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LOISEAU : "Loiseau des îles"

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LOISEAU : "Loiseau des îles" Empty LOISEAU : "Loiseau des îles"

Message  mentor Sam 29 Avr 2006 - 8:41

Loiseau des Îles


1ère partie

La plage de Batibou est peu fréquentée en ce mardi de décembre. La température est douce. Des rires d’enfants alternent avec les cris des aras qui jouent à s’emmêler les couleurs. De multiples zébrures en diagonale rayent la peau blanche de l’homme assis sur le sable noir. C’est l’ombre des palmes d’un cocotier qui frissonnent sous l’alizé. Adossé à son arbre, l’homme somnole, ou bien observe, on ne saurait dire, des lunettes noires cachent ses yeux. Un bruit mou, à dix centimètres de ses orteils, le fait sursauter. Une coco vient de tomber, décrochée par deux ouistitis qui dévalent le tronc et se jettent sur le fruit sans se préoccuper du bipède.
Les cris stridents de leur dispute incitent l’homme à lever le camp. Il s’étire, enfile une chemisette et se dirige vers le petit parking en passant devant un écriteau « Beware coconuts falls ! » qu’il ne lit pas.
Fred Loiseau rejoint sa Clio de location qui l’amène au dégrad Roseau, l’embarcadère des navettes de l’île de la Dominique.
Il règle les formalités avec Hertz, se présente au comptoir de la douane, passe sans anicroche, traverse le quai, monte sur la passerelle du ferry « L’Express des Îles ». Appareillage prévu pour la gare maritime de Bergevin en Guadeloupe à dix-sept heures, trajet d’une heure trois quarts.
Avec cette chaleur perpétuelle et le temps de traversée il se dit qu’il serait bon de dégoter un transat pas trop loin du bar. Il le trouve, s’installe. Les premières vibrations du bâtiment annoncent les manœuvres de départ.

Malgré tout, Fred Loiseau doit se rendre à l’évidence : il est d’humeur maussade.
Elle sentait pourtant bon le dépaysement la carte postale d’Amédée. Juste quelques mots derrière le cliché cocotiers sur sable blanc. Mais si bien tournés qu’à peine lus, il se voyait réserver un billet pour Pointe à Pitre. Son ami Amédée lui proposait deux semaines de farniente et de liberté dans son île d’adoption. Loiseau, heureux de revoir son pote, s’imaginait oublier ses problèmes du moment et s’était pris à rêver qu’une chute de noix de coco, à défaut d’une pomme variété Newton, serait l’élément déclencheur qui le transformerait d’un coup de détective falot en romancier hors pair.
Rassemblant avec difficulté ses dernières économies, il avait pu obtenir un aller simple à prix raisonnable par une « dernière minute ». Pour le retour, il verrait bien ! Sans regret il avait confié son chat Perfide le bien nommé à la garde de son amie Wanda, sa cartomancienne préférée. Puis, habitué des déplacements fréquents, il ne lui avait pas fallu longtemps pour préparer quelques affaires, sauter dans le bus pour Charles de Gaulle, s’enregistrer et embarquer pour huit heures de vol vers un autre monde.
Le paysage, le climat, la luminosité particulière, la chaleur des contacts, le ti-punch, tout concourait à lui faire oublier ses soucis récurrents. Au point qu’au troisième jour il se croyait arrivé depuis trois semaines.
Mais cette journée à la Dominique – balade vivement conseillée par son ami - ne lui avait apporté aucune idée de roman, une fois de plus. Loiseau s’était plutôt ennuyé sans son copain et il n’avait fait que profiter de la beauté et la quiétude des lieux sans réussir à se mettre sous la dent le moindre incident. Rien. Rien qui puisse laisser entrevoir un mystère, une enquête, de l’action, un scénario palpitant. Depuis le temps qu’il espérait dénicher LA grande affaire ! Celle qui lui vaudrait la reconnaissance, la notoriété, pourquoi pas la fortune, mais surtout matière à écrire LE roman dont il rêvait.

À demi-allongé à l’ombre, verre de punch en main, le détective ressasse son amertume en se laissant bercer par un léger roulis.
Mais l’amertume ne fait pas bon ménage avec le sucre de canne et se dissout à 55 degrés. Les vapeurs de rhum égaient les idées sombres. Il se laisse aller. Du lointain martèlement des pistons émanent des mots, s’alignent des phrases, s’enchaînent des paragraphes, s’ajoutent des chapitres… Loiseau voit déjà son nom au frontispice d’un gros volume ceint d’une bande rouge. C’est le best-seller de l’année. Deux cents exemplaires de son bouquin à l’entrée de toutes les bonnes librairies. Lui, signant dédicace sur dédicace à la FNAC des Halles à des groupies énamourées. La gloire, la reconnaissance, l’éditeur à ses pieds, les journalistes à sa porte. L’avance sur le prochain roman qui lui paiera un mas de rêve dans le Lubéron, sans compter qu’il pourra changer de cravate tous les jours. Derrière les lunettes noires les yeux rient. La vie est belle. Le compte en banque est plein. Le verre est vide.
Un grincement de transat tiré sur le pont sort Loiseau de sa quiétude. Un gros Créole en sueur, genre chocolat fondant, essoufflé mais souriant, s’installe tout près de lui en le saluant avec entrain et lui débite d’une traite :

- Félicien JACQUES, directeur commercial BMW pour les Antilles.
Loiseau volait très haut, il atterrit sans plaisir.
- Fred LOISEAU, Parisien en-va-can-ces… répond-il en détachant bien les dernières syllabes.

