VOISIN-VOISINE : de douze haine au doux zen.
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Arielle
Lucy
kazar
bertrand-môgendre
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VOISIN-VOISINE : de douze haine au doux zen.
De douze haine au doux zen.
Un... deux... trois... quatre... cinq... six... sept... huit... neuf... dix... onze... douze... CLAC... un... deux...
« C'est la chambre douze.
— Mais ! Je ne veux pas dormir avec un homme !
— Ç'est ça ou rien.
— De toute ma vie, je n'ai partagé ma chambre avec aucun homme. C'est pas à soixante-douze ans que je vais commencer ! Ah non !
— Parle moins fort, il dort.
— En plus, c'est un singe ! Regarde comme il est poilu. Quelle honte !
— Chut, calme-toi. Heureusement que c'est pour peu de temps ! Rassure cette personne me tirant de ma léthargie.
J'entends plus que ne vois, un remue-ménage dans ma chambre redevenue calme après le départ du quatrième client en moins de quarante-vingt seize heures. Une personne retraitée force à mon endroit un sourire poli, évite ainsi de poser son regard gêné sur ma nudité à peine recouverte d'un drap chiffonné. Les intrues bousculent mes calculs en multiple de douze.
— On vous amène une femme cette fois-ci, me souffle à l'oreille une infirmière non encore répertoriée dans mon fichier de reconnaissance focale. Elle étire au maximum le rideau (d'un mètre vingt environ) délimitant ainsi le territoire de chaque locataire de cette chambre exigüe. Puis me tournant le dos.
— Vous avez la moitié du placard (j'évaluais à vingt- quatre centimètres cette partie-là). Pour vous, c'est côté porte. Une étagère, deux cintres et un coffre fort (à neuf chiffres, ça fait bien douze, calculais-je). Vous vous déshabillez. Vous prenez la douche avec la bétadine uniquement. Vous frottez partout. Vous rincez, deux fois. Voici une serviette, votre chemise. Vous l'attachez dans le dos. Pas de sous vêtements pas de culotte. Une fois prête. Vous vous allongez. Vous me sonnez. Je reviens dans quinze minutes (mince, c'est trois de trop).
Se tournant vers l'accompagnatrice de la malade, celle qui m'avait adressé un sourire :
— Vous êtes de la famille ?
— Sa soeur, enfin une amie, mais on se connait depuis si...
— Vous êtes passé au bureau des entrées ? Vous avez les ordonnances ? Elle n'a pas d'allergie particulière ?
— Oui. Oui, j'ai tout. Elle a soixante-douze ans et...
— Bon, je repasse avec l'aness.
— À qu'elle heure se fait-elle op...
— Dès qu'elle est prête. À tout à l'heure.
Je me sens pas pisser mais observe avec elle l'urine passer, lente, à travers ma sonde translucide.
La nouvelle arrivante se tourne vers sa soeur de coeur.
— Qu'est-ce qu'elle a dit ? C'était l'infirmière ? J'ai rien entendu.
— Déshabille-toi et prends ta douche.
— Et le monsieur ? Il va pas rester là quand même ?
— Il dort.
Depuis quatre jours, quatre nuits, immobilisé à plat dos, je ne peux par discrétion que tourner mon regard côté fenêtre recompter les douze lamelles du store vénitien, verticales.
Ce qui fut dit fut fait. Ma voisine dont je n'ai pas vu le visage est partie à douze heures.
La nuit est tombée avec mon oreiller lorsque l'opérée revient. Je relève la tête du lit hydraulique.
— Bonsoir madame. Tout s'est bien passé ? Elle respire fort. Elle dort. Je ne peux me rendre compte si elle a les yeux fermés. Seul le plafond risque de me renvoyer l'image d'une sainte ou d'une mourante. C'est aussi lui qui transcrit mon monologue.
— Votre soeur a déposé des vêtements dans votre armoire.
Ses ronflements répondent à ma courtoisie.
Ma voisine sonne la garde de nuit
— Vous ne pouvez pas éteindre la lumière rouge ? demande-t-elle à l'infirmière.
