Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
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Sahkti
coline dé
Jand
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Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
Chers ami(e)s, je pensais à un petit jeu que je trouve amusant (on se marre bien par ici). Le but du jeu : écrire un texte plus ou moins long en essayant d'adopter, de façon caricaturale ou non, sur le fond ou la forme, en parfaite conformité ou non, la plume d'un auteur connu (essayons de faire assez connu quoique c'est aussi l'occasion de découvrir des auteurs qui vous ont marqué).
Je montre l'exemple. Ici c'est facile, j'ai pris Céline. Mais ce n'est pas exactement du Céline, et j'ai essayé de ne pas faire caricatural non plus. En fait, sentons nous libres.
A la mi-mars, si je jeu a pris, chacun essaiera de deviner l'auteur repris par chaque participant (tout le monde peut participer of course). Et peut-être une semaine plus tard, les participants révèlent l'auteur auquel ils pensaient ! Et ainsi de suite !
Je pensais pas en faire un exercice pour le laisser un peu vivoter comme le fil "un jour une phrase".
Le but :
- découvrir de nouveaux auteurs
- s'intéresser à notre perception commune de la littérature
- exercice aussi d'écriture un peu marrant
bien sûr vous pouvez choisir un auteur dont vous soupçonnez qu'il ait pu être copié par quelqu'un d'autre.
Si ça fait flop, c'est pas grave du tout, vous forcez pas ahah. Si le fil existait déjà sur VE, mea culpa, j'ai pas trouvé mais j'ai pas bien cherché
On compte parmi les blessés.
Les comptes ont été rendus à ce grand âne qui mélange les sommes et les déductions de toutes sortes. A la fin, il a eu ce grand air bien valeureux et il s’est exaspéré de la tristesse de son travail, il a dit : « on est à cent cinquante contre quatre vingt dix et ça fait un paquet de moins encore une fois ».
Ils ont mis mon lit juste à côté de sa table de calcul, et j’écoutais tous les jours, et par-dessus tout ce bordel je toussais à n’en plus voir la fin. J’achèterais bien un miracle avec mon indemnité d’incapacité peut-être temporaire peut-être définitive rendue au mois de mars et qui vient d’être versée sur mon livret à la BNP. 9 800 euros. Quand je travaillais encore, il fallait traverser les trente remarques hebdomadaires, les cent cinquante sourires, les cent tronches de travers, les deux verres d’alcool quotidiens, tout ça pendant un mois et je chopais plus qu’un SMIC. C’était pas si mal, mais cette belle somme qu’ils me donnaient, et qui m’exonérait tout d’un coup du devoir d’accepter ces quotidiens pénibles, elle me faisait vraiment peur finalement. Pourquoi eux, qui n’ont jamais donné grand-chose de ma vie et pas même quand Claire avait eu besoin pour ses problèmes d’acné qu’on lui rembourse le Triacnéal (j’avais dû faire une demande spéciale), ils se mettent à me donner tant pour un truc que j’ai même pas cherché à faire.
Sur mon petit lit qui est plutôt confort pour un lit d’hôpital je relisais l’autre Céline qu’on m’avait donné à bouffer au lycée et d’un coup je me mettais à écrire, parler, et penser comme lui. Bien rance, bien fatigué par les gens, et vraiment plus du tout politique. Donc tant que l’indemnité est là, je la prends. Et le bruit court qu’elle sera reversée encore une fois au mois d’octobre et peut-être encore une fois. Et tout cet ensemble, c’est bien des perspectives pour vivre confortablement après ce gros rhume qu’on dit qu’il est un plus que ça.
Ce qui est bien avec Céline c’est que toi t’es au chaud dans un lit qu’on refait tous les jours, avec pas mal de parfums et de charmes féminins, et lui se tape les obus, les viandes qui saignent énormément ensemble, et il te parle de toutes ces façons d’être dans ton pays dont il se barbouille le pourtour anal.
Donc finalement, tant que t’es pas à la guerre et que tu veux pas passer pour autre chose qu’un sale lâche, Céline c’est surtout une psychothérapie pour accepter la compote de pomme en conserve dégueulasse de Necker.
Ca tousse, ça tousse, et parfois quand j’arrive aux descriptions bien laides des blessés, et des souffrants, je me demande si ça puait autant qu’ici quand on comprimait le cœur d’un malade ivre de rêves et de souvenirs de sa chère maman. Parce qu’ici ça pue vraiment.
