Carnet d'adresses

Carnet d'adresses
Elle m'a flingué mon carnet d'adresses ! Il faut le faire !
Je me rappelle très bien du jour où je l'avais acheté. C'était juste en début d'année, vous savez ce moment de grâce au cours duquel on prend plein de bonnes résolutions et, parmi toutes celles que j'avais prises, il y avait celle d'acheter un nouveau répertoire d'adresses et de jeter le vieux.
J'ai fait plusieurs papeteries et je ne savais toujours pas lequel choisir et puis je l'ai aperçu et tout de suite on s'est aimés. Il avait une jolie couverture en papier reliure et j'aime beaucoup le papier reliure. Celui-ci était dans les verts clair et plus foncé avec un peu de noir et de jaune aussi, bref du plus bel effet. Il avait un petit air ancien, un dos et des coins noirs. Très chic, quoi.
J'avais hâte de rentrer à la maison et de m'y mettre. J'ai commencé à recopier les adresses bien proprement. J'allais d'émerveillements en émerveillements, il y avait même un espace pour mettre les e.mails alors que dans le vieux ça n'existait pas ! Et les pages étaient fort bien conçues avec de belles lettres en italique !
Je tirais la langue et je recopiais, éliminant avec regret quelques adresses de gens dont je ne me rappelais même plus qui c'étaient !
Le truc moche c'est quand je tombais sur des morts !
Et puis j'ai inscrit les nouveaux, ceux que j'avais notés juste sur un petit bout de papier parce que j'avais la flemme. J'étais heureuse, j'en avais un qui commençait par "Z", c'est rare d'avoir un nom à inscrire à la page "Z" !
Et puis j'ai terminé. J'étais satisfaite et je l'ai rangé dans mon sac.
Trois jours après je reçois une lettre d'une amie. "Je quitte Pierre, ça ne peut plus durer, c'est un pervers narcissique et mon psy m'a donné le courage de rompre, voici la nouvelle adresse où tu pourras me joindre temporairement" !
Merde ! C'était vraiment pas de chance ! Mais quelle conne celle-ci ! A peine j'avais terminé de compléter mon beau répertoire qu'il fallait que je le salope avec une rature !
Je ne sais pas si vous vous rendez compte mais il a fallu que je raye le "Corinne" de "Corinne et Pierre T....." et que je déménage Corinne ailleurs.
J'ai choisi de la mettre à "P" comme "Pétard". Non, ne rigolez pas c'est son nom de jeune fille. En plus ça tombait bien, c'est aussi le nom de sa mère et c'était justement chez sa mère qu'elle s'installait !
Malgré tout, j'était contente de moi, j'avais fait ça bien proprement, rien à dire.
J'ai caressé mon petit carnet chéri et je l'ai rangé.
Là-dessus, un mois après, elle me téléphone et elle me dit qu'elle est en pleine déprime et qu'elle boit (à mon avis elle devait boire depuis un moment d'où la brouille avec Pierre) et qu'elle part en maison de repos ! Et elle me file l'adresse ! Je suis fort ennuyée car obligée de rajouter l'adresse de la maison de repos qui n'est qu'un vulgaire centre de désintoxication alcoolique en fait. La page "P" commence à être bien remplie.
Deux mois se passent et mon petit répertoire d'adresses me ravit toujours autant.
Et puis patatras, Corinne me téléphone pour me dire qu'elle a rencontré quelqu'un à la Maison de repos et qu'elle s'installe chez lui et elle me communique ses nouvelles coordonnées !
C'est que ça ne m'arrange pas du tout ça ! La page "P" n'est pas énorme sur mon répertoire ! Si elle avait un nom qui commençait par "B" encore ça n'aurait pas été grave, il y a trois pages, mais "P" il n'y en n'a qu'une ou après on saute au "Q".
Je vous vois venir... c'est justement ce qui est arrivé à Corinne, certes mais quand même !
J'arrange l'affaire du mieux que je peux. C'est de nouveau le nirvana entre mon carnet d'adresses et moi.
Et puis Corinne se manifeste ! Ça ne va plus avec son nouveau mec. Il boit ! Quelle surprise ! Bon, je ne lui ai pas dit, bien sûr, c'est juste entre nous. Elle retourne chez sa mère.
Comment ça elle retourne chez sa mère ? Mais c'est très fâcheux parce que je l'avais barrée moi, l'adresse chez sa mère !
Cette fois, ça y est je suis obligée de déborder sur le "Q" !
Nous sommes en Mai, j'adore ce mois et surtout celui qui suit, le mois de Juin, quelle merveille ! Mon répertoire et moi décidons de partir en vacances.
Ah oui, mais c'est justement le moment que choisit Corinne pour avoir un accident de voiture ! Je suis catastrophée d'autant plus que cette écervelée me donne l'adresse de l'hôpital ! Déjà qu'avec son adresse chez sa mère j'avais rempli toute la page "Q" voilà maintenant que je dois empiéter sur la page "R" mais c'est que ce n'est pas possible en plus ! J'ai déjà du monde à la page "R" !
Je réfléchis, voyons voir, où vais-je pouvoir la foutre pour m'en rappeler ? J'ai trouvé à la page "G" comme "gourde" il n'y a personne justement !