— Votre voisin est en district. Il ne bouge pas et sa lampe chauffante reste allumée vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
L'infirmière intervient. Tension, température, branché une poche de ... en plus de l'antibiotique. N'a pas un regard sur ma couche pourtant désordonnée. Je reprends lentement la position horizontale en actionnant la télécommande du lit qui grince. Elle lui dit :
— Voilà. Vous allez passer une bonne nuit. Si vous avez faim, demandez ce que vous voulez.
De mon côté, j'aimerai bien avoir la possibilité de m'assoir devant une bonne table, avant de choisir le menu. Les escarres sont les ennemies du gastronome, ou alors “manger debout“. Pas de pied valide ? Pas de mâchon possible.
— La sonnette est ici au dessus de votre tête. Vous appuierez sur la poire. D'accord ? À tout à l'heure.
Bien sur, trop affairée, elle ne tire pas le rideau qui sépare nos deux couches. Trop affairée, elle laisse grande ouverte la porte de la chambre plongée dans cette lumière orange, chaude. Le silence s'installe.
— Bonne nuit madame. Elle ne ronfle pas, mais respire fort, ne se plaint pas, mais gémi tel un chat qu'aurait besoin d'un câlin.
Quatrième journée, quatrième nuit d'affilée hachée en minutes écoulées, en heures comptabilisées. La première pompe à morphine est à ma disposition en cas de douleur. La seconde qui passe dans le cou, saccade le temps de douze secondes en douze secondes et cette nuit combien de fois douze reste-t-il à décompter avant d'atteindre les vingt-quatre heures restantes ?
— Désolé pour la lampe. Bonne nuit, lui lançais-je, transpirant et ennuyé.
Un instant plus tard, elle ronfle. Chouette de l'action ! Son prédécesseur inspirait profondément et relâchait l'air en l'expulsant entre ses lèvres semi-ouvertes, m'offrant ainsi une musique de babillonage enfantin. Ma voisine elle, inspire pendant cinq secondes accompagne l'action d'une plainte rauque, sourde jusqu'à ce qu'elle se dégonfle en sept secondes comme une baudruche percée.
De nombreuses douze secondes plus tard, la visite de six heures libère en principe le service de l'équipe de nuit, dont cette infirmière que je n'ai pas voulu déranger pour mes frictions tant elle m'ennuyait avec ses perpétuelles remises en question de l'organisation hospitalière et de fait, utilisait mes fesses comme prétexte à soulager ses énervements. La musique de l'appareil de tension à roulettes annonce la proximité de l'intervenante. Ma fièvre est montée justifiant un quatrième raccordement dans la tuyauterie, l'antibiotique, sur le cathéter du bras droit. De son côté, ma voisine a pissé dans ses draps. Ma sonde a son avantage finalement. Heureusement que je suis constipé. J'aurai eu du mal à remplir mon bassin devant cette personne qui ne m'a toujours pas salué ni adressé la parole. Elle n'a pas l'air de souffrir, accepte la béquée à l'odeur compote vanillée.
Mon branchement à la base du cou est coudé provoquant une alarme stridente. La malade souffle, râle, désapprouve la lenteur de la réparation. Je suis content de ne plus entendre rythmer ma nuit par les douze secondes de la pompe à morphine.
Arrangé par l'aide soignante, mon seul drap recouvre à présent mon corps flasque, sa pilosité et sa transpiration. J'aurai dû demander la lampe bronzante pour profiter de la situation. Encore une case non cochée. Voilà ce que c'est de remplir les formulaires sans les lire.
Ma voisine se lance dans une série de pets, secs, étouffés, à peine audibles.
Un chirurgien amusé par la situation mixte de la chambre, s'adresse à sa patiente tout en étirant le mètre vingt de cloison molle. Les organisateurs du séjour auraient pu sonder mon opinion plutôt que ma vessie à propos de cette promiscuité. Car en vérité j'avais la réponse : Sinon de sa chaleur, ma promise cuitée n'a rien connu de l'ardeur de ma flamme.
— Tout s'est bien passé. Vous pourrez vous lever ce matin. N'utilisez pas votre bras droit. Votre soeur vient vous chercher en fin de matinée. Je lui donnerai votre dossier.
