Le secret de Clémence
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Re: Le secret de Clémence
Je ne dirai rien sur la forme, elle est parfaite.
Sur le fond, c'est très bien vu je suppose, je ne suis pas encore assez vielle pour juger ! Ce n'est pas trop bon de se souvenir, c'est à coup sûr le signe qu'on vieillit mais comment l'éviter ?
Avec ceci, je ne suis pas d'accord : Pas toujours beaux, pas toujours plats. Des ventres adipeux, déjà, à leur âge, des ventres qui deviendront gros et gras comme ceux des mères, sans doute.
J'aurais dit : "sûrement" à la place de sans doute. J'aurais même dit : "plus gros et gras que ceux de leur mère" !
Je vois plein de jeunes femmes déjà plus grosses que leur mère !
Sur le fond, c'est très bien vu je suppose, je ne suis pas encore assez vielle pour juger ! Ce n'est pas trop bon de se souvenir, c'est à coup sûr le signe qu'on vieillit mais comment l'éviter ?
Avec ceci, je ne suis pas d'accord : Pas toujours beaux, pas toujours plats. Des ventres adipeux, déjà, à leur âge, des ventres qui deviendront gros et gras comme ceux des mères, sans doute.
J'aurais dit : "sûrement" à la place de sans doute. J'aurais même dit : "plus gros et gras que ceux de leur mère" !
Je vois plein de jeunes femmes déjà plus grosses que leur mère !
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 82
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: Le secret de Clémence
Eh bien, je vais montrer une fois de plus mon indécrottable insensibilité. Le texte m'a ennuyée ; j'ai trouvé la présentation du personnage caricaturale et moralisante, peu subtile, l'écriture scolaire, terne. En outre, j'ai eu l'impression que le point de vue de narration oscillait entre un regard extérieur et les pensées de Clémence, ce qui m'a gênée.
Une notation qui m'a bien plu, toutefois : "Il aimait Clémence. Elle l’avait trompé dès le premier baiser…"
Une notation qui m'a bien plu, toutefois : "Il aimait Clémence. Elle l’avait trompé dès le premier baiser…"
Invité- Invité
Re: Le secret de Clémence
Plotine a écrit:Je ne dirai rien sur la forme, elle est parfaite.
Sur le fond, c'est très bien vu je suppose, je ne suis pas encore assez vielle pour juger ! Ce n'est pas trop bon de se souvenir, c'est à coup sûr le signe qu'on vieillit mais comment l'éviter ?
Avec ceci, je ne suis pas d'accord : Pas toujours beaux, pas toujours plats. Des ventres adipeux, déjà, à leur âge, des ventres qui deviendront gros et gras comme ceux des mères, sans doute.
J'aurais dit : "sûrement" à la place de sans doute. J'aurais même dit : "plus gros et gras que ceux de leur mère" !
Je vois plein de jeunes femmes déjà plus grosses que leur mère !
Mais non, "elles" vont réagir ! Elles réagissent déjà.
Merci Plotine.
Invité- Invité
Re: Le secret de Clémence
socque a écrit:Eh bien, je vais montrer une fois de plus mon indécrottable insensibilité. Le texte m'a ennuyée ; j'ai trouvé la présentation du personnage caricaturale et moralisante, peu subtile, l'écriture scolaire, terne. En outre, j'ai eu l'impression que le point de vue de narration oscillait entre un regard extérieur et les pensées de Clémence, ce qui m'a gênée.
Une notation qui m'a bien plu, toutefois : "Il aimait Clémence. Elle l’avait trompé dès le premier baiser…"
A peine désolée de vous avoir ennuyée, socque. Merci d'avoir exprimé votre point de vue.
Merci aussi pour la présentation caricaturale, moralisante et peu subtile, pour l'écriture scolaire et terne. C'est une critique très constructive ! Ca fait avancer !
Invité- Invité
Re: Le secret de Clémence
socque a écrit:. En outre, j'ai eu l'impression que le point de vue de narration oscillait entre un regard extérieur et les pensées de Clémence, ce qui m'a gênée.
J'ai oublié ce commentaire un peu réducteur et non averti... *rire*
"Le point de vue du narrateur omniscient porte sur les pensées et les sentiments des personnages ainsi que sur leur passé et leur caractère. Pouvoir observer, intervenir et tout dire permet en outre d'apporter des commentaires sur l'histoire, l'intrigue ou la psychologie des personnages.
