Je porterai un masque

Je porterai un masque, un gant,
Ouvrirai un grand sac poubelle
Y jetterai mes pensées d’elle
Au risque d’être inélégant

Je la quitterai sur-le-champ
Partirai loin à tire-d’aile
Oublierai qu’elle a été belle
Et que c’était moi le méchant

Excusez-moi mais le temps passe
La jeunesse a laissé sa place
Au déclin qui nous fait fléchir

Arrêtons de prendre la pose
J’irai chercher sans réfléchir
Quelqu’une d’autre et autre chose.


01 mai 2021

Quelle élégance ce sonnet parfait qui chante dans le monde d'aujourd'hui !

Spoiler:

Passons donc à votre 22ème poème proposé sur VE.

Un sonnet "atypique" en octosyllabes, donc. Atypique ? Plutôt moins courant que le sonnet en alexandrins.
Pas parfait au sens du "Sorgel", puisqu'il présente des hiatus là :
"Je porterai un", dans le premier vers
"qu'elle a été", au 7eme vers
"et autre" dans le dernier vers, dommage !
Ensuite le passage "fait fléchir" et son assonance est assez surprenante appliqué au "déclin".

Le dernier vers, en principe apothéose du sonnet est assez rude à déclamer, mais marquant.

Très moderne dans l'expression et le sujet, ce poème est intéressant.

gypoete a écrit:Au déclin qui nous fait fléchir

Un peu moins fan des sonorités de ce vers.

Un plaisir de lecture.

Ah! le déclin qui fait fléchir, a fait réfléchir ce personnage :-)
Sonnet atypique mais surtout par le thème : quitter la belle qui vous fait marcher. Faire rimer belle et poubelle est particulièrement audacieux, et me plaît. Pas de complaisance !

Seuls m'arrêtent les mots quelqu'une d'autre parfaitement conformes à l'orthographe
http://parler-francais.eklablog.com/elision-avec-les-composes-de-que-a3890042
mais bien que quelqu'un d'autre soit d'usage courant, ceux ci me heurtent.
Pourquoi ne pas essayer quelque autre belle, ou quelque autre amante ou quelque autre dame, les mots du vocabulaire courtois ne manquent pas.

je crois qu'il ne cherchait pas un vocabulaire courtois :-)

bien évidemment

Merci à tous et à toutes pour vos passages. Je vais réfléchir à retravailler le vers "déclin" et le vers "quelqu'une" qui ne font pas l'unanimité.

Par contre, je ne respecte pas intentionnellement la règle sur les hiatus. Elle interdit "j'ai été" mais elle autorise "j'aie été". Elle interdit "peu et peu" mais elle autorise "peu à peu". Elle interdit "je suis à Uri" mais elle autorise "je suis ahuri". Ce choix très personnel sur cette règle ne m'empêche pas d'apprécier ton très gentil message, Eclaircie, et le temps que tu as passé sur mon texte. Merci.

Gypoète.

Beau texte en effet. L'octosyllabe est (avec le déca 4+6) l'un des plus anciens vers du français et de la poésie normande (la beauté des lais de Marie). J'adore.

Indispensable de garder la notion de Le déclin.
Qui nous fléchit serait très fort. Mais pour loger tout cela dans 8 pieds bonjour la difficulté.
Avec une formulation
La jeunesse a laissé sa place
A ce déclin qui nous fléchit on s'approche peut-être mais cela n'est pas encore top car le Ce déclin n'est pas aussi fort que Le déclin en général qui donne une impression de fatum.

Quelle a été belle passe bien en français contemporain, ce genre de hiatus ne nous heurte plus (moins que l'allitération Fait Fléchir à mon sens).

Je me suis aussi arraché les cheveux sur Quelqu’une d’autre et autre chose. Dur dur. Je n'ai guère abouti qu'à
J’irai chercher sans réfléchir
Quelqu’une une autre et autre chose mais ce n'est pas terrible terrible...

Le Gypoète barbu trouvera sans doute la solution.

A l'écoute de vos commentaires constructifs qui se sont concentrés sur mes tercets, je les ai changés, très humblement.

Je porterai un masque

Je porterai un masque, un gant,
Ouvrirai un grand sac poubelle
Y jetterai mes pensées d’elle
Au risque d’être inélégant

Je la quitterai sur-le-champ
Partirai loin à tire-d’aile
Oublierai qu’elle a été belle
Et que c’était moi le méchant

La jeunesse a laissé sa place
A ces vieux qu’on voit dans la glace
Qui fait nos faces défraîchir

Il me faut fuir l’anamorphose
Vite il me faut sans réfléchir
Une autre femme ou autre chose.

5 mai 2021

Je suis passée voir, j'admire ta bonne volonté de tenir compte des remarques et de chercher à améliorer. De toute façon, les lecteurs ne seront pas d'accord "on ne peut pas contenter dieu et son père".

gypoete a écrit:
La jeunesse a laissé sa place
A ces vieux qu’on voit dans la glace
Qui fait nos faces défraîchir

Je vois que tu tiens à l'allitération en F (d'ailleurs mâtinée de contrepèterie qui fasse nos fesses défraîchir). Perso j'adorais le qui nous fléchit qui se faisait entendre (attendre) dans ta formulation initiale.

gypoete a écrit:Vite il me faut sans réfléchir
Une autre femme ou autre chose.

Ce n'est pas mal mais le autre chose pâlit la femme. J'attendrais une autre formule.

Il me faut fuir l’anamorphose
Vite il me faut sans réfléchir
Une autre femme, une autre glose. (humour)

Vite il me faut sans réfléchir
Une autre femme, une autre cause.

Il me faut fuir l’anamorphose
Vite il me faut sans réfléchir
Une autre femme, métamorphose.(mais bigre! un pied de trop résiste)

Merci teverino de ta gentille persévérance. Je vais laisser macérer mon texte dans son jus avec tes épices et je vais réécrire - plus tard - la fin car je vois bien qu'elle n'est pas aboutie.