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Choses secrètes

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Message  seyne Lun 27 Jan 2020 - 9:49

C’est spécial d’être la dernière personne vivante de sa famille…c’est ce que je pensais dans le train, en regardant à travers les vitres striées de gouttes le sombre paysage fuyant, la vallée, les forêts brunes, cachées à mi-hauteur par un brouillard épais. L’avantage bien sûr c’est qu’on n’est pas obligé de partager les héritages. Papa était de la DDASS, grande famille dont les noirs héritages ne sont pas monnayables. Et Maman fille unique , bien entendu (on se demandait même comment elle avait fait pour naître, quand on voyait Pépé et Mémé). Mes parents non plus n’avaient pas réitéré leur erreur après mon arrivée. Je n’étais pas très valorisant j’imagine.

  C’était spécial aussi de revenir dans le coin.
Vous êtes peut-être allés au ski. Vous avez adoré les grandes parois grises, le ciel bleu dur, les sapins et les rhododendrons dans la neige. Mais avant de les atteindre, vous aviez traversé les interminables vallées, enfermées. Des vallées sillonnées de poids lourds, avec des hypermarchés crades, des usines de la couleur des matériaux qu’elles fabriquent et des bancs de gravier, où coulent des rivières grises et rapides. Des routes, des trains, des tunnels et des viaducs. Ma petite ville était aplatie dans une de ces vallées, et je m’étais dépêché de fuir dès que possible.
Mais là je n’avais plus trop le choix. Un chômeur en fin de droits qui regarde les trottoirs comme une échéance possible ne dit pas non quand il hérite d’une maison. Dans la foulée, j’avais même presque trouvé un CDI de gardiennage. Alors j’étais dans ce train, retour au pays natal.

  Je n’ai pas eu de mal à retrouver la maison, une baraque cubique qui n’avait pas changé, juste un peu plus beige et plus écaillée, le jardin en brousse, la rue toujours aussi déserte. Mémé y avait passé ses dernières années, après avoir enterré tous les autres ; j’étais revenu pour ses obsèques. Le notaire m’avait demandé si je voulais garder les meubles, et je m’étais dit « pourquoi pas, on va voir ». J’ai commencé à explorer la maison, farfouiller. Se retrouver face à tout ça c’était comme une plongée, pas du tout nostalgique. Plutôt le genre semelles de plomb, qui ne vous arrange pas l’humeur.
Elle avait récupéré pas mal de meubles de ma mère, tout était encombré et souvent inutile. J’ai trouvé les albums photos et je me suis assis dans la cuisine pour regarder le passé. Me revoir moi surtout : le petit gamin que j’étais au début, plutôt clown, rigolard, pas compliqué. Et puis au fil des années ça se gâtait : visage trop blanc, regard torve. Et l’album s’arrêtait, comme l’avaient fait les rares repas de famille : quand papa s’est disputé avec Mémé, ça a été fini et les photos aussi. Il n’y avait plus rien à immortaliser.

   Le temps de régler ce que j’avais à régler dans ma grande banlieue , de faire un aller-et retour dans la camionnette de location, et c’était maintenant l’aller simple, vers une vie nouvelle.

  J’ai passé l’automne à fouiller méthodiquement, évacuer ce qui ne servirait jamais. Je regardais dans tous les coins, j’ai trouvé quelques vieux jouets et pas mal de petits repaires cachés.
Par exemple il y avait un tissu très sec punaisé derrière une des armoires, qui faisait comme un ventre. Rien qu’en glissant le doigt j’ai pu le déchirer et accéder au secret du meuble. Des liasses de papier craquant et sale, des lettres avec leur enveloppe, des pages de journaux, des photos au bord dentelé portant des sourires fixes et des raies sur le côté. C'est Mémé Lorraine qui les avait cachées là. Mais il faut dire que si Mémé aimait cacher, Pépé aimait voler. Et quand on est facteur pendant 30 ans, on en a largement l'occasion.
Par exemple des liasses de vieux mandats que j'avais retrouvés entre les spires du canapé et le tissu vert, luisant aux angles.
Il y avait des petits colis, ficelle, scotch et papier kraft, des cadeaux naïfs, ouverts puis refermés, planqués dans la cheminée désaffectée, ou dans le four de la vieille cuisinière du sous-sol. Et puis des lettres, presque toutes adressées à des gens différents, cachet de la poste faisant foi. Ouvertes aussi bien sûr.