On appelle aussi ce point de vue focalisation zéro. "
C'est ce que j'enseignais à mes élèves... Tiens, c'est vrai que je restée scolaire, je n'ai jamais quitté l'école en fait.
Invité- Invité
Re: Le secret de Clémence
Vous avez raison, cela vous sera peut-être plus utile si j'essaie de vous indiquer les éléments qui m'ont donné cette impression.
Par ailleurs, je crois percevoir de la colère dans votre réponse. N'hésitez surtout pas à me dire si vous préférez que j'évite de commenter vos textes pour dire des choses négatives.
Je vous répète, comme je l'ai dit dans mon commentaire précédent, que cela reflète uniquement mon avis ("j'ai trouvé", "j'ai eu l'impression").
Elle est tassée plus qu’assise. Elle est cassée, en équilibre instable sur un vieux banc. Elle offre du pain sec aux pigeons et aux passants, ses rides. Elle est plus que ridée, Clémence, elle est plissée comme le schiste.
Elle est assise, anonyme, discrète et nourrit les pigeons. Elle a beaucoup d’années en trop. Sur son vieux banc de béton, elle laisse le monde venir à elle, elle laisse monter ses pensées. Parfois, elle a des mots de colère muette, des mouvements d’irritation que nul ne soupçonne. Elle pense… (Ce début, pour moi, est, sec, efficace, installe bien les choses, et on se rend compte que ça va être du rude. Cela me plaît, mais vous vous êtes laissé aller à la facilité, me semble-t-il, avec tous ces "est")
Tout ce qui l’entoure libère ses souvenirs. Tout ce qu’elle regarde la relie à son passé, à un moment de sa vie qui s’impose soudain, qui illumine ou assombrit son humeur. (Cette deuxième phrase, me semble-t-il, est redondante avec la première, introduit du bavardage dans ce qui jusqu'à présent était clair et limpide. Le banc de béton sur lequel elle est assise, par exemple, lui rappelle la place de son petit village. Une grande place pour un petit village. Un espace bordé de platanes, de robiniers et de beaux bancs de bois. Tout le village s’y asseyait à un moment ou à un autre de la journée, tout le village s’y reposait en récoltant les derniers potins. (Bonne évocation claire du village.)
Le matin, les commères y attendaient le boulanger. Elles arrivaient tôt, avant même le coup de klaxon, avides d’entendre les ragots des autres. Puis les vieux s’installaient, suçaient leurs pipes ou leurs mégots et critiquaient la jeunesse ou les bonnes femmes. Après le déjeuner, les enfants s’y égaillaient comme une envolée de moineaux, en attendant l’heure de l’école. L’après-midi, les vieux revenaient un à un de la sieste et se mêlaient aux inactifs ou aux joueurs de pétanque. Ils refaisaient le monde. Le soir, les familles se retrouvaient. A la tombée de la nuit, enfin, les amoureux s’y blottissaient. Clémence était du nombre. C’était avant… (Là aussi, bien, rien à dire.)
Au milieu des pigeons, Clémence relit sa biographie. Des moments intenses, des moments sombres ou ensoleillés comme dans toute vie humaine. (Première notation que je trouve sentencieuse et inutile.)
Naguère, Clémence abordait les passants, les invectivait parfois. Elle se tient tranquille depuis peu. Ce n’était pas bien méchant, juste surprenant. Des taquineries, pour rire un peu. Pas toujours tendre, elle se moquait, Clémence, d’une démarche, d’une dégaine, d’un accoutrement. Elle aimait surtout taquiner les petites jeunes, quand elles étaient seules. Elle aimait leur faire peur. C’était facile. Elle leur montrait ce qu’elles deviendraient plus tard, en vieillissant. C’est vrai, elle s ‘était parfois dénudée un peu, pour monter les ravages des années. Ce n’était pas bien grave. Mais il y eut des plaintes contre cette vieille folle qui se mettait quasi à poil dans le jardin public. Elle fut sermonnée. Elle recommença. Elle fut convoquée au commissariat, elle recommença. Elle eut une amende qu’elle déchira. Puis, un jour de grosse colère, elle insulta le policier de service, elle menaça de recommencer et pire encore ! Elle s’est retrouvée au cabanon, Clémence ! Outrage à la pudeur et insultes à un agent de la force publique, qu’on lui avait dit.