L’autre s’en fout, il ne l’écoute même pas. Il se commande un ti-punch, s’éponge le front, le cou, et se lance aussitôt dans un grand discours sur la liberté de circulation, la liberté d’expression, la liberté d’entreprendre, les formalités administratives, la taxe d’octroi de mer. Il mélange tout, se plaint, rit, se console, parle seul, ne cherche pas d’avis, ne demande pas de soutien.
Curieux comme la présence d’un bar et l’absorption d’alcool peuvent rassembler les hommes et les pousser à s’épancher…
Anesthésié par le ton monocorde et soporifique, Loiseau finit par s’endormir pour de bon, à l’abri de ses verres fumés, sans plus se préoccuper de son volubile voisin.

La sirène de l’Express des Îles sort le futur romancier de sa léthargie. Il ouvre les yeux, consulte sa montre : ils sont arrivés. Il tourne la tête : le Créole parle toujours… Se peut-il qu’il ait soliloqué comme ça pendant près de deux heures ?
Le gros homme se lève, toujours souriant, dégoulinant de sueur et d’amabilité, serre la main de Loiseau avec un « très heureux d’avoir fait votre connaissance, passez quand vous voulez monsieur Loiseau, à bientôt », lui glisse une carte de visite et s’éloigne. Loiseau jette un œil sur le bristol qui lui confirme les fonctions de son nouvel « ami ». Il habite en banlieue de Pointe-à-Pitre.
Dans la foule qui se dirige vers la passerelle les deux hommes se perdent de vue.
Ayant pris pied sur le quai, Loiseau est attiré par un bruit d’altercation. Ça se passe en tête de la file de voitures au poste de douane. Sa curiosité naturelle l’incite à se diriger vers le lieu du chahut : peut-être une bonne occasion ? Enfin de l’action ? Son pouls s’accélère d’excitation.
Un douanier examine des papiers, un autre tente de parler plus fort que son vis-à-vis : un bibendum en sueur qui tente de reprendre quelque chose que le fonctionnaire semble lui avoir confisqué. C’est son bavard du transat, son volubile de comptoir, son intarissable au ti-punch ! Bref, son ami…

- Rendez-moi Modestine ! Rendez-la moi je vous dis !
- Du calme monsieur ! Vous habitez les Antilles depuis longtemps ? Alors vous savez forcément que toute importation ou exportation de mygales est strictement interdite. Donnez-moi les clés du véhicule et suivez-moi.
« Import-export de mygales ?! Et je me plains des petites araignées qui hantent ma piaule à Paris ! » se dit Loiseau en frissonnant malgré la chaleur.
- Oui, une mygale, et alors ? C'est mon animal domestique, vous comprenez ? A moi. Je vais à la Dominique, dans ma famille, deux fois par mois, alors à chaque fois je l'emmène. Parce qu'elle supporte pas que quelqu'un d'autre s'occupe d'elle, vous voyez ? Elle est attachée. Modestine chérie, n’aie pas peur…
- Encore une plaisanterie comme ça et vous passez la nuit au poste, okay ? Venez.
Le deuxième douanier :
- Moi mes copines, je les préfère à deux pattes et avec moins de poils dessus !…
Le gros homme s’apprête à répliquer lorsqu’il aperçoit Loiseau :
- Monsieur ! Monsieur Loiseau ! Vous êtes là ! Venez s’il vous plaît ! Venez m’aider !
Il se rapproche. Et c’est le premier douanier qui s’adresse à lui :
- Vous connaissez cet homme ? Vous êtes qui ?
- Euh… je m’appelle Fred Loiseau, je suis détective, mais ça n’a rien à voir ! En fait je suis écrivain, et je cherche...
- Détective ? Presque un collègue… Qu’est-ce que vous savez de ce monsieur ?
- Euh... Pas grand-chose... A vrai dire rien.
- Comment ça « rien » ? Je vous ai raconté ma vie, je vous prenais pour un ami, je vous ai même invité, et… et voilà ?!
Loiseau commence à regretter d’avoir ronflé pendant la traversée.
Il demande :
- Qu’est-ce qui se passe avec cet homme ?
- Monsieur se balade avec une mygale et il prétend que c’est sa mascotte ! Très drôle ! C’est un trafic juteux ça, surtout s’il le fait plusieurs fois par mois comme il le dit lui-même. Vous savez, il y a pas mal d’amateurs aux States et en Europe pour ce genre d’animaux de compagnie.
- Vous ne le croyez pas ?
- Non ! Pas du tout même !

