Au jusant de nos corps

Au jusanr de nos corps

En partance peut être,
Mais à l’ancre toujours des souvenirs,
Larguerons-nous, mon cœur, l'amarre du désir
Au jusant de ce corps ?

Tant de récifs m’ont vu qui saignait sous les vagues
Et battu et fouetté, tput d'oiseaux ruisselant.
Me dressant avec eux,
Pénitent impavide au sillon des tempêtes.

Or voici que ce corps à son reflet se blesse.
Se brise ma pensée sous la serpe des mots.
Loin du ciel déchiré au couteau de l’ennui.
Je voudrais même vieux, jaillir à la lumière,

Demeurer face au vent, figé dans mon sillage,
De ma substance même abandonnant l’idée,
Dans le silence fondre au serein crépuscule,
Contemplant le soleil pour sombrer avec lui.

Ah, Hellian, je suis vraiment contente de te relire ! Je me demandais si tu nous abandonnais...

Je n'ai pas aimé l'expression "jusant de ce corps" que je trouve maniérée, trop lyrique. J'aime beaucoup, en revanche, le rythme de la première strophe et la quatrième strophe. Dans la deuxième strophe, le rythme, avec le troisième vers court, me paraît subir une rupture dommageable à l'ampleur du propos.
Dans la troisième strophe, le fait que les trois premiers vers constituent à chaque fois une phrase, et soient terminés par un point, me gêne ; là aussi je trouve que cela brise quelque chose...

En bref, j'ai l'impression que, dans l'ensemble, le poème peine à prendre son envol, sauf dans les quatre derniers vers... et là ça s'arrête ! Une frustration pour moi.

Bon, je ne sais pas si je t'ai donné envie de revenir, en tout cas, comme toujours, je t'ai donné mon sentiment sincère et espère bien te lire encore.

Quelle exaltante profession de foi Helian ! J'aime quand tu te fais lyrique, comme dans les troisième et quatrième strophes. Je te vois déclamant ces vers, vraiment ! C'est superbe.

A part les deux coquilles ("jusant" et "tout"), serais-tu d'accord Helian pour dire que "saignait" s'écritait plutôt ici "saignais" ?

Socque, Easter,

Merci de vos commentaires.

désolé pour les coquilles. C'est comme d'habitude ma vue qui me joue des tours,entre autres pour la ponctuation. C'est, en effet, une "virgule " et non un "point". qui devrait se trouver à la fin du premier vers de la troisème strophe.
Même chose à la fin du troisième vers de cette strophe.
À défaut, la structure syntaxique de la strophe est déficiente.
De même à la fin du 2e vers de la 2e strophe, après « ruisselant » une virgule et non un point .

Bien sûr, tu as raison, Socque, toutes ces erreurs nuisent à la fluidité du texte !
( A chaque fois, j'enrage de pouvoir distinguer le point de là virgule )

quant à « saignai(t) » je ne peux que souscrire à ta proposition, Easter.



Voici donc la version du poème telle qu'elle aurait dû être :


Au jusant de nos corps

En partance peut être,
Mais à l’ancre toujours des souvenirs,
Larguerons-nous, mon cœur, l'amarre du désir
Au jusant de ce corps ?

Tant de récifs m’ont vu qui saignais sous les vagues
Et battu et fouetté, tout d'oiseaux ruisselant,
Me dressant avec eux,
Pénitent impavide au sillon des tempêtes.

Or, voici que ce corps à son reflet se blesse,
Se brise ma pensée sous la serpe des mots.
Loin du ciel déchiré au couteau de l’ennui,
Je voudrais, même vieux, jaillir à la lumière,

Demeurer face au vent, figé dans mon sillage,
De ma substance même abandonnant l’idée,
Dans le silence fondre au serein crépuscule,
Contemplant le soleil pour sombrer avec lui.

Oui, c'est marrant comme ça change la troisième strophe, ces petits gringrignous de virgules à la place de points !

Lyrisme joliment décliné en cet appel au large et au voyage des sens. Belle maîtrise Hellian, j'ai pris du plaisir à te lire, même si en général, ce genre poétique ne rencontre pas toutes mes faveurs.
Il y a ici une emphase dans le propos qui le rend théâtral, agréable à l'oreille (à haute voix ou non).
La dernière strophe est tout simplement superbe !

de toutes façons dès lors qu'il y le mot "jusant", ça se doit d'être lyrique

le jusant représente la force physique de la marée qui se brise après le flot

Honte sur moi j'ai du regarder dans un dico pour retrouver la signification oubliée du mot "jusant"..
Mais je ne le regrette pas, j'ai toujours plaisir à lire Hellian, ce lyrisme emphatique façon Pléiade, avec des images belles et puissantes, des mots résonnants.. Merci.

à propos de "jusant" qui semnle questionner ou surprendre :
Il s'agit tout simplement de la marée descendante.

Socque en évoque la supposée préciosité dont elle semble me faire un prugrief. M'est avis que la rareté d'un mot ne lui confère pas pour autant une connotation précieuse.. Mais surtout, l'expression, je l'admets inusitée "jusant de ce corps" m'a semblé être la plus appropriée au plan métaphorique et au plan de l'économie "formulatoire" " pour exprimer la regression vieillissante du corps. Enfin j'ai préféré "ce corps" à "mon corps" pour mieux"l'objectiver", le dissocier, en faire un élément de partage avec le lecteur... cela dit, c'est peut-être raté...

Non, tu as eu raison Hellian d'inviter ainsi le lecteur à partager ton questionnement, voire d'étendre ce questionnement jusqu'à lui, qui pourrait le faire sien.

Oui, juste maîtrise.

Hellian, vous êtes, sans rire, une meneuse de constellations.

lol47 a écrit:Hellian, vous êtes, sans rire, une meneuse de constellations.

les gens qui l'ont rencontré ont pris Hellian pour un homme, je crois
;-)

Grandiose avec des trouvailles qui me touchent :
Ce jusant de nos corps justement qui dit exactement ce qu'il veut dire avec une magnifique concision;
Cette image d'un corps "tout ruisselant d'oiseaux"
et ce vers splendide : Se brise ma pensée sous la serpe des mots dans lequel les allitérations couchent sans pitié le foisonnement des épis sous la froideur de l'outil qui les fauche ...
Je rentre parfaitement avec toi, Hellian, dans ce crépuscule frémissant.

J'ai aimé ce mélange de regrets, de nostalgie et de sérénité...

Enfin, c'est ainsi que je le ressens et le lecteur a toujours raison, pas vrai ? Ce poème me plaît.

je n'ai pas lu l'ombre d'un commentaire mais le deuxième texte "celui qu'il aurait du être". Pierre tu es quand même le seul être humain qui me réconcilie avec le lyrisme avec un tel brio. Après ce poème , dont le titre m'échappe, qui allait crescendo, voilà que tu me sers l'inverse avec cette violence qui s'éteint. Comme disait kazar : voilà , c'est ça, écrire.

Tiens, je l'avais pas vu... Même si je sens poindre dans ce poème de vieux motifs romantiques avec lesquels j'ai du mal, j'avoue que j'ai aimé : vous maintenez une certaine retenue dans votre lyrisme précieux... et c'est délicieux. Chapeau !

jusant judicieux

cette jeunesse qui se retire abandonnant nos plages de beauté

lire helian , notre mantra magique

salut à toi