Figures de style : Grégoire
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Figures de style : Grégoire
Je suis sur l’autoroute depuis bientôt deux heures. Je file Grégoire, concentré sur les deux petits points rouges des feux arrière de sa caisse de luxe. J’attends le moment propice.
J’essaie de ne pas trop penser. Mais l’autoroute est toute droite, lisse, la radio de ma voiture de société diffuse des gouffres à souvenirs, la lune est comme un énième phare au ciel, et des entrepôts, magasins discount, chaînes de restaurants, défilent, lentement, tout autour. Un paysage comme un sourire aux dents gâtées. Tout ça, c’est pas fait pour l’oubli : c’est la porte ouverte aux regrets.
Gamin, on ne réalise pas que les jeux sont faits, qu’on a en main des cartes merdiques. On ne sait pas encore que Dieu est un croupier sadique, et qu’on n’a aucune chance de gagner contre lui.
A l’époque, j’avais le foot, les potes, blacks, blancs, gris - on se ressemble tous sous la poussière des jardins publics. Je faisais partie d’une bande, pas d’un gang, juste d’une bande de gamin. Tous sympas, malgré les rivalités, tous sympas entre eux et vils avec les autres…
Avec un autre en particulier, la tête de turc, le pauvre gosse qui ne demandait rien mais à qui tout arrivait, surtout le pire.
Grégoire.
Un gamin qui n’avait rien à foutre dans notre monde. Fils d’un couple de bobos avant l’heure, des précurseurs, la première vague de ceux qui envahiraient plus tard par milliers les quartiers « chauds », parce que c’était tendance, se mélanger au peuple, construire des lofts de 600 mètres carrés là où les gens vivent à huit dans deux pièces.
Un gamin naïf, pas beau, rondouillard, mais le seul à toujours avoir des fringues neuves à la rentrée, pas des sapes cool, des fringues de marques aux noms de pédés, des pompes brillantes, pas faites pour patauger dans la boue, pas faites pour cavaler quand tu le poursuivais ; un môme sans télé à la maison, par choix, celui des parents ; un niard méprisé parce qu’il n’avait rien à foutre là, différent, incompris, parce qu’il ne comprenait rien, sauf en cours, premier de la classe, ringard.
La dernière fois que j’avais vu Grégoire, c’était dans le bureau du directeur. On était trois convoqués. Trois gamins paralysés, en position d’analyse de basket. Soumis, mais forts d’une honte hautaine. C’était un accident, on n’a pas fait exprès monsieur le directeur, on jouait, et puis, c’était Grégoire quoi !
Grégoire était coincé entre ses parents qui nous fusillaient du regard. Il avait la gueule défoncée, boursouflée, noiraude. Malgré la peur qui m’embrouillait les idées, je m’étais surpris à penser que, finalement, il commençait à nous ressembler.
Trois jours avant, nous avions joué à « l’avion » avec Greg. Lui en l’air, deux mecs tenaient ses jambes, moi, les bras, et on le balançait d’un côté, puis de l’autre, bien haut. Tous les gamins, autour, rythmaient les envolées de grands oooohhh ! De grands aaaahhhh ! Et nous, hilares, observions la tête décomposée de Greg, grise comme une ville du nord en octobre.
Plus las, que fatigués, on a fini par arrêter le balancement, prêts à passer à autre chose. Je ne pensais pas à mal quand je l’ai lâché en premier, c’était juste un mauvais timing, j’ai pas attendu que les autres laissent ses pieds se poser au sol, il est tombé, dents contre bitume, le bitume a gagné.
Douze dents brisées, enfoncées dans les gencives. Douze. On raconta plus tard, entre nous, l’histoire du dentiste qui avait du inventer un microscope spécial pour retrouver les minuscules éclats épars plantés comme des patates dans sa gueule atrophiée.
Dans le bureau du directeur, le deal était simple : les parents ne porteraient pas plainte contre l’école, si nous étions punis à hauteur de notre faute.
Je me demandais si on allait nous péter les dents, ou quoi.
Ce fut « quoi ».
Quelques jours d’expulsions, et au bout de l’année, BEP chaudronnier.
Parce que de toute façon, pour notre engeance, les beurs, les « deuxième génération », c’était la tôle ou la taule. On le prenait plutôt bien. Après tout, le CAP coiffure, c’était pas pour nous, on aurait défrisé les vieilles dames à leur causer dans le dos. Et puis on avait quand même fait une grosse connerie. Les dents ça fait mal.
J’étais plein de remords.
Grégoire intégra une école privée, la famille déménagea, plus près des siens.
C’était la dernière fois que je le voyais, la dernière fois que je voyais ce Grégoire là.
On roule toujours. Je n’arrive pas à comprendre ce que Grégoire fait, où il va. J’espère juste qu’il va avoir besoin d’essence. Mon réservoir est presque vide. Je vais le perdre s’il ne s’arrête pas. J’ai les paupières lourdes. Besoin d’un café. Je tripote la radio pour trouver une station plus nerveuse. Le paysage a disparu avec la lune. Seuls les phares des voitures à contre-sens indiquent que je roule encore. Qu’est-ce que je fous là ? Je poursuis un passé que j’aurais préféré oublier. Juste parce que la vie est une grosse pute que j’ai toujours payée, sans jamais la niquer. Je veux ma part. Je me demande comment tout a changé. Comment j’ai pu laisser faire ça ?
J’avais pas une vie glorieuse, mais j’étais tranquille.
Après mes études de chaudronnerie, j’avais pas mal galéré. Petites arnaques pour bouffer, petits boulots pour essayer de rentrer dans le rang. Des jobs à badge qui permettaient aux clients nerveux de m’insulter par mon prénom. J’ai failli tomber dans le banditisme commun, mais c’était pas ma tasse de thé, pas de la graine de voyou. J’ai bien fait deux trois trucs pas joli joli, mais j’avais évité le pire, les gros ennuis, jamais plongé. J’étais un repris de justesse, comme disait ma mère.