Je sens ma voisine effectuer une rotation côté porte, lorsqu'une personne me frictionne ou me toilette. Sur mon matelas à eau, mon arrière train est l'objet de curiosité locale. Du rose tendre, il se transfigurera (... joli mot !) en carmin avant d'atteindre, beaucoup plus tard me promet-on, le stade aubergine. Avec cette histoire de fesses, je me remémore la photo de Yali représentant une nymphe allongée. Je tire une conclusion à l'encontre des miennes :
Vos mains s'y pressent avec délicatesse,
Mais les seules à s’en être occupées si souvent
Furent, je confesse, celles de ma maman.
Ma voisine, levée à présent, détourne le regard, lorsque deux personnes changent les draps de mon lit. Son visage est maigre. Ses cheveux fins, courts, frisés à plat, ne dissimulent plus leurs racines blanches. Elle s'approche de ma couche propre. Elle porte un chemisier assorti à ses yeux.
— Bonjour madame.
— Bonjour. Je peux sortir aujourd'hui ?
— Si le médecin vous le dit, alors : oui. Vous avez mal ?
— Je ne sens rien. Je dois me méfier j'ai tendance à utiliser le bras droit.
— Gardez-le en écharpe quelque temps.
— Il ne veut pas que j'utilise d'attelle. Qu'en pensez-vous ?
— Gardez-la une journée ou deux, elle vous permettra d'éviter de vous servir de ce bras. Vous allez en rééducation ?
— Non. Non. Je rentre chez moi.
— Votre soeur est passée vous apporter des vêtements.
— Ah bon ? Je ne l'ai pas vu.
— Vous étiez au bloc.
— À quelle heure suis-je parti ?
— Vers 12 heures.
— Je ne m'en souviens pas. Et je suis rentré quand ?
— Le repas était servi, il devait être dix huit heures. Vous avez mangé ce matin ?
— Je n'avais pas faim.
— C'est souvent comme ça après une opération.
La conversation a l'avantage d'engranger des paquets de douze secondes par sacs entiers.
— Que vous est-il arrivé ?
— J'ai glissé à l'entrée d'un magasin de vêtement. Ma chaussure a buté la petite barre métallique qui traverse le seuil et hop j'ai fait un vol plané sur ce bras.
— Vous êtes allé aux urgences ?
— Pensez-vous. C'est seulement le lendemain, quand j'ai raconté mon aventure au médecin, j'avais trop mal, c'est lui qui m'y a envoyé. L’os cassé la coiffe et tout, la totale quoi. C'était il y a six mois... ( Douze. Je tente de retrouver mon repère. Douze. C'est bon. Tout va bien )... Ils m'ont retiré les vis. J’ai préparé mon sac. Ma soeur va arriver.
— Bonne journée Madame.
Bizarre. Le compte oscille entre onze et quinze. Je reprends. Un... deux... trois... quatre... cinq... six... sept... huit... neuf... dix... onze... douze... CLAC... un... deux... C'est bon, tout va bien.. Encore huit heures de jour et douze de nuit. À neuf demain matin, je serai délivré. La visite quotidienne de mon épouse me permet d'oublier les comptes.
Mon lever ne sera ni une épreuve, ni une délivrance, mais le début de nouvelles aventures.
Douze............. douze............. douze.............
note : j'avoue n'avoir pas fait preuve de grande imagination. La limite des cinq mille signes dépassée, est-elle acceptable pour l'exercice ?
Un... deux... trois... quatre... cinq... six... sept... huit... neuf... dix... onze... douze... CLAC... un... deux...
« C'est la chambre douze.
— Mais ! Je ne veux pas dormir avec un homme !
— Ç'est ça ou rien.
— De toute ma vie, je n'ai partagé ma chambre avec aucun homme. C'est pas à soixante-douze ans que je vais commencer ! Ah non !
— Parle moins fort, il dort.
— En plus, c'est un singe ! Regarde comme il est poilu. Quelle honte !
— Chut, calme-toi. Heureusement que c'est pour peu de temps ! Rassure cette personne me tirant de ma léthargie.