Et c’est d’autant plus saisissant de se dire qu’il y a vraiment toujours pire qu’une salle sans lumière, avec deux trois personnes qui restent encore pour tenir les comptes, et qui sont aussi cons que des ânes aveugles.
Je me souviens avoir pensé comme ça plusieurs et plusieurs jours. Et sans m’en remettre complètement, je continuais à penser que ce que j’avais tuait jamais un homme de 35 ans, assez fort, tennisman, et bien solide sur ses coups droits.
Et puis un jour, juste comme ça, j’ai regardé autour de moi comme quand on relève son coussin derrière son dos sur un lit de dimanche à la campagne, quand on veut prendre le temps d’émerger et que ce moment aurait pu arriver plus tard, et j’ai vu que j’étais bien seul dans cette pièce.
Et j’avais pas vraiment la force de marcher un peu plus loin, et j’espère que ces belles et grasses indemnités aideront ma petite Claire à choper un garçon bien beau quand son père sera trois pieds plus bas dans les vers et les odeurs de terre froide.
Je montre l'exemple. Ici c'est facile, j'ai pris Céline. Mais ce n'est pas exactement du Céline, et j'ai essayé de ne pas faire caricatural non plus. En fait, sentons nous libres.
A la mi-mars, si je jeu a pris, chacun essaiera de deviner l'auteur repris par chaque participant (tout le monde peut participer of course). Et peut-être une semaine plus tard, les participants révèlent l'auteur auquel ils pensaient ! Et ainsi de suite !
Je pensais pas en faire un exercice pour le laisser un peu vivoter comme le fil "un jour une phrase".
Le but :
- découvrir de nouveaux auteurs
- s'intéresser à notre perception commune de la littérature
- exercice aussi d'écriture un peu marrant
bien sûr vous pouvez choisir un auteur dont vous soupçonnez qu'il ait pu être copié par quelqu'un d'autre.
Si ça fait flop, c'est pas grave du tout, vous forcez pas ahah. Si le fil existait déjà sur VE, mea culpa, j'ai pas trouvé mais j'ai pas bien cherché
On compte parmi les blessés.
Les comptes ont été rendus à ce grand âne qui mélange les sommes et les déductions de toutes sortes. A la fin, il a eu ce grand air bien valeureux et il s’est exaspéré de la tristesse de son travail, il a dit : « on est à cent cinquante contre quatre vingt dix et ça fait un paquet de moins encore une fois ».
Ils ont mis mon lit juste à côté de sa table de calcul, et j’écoutais tous les jours, et par-dessus tout ce bordel je toussais à n’en plus voir la fin. J’achèterais bien un miracle avec mon indemnité d’incapacité peut-être temporaire peut-être définitive rendue au mois de mars et qui vient d’être versée sur mon livret à la BNP. 9 800 euros. Quand je travaillais encore, il fallait traverser les trente remarques hebdomadaires, les cent cinquante sourires, les cent tronches de travers, les deux verres d’alcool quotidiens, tout ça pendant un mois et je chopais plus qu’un SMIC. C’était pas si mal, mais cette belle somme qu’ils me donnaient, et qui m’exonérait tout d’un coup du devoir d’accepter ces quotidiens pénibles, elle me faisait vraiment peur finalement. Pourquoi eux, qui n’ont jamais donné grand-chose de ma vie et pas même quand Claire avait eu besoin pour ses problèmes d’acné qu’on lui rembourse le Triacnéal (j’avais dû faire une demande spéciale), ils se mettent à me donner tant pour un truc que j’ai même pas cherché à faire.
Sur mon petit lit qui est plutôt confort pour un lit d’hôpital je relisais l’autre Céline qu’on m’avait donné à bouffer au lycée et d’un coup je me mettais à écrire, parler, et penser comme lui. Bien rance, bien fatigué par les gens, et vraiment plus du tout politique. Donc tant que l’indemnité est là, je la prends. Et le bruit court qu’elle sera reversée encore une fois au mois d’octobre et peut-être encore une fois. Et tout cet ensemble, c’est bien des perspectives pour vivre confortablement après ce gros rhume qu’on dit qu’il est un plus que ça.
Ce qui est bien avec Céline c’est que toi t’es au chaud dans un lit qu’on refait tous les jours, avec pas mal de parfums et de charmes féminins, et lui se tape les obus, les viandes qui saignent énormément ensemble, et il te parle de toutes ces façons d’être dans ton pays dont il se barbouille le pourtour anal.