Et puis, J’ai trouvé un boulot qui m’a fait oublier tout ça. Réparateur de câble. Trois ans au service d’un patron, avant d’ouvrir boutique. Un petit magasin, franchisé par un distributeur parisien. Je commençais à avoir la belle vie, même si je devais encore faire pas mal de dépannages moi-même. Je lisais beaucoup aussi, et j’adorais ça, ça comptait pour moi. J’aurais bien repris mes études. J’y pensais.
C’était avant que je ne reçoive un coup de fil de mon associé pour dépanner la télé d’un mec du côté de Chantilly. Je protestais pour la forme : Pourquoi Chantilly ? Ça va pas non ! j’ai pas de visa pour là-bas ! Il n’était pas d’humeur, alors je n’insistais pas, et me retrouvais, quelques heures plus tard, devant une baraque étrange, qui semblait avoir été conçue par des bandes rivales d’architectes déjantés, avec un parc énorme, avec un bois comme jardin, une forêt, des bâtiments un peu plus loin, des écuries, un enclos et des tas de chevaux. Je frappais à la porte, si épaisse, que mes doigts n’émirent que des sons sourds, insistais, en cherchant une sonnerie dissimulée dans les moulures.
Contre toute attente un homme m’apparut. Grand sourire. Vous êtes le mec de la télé ? J’acquiesçais. Il ouvrit la porte en grand, et m’invita, d’un large mouvement de bras, à pénétrer dans une pièce assez grande pour contenir un terrain de football. La télé était au fond. J’aurais pu me faire payer une prime de déplacement rien que pour traverser cette salle.
Je suis content que vous ayez pu venir aussi vite, me dit le mec, avant d’ajouter, on se connaît, non ?
Bien sûr qu’on se connaissait, c’était lui, Grégoire, avec des chicots rutilants plein la bouche, une gueule de star télé, l’aplomb d’un magna du pétrole et une baraque de folie. Je mis un moment à le reconnaître. C’est lui qui fit le lien. Je n’en menais pas large. Il me surprit quand il me prit dans ses bras. Merde ! Malik… Je m’appelle Madjid et le lui dis. Ouais, merde, Madjid, ça fait un bail… ça fait plaisir. Le hasard et tout ça. C’est dingue, si je m’attendais. Et moi donc, pensais-je. Je n’en menais pas large, je me la jouais cool, genre incertitude assurée, mais ressentais la honte m’envahir encore, j’étais de nouveau le gamin qu’avait déconné, et pensais déjà à lui installer gratos la chaîne porno.
Ils avaient fait du bon boulot avec ses dents.
Il était plutôt beau gosse, dans le genre grande gueule, gentleman frimeur, volubile, un de ces ennemis du silence… Tu vois ! Je bénis le connard qui m’a foutu ma télé en l’air, tu le connais peut-être, un collègue à toi, un type qui sent le sportif… Pas costaud : puant. Je lui dis que je ne voyais pas, on était nombreux dans la profession, tout ça. Il continuait, évoquait des souvenirs délirants, des clichés, inventés, il s’était refait une histoire, limite chef de gang, et me l’avait servie en trois minutes. On peut dire n’importe quoi du passé, ce n’est pas lui qui reviendra pour vous casser la gueule. Moi ça m’allait. J’étais déjà installé dans un canapé, un verre de whisky au goût incroyable dans la main - sûr que c’était pas du J&B – et je l’écoutais me dire : faut que t’attendes que je te présente à sa nouvelle femme, tu vas l’adorer. J’ignorais pourquoi il l’appelait nouvelle, vu que je n’avais pas connu les précédentes, et quand elle est arrivée, flanquée d’une gamine qui devait être sa fille, je me suis dit qu’elle avait l’air de tout sauf de « nouvelle », elle était même plutôt décatie, les traits tirés à la chirurgie - l’argent sied mal aux vieilles - la peau tachetée, léopard famélique. Elle se fripa d’un sourire. La fille, à côté, avait les yeux couleur ciel d’hiver, nuage bas, cernés de noir, la peau poudreuse et blanche, les lèvres dessinées de bleu asphyxie ; la gamine se maquillait en morte.
Grégoire me présenta : Malik ! Un ami d’enfance…
Avant même d’avoir touché leur poste télé, j’avais la tête lavée au whisky et j’étais en position essorage coincé dans le château de la famille Adams.
J’essaie de ne pas trop penser. Mais l’autoroute est toute droite, lisse, la radio de ma voiture de société diffuse des gouffres à souvenirs, la lune est comme un énième phare au ciel, et des entrepôts, magasins discount, chaînes de restaurants, défilent, lentement, tout autour. Un paysage comme un sourire aux dents gâtées. Tout ça, c’est pas fait pour l’oubli : c’est la porte ouverte aux regrets.
Gamin, on ne réalise pas que les jeux sont faits, qu’on a en main des cartes merdiques. On ne sait pas encore que Dieu est un croupier sadique, et qu’on n’a aucune chance de gagner contre lui.
A l’époque, j’avais le foot, les potes, blacks, blancs, gris - on se ressemble tous sous la poussière des jardins publics. Je faisais partie d’une bande, pas d’un gang, juste d’une bande de gamin. Tous sympas, malgré les rivalités, tous sympas entre eux et vils avec les autres…
Avec un autre en particulier, la tête de turc, le pauvre gosse qui ne demandait rien mais à qui tout arrivait, surtout le pire.
Grégoire.
Un gamin qui n’avait rien à foutre dans notre monde. Fils d’un couple de bobos avant l’heure, des précurseurs, la première vague de ceux qui envahiraient plus tard par milliers les quartiers « chauds », parce que c’était tendance, se mélanger au peuple, construire des lofts de 600 mètres carrés là où les gens vivent à huit dans deux pièces.
