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La grenouille

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Message  conselia Jeu 17 Sep 2009 - 9:23

C’est au matin qu’elle la trouva, piégée entre la porte-fenêtre et le volet roulant qu’elle venait d’actionner pour faire entrer la lumière dans le salon. La petite grenouille, d’un vert dont la pâleur signifiait la déshydratation extrême que le soleil déjà haut lui avait fait subir, était assise et ne bougeait pas. Kate la déplaça de quelques centimètres du bout de sa sandale et plaignit le malheureux animal qu’elle crut mort, déjà recouvert d’une poussière qui s’accumulait autour de ses membres. Mais en équilibre sur le bord arrondi du seuil de la porte-fenêtre, la grenouille esquissa un mouvement d’une lenteur inhabituelle pour un batracien et se hissa à nouveau en direction de la vitre. Envahi soudain d’un sentiment de culpabilité, Kate, qui avait malencontreusement enfermée cette bestiole en fermant le volet la veille, décida qu’il lui fallait la sauver du sort funeste auquel elle l’avait ainsi condamnée. Elle courut à la cuisine chercher un plat transparent qu’elle remplit d’eau, tira d’un jeu de carte qui traînait sur la table du salon ce qui s’avéra, sans qu’elle en fût réellement surprise, une reine de cœur et se hâta de revenir auprès de sa patiente. Délicatement, elle passa la carte sous les pattes et le ventre de l’animal pour la porter sur ce palanquin improvisé jusqu’au centre du plat rempli d’un centimètre d’eau. La grenouille ne bougeait pas d’un cil et le cœur de Kate sombra à l’idée qu’elle ne pourrait pas corriger sa tragique erreur de la veille. Mais à mieux y regarder, elle aperçut de très légère vaguelettes à la surface de l’eau claire et à proximité de la bouche de l’animal. Elle buvait très doucement, assise dans la petite mare confectionnée pour elle, et ce spectacle redonna instantanément espoir à Kate, qui entreprit alors de trouver un coin d’ombre propice au bain de dame grenouille. Ce qui fut fait, au pied d’un olivier distant de quelques pieds de la villa, dont le branchage assurerait encore deux bonnes heures de fraîche tranquillité avant que le soleil atteigne la position zénithale. Régulièrement, Kate quittait son transat et la lecture d’un magazine féminin, dont elle se reprochait de ne pouvoir se passer lorsqu’elle était en vacances, pour rejoindre la piscine privée de la verte demoiselle, qui reprenait, à défaut du poil de la bête dont elle était totalement dépourvue, les jolies couleurs verdâtres et irisées propres à son espèce. A la quatrième visite, une heure était passée et Kate trouva le plat vide de tout batracien. Une mouche s’y ébattait en compagnie d’un moucheron qu’elle ne supposa pas être de sa lignée, mais elle douta également que les diptères eussent disposé du corps de la grenouille meurtrie. Elle en conclut donc, en conformité avec sa nature généreuse et douce, que la grenouille avait recouvré ses forces et bondi hors de son refuge aquatique pour vaquer à ses occupations habituelles. Elle la chercha des yeux un instant dans l’herbe haute, puis renonça et se replongea dans le récit des mésaventures d’une princesse de sang, mariée contre son gré à une tête couronnée qu’elle ornait aujourd’hui de cornes bien méritées. Plus tard dans l’après-midi, après un repas dont la richesse en graisses, sucres et protéines contrevenait aux règles qu’elle s’était imposées depuis le printemps pour arborer en toute sérénité son nouveau maillot de bain, elle dût se résoudre à une sieste. Kate n’aimait pas couper ainsi la journée en deux parties égales, car elle émergeait de ce sommeil intempestif plus fatiguée encore et, pour tout dire, un tantinet vaseuse. En l’occurrence, ce sentiment fut renforcé par le vague souvenir qu’elle en garda de rêves étranges, mêlant princesses et grenouilles dans un scénario confus et, somme toute, plus que banal. Elle hésita un instant entre la douche et la piscine, pour finalement s’immerger jusqu’au menton dans l’eau d’un bain qu’elle fit couler avec très peu d’eau chaude. Elle sursauta lorsqu’elle