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En miettes

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Message  ubikmagic Lun 1 Mar 2010 - 7:49

... Un jour, alors que nous sortions de l’école, nous eûmes la surprise de voir une berline noire ralentir puis stopper sur le trottoir, à notre hauteur. Mon père était à bord, qui nous invita à monter.
Franz et moi grimpâmes à l’arrière, comblés de sentir sur nous le regard de nos camarades, admiratifs.
L’intérieur était propre et sentait le neuf. Tout de suite, je demandai :
- Qui t’a prêté cette voiture ?
- Prêté ? Tu n’y es pas, mon garçon. Je l’ai achetée !
- Ah, ça alors !…
- Eh oui, maintenant, avec mes responsabilités, je suis amené à beaucoup me déplacer. Mais ne dis rien à ta mère : je veux lui faire une surprise !
Le moteur ronronnait ; Franz et moi étions confortablement installés et je me sentais incroyablement fier.

Nous nous rendîmes à Adolfstrasse, au siège de l’antenne du parti. Les travaux avaient commencé : une demi-douzaine de personnes étaient là, qui aidaient à enlever les meubles, balayer, etc. Parmi les participants, je reconnus oncle Fritz et sa femme, que je présentai à mon ami. Nous posâmes nos cartables dans un coin et sans plus attendre, nous participâmes au grand nettoyage.
Franz faisait preuve d’une énergie, d’un enthousiasme, qui firent forte impression. Un vieux buffet était là, qui gênait. Un des pieds ayant cassé, la structure s’affaissait et en conséquence, le plateau avait vrillé. Inutilisable, encombrant, on l’avait laissé au milieu, pour statuer ultérieurement sur son sort. Franz décida de s’en occuper à sa manière.
Il s’empara d’une masse de chantier et se mit à frapper avec opiniâtreté, disloquant les panneaux, indifférent aux esquilles de bois qui volaient en tous sens. En quelques minutes, couvert de sueur mais ravi, il avait éventré le bahut, dont il ne subsistait que des morceaux épars. Nous évacuâmes les restants dehors, dans une ruelle avoisinante, afin qu’ils soient enlevés par les éboueurs.
Quand le déblayage fut achevé, il fut question de démolir une cloison en briques, qui séparait inutilement le local. Là encore, mon ami fit merveille. Il était bien plus efficace que les hommes présents sur place. Il fallait voir comment il cognait, choisissant avec précision les points d’impacts, abattant des pans entiers d’un seul coup. La poussière venait se coller sur le film de transpiration qui l’inondait, mais il était là, souriant, décontracté, toujours sa masse à la main. Un des participants le prit même en photo avec son appareil tout neuf : Franz, les mains jointes sur le manche de l’outil, au milieu d’un monceau de gravats. Après nous aidâmes à les porter dans une camionnette, prêtée par un boucher qui militait à la section de Detmold.
Il était huit heures du soir. On ferma les lieux et on se sépara. Nous remontâmes dans l’automobile neuve. Quand Franz en descendit, mon père fouilla dans son portefeuille et lui remit un billet de cinq marks. Mon ami roula des yeux incrédules :
- Tiens mon garçon. Je suis ravi d’avoir fait ta connaissance. Tu m’as l’air d’une personne sûre. Voilà pour ta peine.
Je n’en croyais pas mes yeux. C’était une somme, juste pour un coup de main. Après, une fois que nous avons été seuls, mon père me donna également une récompense. Il était vraiment d’excellente humeur, je ne lui connaissais pas une telle générosité. Je respirais l’odeur du billet, détaillais les dessins, m’amusais à le froisser entre mes doigts… C’était la première fois que j’en possédais. Je décidai de le garder toujours : il me porterait chance.