Un gamin naïf, pas beau, rondouillard, mais le seul à toujours avoir des fringues neuves à la rentrée, pas des sapes cool, des fringues de marques aux noms de pédés, des pompes brillantes, pas faites pour patauger dans la boue, pas faites pour cavaler quand tu le poursuivais ; un môme sans télé à la maison, par choix, celui des parents ; un niard méprisé parce qu’il n’avait rien à foutre là, différent, incompris, parce qu’il ne comprenait rien, sauf en cours, premier de la classe, ringard.
La dernière fois que j’avais vu Grégoire, c’était dans le bureau du directeur. On était trois convoqués. Trois gamins paralysés, en position d’analyse de basket. Soumis, mais forts d’une honte hautaine. C’était un accident, on n’a pas fait exprès monsieur le directeur, on jouait, et puis, c’était Grégoire quoi !
Grégoire était coincé entre ses parents qui nous fusillaient du regard. Il avait la gueule défoncée, boursouflée, noiraude. Malgré la peur qui m’embrouillait les idées, je m’étais surpris à penser que, finalement, il commençait à nous ressembler.
Trois jours avant, nous avions joué à « l’avion » avec Greg. Lui en l’air, deux mecs tenaient ses jambes, moi, les bras, et on le balançait d’un côté, puis de l’autre, bien haut. Tous les gamins, autour, rythmaient les envolées de grands oooohhh ! De grands aaaahhhh ! Et nous, hilares, observions la tête décomposée de Greg, grise comme une ville du nord en octobre.
Plus las, que fatigués, on a fini par arrêter le balancement, prêts à passer à autre chose. Je ne pensais pas à mal quand je l’ai lâché en premier, c’était juste un mauvais timing, j’ai pas attendu que les autres laissent ses pieds se poser au sol, il est tombé, dents contre bitume, le bitume a gagné.
Douze dents brisées, enfoncées dans les gencives. Douze. On raconta plus tard, entre nous, l’histoire du dentiste qui avait du inventer un microscope spécial pour retrouver les minuscules éclats épars plantés comme des patates dans sa gueule atrophiée.
Dans le bureau du directeur, le deal était simple : les parents ne porteraient pas plainte contre l’école, si nous étions punis à hauteur de notre faute.
Je me demandais si on allait nous péter les dents, ou quoi.
Ce fut « quoi ».
Quelques jours d’expulsions, et au bout de l’année, BEP chaudronnier.
Parce que de toute façon, pour notre engeance, les beurs, les « deuxième génération », c’était la tôle ou la taule. On le prenait plutôt bien. Après tout, le CAP coiffure, c’était pas pour nous, on aurait défrisé les vieilles dames à leur causer dans le dos. Et puis on avait quand même fait une grosse connerie. Les dents ça fait mal.
J’étais plein de remords.
Grégoire intégra une école privée, la famille déménagea, plus près des siens.
C’était la dernière fois que je le voyais, la dernière fois que je voyais ce Grégoire là.
On roule toujours. Je n’arrive pas à comprendre ce que Grégoire fait, où il va. J’espère juste qu’il va avoir besoin d’essence. Mon réservoir est presque vide. Je vais le perdre s’il ne s’arrête pas. J’ai les paupières lourdes. Besoin d’un café. Je tripote la radio pour trouver une station plus nerveuse. Le paysage a disparu avec la lune. Seuls les phares des voitures à contre-sens indiquent que je roule encore. Qu’est-ce que je fous là ? Je poursuis un passé que j’aurais préféré oublier. Juste parce que la vie est une grosse pute que j’ai toujours payée, sans jamais la niquer. Je veux ma part. Je me demande comment tout a changé. Comment j’ai pu laisser faire ça ?
J’avais pas une vie glorieuse, mais j’étais tranquille.
Après mes études de chaudronnerie, j’avais pas mal galéré. Petites arnaques pour bouffer, petits boulots pour essayer de rentrer dans le rang. Des jobs à badge qui permettaient aux clients nerveux de m’insulter par mon prénom. J’ai failli tomber dans le banditisme commun, mais c’était pas ma tasse de thé, pas de la graine de voyou. J’ai bien fait deux trois trucs pas joli joli, mais j’avais évité le pire, les gros ennuis, jamais plongé. J’étais un repris de justesse, comme disait ma mère.
Et puis, J’ai trouvé un boulot qui m’a fait oublier tout ça. Réparateur de câble. Trois ans au service d’un patron, avant d’ouvrir boutique. Un petit magasin, franchisé par un distributeur parisien. Je commençais à avoir la belle vie, même si je devais encore faire pas mal de dépannages moi-même. Je lisais beaucoup aussi, et j’adorais ça, ça comptait pour moi. J’aurais bien repris mes études. J’y pensais.
C’était avant que je ne reçoive un coup de fil de mon associé pour dépanner la télé d’un mec du côté de Chantilly. Je protestais pour la forme : Pourquoi Chantilly ? Ça va pas non ! j’ai pas de visa pour là-bas ! Il n’était pas d’humeur, alors je n’insistais pas, et me retrouvais, quelques heures plus tard, devant une baraque étrange, qui semblait avoir été conçue par des bandes rivales d’architectes déjantés, avec un parc énorme, avec un bois comme jardin, une forêt, des bâtiments un peu plus loin, des écuries, un enclos et des tas de chevaux. Je frappais à la porte, si épaisse, que mes doigts n’émirent que des sons sourds, insistais, en cherchant une sonnerie dissimulée dans les moulures.
Contre toute attente un homme m’apparut. Grand sourire. Vous êtes le mec de la télé ? J’acquiesçais. Il ouvrit la porte en grand, et m’invita, d’un large mouvement de bras, à pénétrer dans une pièce assez grande pour contenir un terrain de football. La télé était au fond. J’aurais pu me faire payer une prime de déplacement rien que pour traverser cette salle.
Je suis content que vous ayez pu venir aussi vite, me dit le mec, avant d’ajouter, on se connaît, non ?