La pudeur, ça existait donc encore ! Elle en doutait Clémence, elle ne voyait que des bouts de ventre à l’air dès les premiers beaux jours ! Elles montrent leur ventre, les jeunes ! Pas toujours beaux, pas toujours plats. Des ventres adipeux, déjà, à leur âge, des ventres qui deviendront gros et gras comme ceux des mères, sans doute. Elles montrent leur ventre et la naissance de leurs seins et elles tortillent des fesses. C’est de la pudeur, ça ? Non mais, fallait pas exagérer quand même ! Et elle, Clémence n’avait pas le droit de montrer tout ça ? C’était trop vieux, trop fripé ? (Dans toute cette partie, j'ai ressenti un mélange de point de vue narratif entre un regard extérieur et celui de Clémence.)
Elle avait dû exagérer, les outrages ou les insultes, car elle avait été placée à l’hôpital, avec les dingues !
Pas longtemps. Juste le temps de se calmer. Quelques mois, juste le temps d’être assommée par les calmants, juste le temps de réfléchir. Elle s’était montrée docile au milieu des agités. On manquait de place, on l’avait donc libérée.
Maintenant, elle est discrète. Elle aborde encore les passants, mais elle reste prudente. Elle se contente de soupirer très fort et de lever les yeux au ciel… Elle est tout sourire et se contente de pousser un « si vous saviez » qui en dit long, mais qui ne la compromet pas.
Elle aimerait bien ajouter un tas de mises en garde : si vous saviez ce qui vous attend, mes pauvres, vous ne seriez pas si satisfaits de vos petits pouvoirs, de vos réussites mesquines, de vos succès dérisoires, si vous saviez ce qui vous attend… Personne ne peut échapper à sa vie, aux ratés, aux hoquets successifs, puis à la déchéance finale. Si vous saviez !… (Ce paragraphe, là aussi, me paraît trop moralisateur.)
Chut, chut, Clémence ! N’ajoute rien ! (C'est sans doute Clémence qui se parle ; irruption à nouveau du point de vue de Clémence, je crois, mais ce n'est pas clair.)
Cassée sur le vieux banc de béton, Clémence nourrit les pigeons. Ramassée sur elle-même, elle tente de se réchauffer au soleil ou à la compagnie des autres humains. Une vieille dame tranquille, discrète, souriante. (Ce mélange d'apitoiement et d'ironie me déplaît ; c'est affaire de goût, je ne dis pas le contraire.)
Elle revoit son passé, elle revoit sa vie. (Cela, vous l'avez dit plus haut.) Il y a eu tant de passants dans sa vie, tant d’êtres qui l’ont accompagnée quelques heures, quelques mois, des années…
Sur les bancs de bois de son petit village, il y eut tous ces garçons, les rieurs et les graves, les blagueurs et les sérieux. Tous ces garçons auxquels elle offrait son sourire, sa présence, un baiser. Parfois davantage.
Il y eut Philippe, l’inoubliable dragueur. Philippe au regard profond, envoûtant. Philippe et sa voix si grave, si veloutée que les jeunes filles et les femmes se l’arrachaient. Le Don Juan, le chasseur, le coureur, l’insatiable. Philippe aux mains douces, aux baisers fous, aux mille promesses, aux mille mensonges. (Ton harlequinesque selon moi, à la limite du mièvre.)
