IDA (ou les mondes dépeuplés)
+3
So-Back
coline dé
Yoni Wolf
7 participants
Page 1 sur 1
IDA (ou les mondes dépeuplés)
Voici l'un des deux personnages principaux de mon roman en cours, IDA. C'est une histoire d'amour en psychiatrie.
Salut moi c’est Ida. En trois lettres. Comme ça. C'est bien. Voilà 15 ans que je me scarifie, m’offre en sacrifice au fil du rasoir. C’est soit je t’aime soit je te hais ; pas de juste milieu ; pas de no man's land. Je suis bizarre, surtout quand je suis seule. Je suis d’une solitude toute relative, aimant la chair et le poison, mais aussi ces nuits passées à rêver fort un sentiment de baise parfaite. J’aime niquer. J’aime manger. Boire des alcools forts. Les pommes et les griffures. J’aime une fois sur deux les caresses et les mots doux. 20 centimètres d’amour tassé ne me suffisent pas: il me faut un amour absolu, centré sur moi, mes mots, mes gestes, mes yeux, mes cheveux, mon cou, mon ombre, l'ombre de ma présence, mes poumons encrassés. Je fais si peu confiance aux hommes que je les abandonne de peur qu’ils ne le fassent avant moi. Il y a rapports de force. il y a conflits, des mains qui serrent trop fort, des envies de couteaux ; des jets de choses ; des cris bestiaux ; des griffes et des canines. C’est comme ça que j’aime: avec violence. Je ne sais pas faire autrement. J’ai peur si je n’ai pas de preuves, si je ne constate pas, régulièrement, la solidité du lien entre moi et l’être aimé. En cela je suis une sacrée égoïste, avalant tout ce qui m’entoure de manière compulsive, sans pouvoir trier le vrai de l’ivraie, le bénéfique du néfaste. Je prends tout, et alors je finis par déborder, je me déverse, je dégueule toute une partie de ma conscience pour y faire de la place. J’avale bien, mais je recrache du sang.
Le sang de mon père. Le sang de toute une lignée d’esprits torturés, dansant à l’exacte position entre bibine et chapelet. Le sang d’un absent et d’une égarée. Un sang saturé par pas mal de substances illicites. Un sang mauvais, puant la bile et le goudron.
C’est ce sang que j’ai commencé à faire couler à l’âge de douze ou treize ans. D'abord horizontales, et sur le tour de mes poignets, les entailles furent longtemps timides, superficielles. Puis je commençai à ressentir un certain plaisir à me trancher ainsi ; les entailles se firent plus profondes et, pour la première fois vers quinze ans, dans la longueur du bras. Ça saigne plus dans la longueur, c’est aussi beaucoup plus dangereux. On peut d’ailleurs reconnaître un bon suicidaire à la présence de ces cicatrices sur la verticale de l’avant-bras. Le poignet c’est pour les tapettes.
Bref. Le sang coulait et je ressentais à chaque fois la même décharge d’endorphine. La douleur m’éloignait de l’angoisse. Puis mes bras furent presque entièrement recouverts de cicatrices: je passai aux jambes. A l’intérieur des cuisses la douleur était plus fulgurante, beaucoup plus saillante, beaucoup plus crue. J’essayai même, un soir, de trancher juste à côté de ma chatte. J’eus presque un orgasme, et je ne déconne pas.
Aussi, suis-je zébrée de lignes blanches, ces cicatrices qu’on ne peut pas manquer de voir, surtout au soleil. Ces traits nacrés ce sont lui. Ils ne s’adressent qu’à lui.
Lui c’est mon père, hein, tu vois ce visage ? Tu vois ces yeux humides et ce pif d’alcoolo à la dérive ? Tu vois ces cheveux blonds, ce teint rouge, les carreaux bleus de sa chemise dégueulasse ? Tu la ressens la hargne de cette grande silhouette dégingandée, souvent penchée vers l’avant ? Tu la sens passer cette insidieuses pulsion de mort ? Cette grossièreté ? Cette colère geignarde de fils de pute ? Genre je te frappe mais ces poings sont ceux de mon père, tu subis ce que j’ai subi ô ma fille, je reproduis le schéma, tout vient de lui. Lui. Lui ! Je reproduis tu comprends ?