Bien sûr qu’on se connaissait, c’était lui, Grégoire, avec des chicots rutilants plein la bouche, une gueule de star télé, l’aplomb d’un magna du pétrole et une baraque de folie. Je mis un moment à le reconnaître. C’est lui qui fit le lien. Je n’en menais pas large. Il me surprit quand il me prit dans ses bras. Merde ! Malik… Je m’appelle Madjid et le lui dis. Ouais, merde, Madjid, ça fait un bail… ça fait plaisir. Le hasard et tout ça. C’est dingue, si je m’attendais. Et moi donc, pensais-je. Je n’en menais pas large, je me la jouais cool, genre incertitude assurée, mais ressentais la honte m’envahir encore, j’étais de nouveau le gamin qu’avait déconné, et pensais déjà à lui installer gratos la chaîne porno.
Ils avaient fait du bon boulot avec ses dents.
Il était plutôt beau gosse, dans le genre grande gueule, gentleman frimeur, volubile, un de ces ennemis du silence… Tu vois ! Je bénis le connard qui m’a foutu ma télé en l’air, tu le connais peut-être, un collègue à toi, un type qui sent le sportif… Pas costaud : puant. Je lui dis que je ne voyais pas, on était nombreux dans la profession, tout ça. Il continuait, évoquait des souvenirs délirants, des clichés, inventés, il s’était refait une histoire, limite chef de gang, et me l’avait servie en trois minutes. On peut dire n’importe quoi du passé, ce n’est pas lui qui reviendra pour vous casser la gueule. Moi ça m’allait. J’étais déjà installé dans un canapé, un verre de whisky au goût incroyable dans la main - sûr que c’était pas du J&B – et je l’écoutais me dire : faut que t’attendes que je te présente à sa nouvelle femme, tu vas l’adorer. J’ignorais pourquoi il l’appelait nouvelle, vu que je n’avais pas connu les précédentes, et quand elle est arrivée, flanquée d’une gamine qui devait être sa fille, je me suis dit qu’elle avait l’air de tout sauf de « nouvelle », elle était même plutôt décatie, les traits tirés à la chirurgie - l’argent sied mal aux vieilles - la peau tachetée, léopard famélique. Elle se fripa d’un sourire. La fille, à côté, avait les yeux couleur ciel d’hiver, nuage bas, cernés de noir, la peau poudreuse et blanche, les lèvres dessinées de bleu asphyxie ; la gamine se maquillait en morte.
Grégoire me présenta : Malik ! Un ami d’enfance…
Avant même d’avoir touché leur poste télé, j’avais la tête lavée au whisky et j’étais en position essorage coincé dans le château de la famille Adams.
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Figures de style : Grégoire
La lumière orange de ma jauge d’essence s’allume. J’ai un nœud dans le ventre. 42 km. C’est ce qu’indiquait le dernier panneau. 42 km pour la prochaine station d’essence. Je peux les parcourir sans problèmes, mais si lui ne s’arrête pas, je le perds à jamais. J’aurais du faire le plein. Je me demande ce que ça peut consommer le genre de caisse qu’il conduit. Un max. Mais ça doit avoir un réservoir en conséquence. Bien sûr, je pourrais le rattraper et le coller dans le décor. Et après ? Si je bousille les deux bagnoles, je ferai quoi ? Et si je l’abime lui. Quel intérêt. Tous mes plans tombent à l’eau. Je recommence à zéro. Je m’énerve. Le sifflement reprend. C’est ça mon souci, ce sifflement sourd, cette impression d’un mistral soufflant sans cesse sur mon cerveau sans sommeil. Ce son silencieux, soupir d’une sirène sadique, excitant ma colère sous-jacente. Vous êtes atteint d’acouphène, m’avait dit le médecin. Acouphène mon cul. C’est lui le responsable, Grégoire.
Je l’avais revu souvent après. On était devenu potes.
La première fois que j’ai entendu ce sifflement, c’était le jour de mon mariage. Encore un grand souvenir. Pas que le mariage d’ailleurs, toute l’histoire avec Lila.
Comme pas mal d’hommes, plus que par galanterie, j’avais tendance à tenir la porte aux femmes pour mater leur cul à mon aise. J’ai connu Lila comme ça. J’aurais mieux fait de lui fermer la porte au nez, parce que son cul, dès que j’ai posé l’œil dessus, j’ai su qu’il était fait pour moi, juste à ma taille. J’ai pas pensé sur le coup, qu’en fait, il était juste à la taille de tous les mecs. Et pas que son cul, d’ailleurs. Lila était simplement faite pour l’amour. Elle était d’une beauté cruelle, celle qui fait que les mecs s’attrapent des torticolis en la croisant. Une beauté irrésistible, ostentatoire. Chaque fois que je devais sortir avec elle, je me sentais dans la peau d’une bourgeoise qui balade son collier de perles fines dans un quartier mal famé, j’avais peur qu’on me la pique.
Parfois, j’essayais d’apercevoir un pli sous son aisselle, un de ces bourrelets, prémices à un vieillissement dégueulasse, qui me la rendrait plus humaine. En vain. La garce était parfaite. Avec elle, j’oubliais que j’étais arabe dans un monde zarbi, j’entrais partout, dans n’importe quel restaurant, n’importe quelle boîte, on nous asseyait aux meilleures tables, elle était ma patte blanche et j’étais chèvre. Je n’ai jamais compris comment elle m’avait choisi, moi. Je lui avais demandé une fois, elle avait répondu : tous les chemins mènent à l’homme, le vrai ! J’avais passé une semaine à chantonner dans mon bain, à me couper chaque fois que je me rasais à cause de ce sourire couillon qui ne me quittait plus.
