Les épis de la mort
+7
Sahkti
Soliflore
David
Evanescent
Arielle
Roz-gingembre
Hellian
11 participants
Page 1 sur 1
Les épis de la mort
Les épis de la mort
C'était au bord du fleuve
Et mon père s'éteignait.
J'étais à son chevet.
En leur multitude,
Là-bas, triomphaient les oiseaux
tandis que je glanai les épis de la mort.
Et mon père abattu tel un arbre,
Du temps déterra son antique main
De vie toute encore fardée
Avant que la finale alluvion de son sang
N'inonde des heures le détroit incertain.
Lors, sous le crépuscule,
Je la serrai dans ma paume en l'écoutant parler.
"Laissez-moi encore un peu marcher,
Disait-il,
Je trouverai nouvelle grimace pour effrayer la mort.
Je sais qu'au dedans se tournent déjà mes yeux,
Qu'au sillon de mes joues s'élèvent d'acides floraisons,
Que ma main n'est que branche au bâton.
Je sais que trop m'ont vu de paysages,
Qu'au sommeil je semble ne pas dormir,je sais,
je sais qu'alors est ma bouche crevasse
Et mon nez caverneux et ronflant museau de bête,
Qu'alentours de ma tête sont jaunes mes cheveux,
Plus funestes qu'épines .
Je sais l'hésitation de mes jambes
Quand à la verticalité je m'affronte.
Je sais, surtout, je sais,
Mais laissez-moi encore un peu marcher!
C'était au bord du fleuve
Et mon père s'éteignait.
J'étais à son chevet.
En leur multitude,
Là-bas, triomphaient les oiseaux
tandis que je glanai les épis de la mort.
Et mon père abattu tel un arbre,
Du temps déterra son antique main
De vie toute encore fardée
Avant que la finale alluvion de son sang
N'inonde des heures le détroit incertain.
Lors, sous le crépuscule,
Je la serrai dans ma paume en l'écoutant parler.
"Laissez-moi encore un peu marcher,
Disait-il,
Je trouverai nouvelle grimace pour effrayer la mort.
Je sais qu'au dedans se tournent déjà mes yeux,
Qu'au sillon de mes joues s'élèvent d'acides floraisons,
Que ma main n'est que branche au bâton.
Je sais que trop m'ont vu de paysages,
Qu'au sommeil je semble ne pas dormir,je sais,
je sais qu'alors est ma bouche crevasse
Et mon nez caverneux et ronflant museau de bête,
Qu'alentours de ma tête sont jaunes mes cheveux,
Plus funestes qu'épines .
Je sais l'hésitation de mes jambes
Quand à la verticalité je m'affronte.
Je sais, surtout, je sais,
Mais laissez-moi encore un peu marcher!
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Les épis de la mort
Je trouve une belle ampleur à ce texte, une force qui pourrait être macabre mais me fait plus l'effet de l'expression d'un regret, d'un déchirement triste...
La succession de "que" + subjonctifs de la deuxième partie est trop longue à mon goût, mais les 4 derniers vers ponctuent bien la lutte, le refus de devoir partir. Un bel hommage.
La succession de "que" + subjonctifs de la deuxième partie est trop longue à mon goût, mais les 4 derniers vers ponctuent bien la lutte, le refus de devoir partir. Un bel hommage.
Invité- Invité
Re: Les épis de la mort
Le texte est lourd, la mort aussi.
De bonnes choses dans ce texte, avec des moment forts et toujours cette pesanteur où tu nous emmènes.
J'ai été gênée par les majuscules systématiques en début de vers et plus globalement par le centrage. Également trop de retours à la ligne dans la première partie à mon gout.
Enfin, tout ça reste un bon texte.
De bonnes choses dans ce texte, avec des moment forts et toujours cette pesanteur où tu nous emmènes.
J'ai été gênée par les majuscules systématiques en début de vers et plus globalement par le centrage. Également trop de retours à la ligne dans la première partie à mon gout.
Enfin, tout ça reste un bon texte.
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 62
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Les épis de la mort
oui, je me disais aussi pour les subjonctifs...ou alors vraiment de .
très loin, un p'tit zeste de subjonctif, peut-être.
