Vacance
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Lucy
Pussicat
seyne
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Vacance
Ils roulent sur une route enneigée, en montagne, à la tombée du jour. Dans la voiture, les parents et les trois enfants (la dernière si petite, moins de trois mois). Le deuxième enfant, un garçon, est lui aussi encore très petit. Il a tant de mal à s'y faire, à cette soeur qui vient d'arriver, ce bébé dans son lit, incompréhensible, toujours dormant ou criant. Il a besoin pour supporter cela d'une musique qui fasse comme une chambre d'écho. Alors tout au long du voyage ils écoutent bien des fois "Hearts and bones" de Paul Simon, tout au long de cette route où la nuit devient de plus en plus épaisse, où luit à peine au dehors la phosphorescence de la neige. Le froid dur comme une menace, comme l'armée invisible d'un siège, et les hautes parois dressées des montagnes, les pins plus noirs encore, saupoudrés de blanc.
Tout au long de ces incessants virages, à la recherche d’un toit encore inconnu, ils habitent cette petite bulle de lumière, que remplissent la voix, les mélodies, la poignante nostalgie. Le petit garçon demande à écouter encore et encore. Et sa mère, elle aussi saisie dans cette tristesse fluente, profonde, des premiers mois de la vie, accepte, se tait, inquiète pour lui.
Et c’est ainsi toute la soirée, jusqu'à ce qu'ils arrivent enfin en milieu de nuit, après une erreur de trajet, dans un petit deux pièces glacé et sans âme qu'il faudra, très vite, rendre vivant.
Tout au long de ces incessants virages, à la recherche d’un toit encore inconnu, ils habitent cette petite bulle de lumière, que remplissent la voix, les mélodies, la poignante nostalgie. Le petit garçon demande à écouter encore et encore. Et sa mère, elle aussi saisie dans cette tristesse fluente, profonde, des premiers mois de la vie, accepte, se tait, inquiète pour lui.
Et c’est ainsi toute la soirée, jusqu'à ce qu'ils arrivent enfin en milieu de nuit, après une erreur de trajet, dans un petit deux pièces glacé et sans âme qu'il faudra, très vite, rendre vivant.
Re: Vacance
j'ai eu du mal à entrer dans votre texte, dans l'histoire... il y a" trois enfants" mais deux seuls sont présents, d'où le lien immédiat avec le titre : "vacance" au singulier... comme une absence... où est ce troisième enfant ?
gênée aussi par le style, phrase courte et ce déplacement de lieu => de l'espace de la voiture, vous déplacez le lecteur dans le lit, où se trouve ce lit ? ... arrive "la chambre d'écho", le nid douillet de l'enfant détestant ce "bébé" dernière, toujours dans la voiture qui roule.
j'aime la description du paysage...
"Et sa mère aussi saisie dans cette tristesse.." j'aurais écrit par cette tristesse
j'aime " tristesse fluente" mais cela ne vient-il pas se confronter à "profonde" ?
j'aurais ajouté un "et" quelque part... par exemple : "accepte et se tait, inquiète pour lui."
"Et c'est ainsi toute la soirée" est étrange dans sa construction... mais... cela s'emboîte...
il y une atmosphère, je reviendrais sur ce texte...
une relecture...
gênée aussi par le style, phrase courte et ce déplacement de lieu => de l'espace de la voiture, vous déplacez le lecteur dans le lit, où se trouve ce lit ? ... arrive "la chambre d'écho", le nid douillet de l'enfant détestant ce "bébé" dernière, toujours dans la voiture qui roule.
j'aime la description du paysage...
"Et sa mère aussi saisie dans cette tristesse.." j'aurais écrit par cette tristesse
j'aime " tristesse fluente" mais cela ne vient-il pas se confronter à "profonde" ?
j'aurais ajouté un "et" quelque part... par exemple : "accepte et se tait, inquiète pour lui."