Pour le mariage, j’avais fait dans la sobriété, ni trop pauvre, ni trop fastueux. Location d’un petit château sympa, pas trop grand, buffet rustique, déco florale discrète mais charmante, une centaine d’invités triés sur les voleurs. Même Zola, s’il avait eu cette journée pour sujet, n’aurait pas pu en faire des tonnes. Malgré tout, au milieu de tout ça, Lila, avait l’air d’un bouquet de lys posé sur une décharge publique. Et c’est Grégoire qui posa la cerise sur le gâteau. Tandis que nous sortions de la mairie, nous entendîmes le tempo inopiné des sabots d’un attelage tapant sur le pavé trempé. Un carrosse impromptu apparut, traversa la place au pas et stoppa tout près du trottoir. Dans le silence nouveau, Lila troublée arborait la tronche d’une gosse trop gâtée. Jamais je n’avais vu un sourire pareil sur son visage. Grégoire descendit du carrosse, tendit la main à Lila, lui posa un baiser sur la joue. Félicitations !
C’est là que le sifflement est apparu la première fois. Félissssitassssssionn.
Je n’avais rien à dire. J’ai dit : Je ne sais pas quoi dire !
Le bruit a cessé, mais j’ai l’impression de n’avoir plus qu’une moitié de cerveau. La jauge approche du néant. Je tremble. Sur « France Culture », on rediffuse une émission de 1956. Les mecs avaient vraiment des voix bizarres à l’époque, ils parlaient avec leurs tripes. L’image n’est pas belle. Je passe sur une autre station, en faisant bien gaffe d’éviter « Nostalgie ». Si je tombe sur Brel… Un « J’entends, c’est la Fanette ». Je tombe. Me liquéfie. Grégoire est toujours devant, allure régulière. Je prie pour qu’il s’arrête. Encore douze bornes. Douze bornes et je saurai si tout est fini. Si je n’ai plus qu’à oublier.
Faut dire ! Faut dire que les choses changèrent vite après le mariage. On avait vécu huit mois parfaits, et la chaleur de son corps continuait de m’assommer comme la fièvre un enfant. Jusqu’au jour où, à l’improviste, on a commencé à s’emmerder - c’est dingue ce qu’un papier administratif peut changer le monde. C’est peut-être parce qu’ils sont mal écrits.
Les soirées finissaient laborieuses, et à force de chercher nos mots, nous comprîmes bien qu’on s’était tout dit. Au final, je n’attendais plus, chaque jour, la seule chose que je trouvais profonde en elle : son sommeil.
Malgré tout, c’était ma femme.
Grégoire, de son côté, avait quitté sa « nouvelle ». On le voyait souvent. Trop souvent.
Je ne compris vraiment ce qui s’était tramé, que le soir où je découvris un simple mot sur le frigo, sous un magnet de yaourt au fruit : « Adieu pauvre minable » ; Lapidaire, plus qu’une lettre de rupture, une arme de destruction missive. Et le sifflement.
Je ne me posais même pas la question de savoir où elle était partie, je savais, depuis toujours, je savais. Grégoire avait acheté une nouvelle maison, à Saint-Cloud. Parc de Montretout, entre l’ancienne maison de Lino Ventura et celle de Le Pen. Une superbe baraque avec une vue sur Paris plus efficace qu’une demi-bouteille de Crystal Roederer pour vous faire croire que le monde est beau. J’aurais jamais dû aller là-bas ce soir là. Jamais. Parce que ce que j’y vis n’avait rien de beau. C’était même la pire des choses à voir. Ça m’a bousillé le cœur. Donné des idées de violence. La haine.
Je les ai observés pendant cinq bonnes minutes. Grégoire était excité. Sa drôle de gueule exprimait mille sentiments à la seconde, les grimaces se succédaient tandis qu’il s’acharnait sur le cul divin de Lila. À un moment, elle s’étendit sur le côté, l’entraîna avec elle ; toujours en elle. Je savais quelle position elle allait adopter. Sa position. Les bras entourant ses jambes, la tête baissée, tout son corps groupé autour du sexe qui la pénétrait, concentré sur le plaisir, femme fœtale, offerte.
Grégoire avait l’air de s’amuser, il avait l’air satisfait, il jubilait - mais cela n’avait rien de sexuel – il pensait à sa victoire peut-être. Tout à sa besogne, il s’empara d’un pique feu et, dans un mouvement souple, tisonna la braise qui faiblissait et Lila qui gémissait. C’était comme s’il avait planté le pique-feu dans mon cerveau, je ressentais une douleur intense, aussi forte peut-être que celle qu’il avait du supporter dans la cour d’école. Peut-être pas. Mais j’en pleurais.
Et je me suis fait arrêter par les gardes du parc. Bouclé pour voyeurisme, violation de propriété privée, et dégradation des biens d’autrui… Des trucs comme ça. J’eus beau dire que c’était ma femme, dans la baraque, ça ne servit à rien. On n’écoute pas un arabe, surtout quand il prétend posséder un bijou. Ils ne m’ont pas gardé longtemps, mais les autres ont eu le temps de disparaître. Je les ai cherchés des mois. Mes potes me disaient de laisser tomber, que de toute façon, c’était couru d’avance, dès qu’ils avaient vu Lila, ils avaient su… Tous les trucs que des potes disent pour vous faire passer de déprime à trépas.
Sting chante « Roxanne », je chante aussi, ma voix me fait le même effet que les sifflements dans ma caboche. La voiture broute une première fois. Je hurle. Je l’ai retrouvé hier. J’ai retrouvé Grégoire. J’ai un plan pour me venger. Un plan démoniaque. La voiture cale. Je pleure. Un plan démoniaque. Si je le perds maintenant, je le perds à jamais. Je sais qu’il va s’envoler. Loin. J’ignore où. Il va partir avec Lila. C’est ses parents qui me l’ont dit quand je les ai torturés. Il va disparaître. Déjà je n’aperçois plus ses feux arrière. Je suis paumé. Paumé.
Me reste deux kilomètres à parcourir, à pied, avant la station service, pour décider si j’en finis ou si je choisis la voie de vivre.
Je l’avais revu souvent après. On était devenu potes.