Fred Loiseau réfléchit à toute vitesse. Pas question de laisser passer un truc pareil. Il faut trouver quelque chose, vite. Toutes ses lectures de littérature policière défilent dans son esprit. Ces ouvrages sur la police scientifique, ces analyses auxquelles il n’a jamais rien compris… Soudain une idée !
Il enchaîne :

- Vous me permettez de lui parler une minute ?
Le fonctionnaire semble réfléchir, jette un coup d’œil à son collègue, soulève sa casquette, se passe une main dans les cheveux :
- Bon, allez-y, mais c’est bien parce que vous êtes détective.
Loiseau entraîne le gros Créole à quelques mètres :
- Puisque vous dites qu’on est amis et comme finalement je vous aime bien, j’ai une idée à vous proposer…
- Dites vite !
- Félicien, vous avez une belle situation et vous semblez de bonne foi. Suggérez à la douane de faire une analyse ADN de votre bestiole. Que vous paierez, bien entendu. Et chaque fois que vous referez le trajet Dominique-Gwada, vous faites pareil. Jusqu’à ce que tout le monde prenne l’habitude et qu’on vous fiche la paix. Ils ne peuvent pas refuser.
Félicien Jacques n’est pas bête. Il sait où est son intérêt.
Une demi-heure plus tard le prélèvement est fait. Le directeur commercial a signé une déclaration sur l’honneur, il est libéré mais tenu de soumettre sa chère Modestine à un nouvel examen express à chaque entrée-sortie du département. L’animal lui est restitué dans sa petite boîte. Félicien ne peut se retenir de serrer son nouvel ami dans ses bras. Ils se quittent à grands renforts de claques dans le dos.
Félicien Jacques démarre en trombe dans sa BM 5.20.

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Message  mentor Sam 29 Avr 2006 - 8:44

Suite


Loiseau peut aller à la rencontre de son copain Amédée qu’il aperçoit sur le parking, venu le chercher comme prévu. Sa vieille Toyota est soudée par la rouille, le pare-choc avant tient par miracle, le moteur fait un bruit de salle des machines.
Son cher Amédée. Que de souvenirs depuis les bancs de la maternelle ! Malgré des parcours différents, les deux compères ne se sont jamais perdus de vue. Loiseau se souvient avec plaisir et un brin de compassion des incessantes maladresses qui ont fait la réputation d’Amédée. Par exemple la fois où l’école primaire avait commencé à brûler parce que le gamin avait envoyé son ballon dans un conduit de cheminée. Ils avaient échappé à une récitation non apprise… Et quand, beaucoup plus tard, il avait roulé deux kilomètres avant qu’un policier ne l’arrête pour lui demander pourquoi il traînait un tronçon de tuyau de pompe à essence, bec enfoncé dans le réservoir…
Amédée est un éternel optimiste, jamais bouleversé par ses déboires fréquents, toujours souriant et débonnaire. C’est ce qui le sauve et le rend si sympathique.
Loiseau lui adresse des grands signes pour se faire reconnaître. Amédée le voit enfin.

- Eh ben ! T’étais passé où Fred ? Ca fait trois quarts d’heure que je te cherche ! T’avais coupé ton portable ?
- Salut vieux. Je crois que je tiens un sujet là ! lance Loiseau sans répondre. Tu vois : une journée de farniente à attendre pour rien et à quoi j’assiste en débarquant tout à l’heure ? À une histoire incroyable, un truc que j’aurais jamais pu imaginer !
- Raconte !
- Trafic de mygales ! C’est un truc à gagner le Goncourt ça, si c’est bien tourné !

Amédée sourit, et, pendant que Loiseau narre son « aventure », il prend le volant, fait une marche arrière, emboutit un caddy vide qu’il plie contre un lampadaire, passe la première, abandonne son pare-chocs arrière avec le chariot et parvient à stopper à trois centimètres de la barrière levante. Un ticket de parking ça présente quatre possibilités d’introduction dans une fente, c’est donc la quatrième qui est la bonne. La barrière se lève. Amédée avance et cale. Le bras rouge et blanc redescend, frappe le pare-brise, le fend et se casse net. La voie est libre. Amédée redémarre et prend la route de Baie-Mahault.
Fred Loiseau est plié de rire à la vue du faciès un peu crispé de son ami.

- Tu changeras pas mon vieux ! Toujours aussi marrant !
- Marrant ? Mouais, c’est vrai, c’est que du matériel !
- Ah ah ah ! Bon, tu m’as écouté au fait ?
- Oui, oui. Tu sais, y a tellement de trafics dans les Caraïbes… Mais tu pourrais avoir raison.
- Tu crois ? Ce serait trop beau, cette fois j'aurais trouvé un vrai motif à enquête ? Mais je manque d’éléments. Il m’a bassiné pendant tout le trajet et j’ai rien écouté !

« Si j’avais su, se dit Loiseau, j’aurais pas pioncé comme un loir ! D’ailleurs ça, je vais pas l’écrire… »

- Il m’a invité, je pense que je vais accepter. J’ai encore quelques jours de liberté, j’irai le voir demain, je vais lui téléphoner.

Rendez-vous pris, Fred Loiseau se présente le lendemain en fin de matinée devant un portail impressionnant flanqué d’un vidéo-portier. Un grésillement indique qu’il peut entrer. Une allée arborée de bougainvilliers mauves l’amène devant un porche encadré de hautes colonnades à la grecque. Un vrai palais dans un écrin de végétation luxuriante insoupçonnable depuis la route.
« Pour un directeur commercial, c’est pas mal, sacrée réussite ! » se dit notre Loiseau.
La grande porte aux vitres fumées s’ouvre sur un cerbère en livrée accompagné d’un molosse à muselière qui se précipite pour humer les mollets appétissants d’un Loiseau peu rassuré. A tout prendre son chat Perfide lui semble soudain d’une délicatesse remarquable avec ses coups de griffes gratuits…

- Entrez monsieur. Monsieur vous attend.