Quant à la litanie des "que"... ben oui, oserais-je confirmer que c'est délibéré; pour suggérer la pesanteur de l'enlisement , l'ultime et maladroite résistance du mourant
Je suis d'accord pour la "mise en forme ", une bévue un peu clinquante que l'on voudra bien, du moins je vous en prie, mettre au compte du débutant que je suis sur ce site.
Grand merci de vos réponses.
très loin, un p'tit zeste de subjonctif, peut-être.
Quant à la litanie des "que"... ben oui, oserais-je confirmer que c'est délibéré; pour suggérer la pesanteur de l'enlisement , l'ultime et maladroite résistance du mourant
Je suis d'accord pour la "mise en forme ", une bévue un peu clinquante que l'on voudra bien, du moins je vous en prie, mettre au compte du débutant que je suis sur ce site.
Grand merci de vos réponses.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Les épis de la mort
Ce qui me gêne surtout dans ce texte, ce qui l'alourdit, à mon sens, lui donnant air pompeux et artificiel, ce sont les inversions presques systématiques :
son antique main
De vie toute encore fardée
N'inonde des heures le détroit incertain
d'acides floraisons
trop m'ont vu de paysages
je sais qu'alors est ma bouche crevasse
Qu'alentours de ma tête sont jaunes mes cheveux,
Il me semble que plus de simplicité donnerait plus de force à ce thème auquel tes images très parlantes apportent beaucoup d'émotion.
son antique main
De vie toute encore fardée
N'inonde des heures le détroit incertain
d'acides floraisons
trop m'ont vu de paysages
je sais qu'alors est ma bouche crevasse
Qu'alentours de ma tête sont jaunes mes cheveux,
Il me semble que plus de simplicité donnerait plus de force à ce thème auquel tes images très parlantes apportent beaucoup d'émotion.
Re: Les épis de la mort
Comme Arielle je trouve que ces inversion rendent le texte trop artificiel. Le point d'exclamation de la fin, aussi, m'a gênée (mais ça c'est moi ;-)).
Mais un beau texte.
Mais un beau texte.
Re: Les épis de la mort
Hellian
beau travail pour un "débutant". Bienvenue ici (je ne me souviens pas avoir vu ta "présentation" sur le fil adéquat) !
ouioui, je me disais aussi pour les subjonctifs...ou alors vraiment de .
très loin, un p'tit zeste de subjonctif, peut-être.
ouiQuant à la litanie des "que"... ben oui, oserais-je confirmer que c'est délibéré; pour suggérer la pesanteur de l'enlisement , l'ultime et maladroite résistance du mourant
Je suis d'accord pour la "mise en forme ", une bévue un peu clinquante que l'on voudra bien, du moins je vous en prie, mettre au compte du débutant que je suis sur ce site.
Grand merci de vos réponses
beau travail pour un "débutant". Bienvenue ici (je ne me souviens pas avoir vu ta "présentation" sur le fil adéquat) !
Invité- Invité
Re: Les épis de la mort
Je suis vraiment désolé pour ce qui est de ma présentation.
Je sais bien que c'est une politesse élémentaire que de se présenter. Mais cela fait trois jours que je supplie que l'on m'indique comment faire et...
Je ne parviens pas à rendre ma fiche active et, vous allez rire (si,si..), je ne sais pas ce qu'est un "fil" sauf lorsqu'il s'agit de recoudre les boutons de ma chemise ou de celui que j'ai à la patte.
Alors s'il vous plait, ayez la gentillesse de me donner la marche à suivre!
Quant à l'inversion... Je souhaiterais, ce soir, le temps n'en ayant pas tout de suite, de quelques (courtes) réflexions vous faire part, puisqu'en atelier nous sommes... et que l'"écriture a parfois à voir avec l'art aratoire (question de bœufs et de charrue).
Je sais bien que c'est une politesse élémentaire que de se présenter. Mais cela fait trois jours que je supplie que l'on m'indique comment faire et...
Je ne parviens pas à rendre ma fiche active et, vous allez rire (si,si..), je ne sais pas ce qu'est un "fil" sauf lorsqu'il s'agit de recoudre les boutons de ma chemise ou de celui que j'ai à la patte.
Alors s'il vous plait, ayez la gentillesse de me donner la marche à suivre!
