Quelque chose dans l'oeil du poème comme de la tornade

souvent je parle de rêve et j'aimerais
parlant de rêve qu'on se figure
un peu plus qu'un mot vague auquel fondre
des ciels de nuit - illusoires -
des poncifs - ennuyés - d'insomnie
des débris d'amour ou de rages sociales
(nourries d'amertumes béates)

j'aimerais, parlant de rêve, effleurer
- violemment -
un sens - étrange -
que les systèmes
- abstraits -
traversent - sans voir -

j'aimerai, parlant du rêve, toucher
de la sensation un nerf architectural ;

parler
d'une force-pensée submergeante
qui, du souffle, soulève l'âme
et, du monde, le souffle
- par espaces complexes -  

parler d'un rêve où souvenirs et virtualités
frémissent
dans l'atome des couleurs,
des formes,
des attractions et des chocs ;

de cette foi indistincte des nefs d'église
créées pour sentir, et seulement sentir,
comme on sentirait depuis l'oeil du cyclone
cette prime tendresse que Tout possède
dans le désordre

ce rythme qui tout emporte
comme en courants harmoniques
et de chaos - fusions ! -
et de l'enveloppante chaleur utérine
qui, soudain, dit: écoute !

j'aimerais que l'on comprenne
- que je comprenne -
bien que tout cela soit fort indélicat
- et désespérément obscur -
qu'on parle d'un autre rêve que le rêve
d'une chose plus profonde et plus claire
que le rêve
d'un état qu'on approche en infinis détours
comme si rien n'était

- et qui ressemble au rêve -

merde, il y a une strophe affreuse

souvent je parle de rêve et j'aimerais
parlant de rêve qu'on se figure
un peu plus qu'un mot vague auquel fondre
des ciels de nuit - illusoires -
des poncifs - ennuyés - d'insomnie
des débris d'amour ou de rages sociales
(nourries d'amertumes béates)

j'aimerais, parlant de rêve, effleurer
- violemment -
un sens - étrange -
que les systèmes
- abstraits -
traversent - sans voir -

j'aimerai, parlant du rêve, toucher
de la sensation un nerf architectural ;

parler
d'une force-pensée submergeante
qui, du souffle, soulève l'âme
et, du monde, le souffle
- par espaces complexes -  

parler d'un rêve où souvenirs et virtualités
frémissent
dans l'atome des couleurs,
des formes,
des attractions et des chocs ;

de cette foi indistincte des nefs d'église
créées pour sentir, et seulement sentir,
comme on sentirait depuis l'oeil du cyclone
cette prime tendresse que Tout possède
dans le désordre

j'aimerais que l'on comprenne
- que je comprenne -
bien que tout cela soit fort indélicat
- et désespérément obscur -
qu'on parle d'un autre rêve que le rêve
d'une chose plus profonde et plus claire
que le rêve
d'un état qu'on approche en infinis détours
comme si rien n'était

- et qui ressemble au rêve -

Bonsoir Art. Ri,
j'aurais bien aimé lire ton texte en prose ; je trouve, j'éprouve à sa lecture une sensation, presque une tentation à le poser, à le mettre à plat... ce que je ferai, pour voir... par le style que tu adoptes et le thème que tu déploies... les retours à la ligne cassent le rythme de la lecture.

Oui, j'aurais bien aimé lire ce poème en prose, et je ne suis pas loin de penser qu'il y gagnerait en force.
à bientôt de te lire,

Je n'avais pas lu ce texte, qui pour moi relève de la leçon de chamanisme. Et c'est plaisir de lire tes définitions de cet "état plus profond et plus clair que le rêve", pas obscures pour deux sous.
L'intention me semble bien plus poétique que le texte, pour rejoindre Pussicat.

c beau, ça m'inspire.
on sent une respiration, un mouvement d'allant-venant souple, du pour soi au pour autrui.
y'a que le titre à rallonge qui est un peu bof.
j'aurais bien vu un truc plus concis, comme "dans l'oeil du poème", ou "dans l'oeil du phonème", pas besoin de plus.

aux premiers mots j'ai eu un peu peur, j'ai cru que vous nous la rejouiez genre verlaine
après ça va, le rythme est bien jazzy

Pour ma part, j'apprécie la disposition du texte qui je trouve apporte également du sens (de là à expliquer pourquoi, c'est difficile, ça se passe plutôt au niveau des sensations de lecture!)

Bonjour,

C'est bien fichu ! c'est toujours délicat comme sujet, parce qu'il faut savoir écrire en divagation, mais pas trop pour ne perdre le fil.

J'aime beaucoup la complexité qui se dégage de ces vers et de ces rêves.

Petite questions :

"j'aimerai, parlant du rêve, toucher
de la sensation un nerf architectural"

Pourquoi "j'aimerai" et non "j'aimerais" ?

Merci pour le partage

Ji