Avec 10 mots

Par un bizarre phénomène, du fond du tableau remonte une pellicule bleue, qui se craquelle en séchant. Il regarde le virage : solvants, couleurs, ce petit miracle qu’il ne dirige pas du tout.
Il y a quelques années il aurait cherché à tout reprendre, à bannir le hasard chimique, à revenir à son projet, mais là il le constate seulement. Il regarde ses mains pendant qu’il les nettoie avec soin mais sans succès, lève les yeux vers la grande verrière, orientée au nord, avec la merveille du jardin derrière, dépouillé dans le silence d’hiver. Sa fatigue baigne dans le blanc, il jette dans la poubelle les chiffons souillés. Sur la petite table constellée de taches, dans un coin de la pièce, l’attend le pain, la boîte de camembert entamée, le couteau. Sur l’étiquette on a représenté une vache, aux larges yeux tournés vers lui. Elle a une petite étincelle d’or sur le front. Il pense à la personne qui a fait cette image.

(petit exercice)

Pardon, j'en avais oublié un, ou plutôt il s'était dissous dans son idée...


Par un bizarre phénomène, du fond du tableau remonte une pellicule bleue, comme un vernis qui se craquelle en séchant. Il regarde le virage : solvants, couleurs, ce petit miracle qu’il ne dirige pas du tout.
Il y a quelques années il aurait cherché à tout reprendre, à bannir le hasard chimique, à revenir à son projet, mais là il le constate seulement. Il regarde ses mains pendant qu’il les nettoie avec soin mais sans succès, lève les yeux vers la grande verrière, orientée au nord, avec la merveille du jardin derrière, dépouillé dans le silence d’hiver. Sa fatigue baigne dans le blanc, il jette dans la poubelle les chiffons souillés. Sur la petite table constellée de taches, dans un coin de la pièce, l’attend le pain, la boîte de camembert entamée, le couteau. Sur l’étiquette on a représenté une vache, aux larges yeux tournés vers lui. Elle a une petite étincelle d’or sur le front. Il pense à la personne qui a fait cette image.

Magnifique texte seyne

Très évocateur, très riche, très beau

Merci

mais là il le constate seulement. Il regarde ses mains pendant qu’il les nettoie avec soin mais sans succès, lève les yeux vers la grande verrière, orientée au nord, avec la merveille du jardin derrière, dépouillé dans le silence d’hiver. Sa fatigue baigne dans le blanc, il jette dans la poubelle les chiffons souillés.

(j'ai adoré ça)

merci Jand. L'image qui m'est venue en écrivant ce texte c'est l'atelier de Suzanne Valadon, qu'on peut visiter dans le Musée de Montmartre, que j'aime beaucoup. C'est là que j'ai appris que la verrière des ateliers de peintres est orientée au nord pour une lumière plus égale, plus diffuse.

Je ne sais pas bien par quel mécanismes, peut-être une sorte de découragement ou d'attente de l'après, je n'ai presque rien écrit depuis le début du confinement. Une sorte d'"à quoi bon ?" un peu visqueux.
Alors me voir proposer ces dix mots : Étincelle, virage, silence, vernis, miracle, poubelle, caprice, bannir, merveille, camembert a réveillé quelque chose de vivant et de léger, un jeu qui vous oblige, et du coup vous délivre de la question : "est-ce que j'ai quelque chose à dire ?".
Et ce texte parle bien de ça, mais je ne l'ai vu qu'à la fin..

les dix mots de "englouti" étaient :
Kekchose
-oligarchie
-ursaff-
lysopaïne
-madeleine
-tellurique
-providence
-wouaf
-lubrifiant
-terrien
je viens de me rendre compte que j'ai oublié "oligarchie", mais il fera très bien comme titre du poème.

Bravo Claire, les mots s'intègrent bien au poème, pourtant c'était pas facile.

Ma version.


kekchose était là devant moi kekchose ne disait rien
mais je sentais sa présence comme madeleine rappelle marcel
kekchose avait du poil sous les bras le menton bas et l’air terrien
une bouche énorme un nez cassé les yeux bleu ciel

il faudrait mettre du lubrifiant sur les mots pour qu’ils passent mieux
kekchose pensait amour et moi je pensais ursaff
pensais cotiz et feuilles mortes je pensais taff je pensais dieu
je pensais crac je pensais boum je pensais paf je pensais wouaf

kekchose parlait fort d’oligarchie de PIB et du GRAND CAPITAL
kekchose était tellement de gauche qu’elle en devenait imprudence
avec ses kickers rouges son sac-à-dos et son sourire brutal
et ses baumes contre le mal de lysopaÏne en cocaïne en état providence

kekchose rêvait communauté projet commun révolution
voyait des barricades un grand orage l’émotion tellurique
mais dans mes yeux à moi mes yeux droitards et sans passions
kekchose manquait j’avais peur de déborder ou de finir mystique

je pensais crac je pensais boum je pensais paf je pensais wouaf
je suis ce sale clébard
galeux
mal nourri

et qui sourit quand il a soif

Oups. Je parlais de "englouti" bien sûr. Pour ces dix mots j'avais écrit ceci:


j’ai fais virage soudain évité les grands axes de mon enfance
quand poursuivre était trivial me suis sorti de la poubelle
où j’avais pourtant jeté mon cœur et ce jusqu’à l’adolescence
quand on m’a trouvé beau quand j’ai provoqué l’étincelle
à partir de laquelle rapidement le feu de joie s’est embrasé
m’a brûlé vif moi traînant de merde en beauté de tripaille en merveille
j’ai écrit à mort sombré à mort sans me remettre des baisers
de ces caprices que sont l’amour la joie le shit et la bouteille
bien caché sous mon vernis j’ai protégé quelques couleurs
l’odeur du camembert le toucher d’une hanche et l’esprit d’une ordure
puis mêlant le tout créant ratures j’ai provoqué littérature
couché miracle devant moi du bout des doigts caressé la douleur
d’être génie dans un domaine et un puceau dans tout le reste
il m’a fallu bannir désir et tout éclat qui ne soit peste
danger de néant permanent déséquilibre et fin des temps
dans toute histoire ou tout poème être sali est important

et je me suis bâti malgré moi sur les ruines de l’instant
où j’ai découvert les mots la puanteur et puis les rives d’un printemps

que j’ai poursuivi sans plus attendre
jusqu’à la mort de l’âge tendre

le "génie" de cette liste c'est bien sûr de provoquer la capacité poétique à tout habiter, tout inviter dans le poème, à ne pas séparer ce qui serait "poétique" de ce qui ne le serait pas. Camembert et poubelle apportant la même intensité et beauté qu'étincelle ou silence. Rimbaud et Baudelaire ont été le grands initiateurs de cette vision, et des émotions bouleversantes qu'elle apporte.
J'ai essayé mais sans succès de partir dans cette voie, qui est peut-être ce qui m'importe le plus dans l'art, mais toi tu y arrives très bien...il faut dire que tu joues presque toujours dans cette cour-là.
Je me suis rabattue (ça s'est rabattu au fur et à mesure ) dans mon propre terrain connu : ne pas hiérarchiser les images, "regarder" l'esprit d'un autre à travers ce qu'il a produit, donner du champ au hasard et à l'immobilité.

L'autre série de 10 mots, dont pas mal d'abstractions et d'administratif commande plus l'imaginaire je trouve, vers des choses plus convenues : "ah c'est pas beau, c'est méchant les chiffres et l'administratif" ( et j'y plonge sans grande originalité) mais tu t'en empares, tu les revendiques dans la dérision, c'est remarquable.

Merci seyne... Du coup serais-tu prête à tenter l'exercice proposé par mon meilleur ami.

A savoir:

"Mort morte mortelle mortel
Morts mortes mortelles mortels
Immortel immortelle"

... sachant qu'il ne faut utiliser qu'une fois chaque mot. Moi, perso, je me suis éclaté, mais j'en ai eu pour trois heures.

Ok, ça marche...!
on peut même inviter les nombreux participants de ce forum à jouer aussi à Halloween.

Bonjour

seyne a écrit:on peut même inviter les nombreux participants de ce forum à jouer aussi à Halloween

Nombreux... humour ?
Haloween m'énerve un peu beaucoup, pas cette année
Je parcours le forum quasi chaque jour
Là, stop sur ce sujet, et malgré ces temps mortifères et mon optimisme naturel, l'envie de m'y essayer
Je vous préviens : c'est nul

Morte ou mort, mortels, donc. Naturel : c’est mortel
Morts et mortes aux nues, mortelles elles aussi
Immortel, moi ? Pas plus que toi, mortelle fleur immortelle

Mes excuses :-)

Non, pas d'excuse, j'aime beaucoup. Simplicité doucement voilée de mélancolie, un peu de mystère, et le rythme...bon, il faut que je cherche.

C'est pas facile du tout comme exercie, mais je trouve que ça ouvre une porte... J'aurais jamais pensé avoir dix mots comme ça

Se forcer pour tout. Voilà ce qu'était devenue sa vie. Se forcer à se lever le matin alors que rien ne l'y obligeait, même pas la vessie du chien ou les batailles des pies volant, sur la terrasse, la nourriture destinée aux chats errants. Se forcer à manger, acheter, promener, regarder la télévision et, à la fin, pilule pour dormir. Pour qui? Pour quoi? Dire qu'on allait vers Noël.... En pente sûre. Et alors? Rien.
Une furie d'impuissance le traversa, monta une suée chaude à sa tête, se mit à bourdonner. Derrière ses paupières serrées, il vit soudain exploser, en un crépitement nostalgique, l'ancienne magie des cierges que Papa allumait sur le sapin juste avant d'éteindre la lumière. À bonne distance, sa soeur et lui, près de la mère et de la grand-mère, recueillis dans l'obscurité, regardaient les merveilles d'étincelles oranges, blanches, dorées. Après, il y avait toujours un petit moment de silence, suspendu lui aussi aux aiguilles. Puis, la lumière revenue, le père vérifiait soigneusement que rien n'avait brûlé alentour, recueillait les tiges noircies au bout des crochets de cuivre et les posait sur l'évier où elles trônaient quelques heures. Il fallait "Bien les laisser refroidir" et puis enfin venait l'autorisation de les mettre à la poubelle. Le miracle était fini pour un an.
Mais quelques jours encore, on restait hors du temps. Maman permettait qu'on applique, une fois, sur un doigt, juste pour voir, le vernis corail qu'elle avait reçu. Le lendemain, c'était la dinette chez les cousines, à neuf kilomètres, le petit doigt rouge levé, les caprices feints : "Ah non Madame, le café ne me réussit pas! Le gâteau au chocolat par contre...." Les tranches de l'invariable marbré que cuisinait la tante étaient somptueuses. Ça faisait combien? Quarante ans? Cinquante? Il rouvrit les yeux en sentant la vibration du smartphone dans la poche de sa veste. Les échos des petites voix du passé hurlant : "Camembert!" et trépignant d'allégresse s'estompaient. Le Trivial Pursuit devait encore être chez lui, sous la poussière d'un fond d'armoire, caché par la robe de deuil de la grand-mère, au col de broderie, qu'il n'avait pu se résoudre à jeter.
" "Ne pas hésiter à le bannir en cas de besoin." Le citoyen Donald Trump sera moins libre sur Twitter." Il referma le clapet du smartphone et décida que ce serait sa bonne nouvelle de la journée. Papa répétait: "Il faut se contenter des petits bonheurs simples du jour...." "Avance, bêta!" dit-il avec tendresse au grand chien qui l'observait patiemment, planté en travers du chemin. Le piaillement devenait assourdissant. Il leva la tête : sur le ciel grison de la fin d'après-midi, imperturbables, les oies avançaient, certaines de leur direction. Pas un virage. Pas un remords. Elles se relayaient en tête sans jamais fléchir. Il remercia leur V. "Eh bien, allons-y!" et au bout de la longue laisse, le chien, heureux, se remit à trotter à ses côtés.

Rapidement, entre deux "dossiers" (comme on dit) :

Un camembert dans l'hiver tout froid, décomposé sur une nappe resserrée, il gouverne ces jambes croisées, une puanteur dans l'air rosé, dans les jardins derrière, il fait froid. Les grands gaillards se rassemblent dans un rite vosgien, et les pièces draguent en silence le vent froid de dehors, hostile et mécontent. Une cloche sonne, c'est un virage, les énormes doigts sans vernis déposent des motifs amoureux avant que tout finisse à la poubelle. Dans le fond de ces ventres qui font un caprice de chaque merveille, le miracle des grandes histoires ne se montre jamais, on ne dit jamais rien des aventures des autres, au loin, dans la capitale, il faut bannir tous les rêves d'été.

Comme on est du côté prose et que je n'ai pas poétiser sur les 10 mots, voilà ma participation réalisée en 5 mn chrono. Je n'ai pas vérifié si un certain nombre de caractères était imposé, recommandé, indispensable...etc.

Wouaf ! c’est kekchose ce lubrifiant pour les cordes vocales, encore mieux que la lysopaïne. Quand les terriens réaliseront que leur madeleine a filé chez Proust, ils n’auront jamais assez de voix pour maudire la providence. Même l’urssaff ne pourra plus ponctionner ce que l’oligarchie réclame à cors et à cris depuis cette fameuse secousse tellurique, inimaginable, qui nous a pourtant tous laissé cois.

Bonjour à tous ! merci Seyne de m'avoir fait sortir de ma grotte. Hihi

Bon, j'ai un peu l'impression d'arriver comme un chien dans un jeu de quille, Seyne-Claire et Yoni-Woolf me donnent l'impression que ce sujet fait suite à un autre que je n'ai pas envie de chercher...

Coucou Jand ! ravie de te croiser.
Télémac aussi (ravie de vous croiser), comme vous(toi) je passe silencieuse, tous les jours, la foule m'effraie....le confinement m'est imposé alors je passe sans me connecter. Je penserai à toi, à mon prochain clic anonyme.

Et dites moi sur quels 10 mots, il faut/fallait/faudra écrire, ce jeu me plait.
(surtout s'il n'a pas besoin de se "mettre à la une" et de créer son propre fil, oui, oui, je suis timide. Hahaha)

Pour éclaircie, voici dix mots:

noisetier
éphémère
laudanum
inégales
tranchant
plavon (plan, en argot)
ostinato
baffré
fredonne
matrice

à toi de jouer !

Merci Yoni. Une précision : dans le genre que l'on veut, prose, poésie ?
Je prends la liste et reviendrai....peut-être, si l'inspiration vient.
Bonne continuation, vous tous.

Le genre que tu veux, proses, vers libres, formes fixes, peu importe. Du coup je viens de me plier à mon propre exercice: voilà ce que ça donne:

noisetier
éphémère
laudanum
inégales
tranchant
plavon (plan, en argot)
ostinato
baffré
fredonne
matrice

de ton corps menu délicat osseux je me suis baffré
j’ai bouffé ton cœur puis chialé sous l’aurore navrée
dans l’ostinato des jours passant ai senti le tranchant
d’un soleil assassin malheureux déchu et méchant
le plavon c’était te dévorer pour que tu restes encore
un peu avec moi dehors les noisetiers rouges étaient morts
les bancs étaient morts morts les oiseaux les cailloux pourrissaient
même le ciel devenait éphémère incertain et dans l’ombre naissaient
des couleurs inégales des poèmes sans forces
des haïkus-laudanum poésies défoncées des esprits sans écorce
et quelque part en moi entre mes côtes planqué dans ma matrice
c’est artaud qui fredonne à fleur de peau des chansons-cicatrices

j’ai mangé ton bonheur ta chair ton espoir
et pourtant je me sens toujours aussi mal
j’attends la fin la toute fin j’attends le soir
pour te digérer mieux chérie mienne ô petit animal

noisetier arbre à la noix
éphémère effet de la mer
laudanum opium diarrhéiques
inégales scarpote ta mère
tranchant champ de fraises pour toujours( Beatles )
plavon (plan, en argot) plan pour du savon avant l'acte
ostinato bégaiement mu mu mu mu sical (aux mains
baffré trop la panse
fredonne revenir bredouille
matrice moule de bouchot

obi a écrit:
                                               

         
               Se forcer pour tout. Voilà ce qu'était devenue sa vie. Se forcer à se lever le matin alors que rien ne l'y obligeait, même pas la vessie du chien ou les batailles des pies volant, sur la terrasse, la nourriture destinée aux chats errants. Se forcer à manger, acheter, promener, regarder la télévision et, à la fin, pilule pour dormir. Pour qui? Pour quoi? Dire qu'on allait vers Noël.... En pente sûre. Et alors? Rien......
               

impeccable : j'en ai complètement oublié les mots tant j'étais saisie par le récit, et par ce qu'il dit de nos soutiens, intérieurs et extérieurs : souvenirs, nouveauté toujours répétée du monde, face à la tristesse, au vide.

Éclaircie a écrit:Bon, j'ai un peu l'impression d'arriver comme un chien dans un jeu de quille, Seyne-Claire et Yoni-Woolf me donnent l'impression que ce sujet fait suite à un autre que je n'ai pas envie de chercher...

..non, en fait le jeu des dix mots Yoni l'avait commencé sur un autre forum, et moi je l'ai transporté ici.

Ok, je crois que je commence un peu à comprendre. Vous n'êtes pas facile à suivre car un peu bordélique, je trouve. Ainsi quels étaient les mots qu'Obi devait utiliser ? Si vous ne donnez pas clairement les éléments comment je donne mon avis, ce que j'aime avant tout faire.
Du coup ça m'a coupé l'inspir' d'autant que personne n'a réagi sur mon essai de "kekchose".
Bon, un moment de grande solitude m'entraine agacement, désolée, m'en vais dormir.
Bisous
(c'est quoi votre forum ?)

Excusez mon emportement relatif, je me suis sentie vraiment nulle de ne rien comprendre, avouez que c'est inconfortable.
Donc, Yoni me donne les mots suivants :
noisetier
éphémère
laudanum
inégales
tranchant
plavon (plan, en argot)
ostinato
baffré
fredonne
matrice
(comment sont-ils choisis ? par qui ?)

Je vous réponds :

Après avoir baffré tout mon laudanum, un bien être très éphémère m’a amenée au plavon suivant : mettre au point ce foutu ostinato qui du tranchant de mon cerveau éclaté en deux parties inégales ramènera dans la matrice du noisetier  l’embryon à demi moisi par le chant tantrique que je fredonne depuis le premier jour de ma transformation. Mais où est le numéro de téléphone du H.P le plus proche ? Sous l’emprise du virus de la peste bubonique à ma porte.

Si je pique les mots suivants, (ils me plaisent bien) :

Mort morte mortelle mortel
Morts mortes mortelles mortels
Immortel immortelle"

Je vous réponds :

Ne dérogeons pas à la redondance de la mort mortelle ; pas de  l’immortelle fleur, terme bien trop commun pour le commun des mortels. Ce lieu où l’Immortel rejoint les morts dans cette danse macabre tuant le mortel ennui pour les hommes d’être partis pour rien après la morte saison.
Quand les mortelles amours ne sont plus que cendre et que les allitérations, loin d’être lettres mortes ne sont plus que réminiscence de ma morte raison.

Si ça vous dis, dites moi si vous trouvez que je suis dans les clous, concernant les consignes(écrites nulles part, ici).

Pour Eclaircie:

Oui, j'avoue que c'est pas clair tout ça. Je t'explique:

Lors du premier confinement j'avais commencé cet exercice des 10 mots, ça a commencé sur facebook. En gros je demandais 10 mots à plusieurs de mes contacts et je me laissais 1h30 pour écrire un poème contenant ces dix mots. Les mots "kekchose etc" viennent donc d'une amie, les mots "camembert etc" viennent de mon ancien prof de français, et les variations sur "mortel" de mon meilleur ami. Quant aux "Noisetiers laudanum..." ils viennent de moi. L'idée c'est de s'entraîner à s'adapter à des mots imposés, donc à une contrainte qui, au final, permet de faire le lien entre des mots parfois difficiles à caser en poésie, et d'autres plus "évidents". Mais parfois la contrainte, eh bien ça libère ! en tout cas ça donne un cap. Quant à la forme, peu importe, tu es tout à fait libre d'utiliser celle que tu veux.
En tout cas je vois que tu t'es prise au jeu. Les noisetiers c'était pour toi, donc, et tu t'en es bien sortie, même si je préfère tes variations sur le mot "mort" (je l'adore cet exercice !).
Si vous voulez, vous pouvez basculer sur le côté poésie du forum, c'est vrai qu'à la base j'utilisais le vers. Au final, je pense que le but de tout ça c'est de faire en sorte que les mots imposés résonnent le plus naturellement possible au milieu d'un texte, qu'ils se fondent dans un tout.

Maintenant, si ça te botte, tu peux toi aussi proposer 10 mots. Après, j'enlève la règle des 1h30, ça c'était vraiment pour le "sport"... Car plus ça va, plus je prends l'écriture comme un muscle, qu'il faut entraîner régulièrement.

Voilà pour les explications.

Au plaisir.

éclaircie te voila éclairée

bravo pour tes deux textes

Éclaircie a écrit:Télémac aussi (ravie de vous croiser), comme vous(toi) je passe silencieuse, tous les jours, la foule m'effraie....le confinement m'est imposé alors je passe sans me connecter

Bonjour silencieuse Eclaircie, pas mal "foulophobe" aussi, surtout ces derniers temps
Pas confiné, mais quand on lit et voit ce qui se passe partout, le niveau de crainte monte, monte...

Seyne a écrit:Non, pas d'excuse, j'aime beaucoup. Simplicité doucement voilée de mélancolie, un peu de mystère, et le rythme...

Bonjour Seyne, et merci infiniment de ce retour (une première! j'en frissonne)

Bien envie de m'essayer, du coup, à:

noisetier
éphémère
laudanum
inégales
tranchant
plavon (plan, en argot)
ostinato
baffré
fredonne
matrice

Mais d'abord : trouver un dico pour ostinato, haha!

Éclaircie a écrit:Après avoir baffré tout mon laudanum, un bien être très éphémère m’a amenée au plavon suivant : mettre au point ce foutu ostinato qui du tranchant de mon cerveau éclaté en deux parties inégales ramènera dans la matrice du noisetier  l’embryon à demi moisi par le chant tantrique que je fredonne depuis le premier jour de ma transformation. Mais où est le numéro de téléphone du H.P le plus proche ? Sous l’emprise du virus de la peste bubonique à ma porte.

Aïe aïe, je n'aurais pas du lire ce morceau d'anthologie avant de m'y mettre!
La barre est haute

Yoni Wolf a écrit:noisetier
éphémère
laudanum
inégales
tranchant
plavon
ostinato
baffré
fredonne
matrice

J'y vais quand même:

Lancinant ostinato de ta matrice tant prisonnier, si ton plavon est de perturber mes inégales fantaisies dopées au laudanum, méfie-toi d'un final tranchant : l’orchestre éphémère aura bientôt baffré assez de fausses notes pour que ne fredonne plus le vent dans les branches du noisetier de Byzance

Hahaha, télémac, la barre est haute mais vraiment pas assez pour que tu trébuches !
Je suis épatée
1 de ta rapidité à créer, si, si, (même si je ne sais pas quand tu as commencé à plancher, de toute façon, pas avant hier 3 heures et quelques...(mon esprit matheux, foireux, me fatigue) ou pas avant le vendredi 13 (ah ! la chance) 6h15 GMT
2 du résultat, bluffant et qui m'enchante
3 de constater que tu te connectes en catimini....lol....ça me dépasse...je suis basique. Si je suis là, je le fais savoir et on me voit, c'est important la visibilité pour le moral, sinon, c'est vrai, je suis voyeuse, mais sans vergogne, surtout ici, sur un (pardonnez l'expression) site moribond que quelques uns maintiennent (de belle manière) en vie.

Voilà pour l'épate ...
Sinon, j'avoue que j'aime beaucoup les "gens" d'un autre continent, les seuls que je croise en direct aux heures où je viens. Les noctambules aussi, j'aime, mais ils sont moins constants dans leurs visites (je me connecte juste pour commenter, participer dans un sujet, je fuis désormais  le couloir "conversations". et je ne suis pas non plus Constance, rire !)

(et désolée, je fréquente un site (oniris) où l'on peut corriger ses coquilles après envoi. Donc, ici, j'ai tendance à cliquer sur envoyer et relire ensuite)
(là j'ai prévisualisé 3 fois, les fautes qui restent sont la preuve que le diable existe)

Merci Yoni, de me rassurer, je ne perds pas la raison, c'est vous qui êtes bordéliques +++.
Z'avez pas eu l'idée de transposer votre exo dans le chapitre de ce forum intitulé exo ?
avec explications, exemples et invitations aux nombreux (sic) gentils VE qui sont avides de ce genre de gâterie ?
Z'avez fait fort, tout de même on est 6 sur le sujet,  restent  les 2508 véliens, que l'on attend encore.

Oh, pardonnez moi, si c'est possible, je suis en phase un peu acerbe.

Quant à proposer dis-mots, pas encore assez sûre de moi, mais j'y travaille et attends tous les vôtres (enfin la liste de tous les vôtres), je ne suis pas facebook, ni aucun réseaussos déclaré comme tel, juste vélienne et onirienne. (VE etOniris sont mes deux seuls sites fréquentés, si vous en connaissez d'autres sympa, je prends les noms et adresses.)
Bise à tous, de loin on peut, (et je suis en manque, oh ...)

oh plavon je me meurs d’amour
est-ce d’avoir trop baffré
que nenni c’est ostinato mon ennemi
comment qu’ouïe-je
ce gredin ce chenapan ce godelureau
oui ok c’est vrai, mais quel laudanum il a
je me disais aussi, un énergumène qui fredonne
en effet c’est son péché mignon
alors vous voila sous son tranchant
je le crains
dans ce cas je vous renvoie aux inégales
ah mais vous êtes trop cruel
je sais, ma mère et sa matrice m’a contaminé
pourtant tout est éphémère
alors en gage je vous réincarne en noisetier tortueux

fin du premier acte

Éclaircie a écrit:Hahaha, télémac, la barre est haute mais vraiment pas assez pour que tu trébuches !
Je suis épatée
1 de ta rapidité à créer, si, si, (même si je ne sais pas quand tu as commencé à plancher, de toute façon, pas avant hier 3 heures et quelques...(mon esprit matheux, foireux, me fatigue) ou pas avant le vendredi 13 (ah  ! la chance) 6h15 GMT
2 du résultat, bluffant et qui m'enchante
3 de constater que tu te connectes en catimini....lol....ça me dépasse...je suis basique. Si je suis là, je le fais savoir et on me voit, c'est important la visibilité pour le moral

Voilà pour l'épate ...

Bonjour Eclaircie épatée
Me voilà scotché par ta réaction
Comme une vague idée que tu en rajoute, mais non, je vais croire à ta sincérité, pas de raison, et du coup, ça me booste un max cette affaire!
Merci rien que pour ça

Je viens de regarder mon compte, et j'ai vu qu'il y avait une case à cocher (ou décocher) je sais plus, pour être vu ou pas vu, donc désormais me voila visible, de jour comme de nuit et vice-versa

Pour dire vrai j'ai mis 1/2h pour pondre, gestation hyper-rapide, vrai, mais moi pas aimer les choses qui trainent en longueur, genre feuilletons, séries, et tutti

Merci encore pour ton avis
Je me sens hyper-bien!

Éclaircie a écrit:Wouaf ! c’est kekchose ce lubrifiant pour les cordes vocales, encore mieux que la lysopaïne. Quand les terriens réaliseront que leur madeleine a filé chez Proust, ils n’auront jamais assez de voix pour maudire la providence. Même l’urssaff ne pourra plus ponctionner ce que l’oligarchie réclame à cors et à cris depuis cette fameuse secousse tellurique, inimaginable, qui nous a pourtant tous laissé cois.

Oh je n'avais pas pris le temps de lire ceci, ça défrise, une jolie et drôle réussite avec ces mots si disparates qu'on n'imagine difficilement pouvoir les relier. Et pourtant, le résultat prouve le contraire de très belle façon

So-Back a écrit:noisetier     arbre à la noix                                    
éphémère   effet de la mer
laudanum    opium diarrhéiques
inégales      scarpote ta mère
tranchant    champ de fraises pour toujours( Beatles )
plavon (plan, en argot)  plan pour du savon avant l'acte
ostinato   bégaiement mu mu mu mu sical (aux mains
baffré     trop la panse
fredonne  revenir bredouille
matrice    moule de bouchot

Là... je reste coi... pas vraiment compris
En fait, pour être honnête : rien capté du message, s'il y en a un
Désolé

Yoni Wolf a écrit:de ton corps menu délicat osseux je me suis baffré
j’ai bouffé ton cœur puis chialé sous l’aurore navrée
dans l’ostinato des jours passant ai senti le tranchant
d’un soleil assassin malheureux déchu et méchant
le plavon c’était te dévorer pour que tu restes encore
un peu avec moi dehors les noisetiers rouges étaient morts
les bancs étaient morts morts les oiseaux les cailloux pourrissaient
même le ciel devenait éphémère incertain et dans l’ombre naissaient
des couleurs inégales des poèmes sans forces
des haïkus-laudanum poésies défoncées des esprits sans écorce
et quelque part en moi entre mes côtes planqué dans ma matrice
c’est artaud qui fredonne à fleur de peau des chansons-cicatrices

Beaucoup beaucoup apprécié
Délicat, déchirant, vrai

c'était une digression pour le fun

autrement t'as raté celui la

oh plavon je me meurs d’amour
est-ce d’avoir trop baffré
que nenni c’est ostinato mon ennemi
comment qu’ouïe-je
ce gredin ce chenapan ce godelureau
oui ok c’est vrai, mais quel laudanum il a
je me disais aussi, un énergumène qui fredonne
en effet c’est son péché mignon
alors vous voila sous son tranchant
je le crains
dans ce cas je vous renvoie aux inégales
ah mais vous êtes trop cruel
je sais, ma mère et sa matrice m’a contaminé
pourtant tout est éphémère
alors en gage je vous réincarne en noisetier tortueux

fin du premier acte

Bonsoir à tous.
ici en Europe en général et en France en particulier il est 22 h 45, encore 1h 15 et on sera demain et je pourrai dire : "Bonjour".

Pour Télémac, je suis toujours sincère dans mes outrances, vrai. Merci d'avoir modifié ton profil. En fait avant le tsunami, ici, sur VE, un inscrit habitant en Asie, se connectait "invisible". Ajoutez à cela que son cynisme et son acerbité (néologisme) n'avaient d'égal que son éloignement géographique, tu comprendras que j'ai vraiment eu peur que tu sois "lui" ressuscité. Car il m'a fait faire des cauchemars (pas vrai , je ne dors quasiment pas quand je viens sur internet). Sans séquelles : je ne me souviens plus de son pseudo, hahaha !

22 h 52 on est encore hier.

Et comme la modération n'est pas (encore) là pour nous rappeler que :
faut pas polluer (sic) les sujets par mille interventions successives
faut pas faire de "cité" des textes précédents (bon c'est pas tout à fait ça, mais allez voir, fouinez et vous verrez les termes exacts)
faut aller sur le fil des commentaires pour commenter (hahaha, j'me lâche, ok, j'suis rancunière)
donc
Me revoilà :

kekchose était là devant moi kekchose ne disait rien mais je sentais sa présence comme madeleine rappelle marcel kekchose avait du poil sous les bras le menton bas et l’air terrien une bouche énorme un nez cassé les yeux bleu ciel il faudrait mettre du lubrifiant sur les mots pour qu’ils passent mieux kekchose pensait amour et moi je pensais ursaff pensais cotiz et feuilles mortes je pensais taff je pensais dieu je pensais crac je pensais boum je pensais paf je pensais wouaf kekchose parlait fort d’oligarchie de PIB et du GRAND CAPITAL kekchose était tellement de gauche qu’elle en devenait imprudence avec ses kickers rouges son sac-à-dos et son sourire brutal et ses baumes contre le mal de lysopaÏne en cocaïne en état providence kekchose rêvait communauté projet commun révolution voyait des barricades un grand orage l’émotion tellurique mais dans mes yeux à moi mes yeux droitards et sans passions kekchose manquait j’avais peur de déborder ou de finir mystique je pensais crac je pensais boum je pensais paf je pensais wouaf je suis ce sale clébard galeux mal nourri et qui sourit quand il a soif a écrit:

Yoni :N'ai-je pas lu que chaque mot ne doit se trouver qu'une seule fais dans le texte ? et vraiment désolée d'avoir "ratatiné" ta participation, pas facile l'outil, à maîtriser.