Le soir même, nous eûmes encore droit à une dispute, mais celle-ci fut bien plus violente que les précédentes. Le chef de la famille, croyant sans doute bien faire, avait amené Mutti et Ida dans la rue. L’automobile était garée devant, rutilante sous l’éclairage du réverbère. Ma sœur dansait et piaillait de joie sur le trottoir. Mutti avait fait demi-tour et, sans un mot, était remontée dans sa cuisine.
Il n’en revenait pas, ses clés à la main, déconfit. Il s’était mis en tête de nous conduire autour du pâté de maisons, pour inaugurer la voiture ; au lieu de quoi, il se retrouvait stupidement planté là. Ida, qui comme toujours ne se rendait pas compte, s’était déjà installée sur la banquette arrière ; il la prit fermement par la main, la ramena à l’intérieur sans commentaires, le visage crispé. Moi j’avais déjà compris ce qui se préparait. Je suis resté dans le vestibule, près de la patère. De là, on entendait parfaitement la conversation :
Mutti était exaspérée des dépenses engagées depuis que son mari était entré en politique. Apparemment, d’après ce qu’elle disait, c’était lui qui s’était porté caution pour le local Adolfstrasse, avait financé une partie des travaux et des matériaux pour sa réfection. Maintenant, il s’offrait une automobile !
Il fit valoir qu’elle était mal placée pour décider à quoi on employait l’argent, étant donné que c’était lui et non pas elle, qui le gagnait. Mais tout de même répondait Mutti, nous n’arriverons pas à faire face.
De là, leur dispute enchaîna sur des thèmes que j’avais déjà entendu : elle n’aimait pas ce parti dans lequel il s’investissait, au détriment de sa vie conjugale, de sa profession. C’était, arguait-elle, un rassemblement de fanatiques haineux, de bellicistes, de dangereux radicaux. Depuis quelque temps, on ne le reconnaissait plus, lui si paisible auparavant ! Il répondait que ce n’était qu’un point de vue de femme, qui n’avait jamais connu l’enfer des bombardements, de blessés arrivant par vagues entières, sous sa tente, estropiés. Elle n’y comprenait rien, et surtout pas en politique. Le pays devait se redresser, il fallait de l’ordre, du changement, des mesures draconiennes.
J’avoue n’avoir pas tout écouté. J’en avais marre et je suis monté me coucher.


Dès notre rencontre suivante, Franz me reparla du billet :
- Dis-donc, il est drôlement chouette, ton paternel ! Quel veinard tu es ! Cinq marks, par les temps qui courent, c’est des ronds !
- Ils se sont encore disputés après, à cause de la voiture. Si tu savais comme ça m’agace… Tu as montré ton billet à tes parents ?
- Penses-tu. Si je l’avais fait, Ernst se serait arrangé pour mettre la main dessus ; il aurait tout dépensé au bistro. Je l’ai caché !
Nous étions dans la cour, le vent soufflait, emportant des paquets de feuilles de platanes qui virevoltaient, retombaient en crépitant sur le bitume de la cour. Les enfants les ramassaient, se les jetaient à la figure, donnaient de grands coups de pieds dedans, s’amusaient à les envoyer le plus haut possible, pour les voir s’éparpiller, ou encore prenaient leur élan, couraient puis freinaient au milieu de cette masse pour exécuter des figures glissées… Franz et moi assistions à ces jeux avec indifférence. Nous étions des grands, maintenant. Encore une année, et nous quitterions l’école, pour entrer au gymnasium.
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Message  ubikmagic Lun 1 Mar 2010 - 7:59

Hmm... Petite maladresse :

ubikmagic a écrit:Mon ami roula des yeux incrédules

Je n’en croyais pas mes yeux.

Je propose de conserver la première phrase intacte, et de remplacer la seconde. Quelque chose du genre :

Quand Franz en descendit, mon père fouilla dans son portefeuille et lui remit un billet de cinq marks. Mon ami roula des yeux incrédules :
- Tiens mon garçon. Je suis ravi d’avoir fait ta connaissance. Tu m’as l’air d’une personne sûre. Voilà pour ta peine.
J’étais étonné et content. C’était une somme, juste pour un coup de main. Après, une fois que nous avons été seuls, mon père me donna également une récompense. Il était vraiment d’excellente humeur, je ne lui connaissais pas une telle générosité.
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Message  Invité Lun 1 Mar 2010 - 8:09

Toujours très bon, solide et maîtrisé. Ce texte finalement assez anecdotique d'apparence me paraît recéler des renseignements importants pour la suite ; en tout cas, il marque une étape je pense dans le déroulement des évènements.

