Notes de rêve
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Notes de rêve
Notes de rêve
I
sur les routes pavées, chassés par une bête de cauchemar, - une bête formidable massive et vague, pelage d'ombre et presque d'encre de chine, immesurable, inqualifiable
elle accablait de sa vitesse prodigieuse le monde créé pour sa circonstance, démon qui ravage tout dans une rage gratuite et sacrée, dirigée contre je ne sais quelle faute humaine ou rêvée
c'était une course effrénée pour la survie, fascination du jeu dans les quartiers troubles, déjouements d'impasses pleines de silence, d'ombres encore mais dont les murs étaient de pierres grises rayonnantes (à quelle fin un rêve pousse-t-il ainsi son souci du détail?)
les maisons piétinées, et bientôt poussés dans nos derniers retranchements, il fallait, je commençais, sous quelque oscillement annonciateur, d'en prendre conscience, nous réveiller. cependant je commençais aussi de prendre en tendresse ce dévoreur de rêves monstrueux, d'aimer mes compagnons occasionnels, de goûter mon effroi, le vertige et le mouvement brûlant qui nous agitait tous dans les hautes rues en moi
et osait s'annoncer cet oracle plus terrible encore - l'éveil ! moi qui trouvais une réelle virtuosité à la fuite et au spectacle de ce monde à feux à sang et à sac
I
sur les routes pavées, chassés par une bête de cauchemar, - une bête formidable massive et vague, pelage d'ombre et presque d'encre de chine, immesurable, inqualifiable
elle accablait de sa vitesse prodigieuse le monde créé pour sa circonstance, démon qui ravage tout dans une rage gratuite et sacrée, dirigée contre je ne sais quelle faute humaine ou rêvée
c'était une course effrénée pour la survie, fascination du jeu dans les quartiers troubles, déjouements d'impasses pleines de silence, d'ombres encore mais dont les murs étaient de pierres grises rayonnantes (à quelle fin un rêve pousse-t-il ainsi son souci du détail?)
les maisons piétinées, et bientôt poussés dans nos derniers retranchements, il fallait, je commençais, sous quelque oscillement annonciateur, d'en prendre conscience, nous réveiller. cependant je commençais aussi de prendre en tendresse ce dévoreur de rêves monstrueux, d'aimer mes compagnons occasionnels, de goûter mon effroi, le vertige et le mouvement brûlant qui nous agitait tous dans les hautes rues en moi
et osait s'annoncer cet oracle plus terrible encore - l'éveil ! moi qui trouvais une réelle virtuosité à la fuite et au spectacle de ce monde à feux à sang et à sac
Art. Ri- Nombre de messages : 314
Age : 26
Date d'inscription : 28/10/2010
Re: Notes de rêve
II
Grenade. la lumière orangeâtre d'aube explosait tout doucement sous la brume grise et bleue du ciel
silence.
le ciel se noyait dans mes pensées et mes pensées vagabondaient aux ruelles tièdes. à quoi pensais-je alors? la trame secrète du rêve ne le dit pas
le monde palpita brutalement de vie, big bang d'étales à fruits, de poissonniers, de touristes en expansion dans le dédale infini. l'air devint lourd. o fournaise des foules fumantes de rire
solitude
je marchais avec cet ami d'enfance, indésirable comme tous les amis d'enfance, là par défaut comme un frère de sang, et soudain je rencontrai Francesca
nous nous sommes aimés jadis, une soirée, chant de cigale sous les eaux méditerranéennes. (pensé ainsi cela est ridicule et commun, je l'accorde, mais
ce qu'elle chantait bien Francesca!)
ou peut-être était-ce ailleurs en une ville plus grise, à l'ouest...
ah...
Grenade!
j'allai à sa rencontre, lui souhaitai bonjour! d'une voix enthousiaste, voix que d'aucune ici dirait engaillardie par la joie, la joie gaillarde du gaillard séduit, gaillardement amoureux
elle se retourna
bonjour! me dit-elle poliment avec l'accent grave de Florence, on se connaît?
[...]
durant des semaines, la vie ne fut que la vague amère, la tasse grotesque de ce songe
Grenade. la lumière orangeâtre d'aube explosait tout doucement sous la brume grise et bleue du ciel
silence.
le ciel se noyait dans mes pensées et mes pensées vagabondaient aux ruelles tièdes. à quoi pensais-je alors? la trame secrète du rêve ne le dit pas
le monde palpita brutalement de vie, big bang d'étales à fruits, de poissonniers, de touristes en expansion dans le dédale infini. l'air devint lourd. o fournaise des foules fumantes de rire
solitude
je marchais avec cet ami d'enfance, indésirable comme tous les amis d'enfance, là par défaut comme un frère de sang, et soudain je rencontrai Francesca
nous nous sommes aimés jadis, une soirée, chant de cigale sous les eaux méditerranéennes. (pensé ainsi cela est ridicule et commun, je l'accorde, mais
ce qu'elle chantait bien Francesca!)
ou peut-être était-ce ailleurs en une ville plus grise, à l'ouest...
ah...