Non, mes mâchoires ne comprennent pas, mon ventre non plus, ni mon dos ni mes côtes ni mes doigts ni mon crâne. mais je veux bien essayer.
*
Ma mère, elle, est norvégienne, elle s’appelle Silje, elle est un silence parfait. Fille de poissonnier, elle est née à Andøy, une petite ville située sur l’une des nombreuses îles de la Norvège. Elle arriva en France à l’âge de huit ans et parlait un français approximatif. Elle n’avait pas été désirée, tout le monde le savait, toute la ville le savait donc tout le monde - le monde de l’enfance. Aussi, voulait-elle comme faire le moins de bruit possible, avançant à petits pas, la tête basse, fragile, enfermée dans un corps chétif et pâle, portant des choses informes, masquant à tout prix sa pensée, ses cheveux blonds noués, ses lèvres fines et son cou tiré par l’angoisse. Ses jambes connurent tôt les varices. Elle est atteinte du vitiligo: une maladie de la peau créant des tâches dépigmentées. Elle est plus blanche que blanche, elle porte la neige ; la neige et le silence. Chut. Voilà Silje. Voilà la faible, la fragile Silje. Que l’on éteigne tout, que l’on déplie les grands draps de la nuit.
Je me rappelle, là, tout de suite, un épisode de ma vie: j’étais chez ma mère, j’avais cinq ou six ans, j’étais seule avec ma mère, n’ayant jamais eu de frères et sœurs. Silje habitait le rez-de-chaussée d’une petite maison, dans la périphérie de Grenoble. Le Vercors veillait sur moi, l’horizon était encombré de montagnes. Mon père («n’est-ce pas», comme dirait Céline, c’est exactement ça: n’est-ce pas), mon père, donc, n’habitait plus avec nous. L’orage était loin. La faucheuse pouvait cuver sa villageoise, j’étais avec ma mère, et, malgré sa modeste AAH (Allocation Adulte Handicapé) due à sa santé fragile, malgré les odeurs de friture qui envahissaient ma chambre, malgré les couloirs exigus, malgré la vétusté des murs, je pourrais dire que nous ne vivions pas trop mal, durement, mais pas trop mal. Jusqu’ici tout allait bien lorsqu’un jour (en fait début de soirée) Silje reçut un appel de mon père. Il était bourré, il avait la haine, la vraie, il voulait me voir. Silje répondit poliment «non, je suis désolée». Elle était toujours polie, très à cheval sur le choix des mots. Et cette fois-ci elle avait dit non. Je m’en rappelle encore. Elle s’était montrée ferme, polie mais ferme.
Mon père pète un câble, je l’entends hurler dans le combiné, ma mère reste silencieuse, les yeux clos, je n’ose pas bouger. Puis je l’entends gueuler une dernière fois mon père, et raccrocher soudain. Ma mère raccroche alors elle aussi, et, lentement, se tourne vers moi, qui suis à l’entrée du salon. Elle me dit simplement: il arrive. Alors, toujours de son pas lent, elle se met à fermer les volets de la maison. Tous, lentement, méticuleusement. Puis elle éteint toute lumière et vient à moi, silencieusement m’enferme dans ses bras, elle me chérit, elle me berce, elle me console, plus un bruit dans la maison, que celui de deux respirations entremêlées, cherchant le même diapason, cherchant l’intensité, cherchant le moment clos.
Nous restâmes ainsi, toutes deux à genoux, longtemps, très longtemps. Personne ne vint. Nous bûmes, plus tard, la camomille du condamné. Le monde était chez nous, il n’existait nulle part ailleurs.
Le sang de mon père. Le sang de toute une lignée d’esprits torturés, dansant à l’exacte position entre bibine et chapelet. Le sang d’un absent et d’une égarée. Un sang saturé par pas mal de substances illicites. Un sang mauvais, puant la bile et le goudron.
C’est ce sang que j’ai commencé à faire couler à l’âge de douze ou treize ans. D'abord horizontales, et sur le tour de mes poignets, les entailles furent longtemps timides, superficielles. Puis je commençai à ressentir un certain plaisir à me trancher ainsi ; les entailles se firent plus profondes et, pour la première fois vers quinze ans, dans la longueur du bras. Ça saigne plus dans la longueur, c’est aussi beaucoup plus dangereux. On peut d’ailleurs reconnaître un bon suicidaire à la présence de ces cicatrices sur la verticale de l’avant-bras. Le poignet c’est pour les tapettes.