Elle s’était laissé prendre, comme les autres. Il n’avait eu qu’à la cueillir, elle était prête, elle l’attendait. Il l’avait effeuillée puis rejetée. (Idem.) Jean-Marc s’était présenté pour la consoler. Il aimait Clémence. Elle l’avait trompé dès le premier baiser…
Jean-Marc était trop doux, trop respectueux, trop timide. Ses caresses lui ressemblaient. Clémence avait subi puis apprécié d’autres caresses plus sauvages, plus rudes, plus primitives et elle les désirait encore. Elle avait tout appris à Jean-Marc. Elle l’avait épousé, elle l’avait trompé, toujours… Il n’en avait jamais rien su, personne n’en avait rien su. Elle n’avait pourtant pas commis d’adultère, Clémence. C’était pire. (Notation moralisatrice que vous imposez au lecteur, sans lui laisser le loisir de se faire sa propre opinion.) Dès le premier baiser, elle avait trompé son mari en pensée. (On peut en effet ne pas être d'accord sur l'idée que la tromperie en pensée est pire qu'en réalité.) A l'apogée de chaque étreinte, c’est Philippe qui lui faisait l’amour, c’est lui qui offrait la jouissance, c’est à Philippe qu’elle se donnait. Jean-Marc n’était que l’instrument, il n’était rien… Elle avait réussi à faire semblant pendant les presque cinquante ans de leur vie commune. Il ne s’était jamais douté de rien, Jean-Marc, il était si bon, si heureux…
Cassée sur un vieux banc, une vieille femme tranquille nourrit les pigeons. La vie est un songe, a dit un poète… surtout si on rêve en la vivant.
Par ailleurs, je crois percevoir de la colère dans votre réponse. N'hésitez surtout pas à me dire si vous préférez que j'évite de commenter vos textes pour dire des choses négatives.
Je vous répète, comme je l'ai dit dans mon commentaire précédent, que cela reflète uniquement mon avis ("j'ai trouvé", "j'ai eu l'impression").
Elle est tassée plus qu’assise. Elle est cassée, en équilibre instable sur un vieux banc. Elle offre du pain sec aux pigeons et aux passants, ses rides. Elle est plus que ridée, Clémence, elle est plissée comme le schiste.
Elle est assise, anonyme, discrète et nourrit les pigeons. Elle a beaucoup d’années en trop. Sur son vieux banc de béton, elle laisse le monde venir à elle, elle laisse monter ses pensées. Parfois, elle a des mots de colère muette, des mouvements d’irritation que nul ne soupçonne. Elle pense… (Ce début, pour moi, est, sec, efficace, installe bien les choses, et on se rend compte que ça va être du rude. Cela me plaît, mais vous vous êtes laissé aller à la facilité, me semble-t-il, avec tous ces "est")
Tout ce qui l’entoure libère ses souvenirs. Tout ce qu’elle regarde la relie à son passé, à un moment de sa vie qui s’impose soudain, qui illumine ou assombrit son humeur. (Cette deuxième phrase, me semble-t-il, est redondante avec la première, introduit du bavardage dans ce qui jusqu'à présent était clair et limpide. Le banc de béton sur lequel elle est assise, par exemple, lui rappelle la place de son petit village. Une grande place pour un petit village. Un espace bordé de platanes, de robiniers et de beaux bancs de bois. Tout le village s’y asseyait à un moment ou à un autre de la journée, tout le village s’y reposait en récoltant les derniers potins. (Bonne évocation claire du village.)
Le matin, les commères y attendaient le boulanger. Elles arrivaient tôt, avant même le coup de klaxon, avides d’entendre les ragots des autres. Puis les vieux s’installaient, suçaient leurs pipes ou leurs mégots et critiquaient la jeunesse ou les bonnes femmes. Après le déjeuner, les enfants s’y égaillaient comme une envolée de moineaux, en attendant l’heure de l’école. L’après-midi, les vieux revenaient un à un de la sieste et se mêlaient aux inactifs ou aux joueurs de pétanque. Ils refaisaient le monde. Le soir, les familles se retrouvaient. A la tombée de la nuit, enfin, les amoureux s’y blottissaient. Clémence était du nombre. C’était avant… (Là aussi, bien, rien à dire.)
Au milieu des pigeons, Clémence relit sa biographie. Des moments intenses, des moments sombres ou ensoleillés comme dans toute vie humaine. (Première notation que je trouve sentencieuse et inutile.)
