Fragments #362, 363, 364
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Fragments #362, 363, 364
Fragment #362 – Peur, honte et colère
Je me racle la gorge. En cet instant, mon souhait le plus cher serait de voir apparaître, dans une aura de lumière étincelante, un sachet de bonbons au miel. Parce que cette foutue crève n'en finit pas depuis ce weekend, après une nouvelle sortie avec l'équipe Mcdo, au cours de laquelle je me suis décidé à abandonner l'illusion de sortir un jour avec Goran. De toute façon, je préfère me consacrer aux filles, et puis non, merde, je veux juste m'envoyer en l'air avec des filles ET des mecs, sans amour. Ou alors me consacrer uniquement à l'écriture. Voilà, quand je suis en caisse, je pense à tout ça. Parfois Juliette vient me raconter une blague salace pour me ramener à la dure réalité de notre condition de caissiers de fast-food, parfois je me retourne et Goran me lance un sourire en écarquillant les yeux, il me prend pour un con depuis un moment, cet abruti. Genre sympa avec les mecs, adorables avec les filles, et avec moi, c'est différent. J'ai l'impression qu'il se fout de ma gueule en permanence, ce qui a le don de m'énerver. Aujourd'hui les clients sont rares. Max envoie Ben faire un tour en salle pour nettoyer un peu, et ce dernier râle après lui parce qu'il n'arrête pas d'y aller. Je renifle. C'est pénible, le nez qui coule, quand on a pas de mouchoirs, et qu'on sait pertinemment qu'on ne rentrera pas chez soi avant plusieurs heures. Je pense à Sa Majesté s'étirant sur le canapé de cuir et j'envie ce salaud de matou paresseux. Avant, au Dionysos -sans vouloir jouer les nostalgiques- je ne me gênais pas quand j'étais malade pour rester au chaud à la maison. Un petit coup de fil à Louis et hop, tranquille pour une journée, voire plus. Ici, c'est beaucoup plus strict. On pourrait dire que c'est un vrai job. Il y a de vrais horaires -quoique le Dionysos doit avoir changé depuis mon départ sur ce plan là, il semblerait que Lulla et le nouveau aient des heures moins flexibles que celles dont je pouvais bénéficier-, des règles d'hygiènes, de conduite, etc.
Toute une famille roumaine entre dans le McDonald's et se dirige vers la caisse de Juliette. Le père, la mère, deux filles, dont l'une portant un petit garçon dans ses bras. Vêtus de foulards et de châles, les visages crasseux, les regards sauvages. Leur présence, dans ce lieu aseptisé et maintes fois récuré, est étrange, comme si deux mondes venaient soudainement d'entrer en collision. Je repense à tous ces clochards et ces mendiants dans le métro, dans les rues, ces annonces faites dans chaque wagon, des « j'ai honte de ma vie », des « j'ai faim s'il-vous-plaît », et le regard fuyant de nous autres, les riches. Oui, Paris est hantée par la misère. On vous parle de nos monuments, de nos rues, de nos boulevards, on vous parle de nos musées, de nos cafés, de la splendeur de notre histoire. On oublie souvent de vous parler de cette tristesse qui imprègne la ville comme un gigantesque couac. Mon esprit divague. Lorsque j'écris mon roman, est-ce que je ne m'éloigne pas trop de la réalité ? Est-ce que je ne devrais pas parler de ce monde, de ses problèmes, les dénoncer ? Pointer du doigt tout ce qui fait mal et crier pour briser le silence, jusqu'à ce que quelqu'un daigne enfin se déboucher les oreilles ? Soudain, la plus jeune des deux filles, qui doit avoir seize ou dix-sept ans, viens à ma caisse. Tous les regards sont braqués sur moi, personne ne bouge. Juliette me lance un regard inhabituel.
« Ils veulent payer avec un billet de cinq cent euro, me dit-elle d'une voix tendue, tu as la monnaie ? »
J'acquiesce et échange le billet tout neuf contre deux de deux-cent et deux de cinquante. Et j'essaye de lancer un vague sourire, avant de me trouver stupide.
Est-ce que tu aurais souri, si elle n'était pas pauvre ?
La fille s'énerve.