constata qu’au bord de la baignoire, entre le flacon de sels de bain et le canard en plastique dont elle n’avait pas su se défaire au sortir de l’enfance, trônait la grenouille verte sauvée ce matin là. Se redressant lentement, elle sortit du bain aussi discrètement qu’elle le pût, effrayée plus qu’elle n’oserait jamais l’admettre à l’idée que le batracien eût sauté pour la rejoindre dans l’eau, plongeant peut-être entre ses seins ou en tout autre endroit qu’elle celait aux regards des hommes. Sa peau perlant d’eau savonneuse tremblait tant de froid que de peur, et elle s’enroula prestement dans une serviette de bain pour combattre l’un comme l’autre. La grenouille n’avait esquissé aucun mouvement brusque, mais suivait Kate de ses petits yeux noirs et globuleux. La jeune femme quitta la salle de bain à reculons, les yeux rivés sur l’animal, et ferma la porte derrière elle. Elle se hâta de se vêtir à nouveau, couvrant son corps d’un chemisier et d’un pantalon parfaitement inadaptés à la température de cet été caniculaire, mais lui offrant le réconfort d’une carapace textile. Elle retournait sur la terrasse pour reprendre ces esprits et concevoir le plan qui lui permettrait de chasser la grenouille de la salle de bain, sans avoir à la prendre dans ses mains, lorsqu’elle entendit un coassement au pied de la porte-fenêtre. Son cœur fit un bond et elle se figea devant la grenouille verte qui lui barrait la route, assise sur le seuil et lui faisant face. Elle commençait de se convaincre qu’il y en avait plus d’une quand ses yeux lui en apportèrent le sinistre démenti. La poussière enroulée autour de ses pattes ne laissait place à aucun doute ; c’était bien elle qui avait quitté –par quel miracle ? – la salle de bain pour venir se placer sur son chemin. Kate se ressaisit et, comme pour faire exister en ce lieu où elle séjournait seule pour l’heure une personne de confiance qui pût la conforter, déclara à voix haute qu’elle avait dû laisser la fenêtre de la salle de bain ouverte et qu’il n’y avait rien là d’extraordinaire. Kate referma la porte-fenêtre au nez de la grenouille qui semblait la narguer de l’autre côté de la vitre. Elle fit de même avec chaque fenêtre et chaque porte de la maison, s’assurant de chaque huis, vérifiant chaque accès pour qu’aucun ne s’offrît au facétieux batracien. Puis elle se saisit de la dernière œuvre en date d’un philosophe contemporain, dont elle appréciait autant la profondeur d’esprit que le physique romantique et désuet, et se mit à lire, décidée à ne pas laisser la grenouille occuper plus longtemps ses pensées. Plongée dans le chaos verbeux du philosophe dandy, elle dût un instant éloigner l’ouvrage de ses yeux, pour reprendre souffle après une phrase de treize lignes qu’aucune ponctuation ne venait alléger, et découvrit à cet instant que la grenouille s’était installée sur la table du salon, et la regardait lire sans bouger. Le livre lui tomba des mains et elle se tassa dans le fauteuil, semblant vouloir offrir le plus petit volume possible aux yeux de l’animal. Pétrifiée, Kate resta immobile un temps si long qu’il lui offrit l’occasion de constater que la grenouille ne manifestait aucune intention visible de sauter sur elle. Elle se détendit donc progressivement et entreprit de donner à l’incident une tournure conforme à son esprit rationnel. A force d’autosuggestion, elle finit par vaincre son appréhension naturelle et s’approcha du batracien, dont seul le goitre bougeait, au rythme de sa respiration. Centimètre par centimètre, Kate réduisit la distance entre son visage et la grenouille jusqu’à ce que sa vue ne lui permît plus d’approcher encore. La bête respirait vite et ses yeux ne quittaient pas ceux de la jeune femme, dont la peur avait laissé place à la fascination. La bouche de la grenouille s’ouvrit un peu et Kate craignit un instant d’en voir sortir la langue, qu’elle savait assez longue pour atteindre son visage. Les yeux de l’animal roulèrent dans leurs orbites, comme en signe d’un effort considérable, puis la bouche s’ouvrit un peu plus pour laisser échapper dans un souffle : « merci ! »