J'entends plus que ne vois, un remue-ménage dans ma chambre redevenue calme après le départ du quatrième client en moins de quarante-vingt seize heures. Une personne retraitée force à mon endroit un sourire poli, évite ainsi de poser son regard gêné sur ma nudité à peine recouverte d'un drap chiffonné. Les intrues bousculent mes calculs en multiple de douze.
— On vous amène une femme cette fois-ci, me souffle à l'oreille une infirmière non encore répertoriée dans mon fichier de reconnaissance focale. Elle étire au maximum le rideau (d'un mètre vingt environ) délimitant ainsi le territoire de chaque locataire de cette chambre exigüe. Puis me tournant le dos.
— Vous avez la moitié du placard (j'évaluais à vingt- quatre centimètres cette partie-là). Pour vous, c'est côté porte. Une étagère, deux cintres et un coffre fort (à neuf chiffres, ça fait bien douze, calculais-je). Vous vous déshabillez. Vous prenez la douche avec la bétadine uniquement. Vous frottez partout. Vous rincez, deux fois. Voici une serviette, votre chemise. Vous l'attachez dans le dos. Pas de sous vêtements pas de culotte. Une fois prête. Vous vous allongez. Vous me sonnez. Je reviens dans quinze minutes (mince, c'est trois de trop).
Se tournant vers l'accompagnatrice de la malade, celle qui m'avait adressé un sourire :
— Vous êtes de la famille ?
— Sa soeur, enfin une amie, mais on se connait depuis si...
— Vous êtes passé au bureau des entrées ? Vous avez les ordonnances ? Elle n'a pas d'allergie particulière ?
— Oui. Oui, j'ai tout. Elle a soixante-douze ans et...
— Bon, je repasse avec l'aness.
— À qu'elle heure se fait-elle op...
— Dès qu'elle est prête. À tout à l'heure.
Je me sens pas pisser mais observe avec elle l'urine passer, lente, à travers ma sonde translucide.
La nouvelle arrivante se tourne vers sa soeur de coeur.
— Qu'est-ce qu'elle a dit ? C'était l'infirmière ? J'ai rien entendu.
— Déshabille-toi et prends ta douche.
— Et le monsieur ? Il va pas rester là quand même ?
— Il dort.
Depuis quatre jours, quatre nuits, immobilisé à plat dos, je ne peux par discrétion que tourner mon regard côté fenêtre recompter les douze lamelles du store vénitien, verticales.
Ce qui fut dit fut fait. Ma voisine dont je n'ai pas vu le visage est partie à douze heures.
La nuit est tombée avec mon oreiller lorsque l'opérée revient. Je relève la tête du lit hydraulique.
— Bonsoir madame. Tout s'est bien passé ? Elle respire fort. Elle dort. Je ne peux me rendre compte si elle a les yeux fermés. Seul le plafond risque de me renvoyer l'image d'une sainte ou d'une mourante. C'est aussi lui qui transcrit mon monologue.
— Votre soeur a déposé des vêtements dans votre armoire.
Ses ronflements répondent à ma courtoisie.
Ma voisine sonne la garde de nuit
— Vous ne pouvez pas éteindre la lumière rouge ? demande-t-elle à l'infirmière.
— Votre voisin est en district. Il ne bouge pas et sa lampe chauffante reste allumée vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
L'infirmière intervient. Tension, température, branché une poche de ... en plus de l'antibiotique. N'a pas un regard sur ma couche pourtant désordonnée. Je reprends lentement la position horizontale en actionnant la télécommande du lit qui grince. Elle lui dit :
— Voilà. Vous allez passer une bonne nuit. Si vous avez faim, demandez ce que vous voulez.
De mon côté, j'aimerai bien avoir la possibilité de m'assoir devant une bonne table, avant de choisir le menu. Les escarres sont les ennemies du gastronome, ou alors “manger debout“. Pas de pied valide ? Pas de mâchon possible.
— La sonnette est ici au dessus de votre tête. Vous appuierez sur la poire. D'accord ? À tout à l'heure.