Donc finalement, tant que t’es pas à la guerre et que tu veux pas passer pour autre chose qu’un sale lâche, Céline c’est surtout une psychothérapie pour accepter la compote de pomme en conserve dégueulasse de Necker.
Ca tousse, ça tousse, et parfois quand j’arrive aux descriptions bien laides des blessés, et des souffrants, je me demande si ça puait autant qu’ici quand on comprimait le cœur d’un malade ivre de rêves et de souvenirs de sa chère maman. Parce qu’ici ça pue vraiment.
Et c’est d’autant plus saisissant de se dire qu’il y a vraiment toujours pire qu’une salle sans lumière, avec deux trois personnes qui restent encore pour tenir les comptes, et qui sont aussi cons que des ânes aveugles.
Je me souviens avoir pensé comme ça plusieurs et plusieurs jours. Et sans m’en remettre complètement, je continuais à penser que ce que j’avais tuait jamais un homme de 35 ans, assez fort, tennisman, et bien solide sur ses coups droits.
Et puis un jour, juste comme ça, j’ai regardé autour de moi comme quand on relève son coussin derrière son dos sur un lit de dimanche à la campagne, quand on veut prendre le temps d’émerger et que ce moment aurait pu arriver plus tard, et j’ai vu que j’étais bien seul dans cette pièce.
Et j’avais pas vraiment la force de marcher un peu plus loin, et j’espère que ces belles et grasses indemnités aideront ma petite Claire à choper un garçon bien beau quand son père sera trois pieds plus bas dans les vers et les odeurs de terre froide.
Jand- Nombre de messages : 306
Age : 27
Date d'inscription : 05/04/2016
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
Superbe idée et super texte, Jand !
Pas trop le temps ces jour-ci...mais j'ai bien envie et ça me donne un répit avant de décider qui je vais massacrer !
Pas trop le temps ces jour-ci...mais j'ai bien envie et ça me donne un répit avant de décider qui je vais massacrer !
coline dé- Nombre de messages : 353
Age : 24
Date d'inscription : 24/12/2019
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
Très bonne idée Jand !
M'en vais réfléchir de mon côté aussi.
M'en vais réfléchir de mon côté aussi.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
L’idée me plaît beaucoup également, même si je ne suis pas sûre de trouver le temps d’ici là mi-mars. Peut-être je demanderai une petite prolongation...
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
Chers tous,
Je suis ravi de lire vos réactions ! Prenez bien sûr tout votre temps ! J'ai dit mi-mars à titre indicatif, un peu laborieux de faire un sondage donc je vous propose fin mars et nous attendrons de toute façon d'avoir tous les textes ! Hâte de vous lire !
Je suis ravi de lire vos réactions ! Prenez bien sûr tout votre temps ! J'ai dit mi-mars à titre indicatif, un peu laborieux de faire un sondage donc je vous propose fin mars et nous attendrons de toute façon d'avoir tous les textes ! Hâte de vous lire !
Jand- Nombre de messages : 306
Age : 27
Date d'inscription : 05/04/2016
ah... si j'avais le temps
Pas le temps
prise par l'administration
pourtant
le sujet est sympa
j'aime les alias
les faux en écriture
ah... si j'avais le temps
prise par l'administration
pourtant
le sujet est sympa
j'aime les alias
les faux en écriture
ah... si j'avais le temps
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
Pas de taille imposée, Jand ?
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
Je pense que non, sentons nous parfaitement libres !
Hâte de lire tout ça !
Hâte de lire tout ça !
