Avec 10 mots

So-Back a écrit:oh plavon je me meurs d’amour
est-ce d’avoir trop baffré
que nenni c’est ostinato mon ennemi
comment qu’ouïe-je
ce gredin ce chenapan ce godelureau
oui ok c’est vrai, mais quel laudanum il a
je me disais aussi, un énergumène qui fredonne
en effet c’est son péché mignon
alors vous voila sous son tranchant
je le crains
dans ce cas je vous renvoie aux inégales
ah  mais  vous êtes trop cruel
je sais, ma mère et sa matrice m’a contaminé
pourtant tout est éphémère
alors en gage je vous réincarne en  noisetier tortueux

fin du premier acte

Fidèle à toi-même So' : à la fois hyper inventif mais hyper pas appliqué pour que le commun des mortels puisse te suivre avec un plaisir total.
"je sais, ma mère et sa matrice m’a contaminé " -> "m'ont contaminé, plutôt, sinon, j'adore l'image.
"alors en gage je vous réincarne en noisetier tortueux" -> je veux bien subir le gage, vrai ! d'autant qu'avec toi on ne sait jamais ce qui est la part du hasard et celle de l'intention consciente : il n'a pas d'arbuste (ou peu) moins tortueux que le noisetier, dont on fait les plus beaux tau*, en zone pastorale.
* voir le CNRTL : Tau : Bâton en forme de béquille ou de potence.
"oui ok c’est vrai, mais quel laudanum il a " -> je suis retournée voir la définition de laudanum, tu m'as fait douter, pourquoi pas plutôt "quel, laudanum il boit" .

Voili, voilà, voilou, merci du partage

télémac a écrit:
Je vous préviens : c'est nul

Morte ou mort, mortels, donc. Naturel : c’est mortel
Morts et mortes aux nues, mortelles elles aussi
Immortel, moi ? Pas plus que toi, mortelle fleur immortelle

Mes excuses :-)

Pour m'y être essayée, c'est vraiment pas simple de suivre si l'on a bien les 10 mots, tant ils sont proches,(ben oui, c'est le challenge)
Pour le lecteur, c'est (assez) fatigant de vérifier si les 10 mots sont bien tous là et une seule fois.

Vrai ! Télémac, c'est nul (que ce ne soit pas moi qui aie écrit ce texte)
Car si le texte n'est pas développé, il est (hormis le fait qu'il n'est qu'une seule allitération) plein de sens, de bon sens, avec ce qu'il faut (pour le format) d'inventivité, de poésie. Je regrette juste que tu n'aies pas employé le mot immortelle dans le sens " Plante (famille des Composées) représentée par plusieurs variétés (Hélichryse, Xéranthème, etc.) dont l'involucre, à bractées scarieuses, garde longtemps son éclat et son coloris vif (jaune d'or, grenat, blanc) (source CNRTL), ou que si c'était ton intention, je regrette le mot "fleur" dans ce texte, qui fait pléonasme.

Yoni Wolf a écrit:Le genre que tu veux, proses, vers libres, formes fixes, peu importe. Du coup je viens de me plier à mon propre exercice: voilà ce que ça donne:

noisetier
éphémère
laudanum
inégales
tranchant
plavon (plan, en argot)
ostinato
baffré
fredonne
matrice

de ton corps menu délicat osseux je me suis baffré
j’ai bouffé ton cœur puis chialé sous l’aurore navrée
dans l’ostinato des jours passant ai senti le tranchant
d’un soleil assassin malheureux déchu et méchant
le plavon c’était te dévorer pour que tu restes encore
un peu avec moi dehors les noisetiers rouges étaient morts
les bancs étaient morts morts les oiseaux les cailloux pourrissaient
même le ciel devenait éphémère incertain et dans l’ombre naissaient
des couleurs inégales des poèmes sans forces
des haïkus-laudanum poésies défoncées des esprits sans écorce
et quelque part en moi entre mes côtes planqué dans ma matrice
c’est artaud qui fredonne à fleur de peau des chansons-cicatrices

j’ai mangé ton bonheur ta chair ton espoir
et pourtant je me sens toujours aussi mal
j’attends la fin la toute fin j’attends le soir
pour te digérer mieux chérie mienne ô petit animal

