L'accident de voiture
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Marine
Pussicat
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L'accident de voiture
Comme d'habitude je rentrerai tard. La journée m'aura rincée comme le linge tordu de la machine à laver que je n'aurai pas la force de sortir et d'étendre. Je sécherai comme tous les soirs assise sur le canapé du salon, une cigarette aux lèvres, un russe blanc posé sur la table.
Quelqu'un frappera à la porte mais je n'y serai pour personne. Les lumières seront éteintes.
Comme d'habitude j'ouvrirai le portable, viderai la boîte sans lire les messages, je naviguerai au gré des courants puis je cliquerai sur « arrêter la session ».
Je prendrai le téléphone pour régler la sonnerie sur six heures, je chercherai mon paquet que je finirai par retrouver dans la cuisine, dans le salon, ou posé sur la pile de magazines des toilettes.
J'en tirerai une autre que je fumerai dans l'obscurité en repensant à cet enfoiré de Paul qui m'avait plantée cet après-midi me laissant seule avec ces trois Chinois venus visiter l'immeuble que notre cabinet essayait de vendre depuis bientôt quatre mois – je me doute qu'il avait mieux à faire. J'ai bien remarqué son manège à l'artiste devant la nouvelle standardiste ; encore une qui va atterrir au service des cœurs brisés – la machine à café – et que je vais devoir prendre en main. Faudra qu'on ait une discussion tous les deux, j'en ai assez de jouer à la môman.
L'espace, la lumière, le design, la situation géographique, les commodités du quartier, les transports, le confort... tout ça c'est mon rayon, mais dès qu'on s'aventure sur le terrain financier, prix au mètre carré, foncier, ristournes, dessous de table... je suis larguée, je dérive, brin de paille sur l'eau vive.
Comme d'habitude je penserai aux verrous, au gaz, je jetterai un œil furtif sur le miroir de l'entrée qui me renverra ma manie en reflet avant de pousser la porte, avant d'entrer dans la chambre funéraire.
Alors je me déshabillerai, comme habitude, et je me glisserai nue sous les draps de lin, seule, avec cette boule au ventre de s'endormir seule contre soi.
Comme d'habitude je repenserai à toi et à tous ces morceaux de vies brisés. Je sentirai à nouveau ton corps sur le mien, tes lèvres me presser, tes bras m'enlacer. Je dessinerai la courbe de tes fesses et j'oserai, oui, j'oserai... j'inventerai de nouveaux matins...
Puis je m'enfoncerai plus profond encore dans le passé jusqu'à sentir le goût amer du remords et je te haïrai. Oui, je t'en voudrai de m'avoir quittée. Peut-être frapperai-je l'oreiller, peut-être même verserai-je quelques larmes, mais je m'en voudrai encore plus de m'être laissée aller à te blâmer !
Pourquoi n'ai-je pas su te retenir quelques minutes, rien qu'un instant.
Pourquoi es-tu parti si tôt ce matin-là...
Et les trois petites notes de musique me réveilleront.
Quelqu'un frappera à la porte mais je n'y serai pour personne. Les lumières seront éteintes.
Comme d'habitude j'ouvrirai le portable, viderai la boîte sans lire les messages, je naviguerai au gré des courants puis je cliquerai sur « arrêter la session ».
Je prendrai le téléphone pour régler la sonnerie sur six heures, je chercherai mon paquet que je finirai par retrouver dans la cuisine, dans le salon, ou posé sur la pile de magazines des toilettes.
J'en tirerai une autre que je fumerai dans l'obscurité en repensant à cet enfoiré de Paul qui m'avait plantée cet après-midi me laissant seule avec ces trois Chinois venus visiter l'immeuble que notre cabinet essayait de vendre depuis bientôt quatre mois – je me doute qu'il avait mieux à faire. J'ai bien remarqué son manège à l'artiste devant la nouvelle standardiste ; encore une qui va atterrir au service des cœurs brisés – la machine à café – et que je vais devoir prendre en main. Faudra qu'on ait une discussion tous les deux, j'en ai assez de jouer à la môman.
L'espace, la lumière, le design, la situation géographique, les commodités du quartier, les transports, le confort... tout ça c'est mon rayon, mais dès qu'on s'aventure sur le terrain financier, prix au mètre carré, foncier, ristournes, dessous de table... je suis larguée, je dérive, brin de paille sur l'eau vive.