© Patrick Camu 2009
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Message  Invité Jeu 17 Sep 2009 - 9:50

Une histoire sympa, fraîche telle l'ombre d'un arbre en été ; j'en ai bien aimé l'écriture sautillante, comme la grenouille. L'argument m'a rappelé une histoire de Patricia Highsmith, où un incident anodin en apparence, et étrange, renvoie quelqu'un à ses zones d'ombre (mais la nouvelle de Patricia Highsmith était très sombre).

J'aime beaucoup cette phrase qui me paraît représentative du ton de votre texte :
"Elle en conclut donc, en conformité avec sa nature généreuse et douce, que la grenouille avait recouvré ses forces et bondi hors de son refuge aquatique pour vaquer à ses occupations habituelles."

Quelques remarques de langue :
"qui avait malencontreusement enfermé (et non "enfermée" ; le complément d'objet direct du verbe étant situé après, on n'accorde pas le participe passé) cette bestiole"
"Délicatement, elle passa la carte sous les pattes et le ventre de l’animal pour le (puisque c'est l'animal qu'on porte) porter sur ce palanquin"
"elle aperçut de très légères vaguelettes"
"elle dut (et non "dût" qui est la forme du subjonctif imparfait) se résoudre à une sieste"
"sauvée ce matin-là"
"aussi discrètement qu’elle le put (et non "pût" qui est la forme du subjonctif imparfait)"
"Elle retournait sur la terrasse pour reprendre ses esprits"
"Elle commençait à se convaincre"
"elle dut (et non "dût" qui est la forme du subjonctif imparfait) un instant éloigner l’ouvrage de ses yeux"

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Message  conselia Jeu 17 Sep 2009 - 10:01

Bonjour,

Votre commentaire m'a vraiment touché et la référence à Highsmith frise l'éloge. Vos remarques grammaticales très pertinentes me conduisent à la question suivante : comment éditer le texte pour y apporter les nécessaires corrections ?

Merci encore de vos encouragements !
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Message  Invité Jeu 17 Sep 2009 - 10:05

On ne peut pas éditer le texte sur ce site, c'est un choix pour éviter que les commentaires consécutifs au texte, en cas de remaniement de fond, deviennent absurdes. Vous pouvez retravailler votre texte pour l'avoir sous une forme plus satisfaisante, et, si vous le souhaitez, le publier sur ce même sujet... mais, honnêtement, vu le peu de problèmes qu'il a, je ne pense pas que ce soit bien utile.

Patricia Highsmith, eh, j'ai pas dit que c'était aussi bien, mais que l'argument me l'avait rappelée (et puis quelque chose dans la narration distanciée aussi, mais en nettement moins sombre). C'est un auteur que j'aime beaucoup.

Au fait, je ne vous ai pas encore souhaité la bienvenue sur Vos Ecrits ! Voilà qui est fait.

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Message  Rebecca Jeu 17 Sep 2009 - 10:20

socque comme à son habitude a relevé les erreurs grammaticales avec brio et je ne m'aventurerai pas plus sur ce terrain là.

Au début j'ai trouvé les phrases un peu longuettes et alambiquées et puis , trés vite, comme une grenouille qui devient prince , sous le regard et le baiser d'une belle perspicace , ce texte m'a sorti de ma carapace , m'a plu , et à l'échelle de ma lecture , il a grimpé bien haut , il m'a offert la météo , soleil nuages teintés d'orage et sous l'intempérie, j'avoue , j'ai tremblé et puis ri.
Merci.
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Message  Invité Jeu 17 Sep 2009 - 10:31

Ah, j'ai adoré la chute, je ne m'attendais pas à tant de simplicité, la jeune femme non plus, visiblement.
Une lecture très agréable, qui frise parfois la préciosité (je pense par exemple au soin manifeste mis à recourir aux synonymes pour éviter les répétitions). De même j'ai trouvé quelques passages denses, lorsque tu bombardes trop d'infos dans une seule phrase (" Kate quittait son transat et la lecture d’un magazine féminin, dont elle se reprochait de ne pouvoir se passer lorsqu’elle était en vacances" ou, plus encore " Plus tard dans l’après-midi, après un repas dont la richesse en graisses, sucres et protéines contrevenait aux règles qu’elle s’était imposées depuis le printemps pour arborer en toute sérénité son nouveau maillot de bain, ").
Mais je rouspète pour la forme, qui aime bien... n'est-ce pas ?
Bienvenue ici !!

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Message  Rebecca Jeu 17 Sep 2009 - 10:36

J'ajoute juste : peut être éclairez le texte.
Des retours à la ligne et des paragraphes.
Les mots couleraient mieux de source...Ca rendrait la lecture beaucoup plus fluide ...
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Message  Invité Jeu 17 Sep 2009 - 10:42

Pas sûr... j'ai justement perçu le texte comme une flaque de fraîcheur, une eau étale. Peut-être des paragraphes rompraient-ils cette continuité. Mais ça vaut le coup d'essayer, bien sûr.