Quant à l'inversion... Je souhaiterais, ce soir, le temps n'en ayant pas tout de suite, de quelques (courtes) réflexions vous faire part, puisqu'en atelier nous sommes... et que l'"écriture a parfois à voir avec l'art aratoire (question de bœufs et de charrue).
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Les épis de la mort
Bonjour Heliann,
J'aime beaucoup la seconde partie après "disait-il", cette inversion là ne choque pas trop, et je trouve que les suivantes donnent du caractère à l'autre personnage du poème. C'est un bon moyen de faire passer l'émotion à mon avis.
Dans la première partie, "triomphaient" est à l'imparfait, comme la première phrase, puis viens le passé simple. Je ne sais pas si c'est une faute de concordance mais j'aimais bien ce passé simple, une drôle de conjugaison (dans le sens de plaisante) dans la contexte.
[La succession de messages en dessous du titre de ton poème, c'est ce qui est appellé le fil d'une discussion)
J'aime beaucoup la seconde partie après "disait-il", cette inversion là ne choque pas trop, et je trouve que les suivantes donnent du caractère à l'autre personnage du poème. C'est un bon moyen de faire passer l'émotion à mon avis.
Dans la première partie, "triomphaient" est à l'imparfait, comme la première phrase, puis viens le passé simple. Je ne sais pas si c'est une faute de concordance mais j'aimais bien ce passé simple, une drôle de conjugaison (dans le sens de plaisante) dans la contexte.
[La succession de messages en dessous du titre de ton poème, c'est ce qui est appellé le fil d'une discussion)
Re: Les épis de la mort
Ah d'accord! le fil de ..la discussion. bah oui, ça je connais. mais alors le "fil" de présentation, euh.. c'est où ? et puis pour la fiche ?
Tout cela me donne du "fil à retordre"
Tout cela me donne du "fil à retordre"
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Les épis de la mort
Je ne comprend pas pour "fiche" ? mais la présentation, c'est là :
https://vosecrits.1fr1.net/conversations-atelier-f4/presentez-vous-ici-t3200.htm
https://vosecrits.1fr1.net/conversations-atelier-f4/presentez-vous-ici-t3200.htm
Re: Les épis de la mort
Hellian a écrit:Les épis de la mort
C'était au bord du fleuve
Et mon père s'éteignait.
J'étais à son chevet.
En leur multitude,
Là-bas, triomphaient les oiseaux
tandis que je glanai les épis de la mort.
Et mon père abattu tel un arbre,
Du temps déterra son antique main
De vie toute encore fardée
Avant que la finale alluvion de son sang
N'inonde des heures le détroit incertain.
Lors, sous le crépuscule,
Je la serrai dans ma paume en l'écoutant parler.
"Laissez-moi encore un peu marcher,
Disait-il,
Je trouverai nouvelle grimace pour effrayer la mort.
Je sais qu'au dedans se tournent déjà mes yeux,
Qu'au sillon de mes joues s'élèvent d'acides floraisons,
Que ma main n'est que branche au bâton.
Je sais que trop m'ont vu de paysages,
Qu'au sommeil je semble ne pas dormir,je sais,
je sais qu'alors est ma bouche crevasse
Et mon nez caverneux et ronflant museau de bête,
Qu'alentours de ma tête sont jaunes mes cheveux,
Plus funestes qu'épines .
Je sais l'hésitation de mes jambes
Quand à la verticalité je m'affronte.
Je sais, surtout, je sais,
Mais laissez-moi encore un peu marcher!
Magnifique poèmeaux sentiments forts et pudiques à la fois
Dans ce poème, ce qui prime c'est le fond dont l'émotion est grande.
L'irrégularité des vers participe à la fin hésitante du personnage.
Justesse de mots, des métaphores.
Un vers a échappé à ma compréhension: "je sais que trop m'ont vu de paysage".
Un moment de lecture qui touche notre sensibilité.