« Je vais jamais pouvoir écrire tout ça, c’est trop là, on se croirait dans un film de série B ! Faudra que je simplifie… Je connais même pas le nom de toutes ces fleurs, vais me renseigner… »
Dans l’entrée monumentale les murs sont habillés de cadres genre galerie d’ancêtres. Les ressemblances sont si frappantes qu’on pourrait croire que le poussah antillais s’est fait tirer le portrait à différentes époques pour s’inventer une glorieuse lignée… Le sol est de marbre, comme les balustres de la rampe du double escalier menant à l’étage.
L’air conditionné fait frissonner Loiseau qui regrette de ne porter que son bermuda et sa chemisette à fleurs.
Il est rassuré sur sa tenue lorsque paraît le maître des lieux, lui-même vêtu d’un short et d’un tee-shirt blancs. Sa bedaine semble encore plus monstrueuse sous le tissu tendu.

- Mon cher ami, ravi de vous revoir, vraiment. Sympa d’avoir accepté mon invitation. Venez, je vous fais faire le tour de mon « petit chez moi ».

Toujours exubérant, Félicien Jacques entraîne Fred Loiseau qui ouvre des yeux ronds devant le luxe des lieux visités. Même le garage lui est dévoilé. Y sont rangés bien sagement : un gros 4-4 BMW X5 « juste pour tracter le bateau, là, celui avec les deux moteurs de deux cents chevaux… », une 7.28 dci « faut bien aller à la concession tous les jours et à la plage de Saint-François le week-end… », enfin une modeste 5.25 cabriolet « pour que madame puisse rapporter les courses quand elle fait son marché elle-même. »
En plus d’abriter des véhicules haut de gamme, le garage est aménagé en atelier de mécanique avec râtelier d’outillage, fosse, pont élévateur… Dans un coin, un stock de batteries, des produits d’entretien, des dizaines de plaques d’immatriculation, un empilement de pneus neufs.
Sur l’arrière, près de la piscine à débordement, trois créatures de rêve. Loiseau cherche des yeux un photographe. « Gala, Voici, je sais pas moi, c’est pour un reportage de mode, c’est pas possible ! ». Félicien présente :

- Maëlys ma femme, et deux amies. Fred, un ami de Paris, très influent.

Un œil sur Maëlys, l’autre sur les deux amies, Loiseau est aux anges. On pourrait croire qu’elles ont joué à laquelle serait le moins vêtue… Il leur accorde l’égalité parfaite : cinq centimètres carrés en triangle chacune…
Mais l’ami Félicien est intarissable et entraîne son invité vers la terrasse, sous le grand store qui protège du soleil.
Étourdi par sa visite Loiseau n’écoute même plus le bavardage incessant de son hôte.
Tout suinte le fric. Il pense de plus en plus avoir raison : il y a anguille sous roche.
Il a très envie d’en avoir le cœur net. Mais comment faire ? Il a bien intégré l’agencement du bâtiment et au moment où Félicien lui demande ce qu’il veut boire, une idée lui vient :

- J’arrive tout de suite ! Je vais faire un tour aux toilettes, je les ai vues tout à l’heure. Et… je prendrais bien un ti-punch, merci !
- Parfait ! Je vous attends.

D’un pas décidé le détective entre dans le séjour, remonte le couloir principal, tourne à gauche, puis à droite. Et, au lieu d’aller aux toilettes, il pénètre dans le bureau repéré auparavant. Là il balaie du regard les rayonnages chargés de livres et de classeurs. Espérant que pour une fois son flair le guidera, il se saisit d’un gros ouvrage au dos bariolé : un précis d’entomologie. « Ouais, pas probant ». Les classeurs ne lui révèlent rien d’excitant non plus. Près d’abandonner sa fouille, il ouvre un tiroir du bureau et y découvre un fax. Une phrase sibylline, une signature illisible :
« Livraison ok, merci. Solde 30 k$ sur c/c Barbade prévu demain. NB : pour commande du 12, options 3 et 8 svp. A très bientôt ».
« Mais c’est daté d’hier ce fax ! Plus de trente mille dollars une mygale ?! J’y crois pas… »
Loiseau remet le papier en place. Il a les yeux brillants :
« Un gros poisson, énorme poisson ! Sur quoi j’ai mis le doigt moi ? Faut que j’en parle à Amédée, d’urgence… »
Rejoignant rapidement la terrasse où l’attend Félicien, il apparaît, plié en deux, l’air le plus gêné possible :

- Félicien, excusez-moi mais ça ne va pas du tout ! Je crois que j’ai une tourista carabinée, ou une gastro. Je dois vous quitter, vraiment désolé. Vous me pardonnez j’espère ?
- Mon pauvre ! Voilà ce qui arrive quand on boit de l’eau ! Et ces dames qui se faisaient une joie de faire votre connaissance ! Bien sûr, allez-y, je vous fais raccompagner, ce n’est que partie remise. Appelez-moi dès que ça ira mieux.
- Promis. Au revoir. Merci encore. Mes hommages à votre épouse.