Bref. Le sang coulait et je ressentais à chaque fois la même décharge d’endorphine. La douleur m’éloignait de l’angoisse. Puis mes bras furent presque entièrement recouverts de cicatrices: je passai aux jambes. A l’intérieur des cuisses la douleur était plus fulgurante, beaucoup plus saillante, beaucoup plus crue. J’essayai même, un soir, de trancher juste à côté de ma chatte. J’eus presque un orgasme, et je ne déconne pas.
Aussi, suis-je zébrée de lignes blanches, ces cicatrices qu’on ne peut pas manquer de voir, surtout au soleil. Ces traits nacrés ce sont lui. Ils ne s’adressent qu’à lui.
Lui c’est mon père, hein, tu vois ce visage ? Tu vois ces yeux humides et ce pif d’alcoolo à la dérive ? Tu vois ces cheveux blonds, ce teint rouge, les carreaux bleus de sa chemise dégueulasse ? Tu la ressens la hargne de cette grande silhouette dégingandée, souvent penchée vers l’avant ? Tu la sens passer cette insidieuses pulsion de mort ? Cette grossièreté ? Cette colère geignarde de fils de pute ? Genre je te frappe mais ces poings sont ceux de mon père, tu subis ce que j’ai subi ô ma fille, je reproduis le schéma, tout vient de lui. Lui. Lui ! Je reproduis tu comprends ?
Non, mes mâchoires ne comprennent pas, mon ventre non plus, ni mon dos ni mes côtes ni mes doigts ni mon crâne. mais je veux bien essayer.
*
Ma mère, elle, est norvégienne, elle s’appelle Silje, elle est un silence parfait. Fille de poissonnier, elle est née à Andøy, une petite ville située sur l’une des nombreuses îles de la Norvège. Elle arriva en France à l’âge de huit ans et parlait un français approximatif. Elle n’avait pas été désirée, tout le monde le savait, toute la ville le savait donc tout le monde - le monde de l’enfance. Aussi, voulait-elle comme faire le moins de bruit possible, avançant à petits pas, la tête basse, fragile, enfermée dans un corps chétif et pâle, portant des choses informes, masquant à tout prix sa pensée, ses cheveux blonds noués, ses lèvres fines et son cou tiré par l’angoisse. Ses jambes connurent tôt les varices. Elle est atteinte du vitiligo: une maladie de la peau créant des tâches dépigmentées. Elle est plus blanche que blanche, elle porte la neige ; la neige et le silence. Chut. Voilà Silje. Voilà la faible, la fragile Silje. Que l’on éteigne tout, que l’on déplie les grands draps de la nuit.
Je me rappelle, là, tout de suite, un épisode de ma vie: j’étais chez ma mère, j’avais cinq ou six ans, j’étais seule avec ma mère, n’ayant jamais eu de frères et sœurs. Silje habitait le rez-de-chaussée d’une petite maison, dans la périphérie de Grenoble. Le Vercors veillait sur moi, l’horizon était encombré de montagnes. Mon père («n’est-ce pas», comme dirait Céline, c’est exactement ça: n’est-ce pas), mon père, donc, n’habitait plus avec nous. L’orage était loin. La faucheuse pouvait cuver sa villageoise, j’étais avec ma mère, et, malgré sa modeste AAH (Allocation Adulte Handicapé) due à sa santé fragile, malgré les odeurs de friture qui envahissaient ma chambre, malgré les couloirs exigus, malgré la vétusté des murs, je pourrais dire que nous ne vivions pas trop mal, durement, mais pas trop mal. Jusqu’ici tout allait bien lorsqu’un jour (en fait début de soirée) Silje reçut un appel de mon père. Il était bourré, il avait la haine, la vraie, il voulait me voir. Silje répondit poliment «non, je suis désolée». Elle était toujours polie, très à cheval sur le choix des mots. Et cette fois-ci elle avait dit non. Je m’en rappelle encore. Elle s’était montrée ferme, polie mais ferme.
