IL FAISAIT CHAUD : "L'épreuve"
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Charles
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mentor
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IL FAISAIT CHAUD : "L'épreuve"
Petit texte qui m'a été inspiré ce matin par la date d'aujourd'hui, celle du bac, évidemment ! ;-)
Il faisait chaud, bouillant, humide et je savais que ça allait être une journée très longue...
Et je me morfondais sur ma couche.
Je savais aussi que le sort m’avait attribué le dernier numéro dans l’ordre de passage. Ce qui me ferait sans doute intervenir vers 17 heures. 17 heures ! Encore 8 heures de patience…
Hier soir j’ai eu un peu de mal à trouver le sommeil. Normal avant une telle échéance. Les dates sont fixées une année à l’avance. On n’y prête pas attention car la notion de temps, à cette distance, ne touche pas notre sensibilité. Il n’empêche que plus le jour J approche, plus on est stressé. Même si on a conscience tranquille et esprit clair. Même si on a bien répété et révisé, comme tout candidat qui se respecte. Comme tout élève studieux et appliqué. Au taux d’absentéisme nul. Aux « résultats intermédiaires très encourageants » comme il est noté sur mes bulletins.
Ce matin, sans doute à cause du calmant qu’on a ajouté à mon dîner, je me suis réveillé un peu ensuqué. Mais la dose était sans doute bien calculée car une heure après mon réveil je me sens très bien.
Pourtant je sais bien que dehors, il fait déjà très chaud. Les murs blancs ne réfléchissent pas toute l’ardeur du soleil. Ma petite fenêtre sans rideaux projette au sol un losange lumineux.
J’ai beau me redresser du mieux que je peux, impossible de voir au dehors.
En revanche tous les bruits me parviennent. Je connais ça. Cette ambiance électrique. Cette rumeur diffuse d’attente lourde. Puis ces applaudissements spontanés, ces hourras soudains à la sortie d’un candidat gagnant. Ou ce grondement de désapprobation lorsque l’épreuve est ratée.
Je sue déjà légèrement, alors même que je ne bouge pas d’un poil.
Le trac ? Je ne pense pas. J’ai déjà affronté des jurys dans ma courte carrière sportive. Personne ne m’a jamais fait peur. Ca ne va pas commencer aujourd’hui. D’un autre côté, je sais qu’on n’est jamais à l’abri d’une défaillance. Physique ou intellectuelle. Aujourd’hui pour moi, ce sera 80% physique et 20% tactique. J’y suis prêt. J’ai repassé dans mon crâne toutes les figures qui allaient sans doute m’être imposées. L’essentiel est de ne pas céder à la panique. Car la peur nous fait agir sans discernement. Et je me connais : la peur me met en colère. Ce qui ne peut qu’empirer la situation et m’être fatal.
Garder mon sang froid pour que mon sang chaud n’éclabousse pas mes bourreaux ! J’exagère ? A peine. C’est comme ça que je regarde mes examinateurs, comme des tortionnaires payés pour faire souffrir la bête, la pousser à bout, quitte à la voir s’affaler et demander grâce. Nous vivons dans un monde de brutes, il s’agit d’être la brute la plus forte.
En attendant le temps passe.
Et la température monte. La moiteur de l’air aussi. J’ai hâte maintenant de voir s’ouvrir la porte pour surgir en plein air, inspirer profondément, toiser ces gens de mon regard méprisant et attendre la première attaque.
Car moi je me bats sans autre arme que ma force et ma conviction. Alors que les autres, là, en face, ils sont caparaçonnés dans leurs certitudes, bardés des protections que leur confère leur statut.
Nous ne jouons pas à armes égales. Mais c’est ainsi dans toute épreuve, surtout lorsque le jury s’auto-proclame et que les candidats sont élevés et nourris dans le but ultime de satisfaire le peuple.
C’est l’heure, la lourde porte de bois s’ouvre avec fracas, quelques cris aigus me vrillent les tympans, je suis poussé vers la sortie, le soleil m’aveugle quelques secondes, le sable vole sous mes pas, la foule hurle en se levant : la corrida peut commencer ! Olé !
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Il faisait chaud, bouillant, humide et je savais que ça allait être une journée très longue...
Et je me morfondais sur ma couche.
Je savais aussi que le sort m’avait attribué le dernier numéro dans l’ordre de passage. Ce qui me ferait sans doute intervenir vers 17 heures. 17 heures ! Encore 8 heures de patience…
Hier soir j’ai eu un peu de mal à trouver le sommeil. Normal avant une telle échéance. Les dates sont fixées une année à l’avance. On n’y prête pas attention car la notion de temps, à cette distance, ne touche pas notre sensibilité. Il n’empêche que plus le jour J approche, plus on est stressé. Même si on a conscience tranquille et esprit clair. Même si on a bien répété et révisé, comme tout candidat qui se respecte. Comme tout élève studieux et appliqué. Au taux d’absentéisme nul. Aux « résultats intermédiaires très encourageants » comme il est noté sur mes bulletins.