Amusant, mais trop étiré à mon goût pour un argument tout de même mince. L'abondance de points d'exclamation m'a également gênée, j'ai trouvé qu'ils appuyaient trop. C'est le reproche que je ferai, d'une manière générale, au texte : il m'a paru peser trop lourdement sur l'anecdote.

Une remarque de langue :
"Je me rappelle très bien le (on se rappelle quelque chose, on se souvient de quelque chose) jour où je l'avais acheté."

Bien aimé le ton vif, la spontanéité de l'écriture et me suis reconnue dans le carnet d'adresses bordélique (sans avoir jamais eu la volonté d'y mettre de l'ordre, toutefois).
Un peu plus long et on aurait pu avoir l'impression de remplissage, le texte s'arrête à temps.

Un passage que j'ai trouvé significatif parce que faussement léger : Le truc moche c'est quand je tombais sur des morts !

Un point de détail qui m'a choqué à l'oreille :
Je tirais la langue et je recopiais, éliminant avec regret quelques adresses de gens dont je ne me rappelais même plus qui c'étaient !
"qui ils étaient" plutôt, ou à la rigueur, "qui c'était" qui passe mieux à l'oeil mais sonne moche, je trouve.

Bonjour Plotine,

texte original et drôle, pas mal du tout, pour moi aussi ce dernier s'arrête à temps, d'autres phrases eurent été abusives à mon avis...

Un petit air de déjà lu, je ne sais plus chez qui, Jerome K.Jerome, Mark Twain? Ça ne me revient pas.
Sinon, ça n'est pas désagréable, dans le genre chronique du supplément du dimanche de L'Eveil de Paimpol.

Plotine ! j'ai bien ri ! Dés le titre....que je pensais être un effet comique.
As....! bon, peu importe !
Mon carnet à moi, il est énorme, bourré de post-it, de ratures, je me suis bien retrouvé dans votre texte. Je suppose que vous l'avez écrit pour vous et nous faire plaisir, pas pour recevoir un prix de littérature....

Bon alors ? Il y quelqu'un pour me corriger mon titre puisque je ne peux pas le faire moi-même ? [img)http://imdoc.fr/design/forum/icones/redface.gif[/img]

Bon sang, mais ils n'ont pas pitié des gens qui tapent sur leur clavier dans le noir parce qu'ils ont la flemme de mettre la lumière !
diebhsqtyenfgfokghfp !

Plotine a écrit:
Bon sang, mais ils n'ont pas pitié des gens qui tapent sur leur clavier dans le noir parce qu'ils ont la flemme de mettre la lumière !
diebhsqtyenfgfokghfp !

Achète-toi un macbook pro, le clavier s'illumine dans la nuit ;-)

Moi tu m'as emmené dans ton carnet d' adresses avec adresse mais j'ai bien cru devenir folle ! On y voit bien d'ailleurs que le monde est fou !
Où quand comment et à qui écrire des lettres quand l'être humain est si instable et si fuyant ? Lol...

Chez Plotine on boit le quotidien avec un zeste de nervosité, d'allant et remue nerfs bien agréable, surtout quand on a pas de carnet et encore moins d'adresses à recopier.

On a tous dû un jour ou l'autre recopier un carnet d'adresses, ce qui fait que je me suis en partie retrouvée dans l'histoire que tu décris (mais voilà bien des années que je n'ai plus fait ça, un sérieux nettoyage s'imposerait je pense...)

Pour ce qui est du traitement réservé à cette idée, légère mais plaisante, je suis mitigée. J'ai par moments trouvé le trait forcé, avec une insistance trop forte pour interpeller le lecteur, être sûr qu'il a bien tout compris. Si au début, ça peut passer pour de l'humour, ensuite ça devient lassant et les épisodes Corinne ne font plus sourire (enfin plus moi).

Sans compter que les adresses temporaires, genre maison de repos ou hôpital, ce serait bien plus simple de les copier sur un bout de papier puisqu'elles ont une durée de vie limitée. La crédibilité du truc et/ou la subtilité de la narratrice en prennent un coup. La plus gourde des deux n'est pas celle qu'on croit.

Amusant donc mais sans plus avec un traitement qui me semble un brin léger. Encore une moquerie de quelqu'un sur un forum ou bien ? :-)

Le sujet donne dans l'irritation de ces petites contrariétés qui donnent un peu de piment au quotidien.
Rien à dire sur l'écriture aussi souple que le caractère du personnage.