Naguère, Clémence abordait les passants, les invectivait parfois. Elle se tient tranquille depuis peu. Ce n’était pas bien méchant, juste surprenant. Des taquineries, pour rire un peu. Pas toujours tendre, elle se moquait, Clémence, d’une démarche, d’une dégaine, d’un accoutrement. Elle aimait surtout taquiner les petites jeunes, quand elles étaient seules. Elle aimait leur faire peur. C’était facile. Elle leur montrait ce qu’elles deviendraient plus tard, en vieillissant. C’est vrai, elle s ‘était parfois dénudée un peu, pour monter les ravages des années. Ce n’était pas bien grave. Mais il y eut des plaintes contre cette vieille folle qui se mettait quasi à poil dans le jardin public. Elle fut sermonnée. Elle recommença. Elle fut convoquée au commissariat, elle recommença. Elle eut une amende qu’elle déchira. Puis, un jour de grosse colère, elle insulta le policier de service, elle menaça de recommencer et pire encore ! Elle s’est retrouvée au cabanon, Clémence ! Outrage à la pudeur et insultes à un agent de la force publique, qu’on lui avait dit.
La pudeur, ça existait donc encore ! Elle en doutait Clémence, elle ne voyait que des bouts de ventre à l’air dès les premiers beaux jours ! Elles montrent leur ventre, les jeunes ! Pas toujours beaux, pas toujours plats. Des ventres adipeux, déjà, à leur âge, des ventres qui deviendront gros et gras comme ceux des mères, sans doute. Elles montrent leur ventre et la naissance de leurs seins et elles tortillent des fesses. C’est de la pudeur, ça ? Non mais, fallait pas exagérer quand même ! Et elle, Clémence n’avait pas le droit de montrer tout ça ? C’était trop vieux, trop fripé ? (Dans toute cette partie, j'ai ressenti un mélange de point de vue narratif entre un regard extérieur et celui de Clémence.)
Elle avait dû exagérer, les outrages ou les insultes, car elle avait été placée à l’hôpital, avec les dingues !
Pas longtemps. Juste le temps de se calmer. Quelques mois, juste le temps d’être assommée par les calmants, juste le temps de réfléchir. Elle s’était montrée docile au milieu des agités. On manquait de place, on l’avait donc libérée.
Maintenant, elle est discrète. Elle aborde encore les passants, mais elle reste prudente. Elle se contente de soupirer très fort et de lever les yeux au ciel… Elle est tout sourire et se contente de pousser un « si vous saviez » qui en dit long, mais qui ne la compromet pas.
Elle aimerait bien ajouter un tas de mises en garde : si vous saviez ce qui vous attend, mes pauvres, vous ne seriez pas si satisfaits de vos petits pouvoirs, de vos réussites mesquines, de vos succès dérisoires, si vous saviez ce qui vous attend… Personne ne peut échapper à sa vie, aux ratés, aux hoquets successifs, puis à la déchéance finale. Si vous saviez !… (Ce paragraphe, là aussi, me paraît trop moralisateur.)
Chut, chut, Clémence ! N’ajoute rien ! (C'est sans doute Clémence qui se parle ; irruption à nouveau du point de vue de Clémence, je crois, mais ce n'est pas clair.)
Cassée sur le vieux banc de béton, Clémence nourrit les pigeons. Ramassée sur elle-même, elle tente de se réchauffer au soleil ou à la compagnie des autres humains. Une vieille dame tranquille, discrète, souriante. (Ce mélange d'apitoiement et d'ironie me déplaît ; c'est affaire de goût, je ne dis pas le contraire.)
Elle revoit son passé, elle revoit sa vie. (Cela, vous l'avez dit plus haut.) Il y a eu tant de passants dans sa vie, tant d’êtres qui l’ont accompagnée quelques heures, quelques mois, des années…
Sur les bancs de bois de son petit village, il y eut tous ces garçons, les rieurs et les graves, les blagueurs et les sérieux. Tous ces garçons auxquels elle offrait son sourire, sa présence, un baiser. Parfois davantage.
Il y eut Philippe, l’inoubliable dragueur. Philippe au regard profond, envoûtant. Philippe et sa voix si grave, si veloutée que les jeunes filles et les femmes se l’arrachaient. Le Don Juan, le chasseur, le coureur, l’insatiable. Philippe aux mains douces, aux baisers fous, aux mille promesses, aux mille mensonges. (Ton harlequinesque selon moi, à la limite du mièvre.)