Ce matin, sans doute à cause du calmant qu’on a ajouté à mon dîner, je me suis réveillé un peu ensuqué. Mais la dose était sans doute bien calculée car une heure après mon réveil je me sens très bien.
Pourtant je sais bien que dehors, il fait déjà très chaud. Les murs blancs ne réfléchissent pas toute l’ardeur du soleil. Ma petite fenêtre sans rideaux projette au sol un losange lumineux.
J’ai beau me redresser du mieux que je peux, impossible de voir au dehors.
En revanche tous les bruits me parviennent. Je connais ça. Cette ambiance électrique. Cette rumeur diffuse d’attente lourde. Puis ces applaudissements spontanés, ces hourras soudains à la sortie d’un candidat gagnant. Ou ce grondement de désapprobation lorsque l’épreuve est ratée.
Je sue déjà légèrement, alors même que je ne bouge pas d’un poil.
Le trac ? Je ne pense pas. J’ai déjà affronté des jurys dans ma courte carrière sportive. Personne ne m’a jamais fait peur. Ca ne va pas commencer aujourd’hui. D’un autre côté, je sais qu’on n’est jamais à l’abri d’une défaillance. Physique ou intellectuelle. Aujourd’hui pour moi, ce sera 80% physique et 20% tactique. J’y suis prêt. J’ai repassé dans mon crâne toutes les figures qui allaient sans doute m’être imposées. L’essentiel est de ne pas céder à la panique. Car la peur nous fait agir sans discernement. Et je me connais : la peur me met en colère. Ce qui ne peut qu’empirer la situation et m’être fatal.
Garder mon sang froid pour que mon sang chaud n’éclabousse pas mes bourreaux ! J’exagère ? A peine. C’est comme ça que je regarde mes examinateurs, comme des tortionnaires payés pour faire souffrir la bête, la pousser à bout, quitte à la voir s’affaler et demander grâce. Nous vivons dans un monde de brutes, il s’agit d’être la brute la plus forte.
En attendant le temps passe.
Et la température monte. La moiteur de l’air aussi. J’ai hâte maintenant de voir s’ouvrir la porte pour surgir en plein air, inspirer profondément, toiser ces gens de mon regard méprisant et attendre la première attaque.
Car moi je me bats sans autre arme que ma force et ma conviction. Alors que les autres, là, en face, ils sont caparaçonnés dans leurs certitudes, bardés des protections que leur confère leur statut.
Nous ne jouons pas à armes égales. Mais c’est ainsi dans toute épreuve, surtout lorsque le jury s’auto-proclame et que les candidats sont élevés et nourris dans le but ultime de satisfaire le peuple.
C’est l’heure, la lourde porte de bois s’ouvre avec fracas, quelques cris aigus me vrillent les tympans, je suis poussé vers la sortie, le soleil m’aveugle quelques secondes, le sable vole sous mes pas, la foule hurle en se levant : la corrida peut commencer ! Olé !
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Re: IL FAISAIT CHAUD : "L'épreuve"
héhé c'est malin tu m'as stressée
un de tes meilleurs textes je trouve, sûrement parce qu'il me touche mais aussi parce que je te sens mieux, t'es chez toi normal
un de tes meilleurs textes je trouve, sûrement parce qu'il me touche mais aussi parce que je te sens mieux, t'es chez toi normal
Giny- Nombre de messages : 1802
Age : 36
Localisation : Dijon
Date d'inscription : 14/12/2005
Re: IL FAISAIT CHAUD : "L'épreuve"
Un texte à chute qui fonctionne plutôt pas mal mais je trouve l'écriture trop rapide, pas toujours soignée: quelques problèmes de temps il me semble, des formules un peu lourdes ( "touche pas notre sensibilité") ou des jeux de mots un peu trop gros ("Garder mon sang froid pour que mon sang chaud"...).
Re: IL FAISAIT CHAUD : "L'épreuve"
Je trouve ce texte bien réussi !
Concernant l'écriture, quelques détails en effet comme note Krystelle, et une ou deux formulation un peu cliché. J'ai beaucoup apprécié deux choses : le rythme général du texte (phrases courtes / longues, ça passe bien !) et la façon de centrer le texte sur l'individu, la description des états d'âme par une vision du monde extérieur.
J'aime bien la chute, surprenante, mais qui au lieu de changer le sens du texte élargit un peu le point de vue, et bref, j'aime bien l'ensemble.
Concernant l'écriture, quelques détails en effet comme note Krystelle, et une ou deux formulation un peu cliché. J'ai beaucoup apprécié deux choses : le rythme général du texte (phrases courtes / longues, ça passe bien !) et la façon de centrer le texte sur l'individu, la description des états d'âme par une vision du monde extérieur.
J'aime bien la chute, surprenante, mais qui au lieu de changer le sens du texte élargit un peu le point de vue, et bref, j'aime bien l'ensemble.