"Et c'est ainsi toute la soirée" est étrange dans sa construction... mais... cela s'emboîte...
il y une atmosphère, je reviendrais sur ce texte...
une relecture...
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Vacance
Il me semble que le texte gagnerait peut-être à être un peu étoffé...
Je ne sais pas comment dire : je ressens quelque chose de possiblement très bon mais qui ne remplit pas tout à fait sa mission, manque son but peut-être, par défaut de quelques simples détails supplémentaires.
Il y a aussi cette phrase, que je n'ai pas comprise du tout et me fait m'interroger par la même occasion sur l'absence du premier enfant :
Alors tout au long du voyage
tout au long de cette route
Tout au long de ces incessants virages
c'est sûrement voulu mais je trouve que ça manque de naturel...
Je ne sais pas comment dire : je ressens quelque chose de possiblement très bon mais qui ne remplit pas tout à fait sa mission, manque son but peut-être, par défaut de quelques simples détails supplémentaires.
Il y a aussi cette phrase, que je n'ai pas comprise du tout et me fait m'interroger par la même occasion sur l'absence du premier enfant :
Pour finir, et à vrai dire, j'ai été, comme ça m'arrive assez facilement, perturbée dans ma lecture par la répétition de :Et sa mère, elle aussi saisie dans cette tristesse fluente, profonde, des premiers mois de la vie, accepte, se tait, inquiète pour lui.
Alors tout au long du voyage
tout au long de cette route
Tout au long de ces incessants virages
c'est sûrement voulu mais je trouve que ça manque de naturel...
Invité- Invité
Re: Vacance
Ce texte n'est pas un récit, au sens du roman, et certainement il faudrait que je change des choses pour ne pas engager le lecteur dans cette voie. C'est plus une représentation d'un moment, et une réflexion sur les qualités particulières de ce moment, leur signification.
C'est pourquoi deux des protagonistes n'apparaissent pas du tout : le père et l'enfant aîné.
Easter, je vais être un peu désagréable, j'ai l'impression d'un prof de français qui corrige une rédaction, l'œil braqué sur les répétitions, les fautes de français, et du coup pousse vers un style formaté, qui glisse comme un flan aux œufs.
C'est quoi le "naturel" ?
C'est pourquoi deux des protagonistes n'apparaissent pas du tout : le père et l'enfant aîné.
Easter, je vais être un peu désagréable, j'ai l'impression d'un prof de français qui corrige une rédaction, l'œil braqué sur les répétitions, les fautes de français, et du coup pousse vers un style formaté, qui glisse comme un flan aux œufs.
C'est quoi le "naturel" ?
Re: Vacance
J'y reviendrai. Vais laisser reposer un peu.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Vacance
J'aime beaucoup. C'est très parlant pour moi mais à l'intérieur, dans l'émotion de l'instant. J'ai transposé à une autre saison parce que ça me convenait mieux mais le ressenti, je crois, est le même, suspendu, attentif et un peu résigné. Tout, de toute façon, se diluera dans les flocons de sable, les grains de neige... Avec le temps...
obi- Nombre de messages : 566
Date d'inscription : 24/02/2013
Re: Vacance
Oublié de dire: bravo pour le titre, c'est exactement ça!
obi- Nombre de messages : 566
Date d'inscription : 24/02/2013
re : Vacance
Je trouve remarquable d'essayer de traduire des moments d'inexistence justement intraduisibles. L'écriture devrait être plus souvent à la recherche de cette "mission impossible". C'est en cela qu'elle nous fait bouger de l'intérieur. Bien sûr pas d'histoire, de personnages réels, de chute etc... Et alors ? Ton texte pour moi est comme un aphorisme sensible, existentiel... Il y a des auteurs qui n'ont écrit que des aphorismes, des fragments... Pour essayer d'être au plus près du phénomène d'être, à l'écoute de ce qui fait silence pour les autres. Poursuis ce désossement.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Vacance
J'avais envie de dire que l'esprit de Paul Simon pouvait être en pleine résonance avec celui d'un tout petit garçon. C'est la même vacance, que vient combler l'art.