Il veut faire un petit signe de politesse aux deux amies de la maîtresse de maison. Ce sont deux sourires éclatants accompagnés de clins d’œil complices qui lui répondent…
« J’ai raté un truc là… Et puis : pas glorieux le coup de la gastro… bah, ça aussi je l’arrangerai dans mon roman… »

Loiseau, très excité, quitte les lieux, saute dans sa voiture et rejoint le pavillon d’Amédée. Il lui raconte sa visite en détails et surtout sa découverte. Son ami l’écoute avec attention. Amédée ne porte pas la gent policière dans son cœur. Un vieux, très vieux souvenir de jeunesse lui commande d’éviter tout ce qui porte uniforme et galons. Par conséquent, aider à confondre un trafiquant supposé ne l’enchante guère. Pourtant il souhaite vivement rendre service à Fred dont c’est le métier de débusquer les malversations. Mais contre espèces sonnantes. Comment s’y prendre pour harmoniser moralité et train de vie ? Le compte-rendu de Fred est si précis que la combine lui semble évidente :

- Tu dis que tu as vu des plaques d’immatriculation dans le garage ? Décris-les moi un peu.
- Des dizaines en vrac, oui, toutes neuves, fond blanc, écriture rouge, et toujours les lettres TTA ou TTB au milieu des chiffres.
- Ben, c’est ça Fred ! Tu vois pas que tu as visé juste ? Rien à voir avec les mygales, ce type trafique les BM !
- T’es sûr ? Le fax parle de voitures alors ?
- Voilà ! Trente mille dols de reste à verser, et la prochaine commande avec deux options. S’il fait deux allers-retours par mois, avec chaque fois un gros cube, ça doit lui faire un beau bénéf. Non déclaré. Mais bon, c’est toi l’enquêteur non ?
- Ouais, je sais. Mais j’ai aucun pouvoir moi, aucune preuve, pas mandaté, rien !
Loiseau réfléchit tout bas à ce qu’il vient de dire tout haut : pas de preuves, d’accord, mais aucun pouvoir ? Vraiment ? Si ! Un pouvoir auquel il n’avait pas pensé… Après tout il pouvait bien profiter de cette occasion inespérée pour faire plaisir à son meilleur ami !
- Dis, Amédée, on pourrait aller lui rendre une petite visite nous deux, non ?
- Heu… Pour lui dire quoi ?
- Amédée ! T’as vu ta Toyota ? Ca te dirait rien une belle BM toute neuve ? Pour pas cher du tout ?…

De retour à Paris, Loiseau encaisse le changement de climat comme un coup de bottin sur le crâne : le temps glacial et venteux – c’est l’hiver dans trois jours – mais aussi la circulation, la pollution, le stress ambiant. Tout lui fait déjà regretter d’avoir laissé derrière lui un petit paradis de verdure de quelques kilomètres carrés. On apprécie d’autant mieux les choses quand on les a quittées.
Il commence par se rendre chez son amie Wanda. Perfide le chat l’accueille par des crachats d’affection bien sentis, preuve que son attachement à son maître ne s’est pas amoindri durant son absence… Non, finalement on n’apprécie pas plus une telle engeance, même après l’avoir quitté trois semaines…
La cartomancienne ayant lourdement insisté pour qu’il lui raconte son séjour, il a tergiversé. Puis s’est moqué :

- Quoi ! T’es voyante ou pas ? T’avais qu’à tirer les cartes !
- C’est ce que j’ai fait mon Fred, mais j’ai vu que cette phrase : « N’oublie pas les concessions car B aime V… »
Fred pouffe. Wanda se renfrogne :
- C’est ce que j’ai lu Fred. J’y comprends rien mais c’est ce que j’ai vu…
- Laisse tomber Wanda ! Moi je pige et je te le dis : t’es bien la meilleure ! Mais… dis, t’aurais pas eu un coup de fil d’Amédée toi par hasard ? Allez, je repasse la semaine prochaine, merci d’avoir gardé le fauve.

C’est idiot, mais Loiseau se sent tout ragaillardi par cette drôle de conclusion.
Il se décide à embarquer Perfide dans sa cage, le prix à payer pour y parvenir étant quatre longues balafres sur l’avant-bras.

Il réintègre son petit appartement toujours aussi mal rangé.
Vidant sa valise, il en extrait la bouteille de rhum blanc offerte par Amédée, ouvre une boîte de jus de maracudja, sort des glaçons et se prépare un cocktail « comme là bas ». Hélas, le contexte a bien changé, Paris n’est pas Pointe-à-Pitre, et le planteur ne ressemble en rien à celui des Antilles.
« Faudra que je goûte celui du Trompe-L’Œil, mon bistrot d’en bas, je suis sûr qu’il est meilleur… ».
Mais Loiseau n’a guère envie de s’attarder sur l’étude comparée des réactions chimiques d’éléments identiques selon qu’ils sont mélangés au niveau du quarante-huitième parallèle ou de celui de l’équateur.
Il repense à son copain Amédée.
Et à cette affaire. Son affaire. LEUR affaire.
Lorsqu‘ils sont allés sonner chez Félicien Jacques, celui-ci était sorti. C’est Maëlys qui les a reçus. Reconnaissant Loiseau, elle a emmené les deux hommes sur la terrasse pour les faire attendre. Les deux naïades de la dernière fois étaient là, langoureusement étendues sous un parasol au bord de la piscine. La conversation s’est amorcée d’autant plus facilement que le ti-punch était parfait. Lorsque Félicien est rentré, Loiseau lui a présenté Amédée qui a voulu l’entreprendre aussitôt de manière assez gauche, l’esprit un peu embrumé :

