Noël d'ici, d'ailleurs...
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Roz-gingembre
Charles
Sahkti
Apsaraan
Tristan
Arielle
10 participants
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Noël d'ici, d'ailleurs...
Ah! Que s'en vienne
Joues vermeilles
Ce vieux Noël cœur ébloui
Chaussé de rêves pain d'épices
Lécheur d'étoiles sur les vitres
Ah! Que s'en viennent
Ritournelles
Galops brodés de lumignons
Papiers glacés
Petits santons
Et du coton dans les oreilles
Pour ne pas entendre crier
Sur un trottoir
Le doux Jésus
Que berce sa mère
Dans le noir
Là-bas! Là-bas où des soleils
Giclent sous les pieds des bergers
Là-bas! Là-bas où l'on s'éveille
Du sang séché plein les souliers.
Joues vermeilles
Ce vieux Noël cœur ébloui
Chaussé de rêves pain d'épices
Lécheur d'étoiles sur les vitres
Ah! Que s'en viennent
Ritournelles
Galops brodés de lumignons
Papiers glacés
Petits santons
Et du coton dans les oreilles
Pour ne pas entendre crier
Sur un trottoir
Le doux Jésus
Que berce sa mère
Dans le noir
Là-bas! Là-bas où des soleils
Giclent sous les pieds des bergers
Là-bas! Là-bas où l'on s'éveille
Du sang séché plein les souliers.
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
Beau ! J'aime beaucoup ces notes grinçantes qui font irruption dans le gai Noël... Belle réussite, le rythme notamment "colle" parfaitement à ce qui est dit.
Invité- Invité
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
j'ai adoré ces vers :
Mais le mariage de l'aspect "image d'Epinal" avec une certaine violence en creux est très intéressant, et bien exploité
j'ai eu plus de mal avec les "rêves pain d'épices" et "Jésus bercé par sa mère", moins frappants dans les images.Là-bas! Là-bas où des soleils
Giclent sous les pieds des bergers
Là-bas! Là-bas où l'on s'éveille
Du sang séché plein les souliers.
Mais le mariage de l'aspect "image d'Epinal" avec une certaine violence en creux est très intéressant, et bien exploité
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
J'adore le rythme de ce poème .
Les 4 derniers vers me gènent car, jusque là, nous étions en France et il me semble que le trottoir où on berce le "doux Jésus" peut, hélas, être celui de n'importe laquelle de nos villes.
Les 4 derniers vers me gènent car, jusque là, nous étions en France et il me semble que le trottoir où on berce le "doux Jésus" peut, hélas, être celui de n'importe laquelle de nos villes.
Apsaraan- Nombre de messages : 27
Age : 75
Localisation : Entre mes deux oreilles...
Date d'inscription : 15/11/2008
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
J'admire comme la transition s'effectue en "douceur", très fluide, comme on bascule avec un vers dans l'horreur du quotidien de certains. C'est un très beau poème. Nécessaire, je dirais presque.
Invité- Invité
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
Je n'aime pas Noël... Notamment mais pas uniquement à cause des images sapin, santon et pain d'épice sucré. Utilisées ici avec modération, certes, mais présentes. Impression très subjective de ma part donc, je pars avec un à priori. Heureusement, les deux derniers vers me conviennent davantage, même si je les trouve somme toute assez convenus.
Bref, j'ai préférés d'autres textes de toi, plus musicaux et cristallins.
Bref, j'ai préférés d'autres textes de toi, plus musicaux et cristallins.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
Ma première idée était de m'arrêter à cette image du Jésus sur un trottoir de chez nous. J'ai pensé ensuite qu'elle aquérerait plus de force si on la repoussait des deux mains, l'envoyant jeter ailleurs le trouble qu'elle suggère. Là-bas ... d'où justement nous vient le mythe qu'elle est sensée rappeler.Apsaraan a écrit:
Les 4 derniers vers me gènent car, jusque là, nous étions en France et il me semble que le trottoir où on berce le "doux Jésus" peut, hélas, être celui de n'importe laquelle de nos villes.