La première fois que j’ai entendu ce sifflement, c’était le jour de mon mariage. Encore un grand souvenir. Pas que le mariage d’ailleurs, toute l’histoire avec Lila.
Comme pas mal d’hommes, plus que par galanterie, j’avais tendance à tenir la porte aux femmes pour mater leur cul à mon aise. J’ai connu Lila comme ça. J’aurais mieux fait de lui fermer la porte au nez, parce que son cul, dès que j’ai posé l’œil dessus, j’ai su qu’il était fait pour moi, juste à ma taille. J’ai pas pensé sur le coup, qu’en fait, il était juste à la taille de tous les mecs. Et pas que son cul, d’ailleurs. Lila était simplement faite pour l’amour. Elle était d’une beauté cruelle, celle qui fait que les mecs s’attrapent des torticolis en la croisant. Une beauté irrésistible, ostentatoire. Chaque fois que je devais sortir avec elle, je me sentais dans la peau d’une bourgeoise qui balade son collier de perles fines dans un quartier mal famé, j’avais peur qu’on me la pique.
Parfois, j’essayais d’apercevoir un pli sous son aisselle, un de ces bourrelets, prémices à un vieillissement dégueulasse, qui me la rendrait plus humaine. En vain. La garce était parfaite. Avec elle, j’oubliais que j’étais arabe dans un monde zarbi, j’entrais partout, dans n’importe quel restaurant, n’importe quelle boîte, on nous asseyait aux meilleures tables, elle était ma patte blanche et j’étais chèvre. Je n’ai jamais compris comment elle m’avait choisi, moi. Je lui avais demandé une fois, elle avait répondu : tous les chemins mènent à l’homme, le vrai ! J’avais passé une semaine à chantonner dans mon bain, à me couper chaque fois que je me rasais à cause de ce sourire couillon qui ne me quittait plus.
Pour le mariage, j’avais fait dans la sobriété, ni trop pauvre, ni trop fastueux. Location d’un petit château sympa, pas trop grand, buffet rustique, déco florale discrète mais charmante, une centaine d’invités triés sur les voleurs. Même Zola, s’il avait eu cette journée pour sujet, n’aurait pas pu en faire des tonnes. Malgré tout, au milieu de tout ça, Lila, avait l’air d’un bouquet de lys posé sur une décharge publique. Et c’est Grégoire qui posa la cerise sur le gâteau. Tandis que nous sortions de la mairie, nous entendîmes le tempo inopiné des sabots d’un attelage tapant sur le pavé trempé. Un carrosse impromptu apparut, traversa la place au pas et stoppa tout près du trottoir. Dans le silence nouveau, Lila troublée arborait la tronche d’une gosse trop gâtée. Jamais je n’avais vu un sourire pareil sur son visage. Grégoire descendit du carrosse, tendit la main à Lila, lui posa un baiser sur la joue. Félicitations !
C’est là que le sifflement est apparu la première fois. Félissssitassssssionn.
Je n’avais rien à dire. J’ai dit : Je ne sais pas quoi dire !
Le bruit a cessé, mais j’ai l’impression de n’avoir plus qu’une moitié de cerveau. La jauge approche du néant. Je tremble. Sur « France Culture », on rediffuse une émission de 1956. Les mecs avaient vraiment des voix bizarres à l’époque, ils parlaient avec leurs tripes. L’image n’est pas belle. Je passe sur une autre station, en faisant bien gaffe d’éviter « Nostalgie ». Si je tombe sur Brel… Un « J’entends, c’est la Fanette ». Je tombe. Me liquéfie. Grégoire est toujours devant, allure régulière. Je prie pour qu’il s’arrête. Encore douze bornes. Douze bornes et je saurai si tout est fini. Si je n’ai plus qu’à oublier.
Faut dire ! Faut dire que les choses changèrent vite après le mariage. On avait vécu huit mois parfaits, et la chaleur de son corps continuait de m’assommer comme la fièvre un enfant. Jusqu’au jour où, à l’improviste, on a commencé à s’emmerder - c’est dingue ce qu’un papier administratif peut changer le monde. C’est peut-être parce qu’ils sont mal écrits.
Les soirées finissaient laborieuses, et à force de chercher nos mots, nous comprîmes bien qu’on s’était tout dit. Au final, je n’attendais plus, chaque jour, la seule chose que je trouvais profonde en elle : son sommeil.
Malgré tout, c’était ma femme.
Grégoire, de son côté, avait quitté sa « nouvelle ». On le voyait souvent. Trop souvent.
Je ne compris vraiment ce qui s’était tramé, que le soir où je découvris un simple mot sur le frigo, sous un magnet de yaourt au fruit : « Adieu pauvre minable » ; Lapidaire, plus qu’une lettre de rupture, une arme de destruction missive. Et le sifflement.
Je ne me posais même pas la question de savoir où elle était partie, je savais, depuis toujours, je savais. Grégoire avait acheté une nouvelle maison, à Saint-Cloud. Parc de Montretout, entre l’ancienne maison de Lino Ventura et celle de Le Pen. Une superbe baraque avec une vue sur Paris plus efficace qu’une demi-bouteille de Crystal Roederer pour vous faire croire que le monde est beau. J’aurais jamais dû aller là-bas ce soir là. Jamais. Parce que ce que j’y vis n’avait rien de beau. C’était même la pire des choses à voir. Ça m’a bousillé le cœur. Donné des idées de violence. La haine.
Je les ai observés pendant cinq bonnes minutes. Grégoire était excité. Sa drôle de gueule exprimait mille sentiments à la seconde, les grimaces se succédaient tandis qu’il s’acharnait sur le cul divin de Lila. À un moment, elle s’étendit sur le côté, l’entraîna avec elle ; toujours en elle. Je savais quelle position elle allait adopter. Sa position. Les bras entourant ses jambes, la tête baissée, tout son corps groupé autour du sexe qui la pénétrait, concentré sur le plaisir, femme fœtale, offerte.