Bluffant !
C'est ton style, on le reconnait si bien, c'est dans ton répertoire favori : violence et désir, amour et haine, outrances dans ces domaines.
Cependant, on peut regretter
le manque de ponctuation, ou la mise en page qui la remplacerait.
les rimes souvent incongrues dans un poème à la mesure aléatoire. Là, je ne les ai pas, d'abord, vues, occupée à chercher les 10 mots et leur logique dans le texte.
(je ne sais pas si c'est le genre de com qui peut t'intéresser, je crois que oui, je ne sais pas non plus si mon com est pertinent, je doute toujours. mais je n'avais pas envie de dire, seulement, "c'est bien, ça me plait".

Jand a écrit:Rapidement, entre deux "dossiers" (comme on dit) :

Un camembert dans l'hiver tout froid,
décomposé sur une nappe resserrée,
il gouverne ces jambes croisées, une puanteur dans l'air rosé,
dans les jardins derrière,
il fait froid.

Les grands gaillards se rassemblent dans un rite vosgien,
et les pièces draguent en silence le vent froid de dehors,
hostile et mécontent.

Une cloche sonne, c'est un virage, les énormes doigts sans vernis déposent des motifs amoureux avant que tout finisse à la poubelle.

Dans le fond de ces ventres qui font un caprice de chaque merveille,
le miracle des grandes histoires ne se montre jamais,
on ne dit jamais rien des aventures des autres,
au loin,
dans la capitale,
il faut bannir tous les rêves d'été.

je me suis permis une autre mise en page, excuse moi,
1 parce que je ne connais pas les 10 mots que je devais trouver
2 parce que le libre me plait encore plus que la prose
3 pour voir ce que ça donnait,sous une autre forme.

Je regrette un peu
les répétitions
le "il" dans "il gouverne ces jambes croisées", pas indispensable
le "et" dans "et les pièces draguent..." pas indispensable
enfin globalement
Bravo pour cette composition ; a-t-elle été réalisée en 1 h 30 ? quels étaient les mots proposés ?

Éclaircie a écrit: Je regrette juste que tu n'aies pas employé le mot immortelle dans le sens " Plante (famille des Composées) (.......) ou que si c'était ton intention, je regrette le mot "fleur" dans ce texte, qui fait pléonasme.

J'avais bien dit que c'était nul, haha!
Car précisément mon expression "mortelle fleur immortelle" faisait référence à cette fleur superbe et si durable qu'on la dirait faite en papier de soie, même au toucher, je l'adore
Donc pour moi dans ce cas "fleur immortelle" n'est pas un pléonasme
Mais mon effet est complètement raté
Snif

Bonjour Sahkti, j'espère que tout va bien pour toi. Peux-tu, si mes multiples interventions te choquent, ne pas m'en tenir rigueur : le sujet qui devrait se tenir en rubrique "exo" est très intéressant, mais ne peut pas être vivant sans de multiples passages de chacun.

À tous, on est demain dans ma ruelle (j'habite 38 ruelle du ....vrai) (0.07 gmt), je vous souhaite plein de tout ce que vous voulez.

À télémac, tu veux que je t'envoie un rameau de buis pour te flageller ? je n'ai pas parole d'évangile et pourquoi c'est toi le nul plutôt que moi qui ne sait pas lire... entre les deux, on doit trouver la vérité !

Éclaircie a écrit: je n'ai pas parole d'évangile et pourquoi c'est toi le nul plutôt que moi qui ne sait pas lire... entre les deux, on doit trouver la vérité !

Il n'y a jamais une seule vérité, chacun a la sienne
Pas de buis ni de nerf de boeuf, ça ira, merci, hihi
Amicalement

Amicalement et merci du partage, télémac.
J'attends tes dix mots, la vérité est toujours ailleurs.