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Message  Ba Jeu 17 Sep 2009 - 13:57

Etant amie des bêtes et de Patricia qui l'eût faite cuire au court-bouillon cette grenouille-là, je dis bravo surtout quand elle dit " merci " !
Rien de long, tout est bon.
Manquait plus que le prince charmant et manucuré, dommage :-))))))))))))))
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Message  bertrand-môgendre Lun 21 Sep 2009 - 7:23

Mince ! De mon côté aussi, j'ai cru un instant l'apparition d'un être féerique bon ou mauvais.
Atmosphère bien transcrite. J'ai buté un instant sur l'utilisation de l'huis. Peu importe.
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Message  Sahkti Mar 22 Sep 2009 - 11:38

J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire, cette idée, cette grenouille qui suit Kate pas à pas. C'est un thème et un genre qui me plaisent.

Pour ce qui est de l'écriture, je crois que ça vaudrait la peine de bousculer un peu tout ça en brisant le rythme de cette narration par moments très monotone. Tout est raconté sur un même ton, avec force détails, structures identiques et précisions pas tout le temps utile. Du coup, ça atténue pas mal les présences de vie dans le récit. Sans doute en supprimant quelques détails, en aérant, en allégeant certaines tournures... tout cela devrait concourir à renforcer ce texte et le rendre plus agréable.

En tout cas, bonne continuation sur ce site !
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Message  silene82 Sam 26 Sep 2009 - 18:59

Ma foi, pour une pièce d'introduction, elle me paraît plus qu'agréable. Le récit est bien conduit, il y a un ton, on se laisse emmener gentiment, en appréciant ces apparitions de l'irrationnel que vous utilisez fort bien.
La seule petite réserve que je ferais serait sur ce ton un peu sage, mais qui est vraisemblablement voulu.
En tous cas bienvenue soyez, et dans l'attente de vous lire.
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Message  Arielle Dim 27 Sep 2009 - 15:57

Merci !
J'ai joué agréablement avec les limites du conte, craignant de basculer trop franchement dans l'irrationnel mais le dosage est resté parfait tout au long de l'histoire et c'est un exercice que j'apprécie beaucoup.
Bienvenue sur Vos Ecrits !

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Message  boc21fr Jeu 15 Oct 2009 - 11:47

Première remarque : appuyez parfois sur "entrée" à la fin de vos phrases par pitié...
La commisération de socque, évoquant une "flaque de fraicheur", est ici valable dans le sens où oui, je partage son avis, ce texte reste du début à la fin agréable et frais : nous attendons du début à la fin l'irruption d'un fantastique qui, si il surgit dans la vie quotidienne de la narratrice, le fait de manière mesurée et à petites touches.
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Message  Loupbleu Lun 4 Oct 2010 - 21:59

D'abord pour les qualités, il y a une bonne idée, c'est assez agréablement écrit et ça tient le coup.
Mais je vais m'acharner sur les critiques, y compris dans le détail.

FORME
- Je pense que tu as une petite manie (et j'ai la même), c'est d'utiliser beaucoup de fois les mêmes mots-outils : il y a 38 fois "et" - ça eut être allégé - 42 fois "que" - je pense qu'il faut utiliser moins systématiquement les relatives.

- Attention aussi à la tenue de certaines phrases, par exemple :
"d’un vert dont la pâleur signifiait la déshydratation extrême que le soleil déjà haut lui avait fait subir," : l'imbrication de relatives n'est pas très heureuse. Pour être tatillon, le soleil ne lui fait pas subir une déshydratation, il la déshydrate. Il faut trouver une formulation plus élégante.

"Kate la déplaça de quelques centimètres du bout de sa sandale et plaignit le malheureux animal qu’elle crut mort, déjà recouvert d’une poussière qui s’accumulait autour de ses membres."
"plaignit" même si correct, me gêne un peu, car le passé simple donne l'impression d'une action courte (par exemple juste le moment où elle dirait "oh la pauvre grenouille"), et il y aurait presque une nuance d'insincérité dans ce passé simple. "plaignant" serait mieux.

"déjà recouvert" ne fonctione pas tout à fait. Soit : elle voit la poussière et en déduit que la grenouille est morte. Ou : elle la considère morte, la preuve, elle est pleine de poussière (mais elle ne la croit pas pleine de poussière elle le sait).

Dans ces exemples où je chipote pas mal, j'en conviens, je pense que tu gagnerais à varier les structures de phrases (conjonction, coordination, etc.) afin de rendre les choses plus précises dans leur déroulement.