Jand- Nombre de messages : 306
Age : 27
Date d'inscription : 05/04/2016
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
ma participation
Comme l’obole en cadeaux de Monseigneur Tergal
Donnée avec les aiguilles et le fil de laine
De Cambrai à Lille petites mains mitaines
elles suaient sur le métier, perdaient en quintal
puis au gré des saisons, l’arrêt préfectoral
d’un édile du nom de je vous fais de la peine
les laissaient sans espoir ne voulant pas de reines
décidant au hasard du prix de l’emmenthal
ainsi la vie et ses aléas érotiques
devenaient la routine, un exercice physique
alors qu’il se murmurait çà et là l’idée
de changer d’air le temps de refaire la vaisselle
d’aller au-delà de la limite tracée
pour rêver au jardin et les beaux asphodèles
Comme l’obole en cadeaux de Monseigneur Tergal
Donnée avec les aiguilles et le fil de laine
De Cambrai à Lille petites mains mitaines
elles suaient sur le métier, perdaient en quintal
puis au gré des saisons, l’arrêt préfectoral
d’un édile du nom de je vous fais de la peine
les laissaient sans espoir ne voulant pas de reines
décidant au hasard du prix de l’emmenthal
ainsi la vie et ses aléas érotiques
devenaient la routine, un exercice physique
alors qu’il se murmurait çà et là l’idée
de changer d’air le temps de refaire la vaisselle
d’aller au-delà de la limite tracée
pour rêver au jardin et les beaux asphodèles
So-Back- Nombre de messages : 3652
Age : 101
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
autre essai
Assis, comment voir dés lors l’heure
de décider pour le dîner
quelquefois c’est le voisin beur
le racoler
si vous doutez de votre maître
dans l’absence de son costard
vous raquerez payant ses traites
son corbillard
si vous hésitez sur l’eau-forte
aux odeurs et toutes les peurs
vous vous étaleriez de sorte
d’être douleur
si vous arrêtez la bohème
surtout les nuits sous firmament
vous dormiriez sans aucune haine
évidemment
Assis, comment voir dés lors l’heure
de décider pour le dîner
quelquefois c’est le voisin beur
le racoler
si vous doutez de votre maître
dans l’absence de son costard
vous raquerez payant ses traites
son corbillard
si vous hésitez sur l’eau-forte
aux odeurs et toutes les peurs
vous vous étaleriez de sorte
d’être douleur
si vous arrêtez la bohème
surtout les nuits sous firmament
vous dormiriez sans aucune haine
évidemment
So-Back- Nombre de messages : 3652
Age : 101
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
Jand pour info mes textes rentrent-ils dans le jeu ou je me suis trompé
So-Back- Nombre de messages : 3652
Age : 101
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
So-back,
Ils rentrent parfaitement dans le jeu, c'est parfait ! J'ai ma petite idée sur un des deux, l'autre j'y pense encore ! En tout cas j'aime beaucoup, et merci de jouer le jeu, c'est vraiment chouette !
J'espère qu'on aura d'autres trouvailles avant fin-mars ! bonne journée à tous !
Antoine
Ils rentrent parfaitement dans le jeu, c'est parfait ! J'ai ma petite idée sur un des deux, l'autre j'y pense encore ! En tout cas j'aime beaucoup, et merci de jouer le jeu, c'est vraiment chouette !
J'espère qu'on aura d'autres trouvailles avant fin-mars ! bonne journée à tous !
Antoine
Jand- Nombre de messages : 306
Age : 27
Date d'inscription : 05/04/2016
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
Il avait péniblement gravi la dernière portion de sentier, éboulée et roussie de poussière, au milieu de la toison noire des pins. Les arbres étaient à demi-couchés par le grand vent de ce pays-là.
Les os de cet épaulement, la structure forte de la montagne, étaient visibles entre les arbres, gros rochers décapés par la pluie d’automne.
Mais à ce jour, d’eau il n’y en avait plus, les ruisseaux qui coupaient le chemin ne montraient que leurs pierrailles, tombant presque à pic à sa droite. Il avait soif, sa gourde était vide depuis le pauvre repas de midi.
Il n’y avait encore aucune trace de fouissement de sangliers dans la terre meuble. Le vent le poussait dans le dos, chargés des odeurs du printemps de la plaine, en bas. Il s’attiédissait depuis deux jours, et lui montait encore, vers le froid des dernières plaques de neige.
Une fois passé le col, il suffirait de se laisser couler à l’abri des grands pins tout droits et tout serrés, vers la maison cachée. Il savait comment il se débarrasserait de sa cape et remonterait ses manches pour plonger bras et visage dans l’eau glacé de l’abreuvoir, rincer la poussière de sa fatigue de son visage. Et aller vers le seuil, respirant l’odeur de la fumée bienveillante.
Les os de cet épaulement, la structure forte de la montagne, étaient visibles entre les arbres, gros rochers décapés par la pluie d’automne.
Mais à ce jour, d’eau il n’y en avait plus, les ruisseaux qui coupaient le chemin ne montraient que leurs pierrailles, tombant presque à pic à sa droite. Il avait soif, sa gourde était vide depuis le pauvre repas de midi.
Il n’y avait encore aucune trace de fouissement de sangliers dans la terre meuble. Le vent le poussait dans le dos, chargés des odeurs du printemps de la plaine, en bas. Il s’attiédissait depuis deux jours, et lui montait encore, vers le froid des dernières plaques de neige.