Mon père pète un câble, je l’entends hurler dans le combiné, ma mère reste silencieuse, les yeux clos, je n’ose pas bouger. Puis je l’entends gueuler une dernière fois mon père, et raccrocher soudain. Ma mère raccroche alors elle aussi, et, lentement, se tourne vers moi, qui suis à l’entrée du salon. Elle me dit simplement: il arrive. Alors, toujours de son pas lent, elle se met à fermer les volets de la maison. Tous, lentement, méticuleusement. Puis elle éteint toute lumière et vient à moi, silencieusement m’enferme dans ses bras, elle me chérit, elle me berce, elle me console, plus un bruit dans la maison, que celui de deux respirations entremêlées, cherchant le même diapason, cherchant l’intensité, cherchant le moment clos.
Nous restâmes ainsi, toutes deux à genoux, longtemps, très longtemps. Personne ne vint. Nous bûmes, plus tard, la camomille du condamné. Le monde était chez nous, il n’existait nulle part ailleurs.
Re: IDA (ou les mondes dépeuplés)
Ca commence fort, dis donc ! Et juste ( ça me rappelle une fille qui se griffait au sang devant la glace, parce qu'il n'y avait que lorsque son sang coulait qu'elle se voyait...)
Il va falloir des respirations pour que ça ne sature pas trop vite : sur tout un roman, tu ne peux pas garder cette intensité, le lecteur aura besoin de souffler !
J'ai beaucoup aimé "Elle est plus blanche que blanche, elle porte la neige ; la neige et le silence. Chut. Voilà Silje. Voilà la faible, la fragile Silje. Que l’on éteigne tout, que l’on déplie les grands draps de la nuit." Entre autres.
Il va falloir des respirations pour que ça ne sature pas trop vite : sur tout un roman, tu ne peux pas garder cette intensité, le lecteur aura besoin de souffler !
J'ai beaucoup aimé "Elle est plus blanche que blanche, elle porte la neige ; la neige et le silence. Chut. Voilà Silje. Voilà la faible, la fragile Silje. Que l’on éteigne tout, que l’on déplie les grands draps de la nuit." Entre autres.
coline dé- Nombre de messages : 353
Age : 24
Date d'inscription : 24/12/2019
Re: IDA (ou les mondes dépeuplés)
On peut d’ailleurs reconnaître un bon suicidaire à la présence de ces cicatrices sur la verticale de l’avant-bras. Le poignet c’est pour les tapettes.
un bon suicidaire ne se rate pas, si on le reconnait à ses cicatrices verticales c'est un nase
j'ai lu , ce texte met en avant le rapport familial père mère fille
père poivrot jamais présent ou alors avec une présence indigne d'un géniteur
mère faible soumise silencieuse , une ombre
fille qui souffre et donc essaye d'attirer l'attention avec ses scarifications
schéma pour un psy, qui analyserait et décortiquerait les raisons de cet état de fait
les antecedents l'éducation absente la misère
en gros voila ce que produisent nos sociétés de plus en plus inégalitaires et par ricochet engendrent des traumas des névroses ect
comme coline dé je trouve une intensité prégnante et une description idoine à cette situation
un bon suicidaire ne se rate pas, si on le reconnait à ses cicatrices verticales c'est un nase
j'ai lu , ce texte met en avant le rapport familial père mère fille
père poivrot jamais présent ou alors avec une présence indigne d'un géniteur
mère faible soumise silencieuse , une ombre
fille qui souffre et donc essaye d'attirer l'attention avec ses scarifications
schéma pour un psy, qui analyserait et décortiquerait les raisons de cet état de fait
les antecedents l'éducation absente la misère
en gros voila ce que produisent nos sociétés de plus en plus inégalitaires et par ricochet engendrent des traumas des névroses ect
comme coline dé je trouve une intensité prégnante et une description idoine à cette situation
So-Back- Nombre de messages : 3651
Age : 100
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: IDA (ou les mondes dépeuplés)
Merci pour vos deux réponses. En fait ce n'est pas le début, ça commence avec Téo, l'autre personnage, qui est très renfermé. C'est une histoire d'amour à sens unique, avec un être (Téo) qui rêve d'amour, qui aime rêver, tout empoté qu'il est, enfermé dans sa psychose, et l'autre personnage, Ida, qui est complètement borderline (mais pas folle) et qui explose dans tous les sens. Il y'aura trois parties: HDT, USI et UMD, qui correspondent à différents degrés d'enfermement (l'UMD étant comme une prison psychiatrique). Les chapitres alterneront entre ces deux personnages, et le tout se passera en huis-clos, avec pas mal d'autres personnages que je développe.