Soliflore- Nombre de messages : 380
Age : 71
Date d'inscription : 17/02/2009
Re: Les épis de la mort
[color=darkred]Défense et illustration de l'inversion,.. simplement comme figure de style poétique[/color]
je n'ai guère l'habitude de me livrer à cet exercice narcissique que constitue le commentaire de son propre poème. un poème plait , suscite l'émotion ou non, et..basta! Que le lecteur lui adresse éloges ou critiques est son droit le plus intime, et c'est vanité de l'auteur que s'employer à le justifier. je ne veux donc pas ici vous démontrer que ce poème est... que dire? bon ? interessant? émouvant? " poétique" ? il le sera pour l'un, moins pour l'autre.
Non, je souhaite simplement, puisque atelier d'écriture il y a, évoquer cette figure de style que constitue l'inversion, cette inversion dont on m'a fait pour l'occasion, non point grief, mais objection. Il en sortirait, me dit-on, une note un peu pompeuse, voire artificielle. D'autres me confient ne pas en avoir été gênés... Je concède que celles qui ponctuent ce texte sont peut être inappropriées.
Audelà de l'inévitable aléa de la subjectivité poétique, ce qui m'intéresse ici, c'est la dialectique de l'inversion en écriture en général et en poésie plus particulièrement.
Lorsque nous inversons, mettant un mot là où on ne l'attend pas, c'est que nous voulons tromper la religion naturelle du lecteur. l'nversion se fait alors transgression de la convention de lecture. Normal qu'elle pose question.
plus encore, l'inversion déconstruit l'édifice confortable de la phrase. C'est dire qu'elle revendique dans le langage poètique une place de choix. la poésie ne doit-elle point génèrer.. un autre sens que celui convenu? C'est à ce prix, me semble-t-il, qu'elle bâtit un monde porteur d'émotions.
A cela, j'entends l'évidente objection: il ne suffit pas de pratiquer l'inversion pour produire du sens et, partant, un nouvel univers où flamboie l'émotion.Non; comme il ne suffit pas de sombrer dans un manièrisme stylistique pour se prétendre poète ou écrivain.
Quelle que soit la figure de style, et c'est là lieu commun, elle ne doit son mérite qu'au sens nouveau qu'elle induit . Or celui-ci est tout autant issu de l'ordre boulversé des mots que de leur musique réapprise.
Bien sûr qu'il y a là comme un travail de scuplture où casser la phrase, choquer le verbe pour créer d'autres silhouettes et perspectives, s'imposent.
Mais, je m'emporte et de pompeux, me voilà lyrique.
Pour en terminer, au risque de vous lasser un peu plus, je voudrais revenir au poème.
A son sujet d'abord: La mort , pire encore, l'agonie. Voici l'instant ou tout s'inverse, le sens, le regard, le raport à soi et au monde. celui de la convulsion ultime. dés lors l'inversion stylistique à valeur éminente de métaphore.
Ainsi le vers
"Je sais que trop m'ont vu de paysages"
n'a, pour moi en tout cas, d'intérêt que selon cette formulation.
Si je dis:
"Je sais que j'ai vu trop de paysages"
hormis la platitude sonore et informative du propos, je perds toute valeur symbolique de l'énoncée. La première mouture a sens d'exclusion et crée mieux l'idée qu'il me faut "débarasser le plancher", que déjà, je ne suis plus de ce monde.
Un dernier exemple, avant de vous remercier de voter patience, où l'inversion change tout:
"Et mon père abattu tel un arbre,
Du temps déterra son antique main"
Imaginons l'autre formulatio :
"Et mon père abattu tel un arbre,
déterra du temps sa main antique"
Bof! et pas seulement. ridicule !
Alors que si l'on inverse, on passe de la narration archéologique à l'évocation sépulcrale, que d'aucun ressentiront effectivement comme "pompeuse", que je ressens , moi simplement comme solennelle .
Plaisirs et tentations de l'inversion qui n'ont d'égaux que ceux de la trituration de la phrase.
Bien sûr c'est une question de sujet et de mesure. L'agonie est torture et décomposition annoncée, le style me parait devoir être à cette aune.Evidemment, Je ne parlerais pas ainsi de l'amour, encore que...
je n'ai guère l'habitude de me livrer à cet exercice narcissique que constitue le commentaire de son propre poème. un poème plait , suscite l'émotion ou non, et..basta! Que le lecteur lui adresse éloges ou critiques est son droit le plus intime, et c'est vanité de l'auteur que s'employer à le justifier. je ne veux donc pas ici vous démontrer que ce poème est... que dire? bon ? interessant? émouvant? " poétique" ? il le sera pour l'un, moins pour l'autre.