Une fois passé le col, il suffirait de se laisser couler à l’abri des grands pins tout droits et tout serrés, vers la maison cachée. Il savait comment il se débarrasserait de sa cape et remonterait ses manches pour plonger bras et visage dans l’eau glacé de l’abreuvoir, rincer la poussière de sa fatigue de son visage. Et aller vers le seuil, respirant l’odeur de la fumée bienveillante.
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
désolée pour les fautes d’orthographe.
coline dé- Nombre de messages : 353
Age : 24
Date d'inscription : 24/12/2019
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
Je remontais péniblement l'avenue Voltaire en espérant trouver place de la République quelqu'un qui accepterait de partager une bière ou deux.
Deux femmes se faisaient tabasser par trois flics, deux gros et un petit. Un gars filmait la scène de l'autre côté du trottoir. L'une des femmes portait une jupe trop courte pour ses jambes enflées par la cellulite, ce qui semble-t-il excitait le petit flic qui ne cognait que sur elle. Plusieurs voitures ralentirent pour regarder la scène avant de reprendre leur course dans la nuit. Un clodo pissait contre une poubelle sans se soucier de quoi que ce soit.
Personne ne cherche à comprendre.
Les deux gros flics changent de trottoir puis de rue. Le petit insulte la dame à la jupe froissée avant de rejoindre ses collègues.
J'ai des bières dans mon sac à dos. La moindre des choses, me dis-je, serait d'en offrir une à ces malheureuses. Je n'ai aucune idée de ce qu'elles ont fait, mais j'ai bien vu ce qu'elles ont reçu.
Je m'approche. Celle en jupe a la lèvre tuméfiée et un oeil salement amoché. L'autre n'a rien ou presque, cheveux bruns dépeignés, peut-être un bleu sur le bras gauche.
- Ce sale petit con. Ils nous a dit que la prochaine fois il nous enverrait nous faire bouffer la chatte en prison.
- Vous aviez fait quelque chose d'inconvenant ?
- Qu'est-ce que ça peut vous faire ?
- Je sais pas, montrer vos seins avec un slogan anti-policier, un geste charmant.
- Vous montreriez vos roubignoles par solidarité ?
Je lui tends une bière pas trop tiède. Sa copine est au téléphone et aboie fébrilement sur un mec qui avait eu tort de ne pas être là pour se faire battre à leur place.
- Sabrina n'a plus l'habitude de Paris. Là où elle vit, une nana peut circuler à une heure du matin sans même se heurter à un regard en coin.
- Et ici, on s'y fait ?
- A tout prendre, je préfère encore un trouduc franchement hostile qu'un abruti qui te dit "eh mademoiselle, bonne journée de la femme !"
- Et moi qui vous donne une Rince-Cochon au lieu de vous offrir une rose.
- Je crois que ce qui les gêne, ce n'est pas qu'on traîne librement dans la rue ou qu'on choisisse avec qui on veut baiser, ou même qu'on ait un boulot et qu'on gagne notre vie. C'est juste que, si les femmes ont les mêmes droits que les hommes, qu'est-ce qu'il vous reste de plus qu'à nous ?
- On aura toujours le privilège de vous voir marcher en talons.
- Bon, si ça t'embête pas, je trace chez moi. Personne ne m'attend, mais je suis pas en état de rentrer accompagnée.
- De rien pour la bière.
La copine au téléphone a changé d'interlocuteur pour faire venir un Uber. Elles se prennent bras-dessus bras-dessous en entrant dans la voiture. Celle en jupe titube un peu. Je lui envoie un signe de la main, sans réponse. Le chauffeur est un grand black aux cheveux impeccablement rasés à la dernière mode d'un footballer célèbre. Des ados sortis d'une autre époque font du skate sur les marches de la statue de la République, les autres piétons passent sans voir le monde.
Je finis par regagner ma piaule en me demandant si l'envie de vomir me gagnera avant de m'endormir ou après.
Deux femmes se faisaient tabasser par trois flics, deux gros et un petit. Un gars filmait la scène de l'autre côté du trottoir. L'une des femmes portait une jupe trop courte pour ses jambes enflées par la cellulite, ce qui semble-t-il excitait le petit flic qui ne cognait que sur elle. Plusieurs voitures ralentirent pour regarder la scène avant de reprendre leur course dans la nuit. Un clodo pissait contre une poubelle sans se soucier de quoi que ce soit.
Personne ne cherche à comprendre.
Les deux gros flics changent de trottoir puis de rue. Le petit insulte la dame à la jupe froissée avant de rejoindre ses collègues.