Mes dix mots :

interloqué
skieur
colonisation
plume
clé
frelon
oreiller
front
miel
amoureuse

ce sont 10 mots issus d'un même poème de JC Barbé (sans son autorisation, il est décédé)

me v’la interloqué
la colonisation c’est du passé
oui mais sans passé point de présent
pas faux, mais faire son miel encore sur le sujet
on en fait jamais trop
c’est comme le front populaire, voyez vous
je ne vois pas le rapport
ben pourtant ce fût le début d’un progrès social
pour prendre la clé des champs au lieu de subir
toutes périodes fait l’histoire
alors quoi de neuf en ce moment
ah vous tombez bien je voue en cause
les frelons Asiatiques qui colonisent notre contrée
que l’on va bientôt en trouvé sur l’oreiller
ok mais en plume d’eiders
quel aparté
sinon what else pour parodier
nothing my dear
just le skieur est raide dingue d’une amoureuse mystique
interloqué again

Éclaircie a écrit:Mes dix mots :

interloqué
skieur
colonisation
plume
clé
frelon
oreiller
front
miel
amoureuse

Un frelon d’Asie par le miel d’Occident alléché
Fit une descente digne d’un skieur éprouvé
Vers une ruche de récente colonisation.
Las, les lieux étaient vides, hormis la Reine et un troufion.
Interloqué mais guère démonté, il fit front,
Dégomma le frêle soldat d’une adroite clé.
La Reine pesant une plume se trouva sitôt sur l’oreiller.
La morale retiendra qu’une Reine amoureuse
Engendra une ruche eurasienne fort heureuse.

So-Back a écrit:me v’la interloqué
la colonisation c’est du passé
oui mais sans passé point de présent
pas faux, mais faire son miel encore sur le sujet
on en fait jamais trop
c’est comme le front populaire, voyez vous
je ne vois pas le rapport
ben pourtant ce fût le début d’un progrès social
pour prendre la clé des champs au lieu de subir
toutes périodes fait l’histoire
alors quoi de neuf en ce moment
ah vous tombez bien je voue en cause
les frelons Asiatiques qui colonisent notre contrée
que l’on va bientôt en trouvé sur l’oreiller
ok mais en plume d’eiders
quel aparté
sinon what else pour parodier
nothing my dear
just le skieur est raide dingue d’une amoureuse mystique
interloqué again

Waouhh, So, je ne m'étale pas, je ne sais pas si tu apprécies mes com.
Avec un correcteur d'orthographe ce sera parfait, enfin, très à mon goût, merci.

télémac a écrit:

Éclaircie a écrit:Mes dix mots :

interloqué
skieur
colonisation
plume
clé
frelon
oreiller
front
miel
amoureuse

Un frelon d’Asie par le miel d’Occident alléché
Fit une descente digne d’un skieur éprouvé
Vers une ruche de récente colonisation.
Las, les lieux étaient vides, hormis la Reine et un troufion.
Interloqué mais guère démonté, il fit front,
Dégomma le frêle soldat d’une adroite clé.
La Reine pesant une plume se trouva sitôt sur l’oreiller.
La morale retiendra qu’une Reine amoureuse
Engendra une ruche eurasienne fort heureuse.

Euh ... en poésie, tu es doué, non, plutôt "classisant", sans doute, mais vraiment doué, surtout en 30 mn chrono (j'ai même pas eu le temps de dormir, hahaha). et tu connais tes classiques, en plus. Bon, je ne vais pas oser poser mes pattes de mouche ou plutôt de frelon, moi. Hahahaha. je n'ai rien écrit, mais le ferai sans doute un jour, qui sait ?
Bonne promenade ! (ou bon travail, ou tout autre, bref, bonne sortie)

j'apprécie tes commentaires
quel correcteur me conseille tu

télémac , bien vu tes frelons asiatiques , mais j'ai un piège qui fonctionne

le mieux, c'est un ami doué en grammaire et orthographe, mais c'est dur à trouver, parfois. Sinon, je ne sais pas, je trouve celui de Word de mieux en mieux.

j'ai word , mais pour l'inattention il ne sert à rien

Le ciel et la terre ne sont pas humains :
                                ils traitent tous les êtres comme chiens de paille.

                                                                              Tao tö king V, Lao Tseu



               Depuis l'avant-veille, au fond du jardin, à l'écart de ses camarades, il restait debout, la face tournée vers les gouttes grondant sur le ciel. Tchen regardait tomber l'eau de la cascade.