Re: Vacance
Je suis désolé Seyne, mais je ressens à peu près les mêmes choses qu'Easter Island. Je suis sensible aux répétitions ("tout au long ") et ici elles sont particulièrement visibles tant le texte est court. Je trouve que ça alourdit le style.
Cette phrase me laisse moi aussi perplexe : "Et sa mère, elle aussi saisie dans cette tristesse fluente, profonde, des premiers mois de la vie, accepte, se tait, inquiète pour lui."
À mon avis elle est mal tournée, trop de choses s'y mélangent.
Cet instantané pourrait être captivant car l'idée est bonne, mais il mériterait d'être plus étoffé.
Cette phrase me laisse moi aussi perplexe : "Et sa mère, elle aussi saisie dans cette tristesse fluente, profonde, des premiers mois de la vie, accepte, se tait, inquiète pour lui."
À mon avis elle est mal tournée, trop de choses s'y mélangent.
Cet instantané pourrait être captivant car l'idée est bonne, mais il mériterait d'être plus étoffé.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 55
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Vacance
Je te suis à la trace. Peu à peu, je crois commencer à comprendre ce que tu fais. Ça ne me déplait pas, en tous cas dans la démarche. Je ne dois pas avoir la musique de ton style dans l'oreille encore : je vais persévérer.
Je vais bien dire les choses : je ne commentais plus ces temps dernier.
Je trouvais ça ennuyeux. Mais aussi, me manquaient les rencontres, les découvertes.
Je t'ai pris au hasard, tu étais en tête de gondole. J'aurai pu me dire “ça ne me branche pas trop, je vais essayer avec le suivant“, mais j'avais décidé comme ça. Du coup je m'acharne à comprendre.
Et si l'on cherche on trouve n'est-ce pas ? Alors je persévère.
Je vais bien dire les choses : je ne commentais plus ces temps dernier.
Je trouvais ça ennuyeux. Mais aussi, me manquaient les rencontres, les découvertes.
Je t'ai pris au hasard, tu étais en tête de gondole. J'aurai pu me dire “ça ne me branche pas trop, je vais essayer avec le suivant“, mais j'avais décidé comme ça. Du coup je m'acharne à comprendre.
Et si l'on cherche on trouve n'est-ce pas ? Alors je persévère.
Invité- Invité
Re: Vacance
alors là, c'est merveilleux comme réaction.
Les vrais grands plaisirs et les vraies grandes découvertes, pour moi, en littérature, ça a toujours été des choses qui me heurtaient au départ, qu'il a fallu approfondir. Comme apprendre à sentir autrement.
Les vrais grands plaisirs et les vraies grandes découvertes, pour moi, en littérature, ça a toujours été des choses qui me heurtaient au départ, qu'il a fallu approfondir. Comme apprendre à sentir autrement.
Re: Vacance
I) Un cadre spatio-temporel inquiétant
Le lieu ("Une longue route enneigée, en montagne") et le moment ("à la tombée du jour", "en milieu de nuit") se prêtent à la mise en place d'une tonalité fantastique ("la nuit devient de plus en plus épaisse, où luit à peine au dehors la phosphorescence de la neige. Le froid dur comme une menace, comme l'armée invisible d'un siège, et les hautes parois dressées des montagnes, les pins plus noirs encore, saupoudrés de blanc"). Le monde extérieur est ressenti comme une menace latente. Le point de chute final ("un petit deux pièces glacé et sans âme") ne dissipe pas ce sentiment d'oppression qui gagne le lecteur.
II) Le paradis perdu
L'habitacle de la voiture prend l'aspect d'un cocon, d'une enveloppe protectrice qui n'est pas sans rappeler les ineffables délices du monde prénatal (comparaison : "Il a besoin pour supporter cela d'une musique qui fasse comme une chambre d'écho", métaphore : "ils habitent cette bulle de lumière", accumulation à rythme ternaire et croissant : "la voix, les mélodies, la poignante nostalgie"). Monde enchanté dont mère et fils sont orphelins ("elle aussi saisie dans cette tristesse fluente, profonde, des premiers mois de la vie") et qu'il va s'agir de recréer ("un petit deux pièces [...] qu'il faudra, très vite, rendre vivant").