Des respirations il y en aura, le tout étant de partir d'une fiction pour aussi parler du quotidien parfois incongru d'un pauvre type tombé en psychiatrie. Il y aura quand même de l'humour, enfin j'espère.
Je posterai d'autres extraits. J'écris dans le désordre, mais je sais où je vais.
Enfin, Ida est inspirée de la vraie Ida, qu'on peut voir dans un documentaire Vice (20 minutes environ), et qui se trouve
Ici (attention ça peut choquer)
Des respirations il y en aura, le tout étant de partir d'une fiction pour aussi parler du quotidien parfois incongru d'un pauvre type tombé en psychiatrie. Il y aura quand même de l'humour, enfin j'espère.
Je posterai d'autres extraits. J'écris dans le désordre, mais je sais où je vais.
Enfin, Ida est inspirée de la vraie Ida, qu'on peut voir dans un documentaire Vice (20 minutes environ), et qui se trouve
Ici (attention ça peut choquer)
Re: IDA (ou les mondes dépeuplés)
J"ai pas aimé ... bouh ! ... bouh !
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 70
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
Re: IDA (ou les mondes dépeuplés)
Je trouve qu'il y a des ruptures de ton qui font sortir de l'histoire....des changements de registre de langue qui nuisent à la construction du climat dans lequel on est projeté...C'est sans doute voulu je te donne mes impressions...parfois l'expression est construite poétique et soudain on a du familier voire grossier et on a l'impression que l'auteur n'arrive pas à se décider et quand on a ce genre de réflexion c'est qu'on n'est plus avec les personnages à cent pour cent puisqu'on analyse l'écriture au lieu qu'elle nous emporte....
exemple qui résume sur quelques mots : "J'eus presque un orgasme et je deconne pas "
Début de phrase on est dans le récit classique avec utilisation du passé simple ; fin de phrase on est au présent avec irruption d'un vocabulaire trivial ....on était avec Isa héroïne et on se retrouve avec Ida narratrice et commentatrice de son propre récit....bon c'est difficile à expliquer mais je crois qu'il y a peut être quelque chose à creuser et à réfléchir dans la façon de faire côtoyer un style classique et parfois poétique et un style plus banal ordinaire avec sa part de grossièreté. Tu mêles langage écrit et langage oral dans le même déroulé , et du coup ça accentue la préciosité de la langue écrite et ça renforce la trivialité de la langue parlée...et je me demande si c'est volontaire pour décrire l'ambiguïté des personnages et des situations , si c'est pour secouer le lecteur, pour moi c'est une maladresse....Surtout quand je vois les fulgurances et pépites dont tu es capable....de très belles images que tu fais apparaître en quelques mots
exemple qui résume sur quelques mots : "J'eus presque un orgasme et je deconne pas "
Début de phrase on est dans le récit classique avec utilisation du passé simple ; fin de phrase on est au présent avec irruption d'un vocabulaire trivial ....on était avec Isa héroïne et on se retrouve avec Ida narratrice et commentatrice de son propre récit....bon c'est difficile à expliquer mais je crois qu'il y a peut être quelque chose à creuser et à réfléchir dans la façon de faire côtoyer un style classique et parfois poétique et un style plus banal ordinaire avec sa part de grossièreté. Tu mêles langage écrit et langage oral dans le même déroulé , et du coup ça accentue la préciosité de la langue écrite et ça renforce la trivialité de la langue parlée...et je me demande si c'est volontaire pour décrire l'ambiguïté des personnages et des situations , si c'est pour secouer le lecteur, pour moi c'est une maladresse....Surtout quand je vois les fulgurances et pépites dont tu es capable....de très belles images que tu fais apparaître en quelques mots
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: IDA (ou les mondes dépeuplés)
Bon, j'ai peut-être été client pour ça à une époque. Mais plus aujourd'hui. Je reconnais que tu y vas à fond.