Non, je souhaite simplement, puisque atelier d'écriture il y a, évoquer cette figure de style que constitue l'inversion, cette inversion dont on m'a fait pour l'occasion, non point grief, mais objection. Il en sortirait, me dit-on, une note un peu pompeuse, voire artificielle. D'autres me confient ne pas en avoir été gênés... Je concède que celles qui ponctuent ce texte sont peut être inappropriées.
Audelà de l'inévitable aléa de la subjectivité poétique, ce qui m'intéresse ici, c'est la dialectique de l'inversion en écriture en général et en poésie plus particulièrement.
Lorsque nous inversons, mettant un mot là où on ne l'attend pas, c'est que nous voulons tromper la religion naturelle du lecteur. l'nversion se fait alors transgression de la convention de lecture. Normal qu'elle pose question.
plus encore, l'inversion déconstruit l'édifice confortable de la phrase. C'est dire qu'elle revendique dans le langage poètique une place de choix. la poésie ne doit-elle point génèrer.. un autre sens que celui convenu? C'est à ce prix, me semble-t-il, qu'elle bâtit un monde porteur d'émotions.
A cela, j'entends l'évidente objection: il ne suffit pas de pratiquer l'inversion pour produire du sens et, partant, un nouvel univers où flamboie l'émotion.Non; comme il ne suffit pas de sombrer dans un manièrisme stylistique pour se prétendre poète ou écrivain.
Quelle que soit la figure de style, et c'est là lieu commun, elle ne doit son mérite qu'au sens nouveau qu'elle induit . Or celui-ci est tout autant issu de l'ordre boulversé des mots que de leur musique réapprise.
Bien sûr qu'il y a là comme un travail de scuplture où casser la phrase, choquer le verbe pour créer d'autres silhouettes et perspectives, s'imposent.
Mais, je m'emporte et de pompeux, me voilà lyrique.
Pour en terminer, au risque de vous lasser un peu plus, je voudrais revenir au poème.
A son sujet d'abord: La mort , pire encore, l'agonie. Voici l'instant ou tout s'inverse, le sens, le regard, le raport à soi et au monde. celui de la convulsion ultime. dés lors l'inversion stylistique à valeur éminente de métaphore.
Ainsi le vers
"Je sais que trop m'ont vu de paysages"
n'a, pour moi en tout cas, d'intérêt que selon cette formulation.
Si je dis:
"Je sais que j'ai vu trop de paysages"
hormis la platitude sonore et informative du propos, je perds toute valeur symbolique de l'énoncée. La première mouture a sens d'exclusion et crée mieux l'idée qu'il me faut "débarasser le plancher", que déjà, je ne suis plus de ce monde.
Un dernier exemple, avant de vous remercier de voter patience, où l'inversion change tout:
"Et mon père abattu tel un arbre,
Du temps déterra son antique main"
Imaginons l'autre formulatio :
"Et mon père abattu tel un arbre,
déterra du temps sa main antique"
Bof! et pas seulement. ridicule !
Alors que si l'on inverse, on passe de la narration archéologique à l'évocation sépulcrale, que d'aucun ressentiront effectivement comme "pompeuse", que je ressens , moi simplement comme solennelle .
Plaisirs et tentations de l'inversion qui n'ont d'égaux que ceux de la trituration de la phrase.
Bien sûr c'est une question de sujet et de mesure. L'agonie est torture et décomposition annoncée, le style me parait devoir être à cette aune.Evidemment, Je ne parlerais pas ainsi de l'amour, encore que...
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Les épis de la mort
Pour info, trouvé sur un wiki consacré à starwars :
C'est vrai que c'est un procédé qui peut paraître lourd pour, par exemple, "aller chercher une rime", mais ce n'était pas le cas ici, c'est la "langue étrangère" à proprement parlé de quelqu'un qui n'est pas encore mort, mais qui ne compte déjà plus totalement parmi les vivants.
Ce n'est pas un style "précieux", au contraire même, puisqu'il qualifie plutôt un étranger, pas populaire non plus donc, pour la même raison.