(à suivre)
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Message  Jand Lun 27 Jan 2020 - 22:05

Chèr(e) Seyne,

La description des chemins de montagne qui draguent toute une famille, et leurs petits yeux excités, autour de toute cette laideur, cette hostilité, c'est très beau.

Ces villes aplaties, il y en a quelques unes où j'ai pu mettre le pied, là-bas on ne parle pas de grands destins, et ceux qui partent ne quittent pas leur famille, ils l'abandonnent.

Je suis saisi par l'intelligence de votre texte. Je pense à cela notamment : "Et l’album s’arrêtait, comme l’avaient fait les rares repas de famille : quand papa s’est disputé avec Mémé, ça a été fini et les photos aussi. Il n’y avait plus rien à immortaliser." C'est que dans la tête du narrateur, rien n'est plus ironiquement définitif que ce qui n'a pas été photographié. Rien n'est plus visible que les coins d'un tapis qui aplanit rarement les quelques secrets que l'on y dispose.

J'ai adoré tout ce texte, et je lirai la suite avec plaisir, j'espère que vous en donnerez une.

Puis-je demander : est-ce un récit personnel ?

Antoine

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Message  seyne Mer 29 Jan 2020 - 14:40



La série intéressante (il n'y avait qu'une vraie série) était un échange entre Melle Martine Loriot, 5 route de Verras et Monsieur François Rossi, 18 rue Gambetta. Je m'attendais à des lettres d'amour un peu salées, mais ce n'était pas ça.
Mes grands-parents étaient des pros, ils ouvraient avec soin toutes les lettres, à la vapeur sûrement, en recopiaient certaines puis les distribuaient à leur destinataire, mais ils en gardaient d’autres.  Ainsi on avait toute la suite, on devinait l’histoire. Melle Martine était une maligne, elle faisait chanter un prof de piano qui avait eu la mauvaise idée de lui poser la main sur la cuisse (ou pire ? – elle parlait d’ « outrages ») un soir de leçon particulière. Un petit chantage, pour quelques dizaines de francs à chaque fois. Les deux derniers envois avaient été retenus par mon couple d'ancêtres : il y avait encore les beaux billets périmés, qu'ils s'étaient bien gardés d'utiliser - des fétiches, des prises de guerre. Les lettres étaient savamment ponctionnées. Martine s'énervait, le prof bredouillait qu'il avait payé, on sentait l'adrénaline qui suintait des mots hachés, du stylo baveux, des points d'exclamation. La dernière était très courte, griffonnée, menaçante.
 
  Tout à coup, la lettre à la main, j’ai senti monter une  jubilation, en même temps qu’une vague et anciennenausée : j’avais peut-être résolu le mystère de la femme coupée en morceaux, dont des lambeaux avaient refait surface sur les berges du petit canal, qui était notre terrain de jeux préféré à l’époque. Et j’ai repensé aussi à la soudaine disparition de la libraire, dont les adultes parlaient alors. On n’avait pas fait le lien, on était trop petits.
Tout m’est revenu de cet automne-là…comment avais-je pu oublier cette histoire ? Les images sont revenues, précises et muettes, comme une vieux film en super 8.

  Le premier morceau (un doigt coupé à la base) avait été trouvé par mon copain Etienne - on était en CM1 - dans la vase. Nous étions fascinés par l'écaille de vernis rose qui restait sur l'ongle, pourtant presque décollé. Je ne me souviens plus bien de ce qu’on s’est dit, ni pourquoi on s’est tu. L’idée que ce doigt était un vrai doigt, qu’il avait été coupé à une vraie femme, c’était difficile à croire et pourtant c’était évident. Du coup il était en même temps vrai et pas vrai. Je retrouve le sentiment excitant d’atrocité, de mal obscur :  était-elle vivante quand on le lui avait coupé ? Est-ce qu’elle était toujours vivante et cherchait partout son doigt ? Ou bien c’était un meurtre, elle s’était fait tuer et le tueur lui avait coupé le doigt après. Peut-être pour prendre une bague, comme dans les films ? Où était son corps alors ?
A quoi elle ressemblait, c’était surtout ça : quel visage allait avec ce doigt ? J’ai commencé à rêver, des cauchemars toujours les mêmes, elle marchait devant moi, je voyais sa main à quatre doigts, et puis elle se retournait et je me réveillais. Je savait qu’elle allait me demander son doigt, mais je me réveillais.

