Cette place, quelque part, où l'on voudrait mourir

 
Cette place, quelque part, où l'on voudrait mourir
 

     Il faut imaginer une place de village, en terre battue, où un soleil que nous ne pouvons voir, seulement présent par sa clarté, crayonnerait en blanc des maisons concentriques, étalées autour de ce centre comme les reflets de nuages dans un tourbillon or et ordonné. L'aridité pâle et orange du sol marque la vision longtemps après que l'œil se soit fermé, et les paupières gardent son empreinte lumineuse alors que tout le reste, sinon quelques formes vagues, a déjà disparu de l'esprit. Au milieu et premier plan s'érige un bosquet, haut de quelques centimètres, dont la couleur verte contraste avec la précédente, et où l'on distingue, en se concentrant, un enchevêtrement de plantes grasses que viennent cerner divers amas et tiges ou arbustes comme jetés là pèle-mêle, et qui auraient fini par créer, sous le joug du hasard et de quelque heureuse coïncidence, un tableau pittoresque, plein de charme et d'harmonie. Au dessus de ce bosquet, comme en lévitation, élevée par une force propre, une arcade de fleurs fait un toit végétal au jaillissement artificiel du massif, arcade de laquelle pendent, tantôt à droite tantôt à gauche, tantôt en haut, tantôt en bas, des grappes de pétunias et de fleurs rouges qui composent un bouquet délicieux au regard attiré du spectateur. Le plus simple des hommes, face à ce premier spectacle, à cette saisie que fait l'image sur son cœur, aux sensations qu'évoquent chez lui la photographie, au doux apaisement qui s'ensuit, serait brusquement transformé en poète sans autre forme de sensible procès. On s'aperçoit ensuite que l'arcade repose sur deux piliers mangés par les lianes, colonisés par la marche de liserons vicieux qui auraient installé là leur demeure sans que personne ne les remarque, et qui, au milieu du déploiement de couleurs qui nous a ravi quelques secondes plus tôt, insidieuses digressions de peinture, auraient su se faire oublier dans la toile. Autour, on aperçoit deux bâtiments lumineux, dont un se prolonge en escalier jusqu'aux haies qui le bordent, deux édifices qui, dans notre imagination ou nos cartes postales, ont les formes de Tunis ou l'éclat de Marrakech. Leurs limites dessinent une allée qui se prolonge hors de notre champ de vision, et il faut imaginer cette dernière dans l'encadrement parfait d'une fenêtre dessinée par le haut du bosquet et le bas de l'arcade, cernée de deux plaintes vertes parfaitement géométriques, où viennent jouer, dans une symétrie étonnante, le soleil et l'ombre comme sur les touches d'un piano. Car ces parterres géométriques, qui nous mènent au plus profond de la scène, sont tantôt recouverts d'or, tantôt plaqués de noir, esquissés en coups rapides mais maîtrisés dans l'agencement de leurs herbes coupées rases. L'alignement, en effet, nous fait bientôt voir, comme une confuse conclusion à cette contemplation, tout au bout de l'allée, ce qu'on discerne comme étant la forme supposée d'un temple ou d'une fontaine, selon que l'on considère les piliers du monument comme les montants d'un édifice ou les ornements d'un contour de margelle. La suggestion n'en est que plus agréable, car ce que l'esprit ne parvient à voir, l'imagination le reconstitue avec toute la grandeur et la magnificence de ce qu'il a déjà pu apprécier plus tôt.
 
 

Bonsoir,

J'ai pour ma part énormément de mal avec les textes purement descriptifs. Déjà parce que c'est difficile d'être original, ensuite parce que toute la difficulté est de maintenir l'attention du lecteur, sans qu'il y ait d'intrigue, de scénario. Ici, j'ai lu le texte en entier pour trois raisons : premièrement, il est court ; deuxièmement, les commentaires élogieux à votre égard m'intriguaient ; troisièmement, le texte est fort bien écrit. Même si je le trouve trop lourd, trop chargé, j'ai l'impression que chaque mot ont été placé là afin de faire joli, comme si l'objectif avait été de placé le plus d'adjectifs possibles. Je n'ai pas accroché du tout. J'ai eu du mal à imaginer le décor, à m'y voir. Pour qu'une description de paysage attire mon attention, me tienne en haleine, il faut être sacrément doué, c'est à mon sens un pari osé, très osé. Cela n'empêche pas que vous écrivez très bien, surtout si l'âge inscrit sur votre profil est le bon.

Bien cordialement,
Remus.

Toute en couleurs, la description est si riche en détails, que cela oblige, pour bien visualiser le tableau, à relire plusieurs fois les phrases. D'autant que l'on nous donne en spectacle des plans différents qui s'enchevêtrent, se superposent ou s'enroulent en mouvements concentriques.
Donc, en résumé, belle écriture qui oblige le lecteur tout de même à fournir un certain effort de concentration.

compact, boustrophédonique, impénétrable.
c'est parfait.

C'est un exercice ? Une dictée littéraire de dessin ?
Je veux dire par là que ce texte extrêmement travaillé ne semble pas avoir de finalité, et c'est un peu gênant, sauf à être considéré comme un zoom sur un tableau inséré dans un texte, ou comme pur exercice de style.
Le titre ne nous avertit pas, il semble promettre d'introduire au moins un personnage... qui ne vient pas.
Par ailleurs le pluriel ici me fait une drôle d'impression

"maîtrisés dans l'agencement de leurs herbes coupées rases

comme si tu distinguais diverses sortes d'herbes.
Sinon, j'ai trouvé que c'était trop écrit avec un mélange de formules heureuses et de formules plus lourdes ( excès d'adjectifs : sans autre forme de sensible procès ou redondances : sous le joug du hasard et de quelque heureuse coïncidence) ; et aussi quelque chose qui est sans doute de l'ordre du lapsus, mais très original :

cernée de deux plaintes vertes parfaitement géométriques,

Pas trop emballée cette fois ...

Cette place quelque part où l'on voudrait que quelque chose arrive !
Marine, on veut du mouvement de la vie de la mort des corps, on s'ennuie dans ce décor je te le dis tout net.
Bon ben maintenant que tu l'as planté le décor (en même temps que ton texte) raconte nous ce qu'il va s'y passer histoire qu'on ait envie de repasser même si c 'est un endroit où on est censé se contenter d'avoir envie de trépasser

Bonsoir,

Difficile ... pas plus emballé que les autres !

Amicalement,
midnightrambler