J'ai des bières dans mon sac à dos. La moindre des choses, me dis-je, serait d'en offrir une à ces malheureuses. Je n'ai aucune idée de ce qu'elles ont fait, mais j'ai bien vu ce qu'elles ont reçu.
Je m'approche. Celle en jupe a la lèvre tuméfiée et un oeil salement amoché. L'autre n'a rien ou presque, cheveux bruns dépeignés, peut-être un bleu sur le bras gauche.
- Ce sale petit con. Ils nous a dit que la prochaine fois il nous enverrait nous faire bouffer la chatte en prison.
- Vous aviez fait quelque chose d'inconvenant ?
- Qu'est-ce que ça peut vous faire ?
- Je sais pas, montrer vos seins avec un slogan anti-policier, un geste charmant.
- Vous montreriez vos roubignoles par solidarité ?
Je lui tends une bière pas trop tiède. Sa copine est au téléphone et aboie fébrilement sur un mec qui avait eu tort de ne pas être là pour se faire battre à leur place.
- Sabrina n'a plus l'habitude de Paris. Là où elle vit, une nana peut circuler à une heure du matin sans même se heurter à un regard en coin.
- Et ici, on s'y fait ?
- A tout prendre, je préfère encore un trouduc franchement hostile qu'un abruti qui te dit "eh mademoiselle, bonne journée de la femme !"
- Et moi qui vous donne une Rince-Cochon au lieu de vous offrir une rose.
- Je crois que ce qui les gêne, ce n'est pas qu'on traîne librement dans la rue ou qu'on choisisse avec qui on veut baiser, ou même qu'on ait un boulot et qu'on gagne notre vie. C'est juste que, si les femmes ont les mêmes droits que les hommes, qu'est-ce qu'il vous reste de plus qu'à nous ?
- On aura toujours le privilège de vous voir marcher en talons.
- Bon, si ça t'embête pas, je trace chez moi. Personne ne m'attend, mais je suis pas en état de rentrer accompagnée.
- De rien pour la bière.
La copine au téléphone a changé d'interlocuteur pour faire venir un Uber. Elles se prennent bras-dessus bras-dessous en entrant dans la voiture. Celle en jupe titube un peu. Je lui envoie un signe de la main, sans réponse. Le chauffeur est un grand black aux cheveux impeccablement rasés à la dernière mode d'un footballer célèbre. Des ados sortis d'une autre époque font du skate sur les marches de la statue de la République, les autres piétons passent sans voir le monde.
Je finis par regagner ma piaule en me demandant si l'envie de vomir me gagnera avant de m'endormir ou après.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
Le réchauffement climatique inquiète les marchés, il fait dix huit degrés centigrades au pied du Ventoux, l'homme troque ses caleçons longs contre des shorts, le lemming sort d'hibernation, la femme remise ses fous-rires dans des housses bourrées d'antimite. Le rentier cherche une nouvelle aventure coloniale riche en exploits colorés. Il espère ainsi faire pousser ses mains tout juste sorties des ronces.
L'Auvergnat, quant à lui, compte ses sillons trois par trois, il suppute les récoltes à venir et rêve de fruits exotiques. Mais l'Auvergne n'est pas le Congo, alors, il trousse sa moustache, retrousse ses manches et entonne une bourrée, occitane pour changer.
L'Auvergnat, quant à lui, compte ses sillons trois par trois, il suppute les récoltes à venir et rêve de fruits exotiques. Mais l'Auvergne n'est pas le Congo, alors, il trousse sa moustache, retrousse ses manches et entonne une bourrée, occitane pour changer.
coline dé- Nombre de messages : 353
Age : 24
Date d'inscription : 24/12/2019
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
Chako, les premières phrases m'ont fait penser aux exercices de style de Queneau, mais après... je sèche !
So-back, j'ai beaucoup aimé le premier, sans toutefois pouvoir dire à qui en attribuer l'inspiration.
So-back, j'ai beaucoup aimé le premier, sans toutefois pouvoir dire à qui en attribuer l'inspiration.
coline dé- Nombre de messages : 353
Age : 24
Date d'inscription : 24/12/2019
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
J'ai tenté Buk, le grand Charles, peut-être sans succès ;-)
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Proposition de "jeu" littéraire (premier cycle jusqu'à mi-mars)
Ah ok, mais je connais mal... shame !
coline dé- Nombre de messages : 353
Age : 24
Date d'inscription : 24/12/2019
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