Sous les pavés la plage

Oui , sous les pavés la plage
Et sous les galets la page
Et sur ces riants rivages
Le récif de ses naufrages.

Ces mots échoués sur le sable,
Grains de folie désirables,
Purs éclats de coquillages
Nacrés acérés volages,
Epars sur la rive grège
Déposés en vaines phrases
Qu’une pâle lumière embrase
Mais que le temps désagrège.

Sur cette page lui plais-je ?
Demande Fanny en nage
Nue sur cette plage en neige
Que son écriture assiège
Lue sur ces nuages sans âges
Luge sur ses mots sacrilège
Lune dans ce paysage
Barge, grain de sable beige
Folle image et sortilège

Fanny, ses poings qui surnagent
Les histoires qui la ravagent
Sa peau salée comme un piège
Et sa peine qu’elle allège
Encrée en flocons d’orage
En récits remplis de rages
Comme autant de privilèges
Jonchant la plage de temps
De souvenirs éclatants
Que le sablier protège
Et que le mot fin abrège

Oui , sous les pavés la plage
Et sous les galets la page
Et sur ces criants rivages
Fanny écrit ses naufrages.

Ah je...
Ah j'ai(me) même si ces allitérations me donnent la sensations de bégayer, en lecture silencieuse pourtant !

Fanny, Fanny, tu ne t'appelerais pas Elise dans une autre vie ?
Vertigineux mirage de la page qui nous entraîne dans la spirale quasi -hynotique de ses alitérations et consonnances. Bien vu avec un goût de juste assez qui frôle l'exercice de style.

J'ai beaucoup beaucoup aimé Fanny, ses souvenirs, ses interrogations, ses naufrages, et l'écriture exutoire. Parfois eu un peu l'impression que l'exercice de style allait trop loin, aux dépens de l'histoire de Fanny, mais tu as l'art de retomber toujours sur tes pieds. Belle p(l)age.

Bonsoir Rebecca,

hypnotique est le qualificatif que j'aurais choisi pour désigner ce texte si Arielle ne l'avait déjà fait... Sans trouver une poésie bouleversante à ce poème, je l'ai toutefois beaucoup apprécié...

Ah, j'aime beaucoup ces souvenirs de plage, ces souvenirs de naufrages, cette tentative de sauvetage par l'écriture et ces rimes à l'homophonie lancinante...Une réussite.

j'ai beaucoup aimé aussi.
Je conteste de temps à autre la versification, j'aime quand le langage prendrait le chemin le plus court, comme ici :

Le récif de ses naufrages.

Belle maîtrise de l'exercice, Rebecca ! Jamais pesant, rythmé avec justesse, presque musical... j'aime la tonalité générale que tu imprimes au poème, je le trouve réussi sur le plan des sonorités (le lire à voix haute est un vrai plaisir).
Pas que sur ce plan d'ailleurs, le fond me paraissant également habilement décliné, sans en faire trop, te jouant des mots pour leur faire dire ce qu'ils cachent.

Oui, lecture à voix haute, et pour les comédiens excellent exercice de diction. Ouf... remplacer enfin " gros grand gras grain d'orge" et en plus du plaisir de "dire la forme", être touchés par le fond ! Merci Rebecca.

j'ai bien aimé, notamment les premières strophes.Ensuite, mon intérêt s'est un peu émoussé. En effet, au début, votre verve s'exprime à plein et fait oublier le côté « exercice de style » lequel a tendance à prendre le dessus en 2e partie. Peut-être votre poème auraient-ils avantage à subir un petit élagage pour lui permettre de rester alerte.

c'est plutôt rare chez moi, mais ce texte m'a ensorcelé, par sa poésie transparente, la simplicité des mots, les images qu'ils m'ont fait voir...

Et voilà que tombent sur le bout de mon nez des "flocons d'ora[n]ge". Tu imagines ? Tu sais jouer avec les mots d'une manière toute personnelle, toute particulière et je dois dire que cela me convient plutôt pas mal bien.

A lire à pleines mains gratteuses de goudron !