Fidélité I

fidèle aux passions dévorant
mes jours et mes nuits
j’ai fumé l’éphémère au printemps
sans risquer l’insomnie belliqueuse
nul bruit au dehors en dedans tout est feu
quand l’aube du jour au lendemain s’est levée
sur le rideau voilé fuyant l’ombre élégante
l’écart du soleil à la lune enfin
s’est mesuré à l’aplomb des fossés
vogue agile voyageur
l’amer est si proche

Beaucoup aimé ! Légeret tragique à la fois et surtout une fluidité remarquable comme un prélude au piano.

je te restes fidèle
alors pêlemêle
je vogue entre tes mots
m'enivre de ton aplomb
en écrivant par insomnie sans lune
ma passion de voyageur
dévorant mes passions
en fumant l'éternelle
ombre de mes doutes

Eh bien, j'ai failli ne pas dépasser les deux premiers vers.
Mais j'ai bien fait, j'ai apprécié tout le reste!

Fidélité I

Le poème, qui est amené à se décliner (en diptyque ? en triptyque ?), pose les bases d'une argumentation intime sur la conservation de l'image de soi.

Vers 1 à 4

"fidèle aux passions dévorant
mes jours et mes nuits
j’ai fumé l’éphémère au printemps
sans risquer l’insomnie belliqueuse"

Le passé composé dresse le constat : celui d'un carpe diem épousant toutes les strates d'une vie renaissante, réinvestie. Ne surtout jamais devoir éprouver le moindre sentiment de regret ou d'amertume : tel est désormais le crédo.

Vers 5

"nul bruit au dehors en dedans tout est feu"

Le chiasme met en exergue un sentiment de plénitude. Le monde extérieur n'est pas/n'est plus ressenti comme source de conflit ou de perturbation, de sorte que la poétesse peut s'éprouver dans la richesse de son monde intérieur.  

Vers 6 à 9

"quand l’aube du jour au lendemain s’est levée
sur le rideau voilé fuyant l’ombre élégante
l’écart du soleil à la lune enfin
s’est mesuré à l’aplomb des fossés"

La troisième partie du texte revient alors sur les circonstances de cette révélation. Comme après les trois coups, au théâtre, l'évidence s'est soudain imposée : seule une verticalité agissante peut répondre au tragique de notre condition.

Vers 10-11

"vogue agile voyageur
l’amer est si proche"

La chute du poème se présente comme un encouragement à poursuivre l'aventure de la vie, coûte que coûte, la légèreté étant garante d'un mouvement jamais épuisé face aux forces qui visent à nous immobiliser dans le glacis du temps.

Merci pour ce partage !