Ne pouvant résister au plaisir de m'interroger, moi aussi

La crédibilité du truc et/ou la subtilité de la narratrice en prennent un coup. La plus gourde des deux n'est pas celle qu'on croit.

Alors, c'est laquelle?
Ça-se-ra-toi-qui-se-ra-la-plus-....(ad libitum)

bertrand-môgendre a écrit:Le sujet donne dans l'irritation de ces petites contrariétés qui donnent un peu de piment au quotidien.
Rien à dire sur l'écriture aussi souple que le caractère du personnage.

C'est le prix qui baisse sur cette Happy Hour ou la quantité qui double?
En tous cas, c'est pas cher...vive la Guinness...draught dans ses bottes.

J'aime bien l'idée globale. L'idée de décrire l'évolution dans le carnet d'adresse, qui devient vite un fouilli, analogue à la vie de Corinne, qui est aussi dans un beau désordre ambiant. C'est un rapprochement intéressant, normal, mais intéressant à devellopper. Même si, on comprend trop vite que ce sera cela la trame du récit. Le fait de mettre ces quelques phrases, quand tu fais le nettoiage dans ton carnet, au tout début, (du genre, genant quand on tombe sur les mort,etc...) donnent des exemples criant de réalité, et ainsi, selon moi, t'assure une certaine crédibilité qui te permet de poursuivre l'histoire un certains temps, et tu t'arrêtes juste à temps. Effectivement, au fond (meme si je n'ai pas de carnet d'adresse) l'idée me semble un peu étrange, du moins, il est étonnant qu'une amie que tu n'accueil pas chez toi te tienne informée de tout ses déplacements, si soudain, si rapproché, sans même te préciser qui'ils sont temporaire, et qu'ainsi ton carnet puisse comporter une page consacrée au rature. Peut etre qu'un ton humoristique plus marqué aurait été de mise, si tu avais voulu devellopé l'aspect authenticité des faits. Au niveau de ton style, je trouve des choses intéressantes. Comme des petites redondances entre les phrases, qui diminuent petit à petit au fur et a mesure que la linéarité du récit avance, ce qui donne l'impression d'un long mouvement d'accompagnement, agréable à la lecture, facile à le représentation, et accomodant la compréhension, même s'il ne fait nul doute dès lors, qu'il s'agisse d'un récit adressé à une jeunesse jeune. Par contre, au niveau de la structure, je pense que tu l'a perdue dès l'apparition de tes phrases auxquelles j'ai fait références ci dessus ( et dont je n'arrive plus à me rappeler) : tout d'un coup la structure éclate, la singularité marquée par cette petite série isolée (par rapport à l'unité d'ensemble), ne te permet plus de retrouver la trame sur laquelle tu aurais du te remettre pour garder une sorte d'unicité de developement, de style, de structure. Etre dedans, très bien. Sortir, ok. Rester dehors, non. Il faut rentrer à nouveau quand on sort. C'est le seul gros défaut pour moi. Bonne suite.

Je me rappelle très bien du jour où je l'avais acheté. C'était juste en début d'année, vous savez ce moment de grâce au cours duquel on prend plein de bonnes résolutions et, parmi toutes celles que j'avais prises, il y avait celle d'acheter un nouveau répertoire d'adresses et de jeter le vieux.
J'ai fait plusieurs papeteries et je ne savais toujours pas lequel choisir et puis je l'ai aperçu et tout de suite on s'est aimés. Il avait une jolie couverture en papier reliure et j'aime beaucoup le papier reliure. Celui-ci était dans les verts clair et plus foncé avec un peu de noir et de jaune aussi, bref du plus bel effet. Il avait un petit air ancien, un dos et des coins noirs. Très chic, quoi.
J'avais hâte de rentrer à la maison et de m'y mettre. J'ai commencé à recopier les adresses bien proprement. J'allais d'émerveillements en émerveillements, il y avait même un espace pour mettre les e.mails alors que dans le vieux ça n'existait pas ! Et les pages étaient fort bien conçues avec de belles lettres en italique !
Je tirais la langue et je recopiais, éliminant avec regret quelques adresses de gens dont je ne me rappelais même plus qui c'étaient !
Le truc moche c'est quand je tombais sur des morts !
Et puis j'ai inscrit les nouveaux, ceux que j'avais notés juste sur un petit bout de papier parce que j'avais la flemme. J'étais heureuse, j'en avais un qui commençait par "Z", c'est rare d'avoir un nom à inscrire à la page "Z" !
Et puis j'ai terminé. J'étais satisfaite et je l'ai rangé dans mon sac.

Tout ça.

J'ai trouvé l'idée excellente mais je n'ai pas aimé la façon de mener le texte.

Je pense que c'est principalement à cause du ton exclamatif de la narratrice (que de points d'exclamations !), qui prend trop à partie le lecteur, ainsi qu'à cause de l'abus de provocations qui rend la chose trop caricaturale.