                Partie se marier dans une autre contrée, Mei lui avait dit adieu voilà trois jours.

                 Il avait supplié, pleuré, s'était révolté. Elle avait bravement souri au destin, séché les larmes de son ami. Tout n'était plus que fracas. Tchen regardait l'eau de la source infinie, attendant son chemin vers mourir.
                 Le maître vint le trouver au fond du jardin et, sans hausser la voix, parla pour consoler son disciple préféré. Les gouttes arrêtèrent leur chute:

         "Mortels sont les chemins solitaires,
           Mortelles les heures de chaque vie à porter.
           Seuls les morts sont heureux qui ont tout oublié de leurs amours mortes.
           Immortel espoir, ridicule folie qu'abrite tout mortel dans son âme immortelle!
           Cesse de trembler.  
          Vois-tu pas que nous habitons la mort
           puisque chaque vie est mortelle, presque morte déjà?"

Le maître tendit son bras; l'eau tomba dans sa paume. Alors Tchen trouva la force de retourner vers le monde.

Cette fois encore, la contrainte, ces mots obligés, se dissout parfaitement dans le récit. Mais là, les mots étaient si chargés d'un sens univoque que tu opères une sorte de retournement : de la mort ressurgit la vie, l'art de poursuivre sa vie.

Je trouve aussi que l'idée de faire parler ce "maître", comme un oracle, permet de tirer parti du côté récitatif, obsédant, et la puissance poétique des mots proposés.

je me dis que c'est un des thèmes qui reviennent sans cesse dans tes textes : l'art de poursuivre (ou non ) sa vie.

Bonsoir à tous


Je n'aurais pas dû lire la participation d'Obi avec ces 10 mots, maintenant j'ai honte de ces facilités charcutières!
Tant pis, les voici

Est-elle morte, Adèle? Ou immortelle?
Trop bouffer de porc, à son corps défendant, une mortelle habitude? Pas pour elle! fini pour elle: à mort les régimes!
Morts, les diktats diététiques!
Mortes, les décisions cliniques!
Dans l'ennui mortel des motels, Adèle se goinfre et s'empiffre. Relit l'immortel Pantagruel. Reprend du chorizo, juste pour l'exotisme.
Oyez, oyez, ô quidams faméliques, oyez, chirurgienquisiteurs, oyez, mortelles et mortels, l'immonde Adèle jouit et s'exprime, et prend la vie par le gras du bide.

eh non, il ne faut pas avoir honte, le plaisir du jeu c'est aussi que rien ne se ressemble !
et "prendre la vie par le gras du bide", quelle magnifique trouvaille ! je crois que je le réutiliserai à l'occasion, quand je voudrai estomaquer mes interlocuteurs.

Merci à tous,
J'ai aimé la délicatesse du Nord de seyne dans le bleu et par contraste le rouge/rosé chaleureux du rite vosgien de Jand sur fond d'hiver froid: ça fait rêver pas de l'été mais d'un poêle chaud au milieu d'une pièce.
yoni réalise des tours de force avec une écriture percutante. Parfois le trop de violence et l'argot font que certains textes me rebutent mais j'y trouve des merveilles comme les chansons -cicatrices d'Artaud.
J'avoue avoir souvent du mal à suivre so-back parce que ça explose dans tous les sens.
Mention spéciale et remerciement à Polixène pour "morte Adèle" !!, l'"ennui mortel des motels" très évocateur
et à éclaircie dont le "lubrifiant pour cordes vocales, mieux que la lysopaïne" nous ramène (pour partie) à notre exercice: lubrifier notre machine à dire ou à écrire.

Bonne journée à vous

obi: Waw... j'avais pas vu passer ta version des "mortes etc"... C'est hyper intéressant de l'avoir intégré dans un récit, et d'avoir trouvé cette voix de sage presque prophétique. Bravo. De toute façon, je remercie mon meilleur ami de m'avoir proposé cette déclinaison autour des "morts etc". En tout cas j'ai l'impression, en relisant vos textes, que cet exercice inspire. Comme quoi: les contraintes libèrent, c'est difficile de sortir un poème comme ça, ex nihilo.