Elle s’était laissé prendre, comme les autres. Il n’avait eu qu’à la cueillir, elle était prête, elle l’attendait. Il l’avait effeuillée puis rejetée. (Idem.) Jean-Marc s’était présenté pour la consoler. Il aimait Clémence. Elle l’avait trompé dès le premier baiser…
Jean-Marc était trop doux, trop respectueux, trop timide. Ses caresses lui ressemblaient. Clémence avait subi puis apprécié d’autres caresses plus sauvages, plus rudes, plus primitives et elle les désirait encore. Elle avait tout appris à Jean-Marc. Elle l’avait épousé, elle l’avait trompé, toujours… Il n’en avait jamais rien su, personne n’en avait rien su. Elle n’avait pourtant pas commis d’adultère, Clémence. C’était pire. (Notation moralisatrice que vous imposez au lecteur, sans lui laisser le loisir de se faire sa propre opinion.) Dès le premier baiser, elle avait trompé son mari en pensée. (On peut en effet ne pas être d'accord sur l'idée que la tromperie en pensée est pire qu'en réalité.) A l'apogée de chaque étreinte, c’est Philippe qui lui faisait l’amour, c’est lui qui offrait la jouissance, c’est à Philippe qu’elle se donnait. Jean-Marc n’était que l’instrument, il n’était rien… Elle avait réussi à faire semblant pendant les presque cinquante ans de leur vie commune. Il ne s’était jamais douté de rien, Jean-Marc, il était si bon, si heureux…
Cassée sur un vieux banc, une vieille femme tranquille nourrit les pigeons. La vie est un songe, a dit un poète… surtout si on rêve en la vivant.
Invité- Invité
Re: Le secret de Clémence
dusha a écrit:(...)
"Le point de vue du narrateur omniscient porte sur les pensées et les sentiments des personnages ainsi que sur leur passé et leur caractère. Pouvoir observer, intervenir et tout dire permet en outre d'apporter des commentaires sur l'histoire, l'intrigue ou la psychologie des personnages.
On appelle aussi ce point de vue focalisation zéro. "
(...)
Sans doute, mais en l'occurrence il m'a semblé que vous mêliez point de vue du narrateur omniscient et stream of consciousness, ce qui représente autre chose que des "commentaires sur l'histoire, l'intrigue ou la psychologie des personnages". Mon impression, j'en conviens, n'est pas avertie, en revanche elle vous donne une indication d'une réaction possible de lecteur.
Invité- Invité
Re: Le secret de Clémence
socque a écrit:
Par ailleurs, je crois percevoir de la colère dans votre réponse. N'hésitez surtout pas à me dire si vous préférez que j'évite de commenter vos textes pour dire des choses négatives.
Je vous répète, comme je l'ai dit dans mon commentaire précédent, que cela reflète uniquement mon avis ("j'ai trouvé", "j'ai eu l'impression").
Non, pas de colère mais un mouvement d'humeur à cause du jugement expéditif et tellement négatif à propos de ce texte que je ne peux pas retravailler.
Jamais lu de romans de la série Harlequin, que vous semblez bien connaître socque.
Là, c'est une petite moquerie amicale...
Invité- Invité
Re: Le secret de Clémence
Une seule remarque sur la forme :
J’ai aimé le ton mystérieux du début, le passage où il est question des « impudeurs » de Clémence, car je me suis demandé où cela allait mener.
Pour cette même raison, j’ai moins aimé la fin (car je m’attendais à une « révélation » sur la vie de Clémence, quelque chose qui sorte de l’ordinaire.)
J’ai apprécié aussi ce récit pour l’écriture, pour sa justesse et sa simplicité.
Après les deux adjectifs « anonyme, discrète et » j’en attendais un troisième… Du coup j’ai l’impression qu’en rajoutant un sujet avant le verbe « nourrit », ça passerait mieux.Elle est assise, anonyme, discrète et nourrit les pigeons.
J’ai aimé le ton mystérieux du début, le passage où il est question des « impudeurs » de Clémence, car je me suis demandé où cela allait mener.
Pour cette même raison, j’ai moins aimé la fin (car je m’attendais à une « révélation » sur la vie de Clémence, quelque chose qui sorte de l’ordinaire.)
J’ai apprécié aussi ce récit pour l’écriture, pour sa justesse et sa simplicité.
Re: Le secret de Clémence
dusha a écrit:(...) Jamais lu de romans de la série Harlequin, que vous semblez bien connaître socque.