Une hyperbate est un procédé de rhétorique qui consiste à intervertir l'ordre habituel des mots, sans pour autant commettre de faute grammaticale. Par conséquent l'usage répétitif d'hyperbates par un locuteur étranger est une faute d'usage (fréquente), et non une faute de grammaire.
Le langage par hyperbates était utilisé par Maître Yoda, ainsi que Yaddle.
C'est vrai que c'est un procédé qui peut paraître lourd pour, par exemple, "aller chercher une rime", mais ce n'était pas le cas ici, c'est la "langue étrangère" à proprement parlé de quelqu'un qui n'est pas encore mort, mais qui ne compte déjà plus totalement parmi les vivants.
Ce n'est pas un style "précieux", au contraire même, puisqu'il qualifie plutôt un étranger, pas populaire non plus donc, pour la même raison.
Re: Les épis de la mort
Ce texte me livre une impression plutôt bonne, si tant est que l'on ne se concentre pas sur sa poétique.
Comme le débat est déjà engagé, je ne peux que donner mon avis, c'est lourdeau, bourré de codes et standards mais surtout de fautes.
1/ La mise en page centrée. Plus que bof. Sur le plat c'est même mieux
2/ la syntaxe
espace avant point puis plus d'espace avant point. Guillemets qui s'ouvrent et ne se referment jamais.
3/Les inversions; trop nombreuses jusqu'a ne plus faire sens du tout.
4/ La réthorique Biblique
que que que que et.
que que que mais.
Je l"ai tellement lue dans la poésie Phillipine que je ne peux m'empêcher de sourire. Z'êtes pas des Catherinettes tous en france quand-même.
Alors oui ce texte tient debout et ne mérite pas foudre et querelle.
Coté poésie en revanche, c'est un vrai désastre, je vous engage à parler un peu moins et travailler un peu plus.
Comme le débat est déjà engagé, je ne peux que donner mon avis, c'est lourdeau, bourré de codes et standards mais surtout de fautes.
1/ La mise en page centrée. Plus que bof. Sur le plat c'est même mieux
Joli non ?
C'était au bord du fleuve et mon père s'éteignait. J'étais à son chevet.
En leur multitude, là-bas, triomphaient les oiseaux tandis que je glanai les épis de la mort.
2/ la syntaxe
espace avant point puis plus d'espace avant point. Guillemets qui s'ouvrent et ne se referment jamais.
3/Les inversions; trop nombreuses jusqu'a ne plus faire sens du tout.
Cela ne veux plus rien dire du tout même en étranger.Je sais que trop m'ont vu de paysages,
4/ La réthorique Biblique
que que que que et.
que que que mais.
Je l"ai tellement lue dans la poésie Phillipine que je ne peux m'empêcher de sourire. Z'êtes pas des Catherinettes tous en france quand-même.
Alors oui ce texte tient debout et ne mérite pas foudre et querelle.
Coté poésie en revanche, c'est un vrai désastre, je vous engage à parler un peu moins et travailler un peu plus.
Invité- Invité
Re: Les épis de la mort
Hellian au sujet de l'inversion dans son poème:
Bien sûr c'est une question de sujet et de mesure. L'agonie est torture et décomposition annoncée, le style me parait devoir être à cette aune.Evidemment, Je ne parlerais pas ainsi de l'amour, encore que...
Je crois que tout est dit dans ces quelques mots. Quand la figure de style dépasse la mesure elle devient torture à nos pauvres oreilles. Toit dépend de là où chacun perçoit LA mesure !
Je ne demande qu'à lire un poème d'amour ...
Bien sûr c'est une question de sujet et de mesure. L'agonie est torture et décomposition annoncée, le style me parait devoir être à cette aune.Evidemment, Je ne parlerais pas ainsi de l'amour, encore que...
Je crois que tout est dit dans ces quelques mots. Quand la figure de style dépasse la mesure elle devient torture à nos pauvres oreilles. Toit dépend de là où chacun perçoit LA mesure !
Je ne demande qu'à lire un poème d'amour ...
Re: Les épis de la mort
Je sais que trop m'ont vu de paysages
Ça veut simplement dire
- Je sais que les paysages m'ont trop vu (passer) -
De la même façon qu'en train, on peut avoir l'impression que le paysage défile alors qu'en réalité, c'est le sujet qui se déplace.
