Exo "La parole est aux objets" : Aqua-serge ?

Que suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Depuis combien de temps suis-je sur cette étagère ? Pourquoi me posai-je de semblables questions ?

Je n’en sais fichtre rien.

Tout au plus puis-je apporter un début de réponse à la quatrième : ça fait très longtemps. Très longtemps que je suis sur cette étagère et que je m’y emmerde à cent sous de l’heure. Si ce n’était qu’une métaphore, je serais très riche. Ce qui d’ailleurs me ferait une belle jambe.

Autant qu’il m’en souvienne, je suis le plus ancien en haut du placard. Le moule à gaufres m’y a rejoint bien plus tard. C’est mon meilleur pote. Pas du tout le genre à se poser des questions existentielles. De temps en temps il part en mission. Il en revient encore tout chaud du feu l’action, avec parfois un soupçon de pâte sur les manches. Je l’envie et ne me lasse pas du récit de ses aventures.

D’autres objets nous ont rejoint. Certains sont encore dans leur emballage comme ce service à fondue qui prend toute la place et n’adresse la parole à personne. Nous avons pourtant lui et moi un point commun : n'avoir jamais quitté l’étagère, ne fût-ce que pour des missions ponctuelles.

Je ne me souviens pas avoir eu d’emballage. Un jour de printemps, des petites filles avec des nœuds dans les cheveux et un petit garçon en culotte courte m’ont offert à une jolie dame vêtue d’une robe à fleurs. C’était la première fête des mères. La dame était à la fois très heureuse et un peu triste, car le papa était prisonnier.

Depuis, je ne les ai plus revus. De temps en temps une main saisit un de mes voisins. Souvent ce veinard de moule à gaufres. Moi jamais.

À quoi sers-je ?

ouh, ça ne va pas être facile!

euh...
gratt' gratt',

je cherche encore...

Là, Tizef, tu m'as eu ! Jusqu’àl à la fin, j'espérais que serait dévoilée la nature de l'objet. Mais non, rien ! En lisant "La dame était à la fois très heureuse et un peu triste, car le papa était prisonnier", j'ai eu une bien vilaine idée : serait-ce un godemichet ? Mais non : offert par des petites filles, impossible ! Quoi que, de nos jours, la jeunesse...

J'avoue que je sèche aussi. En lisant le titre, j'ai pensé qu'il pouvait s'agir d'un pichet.
Ils n'auraient pas mis les cendres du papa dans le pichet, par hasard ? Mais non, ce n'est pas possible. Ils n'auraient pas eu la cruauté de lui offrir comme copain un moule à gaufres !
Alors j'aime bien le texte, mais comme dirait Frédéric Prunier, je ne vois pas nikoinikès.

moi j'ai pensé à un coffre fort,
un coffret à bijoux,
mais on ne met pas ça dans une cuisine.
et je cale complètement...c'est dru pour y voir clair !

du côté d'aqua et serge, rien ne m'est venu,
si ce n'es un châle mais pas dans la cuisine non plus.

il y a des pieds à ce truc là, si ça peut lui faire une belle jambe...?

Ne serait-ce pas une médaille de la Famille ?

Je crois avoir trouvé. C'est un très vieil objet, atteint de la maladie d'Alzheimer. Il ne sait plus lui-même qui il est.
Du coup, il est incapable de nous donner suffisamment d'indices... On ne risque pas de trouver son nom !

C’est sans doute un ustensile de cuisine étant donné le lieu de rangement et les camarades cités.

Mais je crois bien que l’important n’est pas de comprendre quel est l’objet mais de sentir sa peine et sa solitude, ses questions existentielles d’objet qui ne sait lui-même qui il est et en quoi il est utile puisque personne n’en a jamais usé, et en ça le texte est parfaitement réussi.
Et merci pour l’exo Tizef.

Rhaaaaaaaaaa :o) Mais koikèce ? Là tu t'es bien payé notre fiole. Tu veux nous rendre dingues ? Très marrant en tout cas, comme le com d'embellie d'ailleurs.

S'agirait-il d'une douille (d'obus) en laiton?

excellent moment de lecture encore, mais tu abuses ! keskecédon? (j'ai pensé à une yaourtière qui subirait le même sort que la mienne... la pauvre, tu me fais culpabiliser en plus !).