Exo "Port" : Les sentiments bateaux

Je ne sais plus le nom de cette île perdue
Ne sais plus son prénom mais je sais l’étendue
De mon désarroi quand il a pris ce bateau
Il a levé le camp, c’était un matin tôt

En m’éloignant du quai, j’ai marché sous la pluie
Et le vent me plaquait, loin de moi, loin de lui
Il était matelot, il m’avait matée là
La veille au bord de l’eau, et avec son air las

Il avait pris ma main, mon visage serein
Mon cœur jusqu’à demain et le creux de mes reins
C’est perchés à la hune qu’on a fendu les flots
Décroché la lune, pâli sous le halo

Pirates de nos corps, de l’amour, de son leurre
Noyés dans le décor, nous n’attendions que l’heure
Où partent les marins, où meurent les histoires
Où naissent les chagrins au bord des  promontoires

Je ne sais plus le nom de cette île perdue
Ne sais plus son prénom mais je sais l’étendue
De mon désarroi quand il est parti si tôt
Car j’ai mis à l’encan les sentiments bateaux

bravo j'ai apprécié ses sentiment bateaux


je retiens tout
mais plus particulièrement

"Il était matelot, il m’avait matée là"
car c'est la vérité du matelot, de mater en ce lieu

Merci Rebecca pour ta participation à l'exo. Je trouve la strophe 3 assez...bateau. En revanche j'ai beaucoup aimé

Je ne sais plus le nom de cette île perdue
au si beau rythme alexandrin,
ou

nous n’attendions que l’heure
Où partent les marins, où meurent les histoires

Une interrogation au sujet de :

les sentiments bateaux : je pense que "bateau" est ici un adverbe, donc "bateau" invariable. Mais je ne suis pas sûr car les permutations indiquent que ça sent l'épithète, mais quand même ce -x final, zarbi... La preuve étant que si "sentiments" étaient "pensée" on ne mettrait pas "batelle" ou bateau au féminin. A voir (y'a quelqu'un de savant dans le coin ?).

Personnellement, je lis dans ce "bateaux" un emploi adjectival, donc variable, ainsi que le propose le CNRTL (cf "des sujets bateaux").

The Queen-Déglingue,le retour! Humour, toujours! merci pour cet aplatissement en règle , réaliste illustration de ce que peut être un "sentiment-bateau". Tu tiens ton idée jusqu'au bout, je t'embauche comme skippeuse!

Elégance et classicisme, sans pour autant s'enfermer dans un carcan poétique désuet. J'aime ça. Avec cette petite touche bien personnelle à la Rebecca pour faire virevolter les mots. Toujours un plaisir d'embarquer avec toi sur tes bateaux.

Coup de coeur pour "Je ne sais plus le nom de cette île perdue / Ne sais plus son prénom mais je sais l’étendue", deux lignes qui vivent bien l'une avec l'autre, même sans le désarroi qui suit.