- Le paysage défile - se comprend parfaitement, c'est pourtant une vision "poétique" du phénomène, on peut avoir l'impression de voir passer sa vie, alors qu'en réalité, c'est bien la vie qui nous voit passer.
Il y a confusion "littéraire" entre l'immuable (qui n'est pas soi) et l'éphémère (qui n'est pas la vie) dans le langage courant.
Non ?
Re: Les épis de la mort
Marrant, c'est la seule inversion qui ne m'a pas gênée.Je sais que trop m'ont vu de paysages
Re: Les épis de la mort
Il y a de la force dans ce texte, une élégance dans la solennité exprimée, tout cela avec sobriété et en même temps, une certaine emphase. Ce mélange me plaît.
Toutefois, la mise en page ne le sert pas vraiment, accentuant la lourdeur des sentiments exprimés. Je crois que forme et fond devraient se répondre légèrement différemment ici, histoire de ne pas trop insister sur la pesanteur des émotions et du thème, déjà imposant par nature. Le sujet prend le dessus sur la technique, moins bien maîtrisée, c'est dommage.
PS: Pour commenter les commentaires ou entamer une discussion autour d'un texte, afin de ne pas le faire sans arrêt remonter en haut de la Une, plutôt se diriger ici:
http://www.vosecrits.com/forum-vos-ecrits-poesie-f3/reponses-aux-commentaires-poesie-t3397.htm
Toutefois, la mise en page ne le sert pas vraiment, accentuant la lourdeur des sentiments exprimés. Je crois que forme et fond devraient se répondre légèrement différemment ici, histoire de ne pas trop insister sur la pesanteur des émotions et du thème, déjà imposant par nature. Le sujet prend le dessus sur la technique, moins bien maîtrisée, c'est dommage.
PS: Pour commenter les commentaires ou entamer une discussion autour d'un texte, afin de ne pas le faire sans arrêt remonter en haut de la Une, plutôt se diriger ici:
http://www.vosecrits.com/forum-vos-ecrits-poesie-f3/reponses-aux-commentaires-poesie-t3397.htm
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Hellian
heureux de te voir ici
tu as vu c'est autre chose
tu as vu c'est autre chose
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 64
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Les épis de la mort
oui, la différence entre le fast food et la gastronomie.
Ravi de te retrouver, camarade.
Ravi de te retrouver, camarade.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Les épis de la mort
bonjour aux visages connus, je me demande si j'ai pris le bon virage, degré de lecture, exigence du lecteur...j'observe donc.... j'ose laisser un commentaire ici, mes oreilles naïves n'ont entendu que ce poids de fin de vie, martelé par cette envie d'aller pourtant plus loin.
Invité- Invité
Re: Les épis de la mort
Joli texte.
J'avais lu ceci, avant: http://www.vosecrits.com/t13887-pour-hellian?highlight=hellian
et je me demandais s'il y avait eu- ou non- une suite.
J'avais lu ceci, avant: http://www.vosecrits.com/t13887-pour-hellian?highlight=hellian
et je me demandais s'il y avait eu- ou non- une suite.
joe-joe- Nombre de messages : 441
Age : 42
Date d'inscription : 01/05/2013
Re: Les épis de la mort
Merci d'avoir fait remonter ce texte, joe-joe.
Est-ce tout à fait un hasard si le poème dessine la forme d'un arbre ? "Mon père abattu tel un arbre"... mais toujours debout une fois le poème clos. Clos, d'ailleurs, à voir... Ces guillemets - qui ne se ferment pas – illustrent-ils une négligence d'écriture ? Ou, mettant à mal les règles les plus élémentaires de la ponctuation, veulent-ils signifier une suspension de la parole qui se refuse jusqu'au bout à envisager sa fin ?