Comme d'habitude je penserai aux verrous, au gaz, je jetterai un œil furtif sur le miroir de l'entrée qui me renverra ma manie en reflet avant de pousser la porte, avant d'entrer dans la chambre funéraire.
Alors je me déshabillerai, comme habitude, et je me glisserai nue sous les draps de lin, seule, avec cette boule au ventre de s'endormir seule contre soi.
Comme d'habitude je repenserai à toi et à tous ces morceaux de vies brisés. Je sentirai à nouveau ton corps sur le mien, tes lèvres me presser, tes bras m'enlacer. Je dessinerai la courbe de tes fesses et j'oserai, oui, j'oserai... j'inventerai de nouveaux matins...
Puis je m'enfoncerai plus profond encore dans le passé jusqu'à sentir le goût amer du remords et je te haïrai. Oui, je t'en voudrai de m'avoir quittée. Peut-être frapperai-je l'oreiller, peut-être même verserai-je quelques larmes, mais je m'en voudrai encore plus de m'être laissée aller à te blâmer !
Pourquoi n'ai-je pas su te retenir quelques minutes, rien qu'un instant.
Pourquoi es-tu parti si tôt ce matin-là...
Et les trois petites notes de musique me réveilleront.
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
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Date d'inscription : 17/02/2012
Re: L'accident de voiture
Sur le coup, j'ai été gênée par "le comme d'habitude" et l'emploi des phrases au temps futur, comme dans certaine chanson qu'on connaît tous, ça fait plutôt "copy cat" malgré soi.
Puis j'arrive aux "trois petites notes de musique" de la fin et là je me dis que ça ne peut pas être un hasard, mais qu'il s'agit de références musicales bien délibérées.
Je n'ai rien trop à dire sur le fond, sur ce texte de l'absence, cette adresse au disparu, c'est très clair et le titre complète l'explication.
Il me semble cependant que le choix du futur (pour y revenir) de bout en bout du texte alourdit l'expression, là où j'aurais peut-être préféré une écriture plus pointilliste, moins affirmée ou moins maîtrisée... je ne suis pas sûre.
Sinon, certains détails manquent peut-être de précision :" je chercherai mon paquet que je finirai par retrouver dans la cuisine" ou "J'en tirerai une autre". Bien sûr on comprend, même si la première mention des cigarettes est est loin en arrière, bien sûr ce n'est pas grand-chose mais je trouve que ces petites omissions accrochent, elles nuisent à la parfaite fluidité du texte.
Un autre détail (bien exprimé celui-ci) qui m'a arrêtée est celui de "la chambre funéraire", le choix des mots est fort, peut-être trop fort, au regard de ce qui suit, le lecteur étant alors prêt à une révélation de la même teneur. Personnellement, je m'attendais à ce que le texte prenne là une teneur morbide. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a sûrement décalage entre ce que la narratrice vit et exprime ; et ce que le lecteur ressent, ce que les mots lui donnent à imaginer.
Puis j'arrive aux "trois petites notes de musique" de la fin et là je me dis que ça ne peut pas être un hasard, mais qu'il s'agit de références musicales bien délibérées.
Je n'ai rien trop à dire sur le fond, sur ce texte de l'absence, cette adresse au disparu, c'est très clair et le titre complète l'explication.
Il me semble cependant que le choix du futur (pour y revenir) de bout en bout du texte alourdit l'expression, là où j'aurais peut-être préféré une écriture plus pointilliste, moins affirmée ou moins maîtrisée... je ne suis pas sûre.
Sinon, certains détails manquent peut-être de précision :" je chercherai mon paquet que je finirai par retrouver dans la cuisine" ou "J'en tirerai une autre". Bien sûr on comprend, même si la première mention des cigarettes est est loin en arrière, bien sûr ce n'est pas grand-chose mais je trouve que ces petites omissions accrochent, elles nuisent à la parfaite fluidité du texte.
Un autre détail (bien exprimé celui-ci) qui m'a arrêtée est celui de "la chambre funéraire", le choix des mots est fort, peut-être trop fort, au regard de ce qui suit, le lecteur étant alors prêt à une révélation de la même teneur. Personnellement, je m'attendais à ce que le texte prenne là une teneur morbide. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a sûrement décalage entre ce que la narratrice vit et exprime ; et ce que le lecteur ressent, ce que les mots lui donnent à imaginer.