« J'en veux pas, j'en veux pas ! Paye moi avec des dix ! Paye moi avec des dix ! »
Je regarde Juliette, je ne comprends pas. Il n'y a plus un bruit dans le McDo. Où est Max ? La fille crache :
« Rend-moi mon argent ! Rend-moi mon argent ! »
Les billets font le trajet inverse. Elle continue à m'insulter sous le regard silencieux de ses parents, de sa sœur et du petit garçon. Je regarde dans ma caisse, cent euros ont disparu.
« J'ai perdu de l'argent, dis-je à Juliette, paniqué, puis à la fille. J'ai perdu de l'argent ! Il manque cent euros ! »
Merde, si je dois rembourser moi-même ce que cette sale petite voleuse a réussi à me chaparder par un habile tour de passe-passe... Son visage s'imprègne d'une expression haineuse. Elle relève le haut de son vêtement, dévoilant sa poitrine nue en hurlant « Vas-y, contrôle moi ! Contrôle moi ! ». Je regarde ses seins et je sens un afflux de sang dans mes joues et mes tempes, mes jambes tremblent, un vent de peur me saisit. La mère se met à crier aussi, elle soulève sa robe et me montre son sexe hideux. Je suis tétanisé, je ne peux plus bouger. Ben, Goran et Maalik nous regardent sans oser bouger, et Juliette se met à hurler pour couvrir leurs cris.
« Voleuse ! Rend lui l'argent salope ! Voleuse !
- Vas-y, vas-y contrôle moi ! »
Puis la famille disparaît. Je suis livide. Juliette bouillonne à côté de moi, vociférant des « il ne faut pas servir ces gens-là », ou des « c'est leur métier, de voler comme ça, je les servirai plus jamais ».
Max revient en prétendant qu'il était aux toilettes, et s'étonne de nos faces hagardes.
Le monde est ainsi, alors ?
Un vague mélange de peur, de honte et de colère en mouvement.
Fragment #363 – Bissextile
Ca n'arrive que tous les quatre ans. Le reste du temps, ce jour disparaît, caché aux yeux du monde. Donc, la dernière fois que c'est arrivé, c'était en 2004, peu avant mon bac (je n'en garde aucun souvenir), et la prochaine, ce sera en 2012. J'adore les dates symboliques, les moments clés. Pas ceux de l'Histoire, non, mais ceux de MON histoire. Celle que je me fabrique avec mon quotidien, que j'enrichis en la pensant à chaque instant. Le scénariste de mon existence me fascine. Les choses surviennent avec une telle logique, comme dans un film ! Si j'arrivais à m'en détacher et à la regarder comme une simple trame narrative, sans doute souffrirais-je d'ailleurs moins souvent. Mais parfois, noyé dans les rituels du quotidien, la fatigue, broyé par les passions, j'oublie que tout ce qui m'arrive n'a auune importance, je me focalise sur d'insoutenables détails, l'univers tout entier se replie dans un rhume ou une dispute amoureuse. Alors il n'existe plus rien d'autre que l'horrible fatalité, la cruauté du destin, et l'angoisse, l'angoisse immense. Ce ne sont pas les simples d'esprits, les plus heureux, mais ceux qui savent se détacher en toute circonstance de la réalité. Une rupture tragique ? Mais non, ce n'est que le dénouement de la saison 21, bientôt en viendra une nouvelle plus saisissante encore, et un personnage fera son apparition dans le prochain épisode et modifiera complètement la donne...
Oui, après tout, qui peut savoir ?
Qui pouvait prévoir que je serais acteur dans le court-métrage de Laura, lorsque je pleurais toutes les larmes de mon corps en la voyant partir ? Qui pouvait prévoir que Jed et moi coucherions ensemble lorsque nous avons ouvert la Boîte ensemble ? Qui pouvait prévoir que je me retrouverais dans l'appartement de Nathan, et que j'y vivrais, lorsque je n'avais en tête que Gautier, Gautier et son rire tandis qu'il découvrait mes premières lignes, lorsque je commençais à peine à écrire, alors qu'aujourd'hui, je travaille à l'édification d'un véritable roman ?
Est-ce que je suis à plaindre ?
Un appartement dans la banlieue de Paris dont je ne paye pas le loyer, un petit boulot certes pas très épanouissant mais avec des collègues plutôt sympa, des projets plein la tête, mon indépendance dans la plus belle des villes...
Et une personnalité scindée en trois. Ca non plus, personne ne s'y attendait.
