Lipogramme (sans e) : Aux croix du croissant

Pour toi, ton joli cou voici la croix d’Aïr

butin pris à un fou pourtant mort sans finir.


Acquis au coran sang voilà la croix d’In Gall

d’un barbu rugissant occis d’un coup fatal.


Vois la croix d’In Wagar ravi a un bâtard

un imam du Qatar parti loin au Tahar.


La croix d’Abalak gisait sur la barback

d’un lascar sur son roc où Mars grava nos chocs.


Soldats sont à l’assaut au nord dans l’Ifoghas,

Targui cuit jusqu’aux os aux bastos du famas.


Portons tous nos croix sans savoir où l’on mourra

Honni soit Mali sang aux coins du Sahara.


Puis un tour par Tahoua fusil au troc pour sa croix

Sauras-tu si un jour l’amour là aura sa loi ?


Vois mon fils l’oasis la raison ta maison,

Aux francs la saison jusqu’à la lunaison.


S’obscurcira l’azur aux grains du Sahara

Plus ni croix ni croissant quand tout disparaîtra.


Nos djinns quittant l’oubli surgiront du simoun

A la fin du vivant ira solo un clown.

On quitte là l'exercice pour une véritable performance.
Remarquable ! Envoûtant.
Bravo !

J'ai beaucoup aimé et le dépaysement, et la musique des mots, des noms.

Belle musique des mots. Je regrette de ne pas vraiment comprendre. Trop calé pour moi.

Il y a de belles références et un univers assez particulier ici créé, c'est fortiche. Toutefois, je déplore que l'exercice soit un peu trop visible par moment, à cause des sonorités et puis d'un manque de liant, par moments, entre les phrases et les mots, dommage.

Modération a écrit:
Vois la croix d’In Wagar ravi a un bâtard
un imam du Qatar parti loin au Tahar.

Par exemple ici - mais aussi dans ce qui précède ou suit ces deux vers, je trouve que la répétition sur les sons n'est pas tout le temps harmonieuse. Mais j'imagine volontiers que cette répétition est volontaire et qu'elle fait partie de l'exercice, c'est un challenge intéressant mais il me manque un petit truc pour rendre le tout plus heureux. Simple avis perso.

Très original. Voilà qui m'a fait voyager. La lecture n'est pas super aisée, mais cela tient au fait que ce texte est composé de mots que l'on n'a pas l'habitude de voir.