- Monsieur Jacques, on est au courant de vos trafics…

Lui coupant la parole, Loiseau lui a saisi aussitôt le bras et entraîné également Félicien à l’intérieur de l’habitation. S’en est suivie une conversation à trois, brève mais efficace. La soirée s’est poursuivie sur la terrasse, chacun ayant trouvé sa chacune, puis à l’extérieur, jusque tard, très tard cette nuit là.
Deux jours après, Amédée pilotait fièrement une BMW série 6 rutilante, plaques neuves. Quant à Loiseau, il avait en poche son billet retour en classe Affaires et de quoi voir venir pendant six mois…

Fred Loiseau regarde son reflet dans la vitre de sa bibliothèque, l’œil droit encore moins droit que d’habitude :
« Oui : LA belle affaire, pas racontable, mais au moins Amédée roule en BM. Non, je peux pas la raconter, et envoyer mon pote en prison. Je la dirai peut-être à Wanda. Quelle poisse ! Jamais, jamais j’y arriverai. »

FIN.
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Message  Sahkti Mar 2 Mai 2006 - 10:26

Impression générale: c'est trop narratif Mentor, trop détaillé. A l'exception du dialogue avec les douaniers (que tu aurais pu franchement pousser plus loin, aller carrément dans un truc déjanté), j'ai trouvé le ton du texte trop figé, trop narratif, presque trop travaillé. Ça empêche le petit brin de folie qu'on aurait pu espérer (à cause du soleil, du ti-punch, de la chaleur...) et ça alourdit le texte. Mais ce n'est que mon avis bien, sûr.
Je déplore que tu aies systématiquement besoin de donner des précisions sur les lieux, les noms des endroits, les horaires... ça fait un peu guide touristique.

On en arrive aussi à ce que je craignais un peu, à savoir des répétitions, comme le fait d'expliquer qui sont Perfide et Wanda, alors que ça, après deux textes, on le sait bien. Idem pour l'insistance sur Wanda qui est cartomancienne, on le sait et ça fait un peu répétition.

Il y a un bon potentiel dans l'idée, beaucoup d'humour que tu aurais pu exploiter dans le personnage d'Amédée ou du trafiquant de voiture, voire chez les douaniers. On sent que tout est là mais que ça a été un peu étouffé par trop de détails et la narration poussée trop loin. Dommage, parce que j'aime beaucoup l'histoire, je la trouve intéressante, amusante.

Bon, je me rends compte que ce n'est guère positif ce que je dis, mais ne te méprends pas. Je suis un peu déçue, oui, je le dis, parce que je sais que tu peux faire vraiment des trucs chouettes, avec humour et vivacité, ce qui me manque cruellement dans ce texte. Tout ça est en toi Mentor, faut juste que tu arrives à le libérer.
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Message  Krystelle Mar 2 Mai 2006 - 12:30

Je rejoins sur plusieurs points le commentaire de Sahkti : l’aspect narratif, descriptif, documenté, trop, pèse un peu à la lecture.
Le style est soigné, le vocabulaire riche et du coup le tout se lit facilement, se suit agréablement mais l’ensemble me semble souvent trop lisse, droit linéaire. Le récit, comme les personnages. Loiseau manque ici de caractère, de personnalité, je ne le trouve pas attachant et je le regrette.
D’autre part, tu as voulu faire bien, trop bien, recaser les contraintes mais sans pour autant les ancrer réellement dans le récit. Ça ne me gène pas que tu reprécises que Wanda est cartomancienne car après tout tu n’es pas censé écrire uniquement pour nous et il est important que le texte soit compris par tous, même par ceux qui ne connaissent pas les contraintes de départ mais c’est la manière dont c’est fait qui me gène un peu. Ces deux phrases par exemple, s’insèrent mal dans le reste de la narration, elles ont un petit coté « ça c’est fait » !
- « Sans regret il avait confié son chat Perfide le bien nommé à la garde de son amie Wanda, sa cartomancienne préférée »
- « Faudra que je goûte celui du Trompe-L’Œil, mon bistrot d’en bas, je suis sûr qu’il est meilleur »

Quand à l’intrigue, elle se tient bien, le suspens n’est pas haletant mais l’histoire est bien pensée. Tu as tendance parfois à trop vouloir justifier, rendre crédible le récit, rien n’est laissé au hasard mais du coup le tout manque de spontanéité.

Pour résumer, j’aime le coté soigné de ton écriture et la construction de l'intrigue, j’ai lu ce texte sans ennui, avec plaisir même, mais l'ensemble me semble néanmoins trop figé, pas assez vivant, trop sage, trop droit. Trop sérieux quoi !