Je regarde le salon. Joàn, est là, il caresse l'échine de Sa Majesté sur le canapé de cuir.
Ma chair, mon ombre, mon reflet.
Mon corps, mon coeur, mon âme.
Nous sommes un et trois à la fois.
« Tu devrais te faire soigner. » Oui, ça ce sont les paroles de Lilian peu avant mon départ de Dijon. Parce que je suis malade, c'est vrai. Comme ma grand-mère l'était avant moi. C'est une maladie. Un truc qui ne va pas. Qui n'est pas normal. Ca a l'air marrant, de loin, finalement. Assez complaisant même. « Ouais, ouais, mais moi tu vois j'suis pas comme toi, j'suis schizophrène tu vois, pas pareil. » J'aime me dire que je suis différent de vous, que mon existence se dédouble. Je ne suis pas vous. Je ne suis pas comme vous. Je donne la parole à ma chair et à mes ventricules. Mon esprit n'est pas seul.
SOLITUDE.
Oui, un espace vide dans les êtres. De la matière noire.
Et ce jour signé 29 disparaitra dans les méandres du temps.
Fragment #364 – La vaisselle
Elle s'entasse dans l'évier depuis des jours. Redoutable. C'est tout le temps comme ça. Quand on a plus ni bol, ni assiette, ni casserole propre, il faut s'y résoudre et s'armer de courage. La vaisselle sera inévitable.
Vous savez, on ouvre le robinet d'eau chaude et on verse une noix de liquide vaisselle sur une éponge, puis on la presse entre ses doigts pour que le savon l'imprègne entièrement. Et c'est parti. D'abord les petites couverts, et les verres, puis les tasses, les bols, les assiettes, tout s'empile à côté de l'évier. L'eau brûlante coule sur les mains rougies. Vient ensuite le tour des casseroles, et des poêles, et là c'est le calvaire, il faut gratter, gratter, expier la paresse, parce que si on avait eu le courage de s'y atteler dès le début, on en serait pas là. Alors je m'évertue à faire partir la crasse, je frotte, je rince, et j'essaye de poser l'objet sur les autres sans tout faire tomber comme un château de cartes. Depuis le canapé, le chat me regarde d'un air amusé. J'aimerais bien t'y voir moi, sale matou !
Nous somme dimanche, aujourd'hui je n'ai rien à faire. Lire un peu, et écrire. Chercher quel pourrait-être le mot de passe de l'ordinateur de Nathan. Lire encore un peu. Aller me promener dans le Kremlin. Une fois la vaisselle faite, de nombreuses perspectives sont ouvertes.
Jeudi 28 Février 2008
à Paris
à Paris
Je me racle la gorge. En cet instant, mon souhait le plus cher serait de voir apparaître, dans une aura de lumière étincelante, un sachet de bonbons au miel. Parce que cette foutue crève n'en finit pas depuis ce weekend, après une nouvelle sortie avec l'équipe Mcdo, au cours de laquelle je me suis décidé à abandonner l'illusion de sortir un jour avec Goran. De toute façon, je préfère me consacrer aux filles, et puis non, merde, je veux juste m'envoyer en l'air avec des filles ET des mecs, sans amour. Ou alors me consacrer uniquement à l'écriture. Voilà, quand je suis en caisse, je pense à tout ça. Parfois Juliette vient me raconter une blague salace pour me ramener à la dure réalité de notre condition de caissiers de fast-food, parfois je me retourne et Goran me lance un sourire en écarquillant les yeux, il me prend pour un con depuis un moment, cet abruti. Genre sympa avec les mecs, adorables avec les filles, et avec moi, c'est différent. J'ai l'impression qu'il se fout de ma gueule en permanence, ce qui a le don de m'énerver. Aujourd'hui les clients sont rares. Max envoie Ben faire un tour en salle pour nettoyer un peu, et ce dernier râle après lui parce qu'il n'arrête pas d'y aller. Je renifle. C'est pénible, le nez qui coule, quand on a pas de mouchoirs, et qu'on sait pertinemment qu'on ne rentrera pas chez soi avant plusieurs heures. Je pense à Sa Majesté s'étirant sur le canapé de cuir et j'envie ce salaud de matou paresseux. Avant, au Dionysos -sans vouloir jouer les nostalgiques- je ne me gênais pas quand j'étais malade pour rester au chaud à la maison. Un petit coup de fil à Louis et hop, tranquille pour une journée, voire plus. Ici, c'est beaucoup plus strict. On pourrait dire que c'est un vrai job. Il y a de vrais horaires -quoique le Dionysos doit avoir changé depuis mon départ sur ce plan là, il semblerait que Lulla et le nouveau aient des heures moins flexibles que celles dont je pouvais bénéficier-, des règles d'hygiènes, de conduite, etc.