Bien sur, trop affairée, elle ne tire pas le rideau qui sépare nos deux couches. Trop affairée, elle laisse grande ouverte la porte de la chambre plongée dans cette lumière orange, chaude. Le silence s'installe.
— Bonne nuit madame. Elle ne ronfle pas, mais respire fort, ne se plaint pas, mais gémi tel un chat qu'aurait besoin d'un câlin.
Quatrième journée, quatrième nuit d'affilée hachée en minutes écoulées, en heures comptabilisées. La première pompe à morphine est à ma disposition en cas de douleur. La seconde qui passe dans le cou, saccade le temps de douze secondes en douze secondes et cette nuit combien de fois douze reste-t-il à décompter avant d'atteindre les vingt-quatre heures restantes ?
— Désolé pour la lampe. Bonne nuit, lui lançais-je, transpirant et ennuyé.
Un instant plus tard, elle ronfle. Chouette de l'action ! Son prédécesseur inspirait profondément et relâchait l'air en l'expulsant entre ses lèvres semi-ouvertes, m'offrant ainsi une musique de babillonage enfantin. Ma voisine elle, inspire pendant cinq secondes accompagne l'action d'une plainte rauque, sourde jusqu'à ce qu'elle se dégonfle en sept secondes comme une baudruche percée.
De nombreuses douze secondes plus tard, la visite de six heures libère en principe le service de l'équipe de nuit, dont cette infirmière que je n'ai pas voulu déranger pour mes frictions tant elle m'ennuyait avec ses perpétuelles remises en question de l'organisation hospitalière et de fait, utilisait mes fesses comme prétexte à soulager ses énervements. La musique de l'appareil de tension à roulettes annonce la proximité de l'intervenante. Ma fièvre est montée justifiant un quatrième raccordement dans la tuyauterie, l'antibiotique, sur le cathéter du bras droit. De son côté, ma voisine a pissé dans ses draps. Ma sonde a son avantage finalement. Heureusement que je suis constipé. J'aurai eu du mal à remplir mon bassin devant cette personne qui ne m'a toujours pas salué ni adressé la parole. Elle n'a pas l'air de souffrir, accepte la béquée à l'odeur compote vanillée.
Mon branchement à la base du cou est coudé provoquant une alarme stridente. La malade souffle, râle, désapprouve la lenteur de la réparation. Je suis content de ne plus entendre rythmer ma nuit par les douze secondes de la pompe à morphine.
Arrangé par l'aide soignante, mon seul drap recouvre à présent mon corps flasque, sa pilosité et sa transpiration. J'aurai dû demander la lampe bronzante pour profiter de la situation. Encore une case non cochée. Voilà ce que c'est de remplir les formulaires sans les lire.
Ma voisine se lance dans une série de pets, secs, étouffés, à peine audibles.
Un chirurgien amusé par la situation mixte de la chambre, s'adresse à sa patiente tout en étirant le mètre vingt de cloison molle. Les organisateurs du séjour auraient pu sonder mon opinion plutôt que ma vessie à propos de cette promiscuité. Car en vérité j'avais la réponse : Sinon de sa chaleur, ma promise cuitée n'a rien connu de l'ardeur de ma flamme.
— Tout s'est bien passé. Vous pourrez vous lever ce matin. N'utilisez pas votre bras droit. Votre soeur vient vous chercher en fin de matinée. Je lui donnerai votre dossier.
Je sens ma voisine effectuer une rotation côté porte, lorsqu'une personne me frictionne ou me toilette. Sur mon matelas à eau, mon arrière train est l'objet de curiosité locale. Du rose tendre, il se transfigurera (... joli mot !) en carmin avant d'atteindre, beaucoup plus tard me promet-on, le stade aubergine. Avec cette histoire de fesses, je me remémore la photo de Yali représentant une nymphe allongée. Je tire une conclusion à l'encontre des miennes :
Vos mains s'y pressent avec délicatesse,
Mais les seules à s’en être occupées si souvent
Furent, je confesse, celles de ma maman.
Ma voisine, levée à présent, détourne le regard, lorsque deux personnes changent les draps de mon lit. Son visage est maigre. Ses cheveux fins, courts, frisés à plat, ne dissimulent plus leurs racines blanches. Elle s'approche de ma couche propre. Elle porte un chemisier assorti à ses yeux.
— Bonjour madame.
— Bonjour. Je peux sortir aujourd'hui ?
— Si le médecin vous le dit, alors : oui. Vous avez mal ?
— Je ne sens rien. Je dois me méfier j'ai tendance à utiliser le bras droit.
— Gardez-le en écharpe quelque temps.
— Il ne veut pas que j'utilise d'attelle. Qu'en pensez-vous ?
— Gardez-la une journée ou deux, elle vous permettra d'éviter de vous servir de ce bras. Vous allez en rééducation ?
— Non. Non. Je rentre chez moi.
— Votre soeur est passée vous apporter des vêtements.
— Ah bon ? Je ne l'ai pas vu.
— Vous étiez au bloc.
— À quelle heure suis-je parti ?
— Vers 12 heures.
— Je ne m'en souviens pas. Et je suis rentré quand ?
— Le repas était servi, il devait être dix huit heures. Vous avez mangé ce matin ?
— Je n'avais pas faim.
— C'est souvent comme ça après une opération.
La conversation a l'avantage d'engranger des paquets de douze secondes par sacs entiers.
— Que vous est-il arrivé ?
— J'ai glissé à l'entrée d'un magasin de vêtement. Ma chaussure a buté la petite barre métallique qui traverse le seuil et hop j'ai fait un vol plané sur ce bras.
— Vous êtes allé aux urgences ?
— Pensez-vous. C'est seulement le lendemain, quand j'ai raconté mon aventure au médecin, j'avais trop mal, c'est lui qui m'y a envoyé. L’os cassé la coiffe et tout, la totale quoi. C'était il y a six mois... ( Douze. Je tente de retrouver mon repère. Douze. C'est bon. Tout va bien )... Ils m'ont retiré les vis. J’ai préparé mon sac. Ma soeur va arriver.
— Bonne journée Madame.
Bizarre. Le compte oscille entre onze et quinze. Je reprends. Un... deux... trois... quatre... cinq... six... sept... huit... neuf... dix... onze... douze... CLAC... un... deux... C'est bon, tout va bien.. Encore huit heures de jour et douze de nuit. À neuf demain matin, je serai délivré. La visite quotidienne de mon épouse me permet d'oublier les comptes.
Mon lever ne sera ni une épreuve, ni une délivrance, mais le début de nouvelles aventures.
Douze............. douze............. douze.............
note : j'avoue n'avoir pas fait preuve de grande imagination. La limite des cinq mille signes dépassée, est-elle acceptable pour l'exercice ?
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: VOISIN-VOISINE : de douze haine au doux zen.
J'ai un peu nagé, emmêlé, dans qui fait quoi et qui dit quoi. Les dialogues sont obscurs car les actions les suivent sans démarcation (je me rends compte que ce que j'écris est imbitable)
Exemple !
Un petit retour à la ligne éviterait les confusions (narrateur ou narrée ?)
L'écriture est fournie, trop, je sens comme un lacis de pensées, un nid de noeuds pas très facile à défaire.
Le sujet ne m'a pas vraiment touché parce que ne m'a rien montré d'autre que ce que je connais (forcément) un peu.
Il y a un truc que j'ai adoré : la pompe à morphine comme sablier.
Ca, belle trouvaille.
Merci BM
Exemple !
— On vous amène une femme cette fois-ci, me souffle à l'oreille une infirmière non encore répertoriée dans mon fichier de reconnaissance focale. Elle étire au maximum le rideau (d'un mètre vingt environ) délimitant ainsi le territoire de chaque locataire de cette chambre exigüe. Puis me tournant le dos.
Un petit retour à la ligne éviterait les confusions (narrateur ou narrée ?)
L'écriture est fournie, trop, je sens comme un lacis de pensées, un nid de noeuds pas très facile à défaire.
Le sujet ne m'a pas vraiment touché parce que ne m'a rien montré d'autre que ce que je connais (forcément) un peu.
Il y a un truc que j'ai adoré : la pompe à morphine comme sablier.
Ca, belle trouvaille.
Merci BM
Re: VOISIN-VOISINE : de douze haine au doux zen.
Beaucoup de détails, pas inintéressants d'ailleurs, mais qui donnent une impression d'ensemble un peu fourre-tout pour un texte qui fleure l'exorcisme. J'ai le sentiment que tu n'as peut-être pas tiré complètement parti de ta voisine de chambre (!), dans le sens où tu ne fais que la décrire, sans que cela ne mène vraiment nulle part, à quelque chsoe de tangible...
Mention spéciale pour le titre, j'aurais cependant mis un "s" à "haine"...
Mention spéciale pour le titre, j'aurais cependant mis un "s" à "haine"...
Invité- Invité
Re: VOISIN-VOISINE : de douze haine au doux zen.
C'est extrêmement efficace ! Vraiment on s'y croit. Toutes mes félicitations d'avoir su ainsi transmettre (transcender) une expérience pénible...
Invité- Invité
Re: VOISIN-VOISINE : de douze haine au doux zen.
Ce texte sent le " Tonkin " ! On s'y croirait, pour un peu.
J'ai beaucoup aimé, Bertrand. La promiscuité des chambres hospitalières est très bien rendue.
Bel exercice !
J'ai beaucoup aimé, Bertrand. La promiscuité des chambres hospitalières est très bien rendue.
Bel exercice !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: VOISIN-VOISINE : de douze haine au doux zen.
Bertrand, j'y étais avec toi derrière ce mètre vingt de cloison molle!
Un rendu impeccable de ce temps (la nuit surtout) qui ne passe pas et qu'on meuble comme on peut avec les ronflements de son ou sa voisine à défaut de compter les moutons ;-)
Un rendu impeccable de ce temps (la nuit surtout) qui ne passe pas et qu'on meuble comme on peut avec les ronflements de son ou sa voisine à défaut de compter les moutons ;-)
Re: VOISIN-VOISINE : de douze haine au doux zen.
Whaou. Je sais pas, comme ça à chaud, j'ai toujours du mal à commenter les textes de Bertrand. Ils me laissent trop souvent sur l'arrière-train (rose, carmin ou aubergine, peu importe).
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: VOISIN-VOISINE : de douze haine au doux zen.
J'adore ce texte BM! Tout y est, on s'y croit, c'est bien rendu, ça sent le vécu, c'est réaliste et aussi drôle. Bref, je m'y suis (re)vue et l'air de rien, j'ai aimé ça, ces moments d'intense solitude que tu restitues avec justesse. Bravo!
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: VOISIN-VOISINE : de douze haine au doux zen.
un petit peu de mal à suivre entrre les personnages qui parlent au début, ensuite ça va tout seul
très bon rendu de ce type qui se morfond en comptant et qui tente d'apprivoiser sa voisine
le milieu hospitalier est vraiment bien retranscrit
une chance cette séparation en rideau amovible, on n'en trouve de moins en moins cause hygiène et maladie noso-machin, moins y a de trucs à désinfecter mieux le personnel se porte
bravo B-Mô
très bon rendu de ce type qui se morfond en comptant et qui tente d'apprivoiser sa voisine
le milieu hospitalier est vraiment bien retranscrit
une chance cette séparation en rideau amovible, on n'en trouve de moins en moins cause hygiène et maladie noso-machin, moins y a de trucs à désinfecter mieux le personnel se porte
bravo B-Mô
Re: VOISIN-VOISINE : de douze haine au doux zen.
La mise en forme parfois un peu hasardeuse rend le texte confus à certains moments, la démarcation texte/dialogue n'est pas toujours très claire notamment.
Pour le reste, je trouve le décors bien planté, tu réussis à rendre palpable la tension qui règne dans cette chambre.
Certains passages auraient toutefois pu être allégés ou revus pour une plus grand efficacité.
Pour le reste, je trouve le décors bien planté, tu réussis à rendre palpable la tension qui règne dans cette chambre.
Certains passages auraient toutefois pu être allégés ou revus pour une plus grand efficacité.
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