Invité- Invité
Re: L'accident de voiture
Le titre a failli me faire fuir. De même, comme Easter, que l'emploi du futur. Mais finalement, je suis entrée dans le déroulement de l'histoire, ou plutôt de la situation. Et La révélation de la fin m'a réconciliée avec ce titre. Car tu as su éveiller l'attente et la curiosité.
Invité- Invité
Re: L'accident de voiture
Le rythme m'a particulièrement plu, et la mélancolie, qui se joint à celle de la chanson de Claude François, nous berce.
J'aime cette douleur qui chante, qui a du charme.
" je chercherai mon paquet que je finirai par retrouver dans la cuisine" ou "J'en tirerai une autre"
Je trouve au contraire que ne pas nommer cigarette une autre fois ici était très judicieux. Pour moi on comprend parfaitement, et c'est ce qui fait l'aspect poétique du texte : des bribes qu'on ne dévoile pas forcément entièrement, et qui donnent beaucoup de douceurs à l'ensemble, comme une fatigue de parler normalement pour évoquer ce morceau de la vie de la narratrice.
D'où pour moi également la chanson, le refrain, pour le dire autrement.
J'aime la description du quotidien et ce que cette phrase laisse paraître de l'existence du personnage :
"L'espace, la lumière, le design, la situation géographique, les commodités du quartier, les transports, le confort... tout ça c'est mon rayon, mais dès qu'on s'aventure sur le terrain financier, prix au mètre carré, foncier, ristournes, dessous de table... je suis larguée, je dérive, brin de paille sur l'eau vive."
"Brin de paille sur l'eau vive", très poétique.
J'aime cette douleur qui chante, qui a du charme.
" je chercherai mon paquet que je finirai par retrouver dans la cuisine" ou "J'en tirerai une autre"
Je trouve au contraire que ne pas nommer cigarette une autre fois ici était très judicieux. Pour moi on comprend parfaitement, et c'est ce qui fait l'aspect poétique du texte : des bribes qu'on ne dévoile pas forcément entièrement, et qui donnent beaucoup de douceurs à l'ensemble, comme une fatigue de parler normalement pour évoquer ce morceau de la vie de la narratrice.
D'où pour moi également la chanson, le refrain, pour le dire autrement.
J'aime la description du quotidien et ce que cette phrase laisse paraître de l'existence du personnage :
"L'espace, la lumière, le design, la situation géographique, les commodités du quartier, les transports, le confort... tout ça c'est mon rayon, mais dès qu'on s'aventure sur le terrain financier, prix au mètre carré, foncier, ristournes, dessous de table... je suis larguée, je dérive, brin de paille sur l'eau vive."
"Brin de paille sur l'eau vive", très poétique.
Re: L'accident de voiture
Je suis partagée concernant ce texte.
D’abord parce que les mots « Comme d’habitude » m’ont gênée dans ma lecture, il faut dire que j’ai une sainte horreur de cette chanson et de Claude François en général. Bref, là n’est pas le débat, mais je trouve ça risqué de choisir quelque chose avec une référence aussi forte, que l’on aime ou pas, cela influence nécessairement la lecture.
Le texte est très court et j’ai pourtant eu la sensation qu’il se cherchait un ton. Il y a des envolées poétiques très belles, mêlées à des moments de la vie quotidienne ce qui n’est pas fait pour me déplaire. « S’endormir seule contre soi » c’est vraiment beau. Malheureusement, il y a aussi de gros clichés qui font quelque peu retomber la sauce, c’est le cas avec le collègue qui drague la standardiste. J’ai trouvé le dernier paragraphe assez convenu, et à la limite de la sensiblerie. Je n’avais pas non plus compris la référence aux trois petites notes de musique (je dois vraiment avoir un problème avec cette chanson), ça me paraissait incongru, c’est grâce aux commentaires que le sens de la fin m’est apparu.
D’abord parce que les mots « Comme d’habitude » m’ont gênée dans ma lecture, il faut dire que j’ai une sainte horreur de cette chanson et de Claude François en général. Bref, là n’est pas le débat, mais je trouve ça risqué de choisir quelque chose avec une référence aussi forte, que l’on aime ou pas, cela influence nécessairement la lecture.
Le texte est très court et j’ai pourtant eu la sensation qu’il se cherchait un ton. Il y a des envolées poétiques très belles, mêlées à des moments de la vie quotidienne ce qui n’est pas fait pour me déplaire. « S’endormir seule contre soi » c’est vraiment beau. Malheureusement, il y a aussi de gros clichés qui font quelque peu retomber la sauce, c’est le cas avec le collègue qui drague la standardiste. J’ai trouvé le dernier paragraphe assez convenu, et à la limite de la sensiblerie. Je n’avais pas non plus compris la référence aux trois petites notes de musique (je dois vraiment avoir un problème avec cette chanson), ça me paraissait incongru, c’est grâce aux commentaires que le sens de la fin m’est apparu.
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 55
Date d'inscription : 10/02/2009
Re: L'accident de voiture
Désolée de répondre si vite mais je ne comprends pas les commentaires unanimes sur l'emploi du futur.
Quel autre temps aurais-pu employer ? le présent ? impossible !
Comme d'habitude je rentre tard. La journée m'a rincée comme le linge tordu de la machine à laver que je n'ai pas la force de sortir et d'étendre. Je sèche comme...
Le leitmotiv "Comme d'habitude" me commandait l'emploi de ce temps, enfin je le pense ainsi.
D'accord, cela peut devenir redondant et fatigant, mais je ne demande pas aux lecteurs d'aimer cette chanson pour apprécier le texte, et encore moins de le lire avec cette paire de lunettes, cela serait une erreur, je pense. Et qui vous dit que j'aime Cloclo ?
D'accord avec abstract sur les passages connotés "sensibleries".
Easter(Island), je voulais éviter les répétitions et par là alléger le texte, à l'évidence je me suis trompée.
Raccord aussi avec toi sur le choix de "la chambre funéraire", c'est pas judicieux.
Sinon, les trois petites notes de musique me réveilleront. sont aussi la sonnerie du portable qui l'a ramène à la réalité. 6h du mat, l'heure de se lever !
Merci pour vos commentaires, à Iris, Marine ;-))) je le répète, cela me fait avancer.
Quel autre temps aurais-pu employer ? le présent ? impossible !
Comme d'habitude je rentre tard. La journée m'a rincée comme le linge tordu de la machine à laver que je n'ai pas la force de sortir et d'étendre. Je sèche comme...
Le leitmotiv "Comme d'habitude" me commandait l'emploi de ce temps, enfin je le pense ainsi.
D'accord, cela peut devenir redondant et fatigant, mais je ne demande pas aux lecteurs d'aimer cette chanson pour apprécier le texte, et encore moins de le lire avec cette paire de lunettes, cela serait une erreur, je pense. Et qui vous dit que j'aime Cloclo ?
D'accord avec abstract sur les passages connotés "sensibleries".
Easter(Island), je voulais éviter les répétitions et par là alléger le texte, à l'évidence je me suis trompée.
Raccord aussi avec toi sur le choix de "la chambre funéraire", c'est pas judicieux.
Sinon, les trois petites notes de musique me réveilleront. sont aussi la sonnerie du portable qui l'a ramène à la réalité. 6h du mat, l'heure de se lever !
Merci pour vos commentaires, à Iris, Marine ;-))) je le répète, cela me fait avancer.
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: L'accident de voiture
Aucun pb quant à l'emploi du futur qui me parait aller de soi.
Ici :"J'en tirerai une autre que je fumerai dans l'obscurité en repensant à cet enfoiré de Paul qui m'avait plantée cet après-midi me laissant seule avec ces trois Chinois venus visiter l'immeuble que notre cabinet essayait de vendre depuis bientôt quatre mois – je me doute qu'il avait mieux à faire.
Après "cet après-midi" j'aurai mis une virgule (pour laisser respirer).
Très joli : " je jetterai un œil furtif sur le miroir de l'entrée qui me renverra ma manie en reflet avant de pousser la porte, ".
Pour le reste, je rejoins Marine et fais mien son commentaire (fainéant :-)).
Ici :"J'en tirerai une autre que je fumerai dans l'obscurité en repensant à cet enfoiré de Paul qui m'avait plantée cet après-midi me laissant seule avec ces trois Chinois venus visiter l'immeuble que notre cabinet essayait de vendre depuis bientôt quatre mois – je me doute qu'il avait mieux à faire.
Après "cet après-midi" j'aurai mis une virgule (pour laisser respirer).
Très joli : " je jetterai un œil furtif sur le miroir de l'entrée qui me renverra ma manie en reflet avant de pousser la porte, ".
Pour le reste, je rejoins Marine et fais mien son commentaire (fainéant :-)).
Invité- Invité
Re: L'accident de voiture
On (enfin "je") n'a pas dit que la chanson (les chansons même, puisque les "trois petites notes de musique" de la fin en rappellent une autre) était en cause, on a évoqué un lien ; on n'a formulé nulle part que la narratrice (l'auteure ?) aimait cette chanson.
Ensuite, quand bien même la chanson aurait teinté le texte et ainsi induit une réserve chez le lecteur, c'est son droit le plus absolu, ce n'est pas à l'auteur de lui dire (au lecteur) ce qu'il aurait dû penser ou pas, ressentir ou pas, aimer ou pas, s'il se fourvoie ou pas.
Le texte publié n'appartient plus à l'auteur, le lecteur se l'approprie (pour utiliser une expression laide et à la mode), le fait sien. Il a le droit d'aimer ou pas, d'être partagé, et de le faire savoir.
Libre ensuite à l'auteur, de prendre en considération les remarques faites, ou de les balayer. Là est sa liberté. Pas celle de diriger le ressenti, la réaction du lecteur.
Pour revenir à cette histoire de temps - et on ne peut pas nier que forme et fond vont toujours de concert pour le résultat final - ce n'est pas l'emploi du futur en soi qui est gênant (quoique en toute logique grammairienne on pourrait objecter que l'expression "comme d'habitude" s'utilise aussi avec un présent dit d'habitude, justement), c'est l'utilisation extensive de ce temps, voire quasi exclusive, qui finit par heurter l'oreille (toutes ces terminaisons en "-rai").
Personnellement, je n'aurais vu aucune problème avec l'emploi du présent, la tentative que tu as faite dans ta réponse sonne assez juste.
Pour finir, et là, je parle en mon nom propre, les remarques que tu perçois comme négatives, se veulent constructives, en vertu du fameux atelier d'écriture dont se réclame VE ; je n'ai à aucun moment dit que je n'aimais pas (ou aimais) le texte, j'ai essayé de te montrer en quoi il est à mes yeux perfectible.
Ensuite, quand bien même la chanson aurait teinté le texte et ainsi induit une réserve chez le lecteur, c'est son droit le plus absolu, ce n'est pas à l'auteur de lui dire (au lecteur) ce qu'il aurait dû penser ou pas, ressentir ou pas, aimer ou pas, s'il se fourvoie ou pas.
Le texte publié n'appartient plus à l'auteur, le lecteur se l'approprie (pour utiliser une expression laide et à la mode), le fait sien. Il a le droit d'aimer ou pas, d'être partagé, et de le faire savoir.
Libre ensuite à l'auteur, de prendre en considération les remarques faites, ou de les balayer. Là est sa liberté. Pas celle de diriger le ressenti, la réaction du lecteur.
Pour revenir à cette histoire de temps - et on ne peut pas nier que forme et fond vont toujours de concert pour le résultat final - ce n'est pas l'emploi du futur en soi qui est gênant (quoique en toute logique grammairienne on pourrait objecter que l'expression "comme d'habitude" s'utilise aussi avec un présent dit d'habitude, justement), c'est l'utilisation extensive de ce temps, voire quasi exclusive, qui finit par heurter l'oreille (toutes ces terminaisons en "-rai").
Personnellement, je n'aurais vu aucune problème avec l'emploi du présent, la tentative que tu as faite dans ta réponse sonne assez juste.
Pour finir, et là, je parle en mon nom propre, les remarques que tu perçois comme négatives, se veulent constructives, en vertu du fameux atelier d'écriture dont se réclame VE ; je n'ai à aucun moment dit que je n'aimais pas (ou aimais) le texte, j'ai essayé de te montrer en quoi il est à mes yeux perfectible.
Invité- Invité
Re: L'accident de voiture
J'aime bien, ça fait écho à un poème que tu as posté il y a longtemps et dont j'ai oublié le titre (la cadillac ? au hasard)
Bon, oui, la répétition du comme d'habitude finit par être un peu lourde, et les terminaisons en rai. En même temps, puisque c'est une projection dans la répétition de ce qui va être, inéluctable, une autre journée, une autre soirée sans "toi", je ne sais pas trop comment tu peux faire.
Pour ma part, je serais restée centrée sur cette idée d'absence, de gestes vains, solitaires, et aurais supprimé le passage boulot, quoiqu'il apporte un peu d'ancrage dans la réalité.