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: IL FAISAIT CHAUD : "L'épreuve"
J'attendais une chute, mais je n'avais pas deviné laquelle
Un petit truc me gêne Mentor. Dans ton texte, tout y est, tu donnes tous les éléments composant le trac, tu donnes toutes les composantes de cette ambiance angoissée, oui, tout est là... et pourtant, j'ai l'impression, une fois de plus, que ton "perfectionnisme" (à savoir ton besoin que ce soit super bien écrit et que tous les détails soient là, des fois qu'on ne comprendrait pas) tue un peu la vie qui devrait déborder d'autant d'idées. C'est hyper bien décrit mais c'est froid, presque clinique. On ne sent pas vraiment la sueur, les tremblements, les jambes qui flagolent, la veine qui bat dans la temps, etc... or pourtant c'est présent. Et absent à la fois. Il ne faudrait sans doute pas grand chose pour donner un coeur qui bat à ce texte. Peut-être mélanger les ingrédients avec de la vodka martini, comme James, j'en sais rien...
Un petit truc me gêne Mentor. Dans ton texte, tout y est, tu donnes tous les éléments composant le trac, tu donnes toutes les composantes de cette ambiance angoissée, oui, tout est là... et pourtant, j'ai l'impression, une fois de plus, que ton "perfectionnisme" (à savoir ton besoin que ce soit super bien écrit et que tous les détails soient là, des fois qu'on ne comprendrait pas) tue un peu la vie qui devrait déborder d'autant d'idées. C'est hyper bien décrit mais c'est froid, presque clinique. On ne sent pas vraiment la sueur, les tremblements, les jambes qui flagolent, la veine qui bat dans la temps, etc... or pourtant c'est présent. Et absent à la fois. Il ne faudrait sans doute pas grand chose pour donner un coeur qui bat à ce texte. Peut-être mélanger les ingrédients avec de la vodka martini, comme James, j'en sais rien...
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: IL FAISAIT CHAUD : "L'épreuve"
L'idée me plaît, mais ta façon de la traiter, un peu moins... je trouve ça plutôt lourd par moments. Je suis assez d'accord avec les commentaires qu'on t'a fait, plus spécialement ce qu'en a dit Krystelle.
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: IL FAISAIT CHAUD : "L'épreuve"
ça fonctionne bien, c'est justement écrit, la chute est bien amenée mais il manque peut être effectivement un petit grain de folie, une originalité dans le ton ou dans le traitement, une petite étincelle pour sortir de "l'exercice" ...
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: IL FAISAIT CHAUD : "L'épreuve"
J'attendais aussi une chute mais certainement pas celle-ci ! Surprise, j'ai tout relu et profité du texte sous un jour nouveau. Bien imaginé ! Mais je me suis demandé un certain temps si j'étais face au taureau ou au toréro... Peut-être le ton un tout petit peu neutre...
Kicilou- Nombre de messages : 290
Localisation : île de france
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: IL FAISAIT CHAUD : "L'épreuve"
j'ai souvent beaucoup de mal avec les messages bien-pensants,
mais celui-ci me va
peut-être parce qu'il y a une voix, une personnalité (celle d'un taureau?).
assez d'accord avec giny... peut-être pas ton meilleur texte, mais sûrement celui où j'ai perçu un ton personnel (vache?)
mais celui-ci me va
peut-être parce qu'il y a une voix, une personnalité (celle d'un taureau?).
assez d'accord avec giny... peut-être pas ton meilleur texte, mais sûrement celui où j'ai perçu un ton personnel (vache?)
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: IL FAISAIT CHAUD : "L'épreuve"
J'avoue qu'au début je n'ai rien compris Mentor ! Enfin après la première lecture, j'étais restée dans l'optique du bac moi ;0)
Puis en relisant tout est devenu plus clair, très subtil et finalement on ne s'attend pas à la chute, j'aime bien ce genre de texte à double entrée, où on trouve des détails qui vont bien à deux personnages différents pour mener sur une fausse piste, puis finalement à la fin, on remonte et on constate que c'était très bien pensé !
D'accord en ce qui concerne l'écriture un peu froide, mais je pense que ça viendra avec le temps.
Sinon, après avoir compris (;0) ça me plait bien, très original comme thème !
Puis en relisant tout est devenu plus clair, très subtil et finalement on ne s'attend pas à la chute, j'aime bien ce genre de texte à double entrée, où on trouve des détails qui vont bien à deux personnages différents pour mener sur une fausse piste, puis finalement à la fin, on remonte et on constate que c'était très bien pensé !
D'accord en ce qui concerne l'écriture un peu froide, mais je pense que ça viendra avec le temps.
Sinon, après avoir compris (;0) ça me plait bien, très original comme thème !
Re: IL FAISAIT CHAUD : "L'épreuve"
J'aime beaucoup le sujet de ton texte. On sait que quelque chose va venir, tu en dis trop et trop peu à la fois, on sent la surprise, sans savoir quelle en sera la nature, sur cepoint, c'est bien joué. Parcontre, j'aurais aimé un aspect plus primitif, plus sensoriel, limite sensuel et... un peu bestial, qui aurait porté ton texte un peu plus aux limites de cette bienséance qui te caractérise. Mentor, tu es un sage, à quand un Mentor plus lâché? ;o)
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