Noirs plaisirs

Noirs plaisirs.

J'ai pas choisi de vivre ici, entre Rimbaud et Debussy
Ni les amis de mes amis...
J'ai pas choisi tout ce cortège de mensonges en chants de joie

Sur le palier de chaque nuit, coulent des corps
Et dans le bleu il pleut des morts
Au lit du vent passé le port
De mes rêves immondes

J’ai pas choisi de mains de sang, les mots qui tuent du fond de l’âme
La peur aux mains comme lame
Les mots de chair comme un violon jouant des notes interdites

J’ai pas choisi d’un autre monde
Le temps d’un autre, ni les yeux
Ni en mémoire de nos armes… Une larme d’enfant

J'ai pas choisi tous les langages à mes tristesses odorantes
Conventionnelles et de passage, au mal en mal convenu

J'ai pas choisi tous mes décors, où les lumières hissent les ombres
Ni les chagrins artificiels, de ce commerce d’être lu

J’ai pas choisi de me coller, du rêve au chaud au nez d’un siècle
Ses lignes blanches à me griser, de joies de vivre à bout de rimes
J’ai pas choisi la mer en bleu, de verre en vers à ses déprimes.
Tant, d’une voile artificielle
« J’en pleurs un peu ! »
« Tant meurent un peu ! »

Pourtant chez moi, ça pleut comme dehors…Des silences me font chanter
Pourtant chez moi, on sait, rien de commode ...Et des musiques à réciter
Y'a rien à vendre ou à voler

Pourtant chez moi, tout seul, toutes mes nuits, entremetteuses au mal appris.
On dirait même que ça tangue
A des plaisirs assombris.

(texte écrit sur l’idée d’un après Noir Désir)

Pour moi, ce n'est pas de la prose, c'est de la poésie pure.
Pure parce qu'elle ne cache rien, elle ne se déguise pas sous quelques effets que ce soit.
Votre poème, donc, est très beau pour ces raisons là.
Je n'y retrouve pas les noirs plaisirs annoncés par le titre... des désirs... oui.
Mais, je comprends que votre texte ne puisse pas se titrer "Noirs désirs"... vu la note du bas de page.

En tout cas, il me fait un peu trembler, j'aime beaucoup.

Merci Athor.

Mure a écrit:Pour moi, ce n'est pas de la prose, c'est de la poésie pure

moi aussi et je pense que prose poétique ne sert qu'à contourner la règle du un texte par partie par semaine, non ? :-)

Poésie donc, très musicale dans le cas présent, c'est une chanson (la référence à Noir Désir le souligne), belle de surcroît.
On y retrouve pêle-même la souffrance, le malaise, l'indifférence... autant de thèmes archi-rebattus mais tu arrives à donner à l'ensemble un rythme particulier, pas désagréable du tout, et à éviter l'écueil du déjà vu.

J'ai beaucoup aimé, à l'exception de la larme d'enfant qui me fait toujours voir rouge...