Et je trouve que : soit tu gardes le titre, et ne révèle pas dans le texte l'accident, soit tu mets un autre titre, sinon c'est redondant. J'ai moins aimé le dernier paragraphe, le questionnement "pourquoi ne t'ai-je pas retenu" etc., un peu convenu.
Sinon, je répète, j'aime bien ce registre chez toi.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
L'accident de voiture
Après vos nouveaux commentaires, luluberlu, Easter(Island) et Janis, je ne pouvais pas poster un second commentaire et faire remonter mon texte;
C'est exact Janis, le passage boulot est là pour donner une épaisseur au personnage, comme une extraction, une géographie extérieure au huis-clos de son appartement qui est à la fois un cocon, une mémoire vivante et son tombeau.
Je te rejoins sur les gestes du quotidien, j'aurais dû insister, cela aurait enflé comme des oeufs en neige - un rien rebattu gonfle, comme un tout rempli de rien.
Easter(Island), j'ai encore du mal avec cette notion d'abandon : Le texte publié n'appartient plus à l'auteur, le lecteur se l'approprie (pour utiliser une expression laide et à la mode), le fait sien. Il a le droit d'aimer ou pas, d'être partagé, et de le faire savoir.
Je suis jeune encore dans l'écriture et la publication de mes textes, je commence seulement à comprendre mes erreurs dans la défense de ce que j'offre à lire...
Ce n'est pas la peine de me répondre sur ce point, le fait d'aimer ou pas ce que je poste, je t'ai compris... c'est aussi une histoire d'égo... (alors que je suis une fourmi comparé à ce que je peux lire de Rebecca, Janis, Raoulraoul ou Gobu, en prose je précise, ce sont mes préférences), peut-être suis-je encore un peu trop sensible mais tu auras compris que je n'étais pas là pour rien, et si cela ne me convenait pas, je serais déjà partie depuis bien longtemps.
Pour en revenir au texte, le futur, c'est possible, c'est lassant, tous ces "ai", je ne sai-s...
Je pourrais travailler une forme au présent et la poster à la suite, pourquoi pas, c'est une idée.
< Mais si, vous pouvez répondre après 3 commentaires ! Relisez le texte de la page d'accueil svp.
Vous aviez déjà répondu en vous excusant après 4 commentaires, alors que vous aviez déjà tout à fait le loisir d'intervenir...
La Modération >
.
C'est exact Janis, le passage boulot est là pour donner une épaisseur au personnage, comme une extraction, une géographie extérieure au huis-clos de son appartement qui est à la fois un cocon, une mémoire vivante et son tombeau.
Je te rejoins sur les gestes du quotidien, j'aurais dû insister, cela aurait enflé comme des oeufs en neige - un rien rebattu gonfle, comme un tout rempli de rien.
Easter(Island), j'ai encore du mal avec cette notion d'abandon : Le texte publié n'appartient plus à l'auteur, le lecteur se l'approprie (pour utiliser une expression laide et à la mode), le fait sien. Il a le droit d'aimer ou pas, d'être partagé, et de le faire savoir.
Je suis jeune encore dans l'écriture et la publication de mes textes, je commence seulement à comprendre mes erreurs dans la défense de ce que j'offre à lire...
Ce n'est pas la peine de me répondre sur ce point, le fait d'aimer ou pas ce que je poste, je t'ai compris... c'est aussi une histoire d'égo... (alors que je suis une fourmi comparé à ce que je peux lire de Rebecca, Janis, Raoulraoul ou Gobu, en prose je précise, ce sont mes préférences), peut-être suis-je encore un peu trop sensible mais tu auras compris que je n'étais pas là pour rien, et si cela ne me convenait pas, je serais déjà partie depuis bien longtemps.
Pour en revenir au texte, le futur, c'est possible, c'est lassant, tous ces "ai", je ne sai-s...
Je pourrais travailler une forme au présent et la poster à la suite, pourquoi pas, c'est une idée.
< Mais si, vous pouvez répondre après 3 commentaires ! Relisez le texte de la page d'accueil svp.
Vous aviez déjà répondu en vous excusant après 4 commentaires, alors que vous aviez déjà tout à fait le loisir d'intervenir...
La Modération >
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Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: L'accident de voiture
Bonne idée de l'essayer au présent + passé composé
je viens de me le faire mentalement pour le premier paragraphe, ça fonctionne très bien
c'est quand même différent, puisque du coup ce n'est une plus projection dans ce que sera la soirée
mais ça marche, ça ajoute de la lourdeur (de la bonne lourdeur)
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
re : L'accident de voiture.