Sahkti, j'éprouve aussi un sentiment très ambigu au sujet de cette fête et c'est un peu ce que j'ai voulu laisser transparaître dans ce texte où la mièvrerie du début s'oppose à l'amertume de la chute
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
Oui, je l'ai ressenti mais la fin n'est peut-être pas assez frappante à mes yeux. Mais je le répète, je suis très mauvais juge à propos de Noël...Arielle a écrit:j'ai voulu laisser transparaître dans ce texte où la mièvrerie du début s'oppose à l'amertume de la chute
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
ben moi j'aime bien Noël ! Enfin, j'aime le souvenir de mes Noël d'enfants, j'aime l'émerveillement que je peux lire dans les yeux de mon fils, devant ces sapins, ses décorations partout, j'aime la naïeveté de ses questions (combien y en a de père Noël ... ). J'aime bien aussi revoir toute la famille ... bref, j'aime bien Noël ;-)
le début de ton texte est joli mais je n'ai pas ressenti ce que Noël peut avoir de magie. peut être pas des images que j'ai moi-même en tête à propos de Noël. Quant à la 2ème partie, je comprends ce que tu veux dire, je souscris en partie parce que je comprends que la misère du monde soit de nature à gâcher la fête. Mais faut aussi savoir oublier quelques instants ...
le début de ton texte est joli mais je n'ai pas ressenti ce que Noël peut avoir de magie. peut être pas des images que j'ai moi-même en tête à propos de Noël. Quant à la 2ème partie, je comprends ce que tu veux dire, je souscris en partie parce que je comprends que la misère du monde soit de nature à gâcher la fête. Mais faut aussi savoir oublier quelques instants ...
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
Aïe, désolée; je vois que je n'avais pas compris ton "là-bas" ! (sourire contrit) .J'apprécie mieux maintenant !si on la repoussait des deux mains, l'envoyant jeter ailleurs
Apsaraan- Nombre de messages : 27
Age : 75
Localisation : Entre mes deux oreilles...
Date d'inscription : 15/11/2008
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
Oui, je perçois bien les deux versants du poème. Qu'on le veuille ou non Noël est une fête. Même ceux qui n'aiment pas Noël , n'aiment pas la fête de Noël. Dans ce texte on a d'une part la fête et d'autre part ce que Noël n'empêche pas au monde d'être.
Beau texte Arielle
Beau texte Arielle
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 62
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
J'ai eu très peur au début, mais la fin du poème m'a rassurée et plu. Cependant, pour nuancer (sinon cela ne sert à rien), je dirais que la cassure est trop brutale. Je vais faire une comparaison prestigieuse avec le dormeur du val de Rimbaud. Pour rappel :
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Ce qui donne sa puissance au poème à mon sens c'est que même si la chute est brutale et inattendue, elle est amenée insidieusement par certaines petite touches qu'on ne relève pas à la première lecture (pâle, enfant malade, un "trou" de verdure"). Ce qui fait que quand on relit le poème en connaissant la chute on voit que le paysage n'est pas si idyllique qu'on pouvait le croire. Je crois que ton poème aurait été plus puissant et finalement la chute plus brutale si la première partie avait été moins franche, moins gaie. Le dernier vers est très beau.
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Ce qui donne sa puissance au poème à mon sens c'est que même si la chute est brutale et inattendue, elle est amenée insidieusement par certaines petite touches qu'on ne relève pas à la première lecture (pâle, enfant malade, un "trou" de verdure"). Ce qui fait que quand on relit le poème en connaissant la chute on voit que le paysage n'est pas si idyllique qu'on pouvait le croire. Je crois que ton poème aurait été plus puissant et finalement la chute plus brutale si la première partie avait été moins franche, moins gaie. Le dernier vers est très beau.
desaparecer- Nombre de messages : 45
Age : 39
Localisation : Paris
Date d'inscription : 04/12/2007
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
Oui, j'ai aimé la fin.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
ah que voilà une belle magie de Noêl, bien aimé le côté iconoclaste, ca me correspond plus que les cantiques que l'on entend au supermarché en ce moment..