Là, c'est une petite moquerie amicale...
Je ne crois pas à l'existence de la moquerie amicale. Pour moi, il n'y a aucune raison qu'existe de l'amitié entre vous et moi puisque nous ne nous connaissons pas.
J'ai traduit quelques romans Harlequin avant qu'ils me virassent parce que je ne savais pas bien adopter le point de vue de l'héroïne. Donc, effectivement, je connais un peu.
Invité- Invité
Re: Le secret de Clémence
Je ne me suis pas sentie très à l'aise dans ce texte. Il est sensible, il est vrai, il est bien écrit, c'est vrai. Mais à part le passage sur les frasques de Clémence, qui m'a intéressée, j'ai trouvé le reste plutôt attendu, ciblé dirais-je.
Si je critique ainsi, c'est en connaissance de cause, j'ai dans le passé commis des écrits semblables (d'une qualité nettement inférieure à la tienne toutefois) ; je ne m'aimais pas dans ce travail, ça m'embête de retrouver dans ton texte ce que je n'avais pas aimé dans le mien.
Si je critique ainsi, c'est en connaissance de cause, j'ai dans le passé commis des écrits semblables (d'une qualité nettement inférieure à la tienne toutefois) ; je ne m'aimais pas dans ce travail, ça m'embête de retrouver dans ton texte ce que je n'avais pas aimé dans le mien.
Invité- Invité
Re: Le secret de Clémence
Merci Dusha, pour cet écho.
Moi qui travaille dur pour devenir une vieille dame indigne, j'ai des leçons à prendre ici !
Moi qui travaille dur pour devenir une vieille dame indigne, j'ai des leçons à prendre ici !
Invité- Invité
Re: Le secret de Clémence
Bien sur j'ai la chanson d'Anne Sylvestre en tête.
Ton histoire mérite que l'on s'y arrête. Les vieilles dames qui donnent du pain aux pigeons ont toujours des souvenirs à distribuer. Ces miettes là mériteraient de nous livrer quelque chose de plus consistant à nous mettre sous la dent.
Ton histoire mérite que l'on s'y arrête. Les vieilles dames qui donnent du pain aux pigeons ont toujours des souvenirs à distribuer. Ces miettes là mériteraient de nous livrer quelque chose de plus consistant à nous mettre sous la dent.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Le secret de Clémence
Une belle histoire, sensible et humaine, avec un personnage intéressant et consistant.
Attention cependant à ne pas trop flirter avec le sentimentalisme, sous peine de tomber dans l'excès de pathos. Cela se sent avec l'équilibre parfois bancal du texte qui oscille entre évocation, suggestion et explication. La narration n'est pas tout le temps fluide (mais l'écriture l'est, elle, en plus d'être agréable et soignée) et l'alternance dans les souvenirs pourrait être réorganisée (mais ne me demande pas trop comment, je ne sais pas vraiment, peut-être marquer davantage les ruptures).
Ceci mis à part, j'ai aimé te lire parce que c'est une belle histoire que tu racontes là.
Attention cependant à ne pas trop flirter avec le sentimentalisme, sous peine de tomber dans l'excès de pathos. Cela se sent avec l'équilibre parfois bancal du texte qui oscille entre évocation, suggestion et explication. La narration n'est pas tout le temps fluide (mais l'écriture l'est, elle, en plus d'être agréable et soignée) et l'alternance dans les souvenirs pourrait être réorganisée (mais ne me demande pas trop comment, je ne sais pas vraiment, peut-être marquer davantage les ruptures).
Ceci mis à part, j'ai aimé te lire parce que c'est une belle histoire que tu racontes là.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Le secret de Clémence
Elle offre du pain sec aux pigeons et aux passants, ses rides
Je suis un inconditionnel de cette tournure. Qui m'en donnera le nom, je vous prie ?
Re: Le secret de Clémence
Conselia demande.
Un zeugme non ?Je suis un inconditionnel de cette tournure. Qui m'en donnera le nom, je vous prie ?
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Le secret de Clémence
Je crois bien, oui. Merci !
Etes-vous le lanceur du fil des "zeugmes à la con" ? M'en va vérifier ça de suite...
Etes-vous le lanceur du fil des "zeugmes à la con" ? M'en va vérifier ça de suite...
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