J'aime assez bien ce drame de la séparation, noyé dans les faits (objectifs) du quotidien. Pas trop de pathos ainsi. Il n'y a plus rien à faire pour le personnage. C'est passé, mais la douleur est plus présente que jamais. Le temps futur alors parait magique, déstabilisant. Il ne me gêne pas. Même le temps à venir ne pourra estomper, amoindrir, laver la douleur. C'est terrible. On touche le fond de la subjectivité, sans mièvrerie.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: L'accident de voiture
Le point nodal de ce texte est amorcé par cette gradation ("avant de pousser la porte, avant d'entrer") qui génère un effet d'attente. L'assimilation de deux lieux bien distincts en un seul ("chambre funéraire") éclate la vision du lecteur, mettant violemment en perspective (sans que rien ne l'ait préparé dans le texte, hormis l'allusion du titre) une situation infiniment complexe, celle d'un deuil qui ne parvient pas à se faire. L'image du corps en transit entre lieu de conservation et lieu de sépulture renvoie à celles d'un esprit, d'une âme, d'un coeur tous encalminés. Les compléments de temps, le futur et le futur antérieur figurent ce tournoiement d'un traumatisme dont il est impossible, en l'état, de percevoir l'atténuation à courte ou moyenne échéance. L'autre gradation, bouleversante ("ton corps sur le mien, tes lèvres me presser, tes bras m'enlacer"), comme en écho à la première, marque bien au contraire, une poignante et souveraine douleur. Les questions rhétoriques appuient sur l'impuissance, la colère, le sentiment insurmontable de culpabilité. Plusieurs procédés tentent de mettre le quotidien, le professionnel en balance avec l'intime, de s'en servir comme d'un contrepoids, d'un levier à la souffrance qui ronge. C'est le cas de l'accumulation ("L'espace, la lumière, le design, la situation géographique, les commodités du quartier, les transports, le confort...", "prix au mètre carré, foncier, ristournes, dessous de table"). C'est le cas d'une phrase marquée par une quadruple subordination et dans laquelle le lecteur a l'impression de se noyer ("J'en tirerai une autre que je fumerai dans l'obscurité en repensant à cet enfoiré de Paul qui m'avait plantée cet après-midi me laissant seule avec ces trois Chinois venus visiter l'immeuble que notre cabinet essayait de vendre depuis bientôt quatre mois – je me doute qu'il avait mieux à faire. »). Tâche herculéenne à présent que celle qui consiste à reprendre pied (pour poursuivre la métaphore de la nage), à regagner la rive du temps. L'histoire de coeur du bureau ("J'ai bien remarqué son manège à l'artiste devant la nouvelle standardiste ; encore une qui va atterrir au service des cœurs brisés – la machine à café – et que je vais devoir prendre en main. Faudra qu'on ait une discussion tous les deux, j'en ai assez de jouer à la môman.") pourra-t-elle entamer les prémisses de cette échappée salvatrice ?
Merci pour ce partage !
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: L'accident de voiture
Oups...
"Les questions rhétoriques appuient sur l'impuissance, la colère, le sentiment insurmontable de culpabilité."
Ces questions...
"Pourquoi n'ai-je pas su te retenir quelques minutes, rien qu'un instant.
Pourquoi es-tu parti si tôt ce matin-là..."
... ne sont évidemment pas rhétoriques, mais bien, au contraire, insolubles.
J'ai oublié l'anaphore...
"j'oserai, oui, j'oserai"
... , poignante elle aussi, car elle met en évidence ces fantaisies que l'on n'a pas eu le temps, le loisir, de se permettre, et qui font retentir la perte avec d'autant plus de violence.
"Les questions rhétoriques appuient sur l'impuissance, la colère, le sentiment insurmontable de culpabilité."
Ces questions...
"Pourquoi n'ai-je pas su te retenir quelques minutes, rien qu'un instant.
Pourquoi es-tu parti si tôt ce matin-là..."
... ne sont évidemment pas rhétoriques, mais bien, au contraire, insolubles.
J'ai oublié l'anaphore...
"j'oserai, oui, j'oserai"
... , poignante elle aussi, car elle met en évidence ces fantaisies que l'on n'a pas eu le temps, le loisir, de se permettre, et qui font retentir la perte avec d'autant plus de violence.
jfmoods- Nombre de messages : 692
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