Des détails me gênent. Par exemple quand elle dit “je suis bizarre“. On est pas dans la peau de celui qui est au cœur du malaise…elle ne se dirait pas “je suis bizarre“ mais plutôt “je vais leur montrer“, ou bien quelque chose où elle demande le regard de l'autre et non pas où elle s'affirme en portant un jugement sur elle même. Enfin je dis ça …j'en sais trop rien au fond. Mais ce “je suis bizarre“ sonne faux à mon oreille, presque gentillet.
Des détails me gênent. Par exemple quand elle dit “je suis bizarre“. On est pas dans la peau de celui qui est au cœur du malaise…elle ne se dirait pas “je suis bizarre“ mais plutôt “je vais leur montrer“, ou bien quelque chose où elle demande le regard de l'autre et non pas où elle s'affirme en portant un jugement sur elle même. Enfin je dis ça …j'en sais trop rien au fond. Mais ce “je suis bizarre“ sonne faux à mon oreille, presque gentillet.
Re: IDA (ou les mondes dépeuplés)
Je comprends tout à fait qu'on puisse ne pas accrocher au style. Ces ruptures dans les niveaux de langue sont voulus. En fait, le personnage d'ida est à une frontière entre névrose et psychose, elle est manichéenne, elle est colérique, elle peut même être agaçante. L'autre personnage, celui de Téo est la part plus "classique", plus tamisée, même si lui est sans doute (je ne sais toujours pas) dans la psychose pure.
L'idée c'est d'avoir beaucoup de personnages tranchés, parfois complètement fous, dans un lieu informel, gris, où le temps passe au ralenti, cet hôpital psychiatrique.
En tout cas je prends vos critiques au sérieux. J'ai toujours rêvé d'écrire un roman, j'ai choisi la poésie parce que c'était plus rapide, plus accessible, et sans doute plus jouissif dans l'immédiat. Alors qu'écrire un roman... putain c'est du boulot !
L'idée c'est d'avoir beaucoup de personnages tranchés, parfois complètement fous, dans un lieu informel, gris, où le temps passe au ralenti, cet hôpital psychiatrique.
En tout cas je prends vos critiques au sérieux. J'ai toujours rêvé d'écrire un roman, j'ai choisi la poésie parce que c'était plus rapide, plus accessible, et sans doute plus jouissif dans l'immédiat. Alors qu'écrire un roman... putain c'est du boulot !
Re: IDA (ou les mondes dépeuplés)
J’ai aimé, en particulier ce style un peu chaotique qui ressemble à ce que peut écrire justement une fille borderline. Grossièretés, intense présence du corps, corps vivants mais effrayés et effrayants, qui servent aussi pour des métaphores de certains états psychiques, phrases un peu trop « cliniques » qui font deviner des suivis psychothérapiques antérieurs, dont elle a intégré les interprétations, autoportrait en ogre...c’est bien rendu.
Je me suis dit qu’il faut que tu prennes clairement un parti stylistique : ou c’est la fille qui écrit ou c’est quelqu’un, un auteur, qui prend sa voix. Je dirais malicieusement que la très belle phrase relevée par Coline est plus celle d’un auteur de talent que d’une jeune fille borderline élevée dans la misère - mais visiblement très intelligente.
Sinon, les scarifications, ce n’est pas suicidaire, c’est ce que tu as décrit. Et ce n’est pas fait pour se faire remarquer, mais caché (et pourtant visible). Ça n’empêche pas les tentatives de suicides, bien sûr.
Je trouve qu’on sent bien le désespoir qui flotte tout près, et l’espoir aussi.
Je me suis dit qu’il faut que tu prennes clairement un parti stylistique : ou c’est la fille qui écrit ou c’est quelqu’un, un auteur, qui prend sa voix. Je dirais malicieusement que la très belle phrase relevée par Coline est plus celle d’un auteur de talent que d’une jeune fille borderline élevée dans la misère - mais visiblement très intelligente.
Sinon, les scarifications, ce n’est pas suicidaire, c’est ce que tu as décrit. Et ce n’est pas fait pour se faire remarquer, mais caché (et pourtant visible). Ça n’empêche pas les tentatives de suicides, bien sûr.
Je trouve qu’on sent bien le désespoir qui flotte tout près, et l’espoir aussi.
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|