Le lieu ("Une longue route enneigée, en montagne") et le moment ("à la tombée du jour", "en milieu de nuit") se prêtent à la mise en place d'une tonalité fantastique ("la nuit devient de plus en plus épaisse, où luit à peine au dehors la phosphorescence de la neige. Le froid dur comme une menace, comme l'armée invisible d'un siège, et les hautes parois dressées des montagnes, les pins plus noirs encore, saupoudrés de blanc"). Le monde extérieur est ressenti comme une menace latente. Le point de chute final ("un petit deux pièces glacé et sans âme") ne dissipe pas ce sentiment d'oppression qui gagne le lecteur.
II) Le paradis perdu
L'habitacle de la voiture prend l'aspect d'un cocon, d'une enveloppe protectrice qui n'est pas sans rappeler les ineffables délices du monde prénatal (comparaison : "Il a besoin pour supporter cela d'une musique qui fasse comme une chambre d'écho", métaphore : "ils habitent cette bulle de lumière", accumulation à rythme ternaire et croissant : "la voix, les mélodies, la poignante nostalgie"). Monde enchanté dont mère et fils sont orphelins ("elle aussi saisie dans cette tristesse fluente, profonde, des premiers mois de la vie") et qu'il va s'agir de recréer ("un petit deux pièces [...] qu'il faudra, très vite, rendre vivant").
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Vacance
Le chant, c’était « Flesh and bones » de Paul Simon. Que cette chanson ait pris une telle place pour un enfant de moins de 3 ans en dit long sur l’art, sa fonction psychique « maternelle » de protection et d’accompagnement. Il y a eu aussi une série de photographies de territoires enneigés qui m’avaient frappée par leur puissance hostile. Et sinon, ce moment un peu difficile, vraiment vécu même si je l’ai modifié.
J’aurais pu l’appeler « baby blues ».
Le commentaire aussi a une fonction « maternelle » d’accueil, d’attention, d’élucidation, et il porte le poème « en avant ».
J’aurais pu l’appeler « baby blues ».
Le commentaire aussi a une fonction « maternelle » d’accueil, d’attention, d’élucidation, et il porte le poème « en avant ».
Re: Vacance
Le jeu de mots du titre (singulier/pluriel) révèle la profond détresse de la femme présentée ici. Elle devrait se sentir libre, épanouie, heureuse d'avoir donné la vie à un enfant tant désiré. Elle devrait profiter de son bonheur d'être mère. Mais, justement, en le mettant au monde, elle a cessé d'être ce rempart pour l'enfant. Elle a livré son nouveau-né aux innombrables dangers qui le guettent. Elle ressent une vacuité, une impuissance à protéger, à assumer le poids de cette maternité. On comprend mieux, dès lors, la présence muette de l'homme, simple figurant dans cette histoire. S'il peut comprendre la situation, il n'est en aucune manière en mesure d'éprouver cette douleur dans sa chair.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Vacance
Le titre était un jeu de mots sur "vacances", bien sûr, et il renvoie aux émotions que tu analyses, même si l'intensité n'était pas si douloureuse. La bulle, entre vide et plénitude, entre fragilité et lumineuse chaleur.
Mais c'est vrai, quand l'enfant naît, on comprend qu'on ne pourra pas le protéger de toute douleur (tant mieux sûrement) et c'est un sentiment assez poignant.
Le père, sa présence permet à cette rêverie de se déployer.
Mais c'est vrai, quand l'enfant naît, on comprend qu'on ne pourra pas le protéger de toute douleur (tant mieux sûrement) et c'est un sentiment assez poignant.
Le père, sa présence permet à cette rêverie de se déployer.
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