  On l'a mis dans un pot de confiture rempli d'essence, et planqué dans l’appentis chez Etienne. Après, on s'est mis à chercher tous les jours en sortant de l’école, une espèce de folie, sans pouvoir s'en empêcher, arrivant en retard à la maison, les godasses humides - et on en a trouvé plusieurs. On connaissait l'endroit où ils s'échouaient en général, sous les branchages, dans un coude peu profond, avec les voitures qui passaient sur la route juste à côté. On n'a pas pu garder le secret tout à fait, et finalement nous étions quatre à chercher. Mais bizarrement, le cercle ne s’est pas élargi, on est restés les quatre avec ça, on n’a plus parlé à personne.  
Au fur et à mesure on mettait les morceaux dans l'essence ; il a fallu un plus grand récipient....Puis on en a eu un chacun, avec chacun ses trophées. Ça brunissait, ça se racornissait, mais ça cessait de pourrir.
  Il y a eu le nez, une demi-main coupée au milieu, sans les doigts (Etienne encore, qui resta en arrêt un long moment devant les cordages des tendons et les lignes sur la paume blême), et deux orteils (séparément), puis une mèche de cheveux jaunes avec son élastique bruni, et pas mal d’autres moins remarquables. Peut-être il y avait des morceaux d’autres choses dans notre butin, qu’on avait confondus. Le dernier fut un os soigneusement désarticulé, couleur de vase, qu'on avait retrouvé à demi-enfoui. Celui-là on l'a mis à sécher, et puis on est allés regarder dans les livres, c’était un radius…En tout cas, on était sûrs qu’elle était morte.

  Et puis plus rien. Le découpeur en avait eu assez d'envoyer ses petits messages au vide, il avait dû enfouir le reste dans un endroit bien choisi. On a oublié, ou presque. Personne n'a parlé aux adultes, c'était trop horrible, qu'est-ce qu'on nous aurait fait ? C’était trop tard pour dire.


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Message  seyne Mer 29 Jan 2020 - 14:44

@Jand : merci! ...et non, je n'ai que peu de points communs avec le héros de ce récit, et j'ai grandi en région parisienne, mais je suis allée quelquefois au ski :-)
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Message  seyne Mer 29 Jan 2020 - 15:18



Les bocaux sont restés dans les cachettes qu’on avait trouvées, chacun chez soi ; et puis c’était l’hiver, on a cessé d’aller les regarder. Je me souviens maintenant où j’avais mis le mien, dans cette même maison, dans la cabane au fond du jardin.
J’ai vu en arrivant que la cabane s’est effondrée depuis, un grand tas de planches pourries et de terre, je n’ai aucune envie d’aller fouiller là-dedans. Mais je suppose qu’il y est encore, rempli de vide sec et de vestiges indescriptibles, je l’avais très bien emballé… J’ai continué à me souvenir.

Les rêves avaient changé de forme, j’avais entendu des histoires de la dame blanche, alors elle était habillée de voiles et elle apparaissait. Dans le rêve il y avait un sentiment de malheur sans remède, pour elle, mais pour moi aussi. Ou bien c’était des rêves où on tuait des femmes derrière la maison. Jamais personne n’en a entendu parler, de ces rêves, pourtant j’en faisais presque toutes les nuits à un moment. C’était une sale époque. Les parents ne se parlaient pratiquement plus, jusqu’au jour où Papa est parti…pour revenir deux mois plus tard, mais c’était pire encore après. Maman sortait avec ses copines, je restais souvent seul le soir à regarder des trucs à la télé jusqu’à ce que je m’endorme dans le canapé. Je ne travaillais pratiquement plus. Et je n’avais pas envie non plus d’aller chez Pépé et Mémé, je ne les avais jamais aimé, sans savoir bien pourquoi. Ils calculaient tout. Et ils ne m’aimaient pas non plus.