Toute une famille roumaine entre dans le McDonald's et se dirige vers la caisse de Juliette. Le père, la mère, deux filles, dont l'une portant un petit garçon dans ses bras. Vêtus de foulards et de châles, les visages crasseux, les regards sauvages. Leur présence, dans ce lieu aseptisé et maintes fois récuré, est étrange, comme si deux mondes venaient soudainement d'entrer en collision. Je repense à tous ces clochards et ces mendiants dans le métro, dans les rues, ces annonces faites dans chaque wagon, des « j'ai honte de ma vie », des « j'ai faim s'il-vous-plaît », et le regard fuyant de nous autres, les riches. Oui, Paris est hantée par la misère. On vous parle de nos monuments, de nos rues, de nos boulevards, on vous parle de nos musées, de nos cafés, de la splendeur de notre histoire. On oublie souvent de vous parler de cette tristesse qui imprègne la ville comme un gigantesque couac. Mon esprit divague. Lorsque j'écris mon roman, est-ce que je ne m'éloigne pas trop de la réalité ? Est-ce que je ne devrais pas parler de ce monde, de ses problèmes, les dénoncer ? Pointer du doigt tout ce qui fait mal et crier pour briser le silence, jusqu'à ce que quelqu'un daigne enfin se déboucher les oreilles ? Soudain, la plus jeune des deux filles, qui doit avoir seize ou dix-sept ans, viens à ma caisse. Tous les regards sont braqués sur moi, personne ne bouge. Juliette me lance un regard inhabituel.
« Ils veulent payer avec un billet de cinq cent euro, me dit-elle d'une voix tendue, tu as la monnaie ? »
J'acquiesce et échange le billet tout neuf contre deux de deux-cent et deux de cinquante. Et j'essaye de lancer un vague sourire, avant de me trouver stupide.
Est-ce que tu aurais souri, si elle n'était pas pauvre ?
La fille s'énerve.
« J'en veux pas, j'en veux pas ! Paye moi avec des dix ! Paye moi avec des dix ! »
Je regarde Juliette, je ne comprends pas. Il n'y a plus un bruit dans le McDo. Où est Max ? La fille crache :
« Rend-moi mon argent ! Rend-moi mon argent ! »
Les billets font le trajet inverse. Elle continue à m'insulter sous le regard silencieux de ses parents, de sa sœur et du petit garçon. Je regarde dans ma caisse, cent euros ont disparu.
« J'ai perdu de l'argent, dis-je à Juliette, paniqué, puis à la fille. J'ai perdu de l'argent ! Il manque cent euros ! »
Merde, si je dois rembourser moi-même ce que cette sale petite voleuse a réussi à me chaparder par un habile tour de passe-passe... Son visage s'imprègne d'une expression haineuse. Elle relève le haut de son vêtement, dévoilant sa poitrine nue en hurlant « Vas-y, contrôle moi ! Contrôle moi ! ». Je regarde ses seins et je sens un afflux de sang dans mes joues et mes tempes, mes jambes tremblent, un vent de peur me saisit. La mère se met à crier aussi, elle soulève sa robe et me montre son sexe hideux. Je suis tétanisé, je ne peux plus bouger. Ben, Goran et Maalik nous regardent sans oser bouger, et Juliette se met à hurler pour couvrir leurs cris.
« Voleuse ! Rend lui l'argent salope ! Voleuse !
- Vas-y, vas-y contrôle moi ! »
Puis la famille disparaît. Je suis livide. Juliette bouillonne à côté de moi, vociférant des « il ne faut pas servir ces gens-là », ou des « c'est leur métier, de voler comme ça, je les servirai plus jamais ».
Max revient en prétendant qu'il était aux toilettes, et s'étonne de nos faces hagardes.
Le monde est ainsi, alors ?
Un vague mélange de peur, de honte et de colère en mouvement.