Je suis assez surpris par quelques propos tenus ci-dessus... De subjonctif, je n'en vois guère qu'un seul dans ce poème ("avant que... ") et il signale suffisamment l'approche inéluctable de l'échéance finale. La puissante litanie des "que", introduits par le verbe savoir, est bien à l'indicatif. Ce mode constitue d'ailleurs un élément essentiel du texte car il souligne assez le retour sur soi sans concession du père, sur l'évidence on ne peut plus palpable de l'état physique délabré ("ma main n'est", "est ma bouche", "sont jaunes mes cheveux"), avec cette sorte de lucidité aveuglante (sept occurrences de "je sais") qui, face au destin déjà écrit, refuse obstinément de plier (recours au futur et à l'impératif). Le passage des multiples formes subordonnées à une seule avec recours parallèle aux nominalisations ("l'hésitation", "la verticalité") met en évidence une parole qui ne trouve toutefois plus à étendre son champ d'action au-delà d'une certaine circonférence de mots.
Tes propos sur l'hyperbate m'apparaissent cohérents, Hillian. Je ne perçois aucunement de la gratuité, de l'artificialité dans ces choix. À quelques exceptions (parmi lesquelles "triomphaient les oiseaux", qui signale une curée en cours... et à venir, mais comme repoussée, des rapaces), ces inversions, nombreuses, apparaissent dans les propos du père. Le rejet du sujet, la mise à distance, comme au rebut, des évidences premières, cela me semble tout à fait de mise dans un tel contexte.
Le lien que l'on établit mentalement entre les "épis" du titre et la vague suggestion d'une couronne d'épines, vers la fin, est assez fascinant. Suggère-t-il qu'il est un temps où la mort, certaine, se présente comme un sacrifice obligé... et un autre où, tout aussi certaine, mais plus terrible encore ("plus funestes"), elle se présente comme la résultante d'une longue lutte intime avec le temps, les dégradations du corps, les assauts constants de la faucheuse ?
Est-ce tout à fait un hasard si le poème dessine la forme d'un arbre ? "Mon père abattu tel un arbre"... mais toujours debout une fois le poème clos. Clos, d'ailleurs, à voir... Ces guillemets - qui ne se ferment pas – illustrent-ils une négligence d'écriture ? Ou, mettant à mal les règles les plus élémentaires de la ponctuation, veulent-ils signifier une suspension de la parole qui se refuse jusqu'au bout à envisager sa fin ?
Je suis assez surpris par quelques propos tenus ci-dessus... De subjonctif, je n'en vois guère qu'un seul dans ce poème ("avant que... ") et il signale suffisamment l'approche inéluctable de l'échéance finale. La puissante litanie des "que", introduits par le verbe savoir, est bien à l'indicatif. Ce mode constitue d'ailleurs un élément essentiel du texte car il souligne assez le retour sur soi sans concession du père, sur l'évidence on ne peut plus palpable de l'état physique délabré ("ma main n'est", "est ma bouche", "sont jaunes mes cheveux"), avec cette sorte de lucidité aveuglante (sept occurrences de "je sais") qui, face au destin déjà écrit, refuse obstinément de plier (recours au futur et à l'impératif). Le passage des multiples formes subordonnées à une seule avec recours parallèle aux nominalisations ("l'hésitation", "la verticalité") met en évidence une parole qui ne trouve toutefois plus à étendre son champ d'action au-delà d'une certaine circonférence de mots.
Tes propos sur l'hyperbate m'apparaissent cohérents, Hillian. Je ne perçois aucunement de la gratuité, de l'artificialité dans ces choix. À quelques exceptions (parmi lesquelles "triomphaient les oiseaux", qui signale une curée en cours... et à venir, mais comme repoussée, des rapaces), ces inversions, nombreuses, apparaissent dans les propos du père. Le rejet du sujet, la mise à distance, comme au rebut, des évidences premières, cela me semble tout à fait de mise dans un tel contexte.
Le lien que l'on établit mentalement entre les "épis" du titre et la vague suggestion d'une couronne d'épines, vers la fin, est assez fascinant. Suggère-t-il qu'il est un temps où la mort, certaine, se présente comme un sacrifice obligé... et un autre où, tout aussi certaine, mais plus terrible encore ("plus funestes"), elle se présente comme la résultante d'une longue lutte intime avec le temps, les dégradations du corps, les assauts constants de la faucheuse ?
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Les épis de la mort
< Attendu que ce membre a été banni de Vos Écrits, il lui est impossible de lire les commentaires que vous laissez sous ses textes. Si vous souhaitez lui faire parvenir vos remarques, vous pouvez le retrouver ici.
La Modération. >
La Modération. >
Invité- Invité
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum