne pas lui faucher sa bouteille, ni même essayer, car alors le colosse se réveille et ses mains dans lesquelles souvent il pleure, cherchent et retrouvent le chemin du passé.
Écoutez sa musique, déposez votre pièce, mais ne regardez pas le vieil homme dans ses yeux bleus mouillés de sang. Jamais. Ils ont tant vu, vécu tant de galères, tellement, que le diable en personne, une nuit d’ivresse, s’y est perdu.
— Elle t’attend, il dit, avant de s’en aller.
— Qu’en sais-tu toi ?
— L’amour, la haine, c’est la même odeur. En passant tout à l’heure, elle a suspendu son parfum aux étoiles.

***


Je suis mange monde, ventre, viscères, crève-cœur, je suis votre dernière chance mais jamais ne vous la laisse, je suis celle qui prend sans jamais rendre, je suis l’autre côté de vous, résipiscence psychée, purgatoire des sens, je suis l’asile du mal-être, antre le l’excès, gîte des folies, je suis « La rue », répugnance à normalité.

***


Jujube s’est installé sur son bout de trottoir. Je l’ai regardé faire en mettant le feu à ma clope, puis, comme à chaque fois, avant que de jouer, il a gueulé : « Frères humains qui après nous vivez n’ayez contre nous les cœurs endurcis, car si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plutôt de vous, merci ! », alors, les notes pulsées ont bercé le petit matin, et moi, je suis parti à sa recherche.

***


Le volet de La Maison Jaune est descendu.
Ça me tue.
Il n’est que cinq heures pourtant ?
Ne pas pleurer.
Ne pas répandre mon envie de lui, là, dans la « rue »
Ne pas pleurer.
Il y a de la lumière un peu plus loin comme un ultime sursaut de nuit. On entre dans le dernier bistrot de la rue, Honolulu, en réalité c’est un restau, mais qu’importe, à cette heure-ci : Vodka !
On s’attable le Zongrois et moi. Il m’avoue qu’il n’est pas hongrois mais moitié flamand, moitié tchèque. Qu’il ne s’appelle pas Taran mais Frans. Qu’il est sculpteur, oui, mais sculpteur verrier. Je pense : c’est un chouette gars. Au fond comme butin de nuit, c’est pas si mal : un faux Zongrois et cinquante et une roses…
Puis, tandis qu’il parle, parle et parle encore, je sens une présence dans mon dos, puis deux mains se posent sur mes épaules, des lèvres trouvent mon cou, frisson, c’est doux, c’est… le ciel qui explose, se déchire, s’ouvre et je sens, je sais : Tipi !
— Je vous cherchais Mad’âme, tu viens ?
Déjà je suis debout, déjà je prends mon sac, oui je viens, que puis-je faire d’autre ? Je viens depuis le premier regard, depuis tout le temps, je viens depuis toujours…
Je viens

***


Je suis la rue des amours bancales, des amants famine, dégrafe passion, bousille tendresse, découd illusions, dégomme liaisons, brûle câlins. Je suis « La rue Vie » celle qui punit, je suis celle qui gagne.


***


Comme au matin du monde.
Ils sont là, mélangés.
Sur cette couche, dans la lumière blafarde
Elle dessus, lui dessous.
Lui dessus, elle dessous
Ils mouvent
Sens dessus dessous.
Silencieux et graves
Ils se mangent.
Ne savent plus
Rien
Qui est l’un qui est l’autre
Ne savent pas
Plus.
Eperdus
Perdus au milieu des roses.

Taran-Frans endormi dans un fauteuil pas loin, émerge. Il les voit, les regarde, Son visage s’illumine.
Il dit :
— Téléphone. Il y a téléphone ici ?… Edward ! Je dois te dire… je vois la beauté. Je vois l’Amour. La lumière, Edward, je vois la lumière. Je vais sculpter la lumière, Edward, je vais sculpter la lumière du Grand Tout.
Et il rit.

***


Je suis la rue Vie, celle qui gagne, et, quelquefois perd, cœur à l’envers.


*


* « Mercedes Benz » de Janis Joplin
** « Richard » de Léo Ferré.

Isak Yiil

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Message  Giny Sam 4 Mar 2006 - 19:04

Suis encore groggy après votre texte. Suis toujours dans l'atmosphère qui me colle à la peau, j'arrive pas à en sortir. Je pense que vous aurez compris que ce texte m'a vraiment touché tellement il est bien écrit, et ...j'arrive même pas à mettre des mots dessus
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Message  Krystelle Ven 10 Mar 2006 - 12:38

Je ne recommente pas ce texte puisque je l'ai déjà fait lorsqu'il a été posté la première fois. Je redis juste qu'il me plait, me touche.

Krystelle

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Message  Yali Sam 13 Sep 2008 - 22:00

Putain de Bordel de Dieu, j'avais pas relu ça depuis longtemps et… Putain de Bordel de Dieu ce que c'est bon !
Une cigarette, un Craven A, un peu de recul me demandant si, j'envoie ou j'envoie pas ce commentaire ? "Bordel de Dieu ce que c'est bon !" je répète, me répète. J'hésite mais comme, vrai, y a pas un seul texte que je remonte volontiers parce que pas fier, et s'il en était un, ce serait celui-là. Celui là seulement. Èh mon amie, ça nous à couté du temps, pas mal de désaccords et beaucoup de complicité, de connivence, n'empêche que Putain de Bordel de Dieu ça t'as une gueule d'ange comme pas permis, l'une de ses gueules d'ange qu'aurait pas oublier d'être plus beau que le commun des mortels. Chair de Rubens. Allez, j'envoie.
Et Merci Kilis.

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Message  Invité Dim 14 Sep 2008 - 7:17

Magnifique frisson, les paupières se décollent ! Un texte comme ça, bon dieu, ça a tellement de talent que ça en donne à ceux qui lisent !

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Message  Evanescent Dim 14 Sep 2008 - 15:31

J'aurai de la chance si je m'en remets avant le mois prochain. Disons juste assez pour retrouver mes mots...
Pour l'instant j'ai juste 'magnifique' qui me vient à l'esprit...
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Message  Oeildenuit Dim 14 Sep 2008 - 21:05

C'est parfait.
Ca fait mouche, comme on dit.
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Message  patineuse62 Dim 14 Sep 2008 - 21:19

C'est vraiment bien écrit, j'aime aussi la forme que prend le texte. Et puis j'aime aussi l'histoire.
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Message  Lucy Lun 15 Sep 2008 - 8:04

Un texte à part avec des portraits de personnages taillés dans le vif. Une histoire d'amour bien balancée. Parfois, je me demandais jusqu'où ça allait aller. On va dire, au bout des choses.
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Message  claude Lun 15 Sep 2008 - 8:57

ressac once again
pourrait faire un titre, si ce n’est déjà fait.

le bistrot a pignon sur la rue des âmes errantes en quête d’oubli à défaut de sens. Bukowski donne le tempo. Janis joplin et Léo Ferré sont dans l’orchestre.

plein de belles phrases, une ambiance, un frisson, sur fond de seule issue l’amour, si possible passionnel, fugace, désespéré…

la double narration sonne parfaitement bien. un sans faute.

seul point qui me chagrine, la citation de Buskoswi :
« Si l'on souhaite savoir où crèche Dieu, il suffit de le demander à un ivrogne. »
si je me souviens bien, il était fâché avec les majuscules des débuts de phrases et d’après points.

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Message  silene82 Lun 21 Juin 2010 - 8:41

Curiosité piquée par l'autre texte, j'ai été voir celui-là, et pas déçu ma foi, parce qu'il y a vraiment de belles choses. Le risque étant de tourner au système et au maniérisme, évidemment. Tant qu'il y aura du souffle et de la poésie, ça marchera, et, cornegidouille, ça pulse gentiment.
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Message  Invité Lun 21 Juin 2010 - 8:53

Bon, ben décidément j'aime pas. On ne peut pas plaire à tout le monde, hein, Isak Yiil !

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Message  Invité Mar 22 Juin 2010 - 9:59

J'aime. Peut-être même encore plus que l'autre. Une fragilité, une grâce, l'éphémère, quelque chose d'insaisissable, un récit où je respire... Et puis cette rue...
Bien contente qu'il soit ressorti ce texte.

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Message  Sahkti Mar 6 Juil 2010 - 7:58

Hop !
Parce que ça en vaut la peine, c'est bon, ça fait du bien.
Quatre mains en symbiose, y a pas à dire...
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