Fragment #363 – Bissextile
Vendredi 29 février 2008
au Kremlin Bicêtre
au Kremlin Bicêtre
Ca n'arrive que tous les quatre ans. Le reste du temps, ce jour disparaît, caché aux yeux du monde. Donc, la dernière fois que c'est arrivé, c'était en 2004, peu avant mon bac (je n'en garde aucun souvenir), et la prochaine, ce sera en 2012. J'adore les dates symboliques, les moments clés. Pas ceux de l'Histoire, non, mais ceux de MON histoire. Celle que je me fabrique avec mon quotidien, que j'enrichis en la pensant à chaque instant. Le scénariste de mon existence me fascine. Les choses surviennent avec une telle logique, comme dans un film ! Si j'arrivais à m'en détacher et à la regarder comme une simple trame narrative, sans doute souffrirais-je d'ailleurs moins souvent. Mais parfois, noyé dans les rituels du quotidien, la fatigue, broyé par les passions, j'oublie que tout ce qui m'arrive n'a auune importance, je me focalise sur d'insoutenables détails, l'univers tout entier se replie dans un rhume ou une dispute amoureuse. Alors il n'existe plus rien d'autre que l'horrible fatalité, la cruauté du destin, et l'angoisse, l'angoisse immense. Ce ne sont pas les simples d'esprits, les plus heureux, mais ceux qui savent se détacher en toute circonstance de la réalité. Une rupture tragique ? Mais non, ce n'est que le dénouement de la saison 21, bientôt en viendra une nouvelle plus saisissante encore, et un personnage fera son apparition dans le prochain épisode et modifiera complètement la donne...
Oui, après tout, qui peut savoir ?
Qui pouvait prévoir que je serais acteur dans le court-métrage de Laura, lorsque je pleurais toutes les larmes de mon corps en la voyant partir ? Qui pouvait prévoir que Jed et moi coucherions ensemble lorsque nous avons ouvert la Boîte ensemble ? Qui pouvait prévoir que je me retrouverais dans l'appartement de Nathan, et que j'y vivrais, lorsque je n'avais en tête que Gautier, Gautier et son rire tandis qu'il découvrait mes premières lignes, lorsque je commençais à peine à écrire, alors qu'aujourd'hui, je travaille à l'édification d'un véritable roman ?
Est-ce que je suis à plaindre ?
Un appartement dans la banlieue de Paris dont je ne paye pas le loyer, un petit boulot certes pas très épanouissant mais avec des collègues plutôt sympa, des projets plein la tête, mon indépendance dans la plus belle des villes...
Et une personnalité scindée en trois. Ca non plus, personne ne s'y attendait.
Je regarde le salon. Joàn, est là, il caresse l'échine de Sa Majesté sur le canapé de cuir.
Ma chair, mon ombre, mon reflet.
Mon corps, mon coeur, mon âme.
Nous sommes un et trois à la fois.
« Tu devrais te faire soigner. » Oui, ça ce sont les paroles de Lilian peu avant mon départ de Dijon. Parce que je suis malade, c'est vrai. Comme ma grand-mère l'était avant moi. C'est une maladie. Un truc qui ne va pas. Qui n'est pas normal. Ca a l'air marrant, de loin, finalement. Assez complaisant même. « Ouais, ouais, mais moi tu vois j'suis pas comme toi, j'suis schizophrène tu vois, pas pareil. » J'aime me dire que je suis différent de vous, que mon existence se dédouble. Je ne suis pas vous. Je ne suis pas comme vous. Je donne la parole à ma chair et à mes ventricules. Mon esprit n'est pas seul.
SOLITUDE.
Oui, un espace vide dans les êtres. De la matière noire.
Et ce jour signé 29 disparaitra dans les méandres du temps.
Fragment #364 – La vaisselle
Dimanche 2 mars 2008
au Kremlin Bicêtre
au Kremlin Bicêtre
Elle s'entasse dans l'évier depuis des jours. Redoutable. C'est tout le temps comme ça. Quand on a plus ni bol, ni assiette, ni casserole propre, il faut s'y résoudre et s'armer de courage. La vaisselle sera inévitable.
