Apostasie

Je sème chaque jour des centaines de fleurs
Sur ma terre qui pourrit

Mes mains s'abiment et se fissurent
Je dis "c'est dommage", je  demande
"Peut être auraient-elles pu, plutôt,
Peindre
Des lilas dans la tourbe
Peut être aurait-ce été
Moins douloureux ?"

Les anciens tempêtent et me secouent le cœur
Renoncer au jardin, c'est trahir ses valeurs.

Très beau, mis à part la fin Renoncer au jardin, c'est trahir ses valeurs qui fait leçon de morale, maxime, comme disait le maître à l'école primaire.
Maintenant on l'entend "aux infos" !
Pas plus tard qu'hier une invitée d'une station nationale expliquait que son entreprise a développé un système d'ombrières piloté par informatique pour protéger les cultures de la canicule.
Au lieu que les arbres donnent de l'ombre...

Bonjour Floralyne,


Semer journellement "des centaines de fleurs" c'est sauver et égayer la terre. A cacher la laideur on laisse ses mains qui en retour deviennent laides.
Peindre les aurait sauvées pour une beauté transvasée.
Peut-être vaut-il mieux sauver le jardin au détriment de la beauté des mains, préférer la beauté de la terre à la beauté d'une toile.
Se poser la question c'est déjà penser que les anciens ont raison. La vie est où monte la sève.

C'est un choix de vie qui est évoqué ici, agir ou se retirer.

c'est dit avec beaucoup de délicatesse.

Bonsoir
Ça m'a fait penser à ces vers de Victoir Hugo
"depuis six mille ans la guerre
Plaît aux peuples querelleurs
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs"

à mon avis le seul fait qu'un mortel remarque tout ce gâchis, c'est que ça a valu la peine de créer les étoiles et les fleurs.
Si ça peut servir à remonter le moral.^^

Sinon pour le poème, j'avoue être surpris par
"Peut être auraient-elles pu, plutôt", pu - plu me parait un petit peu cacophonique et 2 fois le verbe pouvoir dans le même vers... Est-ce voulu?
Pareil pour "peut être aurait-ce été", deux fois le verbe être et cette suite de son en "È/È", mais faudrait l'entendre prononcer, à voix haute, là en l'état je n'y arrive pas.
J'aime la dernière strophe, énigmatique.

Je n'ai pas commenté parce que le poème reste pour moi énigmatique, bien que je le trouve beau. C'est cette "terre qui pourrit" et cette "tourbe" où l'on peint qui me laissent un peu perdue.

J'aime le possessif dans "ma terre". Il me semble comprendre le poème sauf "dans la tourbe" et la morale des deux derniers vers.

Je le lis comme une hésitation entre le travail concret et l'art.

Merci