IDA (dans la petite cour de l'USI)
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IDA (dans la petite cour de l'USI)
Qui donc pourra faire taire les grondements de mer? Je me sens grondante, tellurique ; mais endormie. J’ai peur de basculer, j’ai peur de mal cicatriser, j’ai peur d’aller trop loin dans ce monceau de triangles noirs, de sang, et de bile noire. Je suis assise sur les talons, adossée au mur, il est 18h, je fume une cigarette dans la petite cour de l’USI. Je suis habillée de verts plus ou moins sombres, de peau pâle, d’un bonnet rouge et de chaudes pantoufles blanches. Les gens me voient, les autres, ceux du côté ouvert... ils me voient par une grande baie vitrée. Les patients de l’USI sont un spectacle quotidien, quand ils fument, ou discutent, dans la petite cour de l’USI, les enfermés, une clope par heure c’est tout, on réquisitionne les briquets depuis qu’un abruti a foutu le feu à l’USI.
Peur à l’USI.
Je fume et je vois Téo ; il est assis sur le banc, la tête penchée en avant, les mains posées sur ses jambes resserrées ; il est à la droite de Pierrot et Pierrot lui explique passionnément qu’il n’y a jamais eu de chambres à gaz, et qu’il est surveillé, lui, par des drones, au téléphone, quand il se brosse les dents, quand il dort, quand il va sur internet, en sortant de la boulangerie, en entrant au CMP, qu’on le suit à la trace, qu’on lui vole ses pensées (un classique). Pierrot est un connard fini, mais il a cet avantage qu’il parle beaucoup, et passionnément... ce qui permet à Téo de ne rien dire.
Et Téo ne dit rien, comme à son habitude, ses mains semblent être un sujet d’étude, un travail de chaque instant, tant il les regarde. Téo imberbe, ou presque. Téo Baby Face.
Je respecte tellement cet homme, et je l’aime infiniment, tant il est intelligent, tant il sait ne rien dire, s’enfoncer dans un silence qui permet à l’autre d’exister, de s’exprimer. Il y a, dans le fond de Téo, tout un tas de paquets, de choses dites sous le sceau du secret ; tout le monde y dépose quelque chose, des colères et des amours, des choses un peu honteuses, des confessions parfois confuses. Moi-même, j’ai déposé dans Téo pas mal de mes démons. Et Téo absorbe et Téo connaît ses mains et connait tout le monde, je le sais, Téo est l’homme le plus intelligent que je connaisse.
Je l’aime tant que je n’ose pas le désirer. Il me faut être assise sur les talons, dans cette petite cour rectangulaire, sous la lumière rasante d’un coucher de soleil hivernal, avec ce brouhaha de Pierrot, avec ces 8 malades qui m’entourent, être à un moment précis ; il me faut voir Téo pour penser à Téo. Or ce n’est pas ça, l’amour.
Et je sais que Téo m’aime d’amour. Et je sais que je ne peux pas lui rendre. Et je sais encore que je lui fais du mal en ne l’aimant pas jusqu’au bout. Peut-être pas assez. C’est ainsi. Et ça me rend malade. Mais pas assez. Bref. Pupute.
*Peur à l’USI.
Je fume et je vois Téo ; il est assis sur le banc, la tête penchée en avant, les mains posées sur ses jambes resserrées ; il est à la droite de Pierrot et Pierrot lui explique passionnément qu’il n’y a jamais eu de chambres à gaz, et qu’il est surveillé, lui, par des drones, au téléphone, quand il se brosse les dents, quand il dort, quand il va sur internet, en sortant de la boulangerie, en entrant au CMP, qu’on le suit à la trace, qu’on lui vole ses pensées (un classique). Pierrot est un connard fini, mais il a cet avantage qu’il parle beaucoup, et passionnément... ce qui permet à Téo de ne rien dire.
Et Téo ne dit rien, comme à son habitude, ses mains semblent être un sujet d’étude, un travail de chaque instant, tant il les regarde. Téo imberbe, ou presque. Téo Baby Face.
Je respecte tellement cet homme, et je l’aime infiniment, tant il est intelligent, tant il sait ne rien dire, s’enfoncer dans un silence qui permet à l’autre d’exister, de s’exprimer. Il y a, dans le fond de Téo, tout un tas de paquets, de choses dites sous le sceau du secret ; tout le monde y dépose quelque chose, des colères et des amours, des choses un peu honteuses, des confessions parfois confuses. Moi-même, j’ai déposé dans Téo pas mal de mes démons. Et Téo absorbe et Téo connaît ses mains et connait tout le monde, je le sais, Téo est l’homme le plus intelligent que je connaisse.
Je l’aime tant que je n’ose pas le désirer. Il me faut être assise sur les talons, dans cette petite cour rectangulaire, sous la lumière rasante d’un coucher de soleil hivernal, avec ce brouhaha de Pierrot, avec ces 8 malades qui m’entourent, être à un moment précis ; il me faut voir Téo pour penser à Téo. Or ce n’est pas ça, l’amour.
Et je sais que Téo m’aime d’amour. Et je sais que je ne peux pas lui rendre. Et je sais encore que je lui fais du mal en ne l’aimant pas jusqu’au bout. Peut-être pas assez. C’est ainsi. Et ça me rend malade. Mais pas assez. Bref. Pupute.
Re: IDA (dans la petite cour de l'USI)
J'aime bien, la description précise, les digressions, les sentiments exprimés.. J'ai juste du mal avec le dernier mot, que je ne comprends pas ...?
coline dé- Nombre de messages : 353
Age : 24
Date d'inscription : 24/12/2019
Re: IDA (dans la petite cour de l'USI)
…te v'là fille et internée maintenant ? Le voyage n'est pas terminé !
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