Krystelle

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Message  Provis Mar 2 Mai 2006 - 17:08

J'aime beaucoup ton texte, Mentor.. C’est bien écrit, donc agréable à lire.. De belles images, de l'humour..
Des contraintes je ne savais qu’il y en avait, et je ne rien vu qui soit vraiment artificiel..
C’est vrai qu’un peu plus de variété dans la construction des phrases ferait passer le côté parfois un peu récitatif, et puis comme dit déjà le côté un peu trop explicatif..
Exemple : « pour que madame puisse rapporter les courses quand elle fait son marché elle-même. »
je me demande si « pour que madame puisse rapporter les courses du marché » ou
« pour que madame puisse rapporter les courses de son marché » n’aurait pas suffit.. ??
Il paraît que pour faire un bon texte, il faut relire, en enlevant tout ce qui ne sert à rien..
Autre exemple (pour savoir si ce que je dis est vrai .. :o)..)
Loiseau lui adresse des grands signes pour se faire reconnaître. Amédée le voit enfin.
ou ???
Loiseau lui adresse des grands signes. Amédée le voit enfin.
Et si c’est un peu abrupt, on peut ajouter une circonstance :
Loiseau lui adresse de grands signes en agitant frénétiquement son parapluie. Amédée le voit enfin.
Oui je sais, il faisait soleil, mais bon, c’est un exemple !! .. :o))

Que je suis critique !! alors qu’en fait j’aime beaucoup cette histoire.. bien imaginée et bien construite.. Mais il faut pas que je sois trop gentil non plus, sinon tu vas faire pareil quand tu vas lire "Bistro(t)".. :o))

Sinon,c’est vrai que tu aurais pu faire un peu plus déjanté, mais stp sans donner dans le goguenard et le débraillé, ce qui est parfois trop la tendance (à mon goût !) sur VE quand on veut faire plus vivant.. à mon avis ça n’ajoute rien et ça nuit à l'élégance ..

Des phrases efficaces et qui donnent du charnu au texte, je trouve :
Les premières vibrations du bâtiment annoncent les manœuvres de départ.
Sa bedaine semble encore plus monstrueuse sous le tissu tendu.
qu’une chute de noix de coco, à défaut d’une pomme variété Newton
Loiseau volait très haut, il atterrit sans plaisir.

Etc..
Donc tu as les félicitations du jury .. :o)

Ah ! ah ! .. maintenant venons-en aux fautes !! :o)
là bas : là-bas
cette nuit là : cette nuit-là
Rendez-la moi : Rendez-la-moi ?
Sinon pour les fautes qui coûtent 4 points, aurais-je mal lu ?? une seule ?! .. :o)
quelque chose que le fonctionnaire semble lui avoir confisqué.

Quant à Krystelle qui écrit : « Quand à l’intrigue.. » .. :o))
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Message  mentor Mar 2 Mai 2006 - 17:22

Et Provis qui écrit : "n’aurait pas suffit"... :-))))
Oui, il faut "ôter tout ce qui ne sert à rien", tu as raison, un T par exemple... ;-)

A part ça, Provis, tu veux pas m'épouser ?
;-)

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Message  Invité Mer 3 Mai 2006 - 8:47

Au début, j'ai trouvé ça longuet. Avec l'histoire de la mygale, le rythme arrive enfin. Bref je ne suis pas sûr que les parties du début, très descriptives, soient bien employées. Je les aime bien, ça met une belle atmosphère, mais il ne se passe pas grand chose d'intéressant sinon.
Mais pas de soucis quant à la lecture, j'ai lu sans trouvé d'accroc.

Deux trucs :
"falot" ça veut dire quoi?
on dit un "alizé" ou une "alizée" ?

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Message  mentor Mer 3 Mai 2006 - 8:57

On dit "des alizés" ! :-)))) (sans blague, c'est masculin)
Falot = un peu quelconque, transparent, je ne connais pas le dico par coeur ! ;-)

Merci du commentaire, au fait ! ;-)

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Message  Kilis Ven 5 Mai 2006 - 7:58

Ton écriture est fluide et agréable à lire. Et, avec toi on fait toujours un bout de voyage.
Sinon… Comme dit Sahkti, on reste dans du narratif, de l’explicatif et c’est dommage. Il y avait occasion à créer une atmosphère sur le bateau et dans la maison, mais à chaque fois tu ne fais que l’ébaucher, privilégiant l’histoire comme si tu avais peur d’en perdre le fil. Laisse-toi aller à l’émotion , Mentor.
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Message  Zou Lun 8 Mai 2006 - 11:56

Afin d'éviter des redites, je fais miens les commentaires qui précèdent.
Le fait qu'on trouve effectivement quelques redites quant aux "contraintes" provient peut être du fait que tu as commencé à écrire très vite avant qu'aucun texte n'ait été encore posté. Sinon j'ai aimé le passage sur le bateau. Pas mal l'idée de l'ADN prélevé sur la mygale. Apprécié également le passage dans la villa. Moins aimé l'intro, on a peine à y reconnaître notre Loiseau. Sinon pas mal non plus le traitement du dénouement en différé. Mais c'est vrai Mentor que l'on te sent un peu paralysé par le souci de trop bien faire.
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Message  Bluewitch Mar 16 Mai 2006 - 14:07

Bon, je vais pas faire dans la répéptition, vu que j'ai lu les commentaires précédents et les rejoins de manière assez complète. Il y a cette légèreté dans ton ton qui peut être charmante mais ici accentue le manque dans la profondeur de style. Tu racontes davantage que tu ne contes, c'est peut-être ça le souci.
Mais sur les idées, y avait matière, dommage que tu n'as pas exploité plus avant!
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Message  Loupbleu Ven 19 Mai 2006 - 16:08

Il y a des choses bien dans cet épisode, le scénario est intéressant, il se déroule facilement. Tu situes bien l'ation dans le lieu, tu crées des atmosphères...