Les copains et moi on a suivi chacun son itinéraire. On a cessé de se voir, on n’était plus dans la même classe et on s’évitait. Le peu d’énergie que je mettais au travail, de plus en plus je l’ai consacré à frauder. Parce que c’était un peu comme un jeu ? Je ne sais pas, j’en avais envie. Les anti-sèches, les savants gommages et réécritures sur le carnet de notes, les fausses signatures des parents, le cahier qu’on a oublié, les devoirs dissimulés, le pompage sur le voisin. Toutes ces stratégies n’ont bientôt eu aucun secret pour moi, et à ma façon je suis devenu un virtuose. Bien entendu cette virtuosité a eu ses limites et ma scolarité aussi. L’idée d’apprendre et de réciter, les exercices dans les cahiers pleins de lignes et de marges rouges, écouter la maîtresse, c’était devenu une torture, un dégoût. Mais quel plaisir de trouver le joint, la stratégie, le bricolage secret, le risque d’être pris, et même la colère qui s’abat, le regard méchant des adultes quand ils ont été les plus malins, qu’ils sont sûrs de votre forfait. Leur façon de me regarder ne changeait plus après.

Etienne a redoublé, moi je faisais du foot, je n’avais plus envie de courir les rues. Chaque fois que je croisais les autres, je repensais à ces morceaux, à la vase sous l’eau grise, à la femme qu’on n’avait jamais vue en entier, à notre façon de chercher accroupis ou pliés en deux, à l’excitation quand on avait trouvé, et leurs visages me semblaient comme des rats. Un an plus tard Guy a eu un accident de vélo, il est carrément passé sous un poids lourd. Et Etienne, lui, c’est l’alcool qui l’a eu bien plus tard : dès la puberté, dès qu’il a eu accès à un peu d’argent, il n’avait plus qu’une idée, se saouler. Je n’ai jamais vu un ivrogne si jeune, la peau rouge, les yeux plissés. Ça m’étonnerait qu’il ait fait de vieux os. Philippe, lui, a changé d’école parce que ses parents avaient déménagé. On ne le voyait plus jamais, ou seulement de loin au hasard d’un magasin. C’est sans doute parce que ses parents étaient riches qu’il a continué à bien travailler et qu’il est devenu agent immobilier, bonne situation, etc. Mais les agents immobiliers, c’est souvent des truqueurs, non ? Et lui non plus il n’avait rien dit à ses parents.
Je crois que c’est l’entrée au collège qui m’a fait oublier tout ça. J’ai vraiment complètement oublié, il a fallu cette lettre pour que les souvenirs reviennent. J’avais découvert des intérêts différents : les filles, trouver de l’argent. Bizarrement aussi, je me suis mis à lire tout ce qui me tombait sous la main...tout sauf ce qui était obligatoire.


J’ai passé la soirée avec les lettres - les autres, sans cesser de penser à Martine et son prof, à mes copains, de me rappeler comment ils étaient. Assis sur le canapé avec la grande déchirure au milieu, je lisais distraitement, je réfléchissais sans m’en rendre compte. Je me sentais assez mal, comme autrefois, comme s’il y avait quelque chose à faire qu’on n’avait pas fait, et qu’alors tout était resté suspendu et venimeux dans l’atmosphère de cet automne et de l’hiver suivant. Je pensais à la morte, les voiles de la dame blanche avaient disparu, je n’avais plus de chagrin pour elle. Je la voyais comme une femme qui avait eu ce qu’elle méritait, une femme pleine de haine, on le sentait dans les lettres. Elle ne serait jamais allée porter plainte, bien sûr, les gendarmes n’étaient pas très accueillants à l’époque. Je revoyais la cabane, le bocal. J’ai du mal à me faire une idée sur le pianiste : il avait l’air très effrayé dans les lettres, mais la suite de l’histoire donne à réfléchir.
Et puis au fur et à mesure, j’ai commencé à penser autrement. Je me suis demandé si ce professeur de piano était toujours vivant, s’il habitait toujours rue Gambetta. Un soir où il faisait bien froid dehors j’ai enfilé ma parka et je suis parti dans la nuit. En dix minutes j’étais dans la rue, rasant les murs bien que l’absence totale de passants et les volets fermés rendent cela très inutile. Au numéro 18 c’était un autre nom sur la boîte. Je suis rentré, j’ai sorti le dernier annuaire. Un François Rossi était toujours en vie, il n’était pas sur liste rouge, il avait changé de quartier.

Il habite au centre ville maintenant, un immeuble cossu. Peut-être qu’il a fait un héritage ? Je me demande si mes intuitions sont justes. Je pourrais lui écrire une lettre, moi aussi.