Grégoire avait l’air de s’amuser, il avait l’air satisfait, il jubilait - mais cela n’avait rien de sexuel – il pensait à sa victoire peut-être. Tout à sa besogne, il s’empara d’un pique feu et, dans un mouvement souple, tisonna la braise qui faiblissait et Lila qui gémissait. C’était comme s’il avait planté le pique-feu dans mon cerveau, je ressentais une douleur intense, aussi forte peut-être que celle qu’il avait du supporter dans la cour d’école. Peut-être pas. Mais j’en pleurais.
Et je me suis fait arrêter par les gardes du parc. Bouclé pour voyeurisme, violation de propriété privée, et dégradation des biens d’autrui… Des trucs comme ça. J’eus beau dire que c’était ma femme, dans la baraque, ça ne servit à rien. On n’écoute pas un arabe, surtout quand il prétend posséder un bijou. Ils ne m’ont pas gardé longtemps, mais les autres ont eu le temps de disparaître. Je les ai cherchés des mois. Mes potes me disaient de laisser tomber, que de toute façon, c’était couru d’avance, dès qu’ils avaient vu Lila, ils avaient su… Tous les trucs que des potes disent pour vous faire passer de déprime à trépas.
Sting chante « Roxanne », je chante aussi, ma voix me fait le même effet que les sifflements dans ma caboche. La voiture broute une première fois. Je hurle. Je l’ai retrouvé hier. J’ai retrouvé Grégoire. J’ai un plan pour me venger. Un plan démoniaque. La voiture cale. Je pleure. Un plan démoniaque. Si je le perds maintenant, je le perds à jamais. Je sais qu’il va s’envoler. Loin. J’ignore où. Il va partir avec Lila. C’est ses parents qui me l’ont dit quand je les ai torturés. Il va disparaître. Déjà je n’aperçois plus ses feux arrière. Je suis paumé. Paumé.
Me reste deux kilomètres à parcourir, à pied, avant la station service, pour décider si j’en finis ou si je choisis la voie de vivre.
grieg- Nombre de messages : 6156
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Figures de style : Grégoire
Très bonne histoire, et une écriture qui prend aux tripes ! Chapeau bas.
Invité- Invité
Re: Figures de style : Grégoire
C'est excellent, vraiment, du début à la fin, ça ne faiblit jamais. Mené de main de maître, contraintes et tout. Bravo.
Invité- Invité
Re: Figures de style : Grégoire
Magnifique, Grieg !
Ça valait le coup de t'attendre !
Je suis restée scotchée de la première ligne à la dernière.
Ça valait le coup de t'attendre !
Je suis restée scotchée de la première ligne à la dernière.
Re: Figures de style : Grégoire
Super j'adore !
Le texte est extrêmement prenant, même moi je n'ai sauté aucune ligne !^^
La curiosité ne m'a pas lâché pendant toute la durée de la lecture.
Félicitations.
Le texte est extrêmement prenant, même moi je n'ai sauté aucune ligne !^^
La curiosité ne m'a pas lâché pendant toute la durée de la lecture.
Félicitations.
JeanJean- Nombre de messages : 39
Age : 34
Date d'inscription : 01/02/2009
Re: Figures de style : Grégoire
N’ayant pas cette semaine de temps pour les loisirs créatifs, je voulais ce matin lire et glisser un petit à chacun des participants à cet exo que je prenais pour un gag. J’ai eu tort. Saperlipouetpouet ! Il y a de l’épaisseur. On rigole, on rigole, Monsieur grieg badine et hop ! sans crier gare il nous pond une histoire de la plus belle manière. Respect pour le talent et pour ce sens du récit autant que de la formule. Je suis bluffé ! sur le fond comme sur la forme, la plume et le travail d’écrivain sont manifestes. Il y derrière tout ça de la cogitation, du café noir, du tabac et le plaisir d’écrire transpire dans le plaisir qu’on prend à te lire.
claude- Nombre de messages : 142
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Date d'inscription : 06/05/2008
Re: Figures de style : Grégoire
... et je m'incline, magistral, vraiment !Je n’avais rien à dire. J’ai dit : Je ne sais pas quoi dire !
Re: Figures de style : Grégoire
Le langage familier et le style recherché se marient à merveille, rendant l'intrigue (bluffante, au passage) presque palpable. Pure narration vivante.
(par contre, je m'interroge: magna ou magnaT ?)
(par contre, je m'interroge: magna ou magnaT ?)
Petite-FRAP- Nombre de messages : 87
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Localisation : Derrière la vitre
Date d'inscription : 01/02/2009
Re: Figures de style : Grégoire
Clap Clap Clap, maintenant après congratulations, respect, machin, bidule, j'aimerais bien te voir courir autrement que dans un 110 mètres haies, disons, multiplié par quinze le 110 mètres. Ce qui ferait, voyons, 220 000 signes sans haie et à la louche. Je me suis trompé de fil ? Ah, m'en vais relayer le commentaire dans le fil " T'es pas cap, chiche ?" alors.
Yali- Nombre de messages : 8624
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Re: Figures de style : Grégoire
j'fume trop et j'ai plus l'âgeYali a écrit:Clap Clap Clap, maintenant après congratulations, respect, machin, bidule, j'aimerais bien te voir courir autrement que dans un 110 mètres haies, disons, multiplié par quinze le 110 mètres. Ce qui ferait, voyons, 220 000 signes sans haie et à la louche. Je me suis trompé de fil ? Ah, m'en vais relayer le commentaire dans le fil " T'es pas cap, chiche ?" alors.
et pour magna, ptite frap, c'est magnat... et puis yen a plein d'autres de fautes, d'erreurs...