Par rapport à ce qui a été dit, j'ai peut-être une hypothèse :

Tes personnages "sont dans l'action" au lieu "d'être" simplement : le détective enquête, les douaniers vérifient, le trafiquant trafique... Bref, il leur manque des pensées incongrues, des motivations qui vont au-delà de leur rôle social et/ou narratif. Imagine-leur des personnalités originales, des problèmes personnels, etc.

beaucoup de personnages ne sont là que pour faire avancer l'histoire, on ne leur imagine pas une "vie" en dehors : C'est la raison pour laquelle ils semblent manquer de profondeur.

Je rejoins donc certains commentaires : ne soit pas inquiet, je crois que tu sais dérouler une histoire. Tu as sans doute trop bétonné la partie narrative et pas assez développé tout ce qu'il pourrait y avoir autour. Surtout que cette histoire est très bien, et assez riches pour en faire plein de choses !

Voilà, je trouve néanmoins que le texte se tient fort bien, et qu'il est intéressant, justement parce que tu es probablement arrivé au seuil d'autre chose. Reste à s'y lancer ! :-)
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Message  Charles Mar 23 Mai 2006 - 13:04

Je rejoins les commentaires déjà faits sur le côté narratif, explicatif, sur l'agréable légèreté, sur la légère timidité évoqué par Loup ... On sent qu'il ne manque pas grand chose ... Peut être intéressant à reprendre, étoffer ...

Bien apprécié le changement de paysage et également, la fin "immorale" à souhait ...
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Message  grieg Sam 3 Juin 2006 - 6:17

Impression générale.
Ton écriture est fluide, mentor, peut-être un peu trop. Au fil de la lecture, j'ai attendu la surprise qui n'est pas venue.
Pourtant à bien regarder, je n'arrive pas vraiment à déterminer ce qui bloque pour que je sois tout à fait emballé.
Mais, en repensant à l'ensemble, j'ai cette impression de manque.
Manque de sentiments, manque de digression, manque d'empathie.
Je ne suis pas entré dans la tête de tes personnages.
Les descriptions nous éloignent des personnages plutôt que de les mettre en situation afin de leur permettre d'exprimer leur personnalité.
Tu passes beaucoup de temps, aussi, à nous résumer des faits (ex : la perfidie du chat) plutôt que de les mettre en scène. Il aurait suffi d'un coup de griffe, d'une attaque surprise, pour que les rapports entre loiseau et son chat soient compris et intéressent le lecteur.

L'ensemble est correct, mais il te manque le vice, le petit truc qui attirera l'attention du lecteur et te permettra de réaliser ton tour de passe-passe.

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Message  à tchaoum Dim 20 Avr 2008 - 15:34

mentor a écrit:Deux jours après, Amédée pilotait fièrement une BMW série 6 rutilante, plaques neuves. Quant à Loiseau, il avait en poche son billet retour en classe Affaires et de quoi voir venir pendant six mois…
Amusant, et tous les ingrédients sont là : il y a bien filouterie et le détective découvre le pot aux roses, mais ça range quand même Loiseau dans la catégorie des gens pas très honnêtes, parce que c'est ni plus ni moins du racket...
Enfin, ça taille au personnage un costume assez large pour que chacun puisse se l'accommoder, et c'est bien le but du jeu...
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Message  Lucy Mer 23 Avr 2008 - 3:07

Perfide a des airs du chat de ma grand-mère : cette horreur a dépassé les 20 ans en nous crachant dessus et en nous griffant allègrement. Une vraie terreur !
A part ça, je suis bien dépaysée pour le coup. Cette histoire est sympa. Ton écriture est très fluide et agréable. Manque, peut-être, le petit grain de folie que j'ai décelé dans les autres Loiseau lus. Toutefois, j'ai bien aimé cette nouvelle "nouvelle".
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Message  apoutsiak Mer 23 Avr 2008 - 9:34

.

De mon côté, je n'ai aucun problème concernant les descriptions ou les noms de lieux à répétition : beaucoup de lecteurs sur ce forum semblent avoir, vis-à-vis de ces deux traits, beaucoup de réticence, car ce sont des remarques récurrentes : j'imagine qu'il y a donc une partie non négligeable de la littérature qui n'est pas leur tasse de thé.

J'ai aimé cette ambiance caribéenne, bien sentie, j'ai aimé tes personnages (le patapouf est très bien campé), mais je ressens une frustration au bout du compte, qui tient à l'intérêt du récit : l'histoire de la mygale est bien trouvée, mais il y a l'autre, plus mystérieuse, des secrets inavouables du directeur, qui la parasite, qui arrive tard, qui n'est peut-être pas assez développée (retour brutal de Loiseau, je trouve, à Paris), pas assez en prise directe avec les fantasmes littéraires de Loiseau, quelque chose, pour moi, de cet ordre-là.

En tout cas, un bon moment d'évasion. Pour les critiques sur Wanda et Perfide, je trouve qu'il est bon de faire comme si chaque Loiseau était nouveau, pour un lecteur non averti. Je me suis mis aux Loiseau assez tard, sans lire les préambules, il y a peut-être une contrainte qui affaiblit ma remarque (?).
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