Grenade!
j'allai à sa rencontre, lui souhaitai bonjour! d'une voix enthousiaste, voix que d'aucune ici dirait engaillardie par la joie, la joie gaillarde du gaillard séduit, gaillardement amoureux
elle se retourna
bonjour! me dit-elle poliment avec l'accent grave de Florence, on se connaît?
[...]
durant des semaines, la vie ne fut que la vague amère, la tasse grotesque de ce songe
Art. Ri- Nombre de messages : 314
Age : 26
Date d'inscription : 28/10/2010
Re: Notes de rêve
III.
les ombres bleues tiédissent, l'air est frai, vents mauves, œil du cyclone, calme absolu
ailes battantes de l'âme
lentement pâlement
impression de ville, la mer, disais-je, s'est asséchée
"je regrette" me dit-elle
grands yeux verts rivés vers l'autre rive
nuées de sable dans les ruelles, silence léger, lourd, léger
nuit sans espoir, envoûte, prends mon âme
nuit sans espoir, je n'ai plus de visage, la voix grelotte, il fait tiède pourtant
nuit sans espoir, "je regrette" me dit-elle,
"je regrette", "je regrette"
nuit sans espoir, mer asséchée, est-ce un rêve ? oui, et cependant
lentement pâlement
les ailes battantes de l'âme
se ferment
nuit sans espoir, le matin ouvre les volets
du sommeil
et la morsure de la vie se fait plus lancinante
sur les veines, au cou, aux oreilles engourdies
mer asséchée, "je regrette" murmure-t-elle encore, lointaine mais toujours présente vaguement
vague souvenir dans le silence, vague silence parmi les cris d'oiseaux
et l'absence et ses barbelés noirs rétrécissent
l'été, les parfums amers, le bleu vague du ciel,
la maigreur du jour
tout se mêle à nuit sans espoir
tout : est-ce un rêve ?
et le matin tremble encore je regrette
je me lève sans visage, sans pensée
la journée se lève, sans visage, sans pensée
j'ai un peu froid
les ombres bleues tiédissent, l'air est frai, vents mauves, œil du cyclone, calme absolu
ailes battantes de l'âme
lentement pâlement
impression de ville, la mer, disais-je, s'est asséchée
"je regrette" me dit-elle
grands yeux verts rivés vers l'autre rive
nuées de sable dans les ruelles, silence léger, lourd, léger
nuit sans espoir, envoûte, prends mon âme
nuit sans espoir, je n'ai plus de visage, la voix grelotte, il fait tiède pourtant
nuit sans espoir, "je regrette" me dit-elle,
"je regrette", "je regrette"
nuit sans espoir, mer asséchée, est-ce un rêve ? oui, et cependant
lentement pâlement
les ailes battantes de l'âme
se ferment
nuit sans espoir, le matin ouvre les volets
du sommeil
et la morsure de la vie se fait plus lancinante
sur les veines, au cou, aux oreilles engourdies
mer asséchée, "je regrette" murmure-t-elle encore, lointaine mais toujours présente vaguement
vague souvenir dans le silence, vague silence parmi les cris d'oiseaux
et l'absence et ses barbelés noirs rétrécissent
l'été, les parfums amers, le bleu vague du ciel,
la maigreur du jour
tout se mêle à nuit sans espoir
tout : est-ce un rêve ?
et le matin tremble encore je regrette
je me lève sans visage, sans pensée
la journée se lève, sans visage, sans pensée
j'ai un peu froid
Art. Ri- Nombre de messages : 314
Age : 26
Date d'inscription : 28/10/2010
Re: Notes de rêve
je suis d'une impopularité incroyable
Art. Ri- Nombre de messages : 314
Age : 26
Date d'inscription : 28/10/2010
Re: Notes de rêve
JE M'INDIGNE A TES PIEDS O DIEU DU LECTORAT
Art. Ri- Nombre de messages : 314
Age : 26
Date d'inscription : 28/10/2010
Re: Notes de rêve
C’est vrai, c’est désolant de n’avoir aucun commentaire, aussi j’ai lu trois fois pour essayer d’avoir quelque chose à te dire. Oui mais voilà, ça n’imprime pas. Mon cerveau trop petit ou trop peu exercé ne trouve dans tes mots rien pour le stimuler. Une prochaine fois peut-être
jeanloup- Nombre de messages : 112
Age : 109
Localisation : choisy le roi
Date d'inscription : 23/03/2015
Re: Notes de rêve
Art. Ri a écrit:je suis d'une impopularité incroyable
c'est le pack "poète maudit": malheureux en amour, torturé, solitaire...
nan je blague
Sérieusement j'hésite un peu parfois à répéter sous chacun de tes partages ce que tu sais déjà, je trouve que tu as un vrai style,(même si naturellement c'est inégal d'un texte à l'autre), que j'apprécie.
Alors, ce recueil?
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
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