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Figures de style : Grégoire
Je n'étais pas au top de ma forme cérébrale en lisant, donc ça a pu m'échapper, mais je n'ai rien rencontré qui m'aie fait buter dans ma lecture... et les fautes de FRAP, ça arrive :p
Petite-FRAP- Nombre de messages : 87
Age : 46
Localisation : Derrière la vitre
Date d'inscription : 01/02/2009
Re: Figures de style : Grégoire
Hé bé... que dire, si ce n'est: de bleu, c'est bon de te relire :-)
Pas très constructif mon commentaire hein, désolée mais j'ai aimé, tout bêtement, de A à Z.
Pas très constructif mon commentaire hein, désolée mais j'ai aimé, tout bêtement, de A à Z.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Figures de style : Grégoire
claude a écrit:N’ayant pas cette semaine de temps pour les loisirs créatifs, je voulais ce matin lire et glisser un petit à chacun des participants à cet exo que je prenais pour un gag. J’ai eu tort. Saperlipouetpouet ! Il y a de l’épaisseur. On rigole, on rigole, Monsieur grieg badine et hop ! sans crier gare il nous pond une histoire de la plus belle manière. Respect pour le talent et pour ce sens du récit autant que de la formule. Je suis bluffé ! sur le fond comme sur la forme, la plume et le travail d’écrivain sont manifestes. Il y derrière tout ça de la cogitation, du café noir, du tabac et le plaisir d’écrire transpire dans le plaisir qu’on prend à te lire.
Ralalala que de clichés pour le café noir et le tabac, j'ai un ami écrivain à ses heures perdues qui fonctionne au soda... moins classe c'est vrai
JeanJean- Nombre de messages : 39
Age : 34
Date d'inscription : 01/02/2009
Re: Figures de style : Grégoire
Petit coup d’œil en rentrant du boulot, et que lis-je, jeanjean qui ralalate.JeanJean a écrit:claude a écrit:N’ayant pas cette semaine de temps pour les loisirs créatifs, je voulais ce matin lire et glisser un petit à chacun des participants à cet exo que je prenais pour un gag. J’ai eu tort. Saperlipouetpouet ! Il y a de l’épaisseur. On rigole, on rigole, Monsieur grieg badine et hop ! sans crier gare il nous pond une histoire de la plus belle manière. Respect pour le talent et pour ce sens du récit autant que de la formule. Je suis bluffé ! sur le fond comme sur la forme, la plume et le travail d’écrivain sont manifestes. Il y derrière tout ça de la cogitation, du café noir, du tabac et le plaisir d’écrire transpire dans le plaisir qu’on prend à te lire.
Ralalala que de clichés pour le café noir et le tabac, j'ai un ami écrivain à ses heures perdues qui fonctionne au soda... moins classe c'est vrai
1) Les clichés, ça fait des souvenirs !
2) Je n’ai pas dit que tous les écrivains carburaient au café – tabac et c’est moi qui pourrais pousser « un ralalala, jeanjean, comment il fait des généralités, et me fait dire ce que je n’ai pas dit »
3) Mon pote Hubert a écrit dix bouquins en se mettant à son bureau le matin après avoir bu son seul café de la journée et en fumant modérément du samson.
4) Ce que j’ai juste voulu dire, c'est que l’écriture de grieg, autant dans la forme quand dans le fond, correspond à un certain profil d’écrivain, que cela fasse cliché ou non. (compare avec ce qu'écrit ton ami)
5) Je te fiche mon billet que grieg boit du café noir, fume des clopes et doit être un peu sujet aux insomnies. Si en écrivant, grieg boit du soda ou des camomilles, suce des chuppa et ne se passe pas les doigts sur le front en signe de réflexion, je veux bien m’en couper une.
claude- Nombre de messages : 142
Age : 64
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 06/05/2008
Re: Figures de style : Grégoire
ha grieg, quel plaisir de retrouver ta "plume", ton style, et ton Grégoire, qui a bien changé ma foi :-))
j'ai survolé les commentaires, et j'abonde : ça se lit en apnée, pas de rupture avant la dernière ligne
du grand grieg
j'ai survolé les commentaires, et j'abonde : ça se lit en apnée, pas de rupture avant la dernière ligne
du grand grieg
Re: Figures de style : Grégoire
Hum... :-)claude a écrit:Si en écrivant, grieg boit du soda ou des camomilles
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Figures de style : Grégoire
je sais pas quoi te dire, grieg....
ah si: chiche-k't'es-cap !
ah si: chiche-k't'es-cap !
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Figures de style : Grégoire
waohouh j'adore! Scotchée à l'écran du début à la fin: merci =)
crewoneyxx- Nombre de messages : 9
Age : 31
Date d'inscription : 28/01/2009
Re: Figures de style : Grégoire
Tu écris bien grieg.
je n'ai pas grand chose à dire de plus, mais il y a du talent dans tout ça!
je n'ai pas grand chose à dire de plus, mais il y a du talent dans tout ça!
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 62
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Figures de style : Grégoire
Excellent et on les figures s'insèrent vraiment bien ( de tout' j'ai pas cherché à les retrouver ).
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Figures de style : Grégoire
Effectivement, c'est chouette. Je rejoins Yali sur le challenge d'écrire sur un plan plus vaste, plus complexe, plus long. C'est un peu dommage de te cantonner dans ce format facile: plop un petit souvenir, plop un petit topo, plop un petit scénar. Ton écriture de toute façon me séduit parce que la totalité des filins que tu lances se cramponnent bien. Un seul conseil: essaye de mettre un peu de coté le parisianisme sur son rayon qui mène de Saint-Eustache à Mantes , il n'est pas universel. Il est anormal que je me sente lecteur privilégié.
Invité- Invité
Re: Figures de style : Grégoire
Une écriture saisissante, qui rendrait n'importe quelle histoire prenante.
Car finalement ce que tu racontes ici, comme souvent, compte moins que le contexte dans lequel tu places la narration, la faculté d'observation, la pertinence des réflexions et ce style qui est le tien.
Car finalement ce que tu racontes ici, comme souvent, compte moins que le contexte dans lequel tu places la narration, la faculté d'observation, la pertinence des réflexions et ce style qui est le tien.
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