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
Surprenant! Pour tout dire le côté "joyeux" m'a tellement emballée au début que j'ai mis du temps à percevoir l'ironie grinçante (mais après relecture c'était évident), vous m'avez piégée Arielle, comme on nous piège avec de jolis contes de noël dans l'indifférence totale des crises qui traversent le monde...
Mais quelques interrogations me viennent tout de même: doit-on culpabiliser d'être "bien-né"? Doit-on, parce que d'autres malheureusement souffrent, nous aussi renoncer à la joie?
Je suis pour les prises de conscience et j'admire ceux qui s'engagent dans l'humanitaire ou pour la défense de l'environnement...mais je crois qu'il ne faut pas oublier de profiter de la chance qui nous est offerte d'être heureux tant qu'on en a le temps, sans se sentir coupable parce que d'autres connaissent le malheur...est-ce si monstreux?
Amicalement,
Ruin.
Mais quelques interrogations me viennent tout de même: doit-on culpabiliser d'être "bien-né"? Doit-on, parce que d'autres malheureusement souffrent, nous aussi renoncer à la joie?
Je suis pour les prises de conscience et j'admire ceux qui s'engagent dans l'humanitaire ou pour la défense de l'environnement...mais je crois qu'il ne faut pas oublier de profiter de la chance qui nous est offerte d'être heureux tant qu'on en a le temps, sans se sentir coupable parce que d'autres connaissent le malheur...est-ce si monstreux?
Amicalement,
Ruin.
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 35
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: Noël d'ici, d'ailleurs...
J'aime ce que tu dis, Loreena : rien ne me semble plus délétère que le climat dans lequel le monde occidental s'installe, où il faut avoir mauvaise conscience, ou au moins le dire, et pleurer sur tout.
Je ne suis pas responsable de toute la misère du monde, et je ne peux pas la prendre en charge ( pas mégalo à ce point !) alors je fais un certain nombre de choses pour améliorer et j'essaie d'être heureuse ( on devrait essayer d'être heureux, pour l'exemple!).
J'ai conscience que ce que je fais n'est qu'une goutte d'eau... mais l'océan tout entier n'est pas composé d'autre chose !
Et, Arielle, chapeau ! Tant pour le fond que pour la forme.
Je me demande QUAND Noël a cessé d'être une fête pour devenir une presque corvée ? Quand s'est évanouie la joie enfantine que j'ai gardée longtemps à préparer un décor, à imaginer un menu, à chercher des cadeaux ? En même temps que la répulsion à l'égard des grandes surfaces, je crois. Réaction behavioriste : si l'on satisfait l'avidité, à un moment, la tendance s'inverse, et l on rejette ce qu'on avait recherché...
Je ne suis pas responsable de toute la misère du monde, et je ne peux pas la prendre en charge ( pas mégalo à ce point !) alors je fais un certain nombre de choses pour améliorer et j'essaie d'être heureuse ( on devrait essayer d'être heureux, pour l'exemple!).
J'ai conscience que ce que je fais n'est qu'une goutte d'eau... mais l'océan tout entier n'est pas composé d'autre chose !
Et, Arielle, chapeau ! Tant pour le fond que pour la forme.
Je me demande QUAND Noël a cessé d'être une fête pour devenir une presque corvée ? Quand s'est évanouie la joie enfantine que j'ai gardée longtemps à préparer un décor, à imaginer un menu, à chercher des cadeaux ? En même temps que la répulsion à l'égard des grandes surfaces, je crois. Réaction behavioriste : si l'on satisfait l'avidité, à un moment, la tendance s'inverse, et l on rejette ce qu'on avait recherché...
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