FOND
Ce qui est réussi et très intelligent, c'est d'esquiver la référence direct princesse grenouille en nous la faisant palper.
Ce qui me semble moins réussi ce sont ces petits divertissements, du genre "après un repas dont la richesse en graisses, etc.", c'est un peu lourd, et c'est lourd parce que ça n'est pas dans la nécessité du récit, tu détournes même l'attention du lecteur, comme si tu t'arrêtais au milieu pour lui faire un clin d'oeil et une bonne blague. Idem pour le philosophe dandy. Bref : reste concentré sur ce que tu racontes, pas besoin d'en faire trop.

Il faut sans doute que tu segmentes ton texte en paragraphes.

Un détail : "Elle sursauta lorsqu’elle constata qu’au bord de la baignoire, entre le flacon de sels de bain et le canard en plastique dont elle n’avait pas su se défaire au sortir de l’enfance, trônait la grenouille verte sauvée ce matin là. " : mettre l'élément principal de la phrase après une subordonnée ne marche pas très bien.


Voilà juste quelques exemples. Rien de grave, mais ma suggestion serait que tu t'attardes davantage à ces petits détails : précision, équilibre de la phrase, etc.

Bonne continuation !
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Message  mentor Mar 5 Oct 2010 - 8:47

Loupbleu, véritablement c'est ce genre de commentaire qui manque cruellement sur VE !!! et tu y excelles !
non seulement c'est fouillé et pointu mais en plus ça m'a donné envie de lire le texte que j'avais loupé ! :-)))
je m'y mets
bravo encore pour ce boulot, car c'est un boulot et je conçois très bien que ceux qui ont le don de ce type d'analyse n'aient pas assez de temps pour en faire plus souvent, et c'est très dommage
Krystelle aussi est bien dans le genre (salut Krystelle !)
je sais, on ne commente pas un commentaire :-))

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Message  Halicante Mar 5 Oct 2010 - 9:58

Puisque ton écriture est fouillée et agréable, je me permets des remarques sur des points de détail :
« (…) qu’il n’y avait rien là d’extraordinaire (…) » : « rien là » semble correct, mais je crois qu’en inversant les deux la phrase est plus facile à prononcer : qu’il n’y avait là rien d’extraordinaire (je lis souvent les textes à voix basse, et quand ça achoppe quelque part, je m’arrête pour voir ce qui m’a gênée, mais ce n’est souvent qu’intuitif et pas forcément justifié.)
« (…) Kate réduisit la distance entre son visage et la grenouille jusqu’à ce que sa vue ne lui permît plus d’approcher encore (…) » : le « encore » me gêne ici, « davantage » sonnerait mieux, je pense.

Les réactions de Kate sont bien décrites et tout à fait plausibles. L’histoire est prenante, et je me suis demandé si tu allais nous embarquer dans une dimension surnaturelle. J’ai pensé aux contes où la princesse doit embrasser la grenouille qui devient prince, qui aurait pu être une piste, mais au final toute la tension accumulée auparavant retombe un peu avec ce petit mot qui clôt l’histoire sur une note positive et qui offre un contraste frappant avec la peur ressentie par le personnage féminin à partir du moment où elle se retrouve « poursuivie » par la grenouille.
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Message  Invité Mar 5 Oct 2010 - 9:58

Bonjour.

Tout d'abord je ne comprends pas bien pourquoi on vous souhaite la bienvenue, alors que vous avez 600 et quelques messages affichés sur le forum. Il y a quelque chose qui m'échappe. Mystère...

Sinon, pour le texte: vous avez bien évidemment une sacrée plume, un maniement de la langue parfait. Ce que je conteste, c'est l'abus, à mon avis, des phrases trop longues, surtout quand il ne se passe pour ainsi dire, rien. Si l'on ajoute à cela la mise en page, en un seul paragraphe, c'est assez indigeste. J'ai donc trouvé cela très bien écrit, mais vraiment, ni l'histoire, ni le style ne m'ont touchés. Désolé

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Message  Invité Mar 5 Oct 2010 - 11:05

vincent M. a écrit:Tout d'abord je ne comprends pas bien pourquoi on vous souhaite la bienvenue, alors que vous avez 600 et quelques messages affichés sur le forum. Il y a quelque chose qui m'échappe. Mystère...
C'est parce que ce texte à été posté et commenté le 17 septembre 2009, quelquefois depuis, dont hier par notre chef de cellule Loupbleu. Depuis le postage originel, Consélia, notre chef de projet branche "printernet", a posté 600 messages.
Il n'est point de mystère mais le temps qui passe.

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