Moi je l'aime bien ce côté bordélique, ça crée de la vie, non?

allez, dix mots, mais faciles, en multi-syllabiques, un peu comme dans le rap

hérité
méritait
désirée
éviter
étirais
dériver
des idées (ça compte pour un mot, petite variante !)
très ridée (itou)
médisait
saisissais

Bonjour à tous
Les exercices et les bavardages, ce n'est pas ici, désolée de jouer les rabat-joies (mais y a une personne qui m'attendait hein) :-)
J'ai donc transféré le fil dans la partie "Exercices".

Sinon, le fil dédié à la discussion pour les bavardages est ici :
https://vosecrits.1fr1.net/t14138-discussions-autour-de-nos-textes

Merci beaucoup.

Je vais te dire, Sahkti. Les petites cases et les nominations ont des effets parfois délétères : nommer un texte "exercice" rogne ses ailes, en tout cas pour moi. L'idée c'était d'écrire des "vrais" textes, favorisés par le défi parfois étonnant d'une contrainte. Et - on en a souvent parlé - séparer les commentaires des textes eux-mêmes est une pratique qui stérilise les échanges. Enfin la séparation prose/poésie, elle est si nuancée (depuis Baudelaire) qu'elle ne peut à mon sens se régler par des classements.

Mais bon, pour une fois que quelque chose de la vie ressurgit ici, il y a quelqu'un qui vient interrompre le jeu dont la liberté l'inquiète, la rend jalouse, qui prétend dire comment il faut faire et contraindre les autres à son mode de fonctionnement.
Comme la personne a le règlement pour elle, tu ne pouvais que la suivre, même si le résultat risque fort d'être un nouveau marasme. En tout cas tu as fait ton choix.

au cas où il y aurait un doute, je parlais d'Eclaircie, dont la façon de faire irruption dans le jeu et de vouloir tout réorganiser en se plaignant abondamment m'a bien agacée...le voir relégué dans la case "exercices", qui n'a que peu d'attrait pour les rares participants actuels, c'était le dernier clou sur le cercueil.
Les règles de VE sont adaptées quand il y a beaucoup de monde, certaines deviennent inutiles voire contre-productives quand on est si peu nombreux. Il me semblait que tu laissais faire parce que tu ressentais cela aussi.
Quant à Oniris, c'est le forum d'écriture le plus ringard, prétentieux et rigide que je connaisse. Ce qui attire les gens c'est le nombre je pense, et la certitude d'être abondamment commenté.

Seyne, aucun souci, d'autant plus que je partage pleinement ton impression.
Je redéplace en poésie.

Merci beaucoup Sahkti.

hérité
méritait
désirée
éviter
étirais
dériver
des idées (ça compte pour un mot, petite variante !)
très ridée (itou)
médisait
saisissais

*

j'ai hérité de mes ires et de mes délires d'une pensée qui médisait
puis j'ai viré traumatisé folie était kom désirée j'm'imaginais
si abimé passant soirées à dériver seul dans le jardin de mes idées
m'étirais jusqu'à la cassure corps épuisé né de mes nuits si agitées
que je mordais dans oreiller puis saisissais les bords du lit attiré
soudain par une gravité nouvelle par une lune très ridée
fatiguée la lune et dépitée une lune qui méritait de résister
à soleil d'or mon corps se meurt mon cœur soudain a chaviré

c'est intéressant de voir comment les images de la nature se lèvent à la fin du poème, comme on sort d'un lit d'insomnie, on regarde dehors.

mot d'automne




ce mot que j’emploie est hérité
du temps passé
des choses si souvent redites
s’il a duré c’est qu’il le méritait
touchant d’un doigt la réalité
désirée, la prenant dans sa petite pogne

aussi servant à l’éviter.

comme une bulle autour d’elle je l’étirais
parfois et puis le laissais dériver
jusqu’au marais des idées
où il s’échouait dans les roselières

et là
il reste en attente
vieille pomme très ridée
qui continue à concentrer son sucre.
tout ce qui en lui médisait
se dépose dans la vase

seul reste ce qu’il saisissait
chaque fois que je l’employais
dans mon enfance.

des idées en pagaille, afin d’éviter de subir
sinon très ridée, la face deviendra
cela méritait bien un petit couplet

s’étirait en situation
Désirée le faisait
elle ne méritait point d’être très ridée
même si elle médisait
car en vérité elle s’est tirée des rives et
depuis plus personne ne sait
où elle à posé ses valises

voila un concentré sur la façon de dériver

Je n'écris pas en poésie . Aussi je crains fort que ce soit ma dernière participation...


               Trop vieille et malade pour marcher encore, Mémé passait ses jours près de la fenêtre, médisait sur tous, toutes et sa vie qui n'était plus autrefois. Elle soupirait. "Ton père méritait mieux que ça!" Elle te disait qu'il fallait surtout éviter de le contredire : "Il travaille tant.... Il travaille beaucoup trop....". Il n'avait pas hérité lui!  " Pas comme le Félix Graulot! Regarde-le qui pavane devant la boucherie!"
               Et puis la très ridée s'assoupissait, laissait dériver des idées qui pansaient. Blotti à ses pieds, tu étirais, avec les franges de la couverture, un petit sourire contre ses genoux. Parrain viendrait peut-être te chercher pour la foire de Lessay.... Tu te souviens? Tu saisissais la main gonflée aux articulations déformées où tu te rêvais un tout autre futur. Tu te souviens? Elle s'appelait Désirée.

Ce fil était mixte au départ mais si cela te gêne, rien n'empêche d'en créer un autre au rayon prose, ce serait vraiment bien que tu continues, tes textes sont remarquables.
Là, ce qui est beau, c'est le glissement du regard sur cette vieille femme. Le début du portrait fait penser au regard critique d'un adulte, mais ensuite apparaît l'enfant et son vécu très différent des vieillards. Créatures tutélaires un peu étranges, dont il ne perçoit pas vraiment le vieillissement, le déclin. Plutôt comme ayant été toujours ainsi, bizarres, anciens et protecteurs.

Merci seyne,

J'ai mis du temps à trouver ce qui m'empêchait d'apprécier ton texte à sa juste valeur. Je ressentais un brouillage à la lecture . Le sens restait flottant, incertain. Parfois c'est bien le flou mais là, je trouve que le titre, tel qu'il est, nuit à ton poème .
Le sens me paraît plus vaste si tu mets simplement "Automne" en titre et " le mot" à la place de " ce mot" pour débuter. Sinon on se torture le cerveau pour se demander s'il s'agit du mot "automne" ou d'un autre mot et du coup on loupe la portée du poème . Enfin moi je l'ai loupée les premières fois. J'ai eu l'impression d'avoir des montagnes à franchir avant de saisir un sens plus satisfaisant.
Maintenant, il se peut que je n'aie rien compris ;-)

y'a des idées dans vos textes

@ So-back : oui, ce qui est étonnant c'est en partant de ces mots, l'un après l'autre, de voir naître des images, et des idées avec elles. Toi, comment fais-tu avec les idées et les images ?

@ obi : tu as tout à fait raison, je vais corriger. Je ne suis pas surprise que le lecteur soit un peu perdu car je l'étais en écrivant, comme un jeu de piste avec des indices (j'ai suivi l'ordre). C'est très différent d'écrire en partant d'un thème prévu ou d'une idée, pourtant quelque chose émerge, prend sens.

seyne

des mots me viennent ou une idée , l'actualité aussi , la lecture , en me baladant, l'observation des gens , le regard sur les choses sur le temps sur l'âge sur l'absurdité, sur l'humour ect

Obi.
Tu n'ecris pas en poésie. Dis tu.
Mais quel que soit le texte sur lequel je tombe, je nagedans un flot/flow poétique . Est-ce tabou pour toi que ce mot poésie? Un ancien traumatisme ressurgirait dès que tu le prononces, paf, comme une vieille fatalité que tu aurais appris à contourner?
Et si tu ten fichais des etiquettes sur les boites?Je dis ,moi, que tu es cris... de la proésie