Vous savez, on ouvre le robinet d'eau chaude et on verse une noix de liquide vaisselle sur une éponge, puis on la presse entre ses doigts pour que le savon l'imprègne entièrement. Et c'est parti. D'abord les petites couverts, et les verres, puis les tasses, les bols, les assiettes, tout s'empile à côté de l'évier. L'eau brûlante coule sur les mains rougies. Vient ensuite le tour des casseroles, et des poêles, et là c'est le calvaire, il faut gratter, gratter, expier la paresse, parce que si on avait eu le courage de s'y atteler dès le début, on en serait pas là. Alors je m'évertue à faire partir la crasse, je frotte, je rince, et j'essaye de poser l'objet sur les autres sans tout faire tomber comme un château de cartes. Depuis le canapé, le chat me regarde d'un air amusé. J'aimerais bien t'y voir moi, sale matou !
Nous somme dimanche, aujourd'hui je n'ai rien à faire. Lire un peu, et écrire. Chercher quel pourrait-être le mot de passe de l'ordinateur de Nathan. Lire encore un peu. Aller me promener dans le Kremlin. Une fois la vaisselle faite, de nombreuses perspectives sont ouvertes.
Re: Fragments #362, 363, 364
Hum, zut, je voulais justifier, et non centrer... Mais comme on ne peut pas éditer ses message...
Re: Fragments #362, 363, 364
Altair a écrit:Hum, zut, je voulais justifier, et non centrer... Mais comme on ne peut pas éditer ses message...
On ne peut pas justifier mais j'ai réaligné à gauche.
Re: Fragments #362, 363, 364
Tiens, je croyais que tu ne voulais plus poster ici ?!?!!!
me semblait aussi que les commentaires négatifs ou critiques ne t'intéressaient pas donc je ne vais pas lire ... de peur de ne pas aimer ...
me semblait aussi que les commentaires négatifs ou critiques ne t'intéressaient pas donc je ne vais pas lire ... de peur de ne pas aimer ...
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Fragments #362, 363, 364
Si tu relis bien ce que j'avais dit, je reprochais surtout un besoin irrépressible de correction... Mais ne lis pas, en effet, ce que j'écris n'a aucun intérêt
Re: Fragments #362, 363, 364
Bah, faut pas dramatiser Altaïr !
Ce que tu écrit est généralement pas mal du tout, je me risque à le dire, mais le principe du forum, c'est que chacun fait ses commentaires, et aucun écrivain ne plait à tout le monde, non ? Et même, il y a toujours des choses à dire ou à suggérer sur un texte... Et ceci dit, on est bien conscient qu'in fine, l'auteur fait ce qu'il veut, et c'est tant mieux !
Voilà, le principe ici est de se faire commenter, et en échange de regarder ce que font les autres.
On peut poster pour se faire lire, recevoir des encouragements, se faire connaître, etc., autant d'objectifs qui sont d'ailleurs tous tout à fait honorables, simplement ce n'est pas ce qu'on pratique ici.
Par ailleurs, parce que c'est toi, tu peux tout à fait faire un peu de pub pour ton site ou comme jadis demander s'il y a des gens qui aimeraient y participer (si tu en recherches bien sûr !). Si tu le fais, c'est de préférence dans le fils "Débats, Billevesées et Causette" (Babils & co).
Voilà, elle est pas belle, la vie ?
Ce que tu écrit est généralement pas mal du tout, je me risque à le dire, mais le principe du forum, c'est que chacun fait ses commentaires, et aucun écrivain ne plait à tout le monde, non ? Et même, il y a toujours des choses à dire ou à suggérer sur un texte... Et ceci dit, on est bien conscient qu'in fine, l'auteur fait ce qu'il veut, et c'est tant mieux !
Voilà, le principe ici est de se faire commenter, et en échange de regarder ce que font les autres.
On peut poster pour se faire lire, recevoir des encouragements, se faire connaître, etc., autant d'objectifs qui sont d'ailleurs tous tout à fait honorables, simplement ce n'est pas ce qu'on pratique ici.
Par ailleurs, parce que c'est toi, tu peux tout à fait faire un peu de pub pour ton site ou comme jadis demander s'il y a des gens qui aimeraient y participer (si tu en recherches bien sûr !). Si tu le fais, c'est de préférence dans le fils "Débats, Billevesées et Causette" (Babils & co).
Voilà, elle est pas belle, la vie ?
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Fragments #362, 363, 364
Merci... Parfois, juste un petit coup de tempérance, ça me calme. Merci Loupbleu.
Re: Fragments #362, 363, 364
ok :-)Altair a écrit:Mais ne lis pas, en effet, ce que j'écris n'a aucun intérêt
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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