Exo anonyme « L'attente » : Printemps

La terre étreint l’envie profonde
entre les plis de ses jupons
du lourd plaisir d’être féconde
au plus secret de ses sillons

La terre épouse le frisson
fiévreux des sèves qui pantellent
glissant leurs doigts hors des cocons
blottis au creux de ses aisselles

Au bord du champ la haie chemine
ses chênes manches retroussées
pétrissent à pleines racines
le noir talus tout engoncé

Sur le ciel clignent les paupières
de gros bourgeons pleins d’invectives
des sources naissent sous les pierres
les fossés débordent d’eaux vives

Cette puissance
cette faim du paysage
que dilate l’impatience mordant ses reins
le font lever comme une pâte.

très beau, musical et mélodieux, l'image de la pâte qui lève est tout à fait efficace.

De belles images, sensuelles...

et je dirais même : charnel !

J'avoue que le printemps, l'attente, m'évoquent des images plus douces, plus secrètes, ténues.

Mais c'est bien fichu, ça sonne !

Printemps... éveil des sens. La nature en chavire !

Les deux premières strophes me semblent un peu cérémonieuses... Je préfère la suite et en particulier "les paupières de gros bourgeons pleins d'invectives". Joli.

Des images fortes et une belle solennité en harmonie avec l'éveil d'une saison. Le texte se lit bien à haute voix, l'oreille y trouve son compte, la tête aussi.

Modération a écrit:
cette faim du paysage

ceci, entre autres, est beau.

Une attente pleine de promesses, une lente gestation. Certaines images m'ont bien plu.
Je ne voudrais pas dire trop de sottises, mais les quatre premières strophes restent classiques, et puis le désordre s'installe. Le printemps se joue des cadres...

Je crois bien reconnaitre l'air... !

Une éclosion attendue dans ce printemps qui se fait attendre, c'est de saison !

De belles évocations pleines de sens, et que j'aime cette image (hormis "gros" que je me permets d'effacer) :

Sur le ciel clignent les paupières
de bourgeons pleins d’invectives

Un printemps un peu lourd à décoller, à s'arracher à la glèbe ... à l'image de celui que nous vivons

c'est chaud tout ça !
charnel, je veux Marcel ! je vois des feux-images partout qui clignotent comme un appel à... à... euh... j'aime pas trop le style, la référence à la terre tout ça, j'aime bien la fin "faim"... y'a deux textes... non ?
c'est quand le printemps ?

Très sensuel.
Un beau poème !