Il y a deux choses que je pourrais faire : lui écrire - ou bien aller à la gendarmerie.
Ou rien.


fin
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Message  So-Back Jeu 30 Jan 2020 - 9:32

Il y a deux choses que je pourrais faire : lui écrire - ou bien aller à la gendarmerie.
Ou rien.


ou alors continuer d'écrire , tes descriptions ton sens du détail s'y prête

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Message  Polixène Ven 31 Jan 2020 - 21:53

Ou rien.
Peu importe, puisque le plus intéressant, ce ne sont pas les personnages ni ce qui leur arrive, mais leur rapport aux lieux. Du paysage à l'intime, ton écriture questionne ce rapport-là. Et nous porte à l'universel par le trivial, tous ces endroits où l'on passe, où l'on reste. Vit-on sans lieu?
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Message  seyne Lun 3 Fév 2020 - 15:59

merci So-back et Polixène.
Oui, les lieux, je crois que c'est ce que j'aime écrire et lire. Les polars que je préfère ne sont que des prétextes à faire advenir la mort dans des lieux puissants habités de fuyards. Ceci dit je me suis attachée à mon héros, aussi.
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Message  seyne Mer 25 Jan 2023 - 16:25

J'ai écrit une fin, je vous la fais lire :




---------------------------------------------------------------



Une neige fondue tombe sur le jardin, en diagonale, il fait nuit mais il n’est pas très tard. Le faisceau des deux projecteurs braqués sur la cabane est zébré de blanc mouillé, et il y a ces deux hommes en combinaison blanche aussi qui fouillent méthodiquement, rejetant planche après planche. Ca fait une bonne heure qu’on est là dans le froid, je suis allé chercher des cafés dans la cuisine pour le gendarme et pour moi, on est debout sous l’auvent à les regarder. Il y en a deux autres dans la maison, qui fouillent les cachettes, qui fouillent partout.

Il m’a fallu un bon mois pour me décider, pour choisir. Et puis j’ai mis dans un porte documents toutes les photos, les mandats, les lettres, avec celles de la série au-dessus et j’ai franchi le seuil de la gendarmerie.
Celui qui m’a reçu, j’ai tout de suite senti que ça allait coller : une minute a suffi pour que toute son attention soit concentrée, et pas une fois il n’a mis ma parole en doute. Je n’étais pas très sûr de ce que je faisais, s’il avait pris les choses autrement, je me serais peut-être arrêté en route. Mais bien sûr, il y avait pas mal de preuves, et tout était si vieux qu’on pouvait difficilement penser à une mise en scène, même si l’histoire semblait peu croyable.

C’est lui qui est à côté de moi, il m’explique que si on trouve ce que j’ai caché, on aura besoin de très peu de temps pour l’analyse de l’ADN, que tout ça est devenu très moderne, et que la libraire avait une fille.

Le premier jour, en rentrant de la gendarmerie, j’ai repêché une photo dans l’album de famille : celle de mon anniversaire de 7 ans, où je suis déguisé en Zorro et où je ris de plaisir. Je l’ai encadrée et je l’ai accrochée, toute petite, au-dessus de la cheminée, c’est pour ce petit garçon que je l’ai fait.

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Message  obi Jeu 9 Fév 2023 - 16:22

Pour être noir, c'est noir. Déprimant. Bien écrit comme toujours. J'ai aimé le cerclage de l'histoire. Du gamin clown rigolard et pas compliqué au tout petit garçon de sept ans qui reste un Zorro plein de plaisir et un peu naïf.
On sent que tu l'aimes ton petit garçon, même que tu crois encore à son innocence presque éternelle.
Après c'est l'âge dit de raison et trop souvent les humains y deviennent laids mais tant qu'on peut se rêver un petit bout d'âme de sept ans, on ne se suicide pas. Peut-être que c'est mon O.P.J qui a reçu ton vieux petit garçon. Il y aurait donc toujours quelque chose ou quelqu'un à sauver quelque part.... Merci seyne!

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Message  seyne Jeu 9 Fév 2023 - 17:48

Oui, ton OPJ doit être très content devant ce "cold case" qui refait surface, mais sans le manifester, c'est un pro. Et mon héros morose, il essaie d'être l'adulte qui lui a manqué à 7 ans.
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