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Message  Peter Pan Lun 1 Mar 2010 - 8:22

Ah oui ubikmagic,

c'est toujours aussi agréable à lire, je sais pas comment tu fais !
Je veux dire, cette histoire ne me passionne pas tant que ça et pourtant je suis captivé et émerveillé à chaque épisode... (émerveillé est peut-être un peu fort, mais en tout cas, je passe un bon moment à te lire...)
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Message  silene82 Lun 1 Mar 2010 - 9:35

A quand le livre ? C'est frustrant à un point, ces petits bouts...
En tous cas, la qualité ne s'amoindrit en rien, semblable à cela au vin des noces de Cana : Jonathan te fait dire que c'est aussi bon, riche, construit, que les précédents, avec , comme le relève Easter, des amorces et des infos importantes pour la suite.
Pourquoi tu ne le publies pas par souscription, au lieu d'enrichir ton égoïste éditeur, qui garde avaricieusement ta trilogie dans un sombre recoin de son méphitique bureau, de peur que tu ne deviennes riche et célèbre ?
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Message  lemon a Lun 1 Mar 2010 - 10:42

Oui ca se lit bien. Fluide, solide, maitrisé.

Y a une mise en place pédagogique avec des éléments de psychologie et de dynamique sociale universelle pour contextualiser/expliquer les rouages de la haine collective (en s'appuyant sur l'exemple du nazisme qui devient une sorte de customisation littéraire). De ce point de vue, cà me parait clair, documenté, soigné et l'objectif est louable.

C'est aussi la faiblesse de ce travail. Un résultat un peu incolore, aseptisé, avec une écriture efficace certe, mais fonctionnelle, insipides,
sans panache dans laquelle les portails sont imposants et les moteurs ronronnent. Il manque aussi ce que j'aime en littérature, une vision originale/surprenante/personnelle/décalé de l'auteur sur le monde. Un grain, un risque. Tant sur le fond que sur la forme

Là ça ronronne comme le moteur de la berline et je sens trop qu'on ne quittera pas la route dans un virage. Planplan.

Ceci étant, je n'ai lu que ce passage -et survolé un ou deux autres-.Mon impression est dont toute relative.
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Message  demi-lune Lun 1 Mar 2010 - 19:50

Pour qui a lu les précédents arrivages : suite logique et sans faille (même si, oui Silène, y'a des trous agaçants entre les passages pour le lecteur hameçonné qui en voudrait plus !). Personnages qu'on commence à connaître et qui avancent sur leur chemin avec des annonces sous-jacentes soigneusement symbolisées ici.
Remarques formes :
Après, une fois que nous avons été seuls, mon père me donna
Je sais que "fûmes seuls" c'est pas bien beau mais ce passé composé avec un passé simple, ça me gêne. Peut-être que j'aurais préféré "une fois seuls", tu vois l'idée...
Pis comme je suis têtue (si, si) je te redis ici encore que
J’en avais marre
ben, j'aime pas bien...
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Message  Lucy Mar 2 Mar 2010 - 1:17

Un autre épisode. Là, je ne ferai que répéter ce que j'ai déjà pu dire auparavant : c'est solide, t'es lancé, on ne peut que suivre.
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Message  Louis Mar 2 Mar 2010 - 17:47

On découvre dans ce passage les traits de caractère de deux personnages, une facette de la psychologie de Franz et une autre de celle du père.
Franz ne contourne pas les obstacles, il les détruit. Ce qui gêne, il l’anéantit avec énergie et violence. Le vieux buffet, la cloison inutile subissent sous ses coups le même sort. Il ne démonte pas non plus, il frappe, casse, brise, fracasse. Puis fait disparaître les débris en miettes des objets démolis. Une rage, une violence destructrice l’habite.
Le père, lui, se révèle prodigue, dépensier. Il a la dépense et la générosité ostentatoires, il faut qu’elles se voient, il faut qu’elles fassent signes de l’élévation de son statut social, de son rang, de son importance gagnée par son action militante dans le parti. La mère s’en effraie, il ne sait répondre que par le machisme traditionnel.

Ton récit se poursuit, Ubik, toujours bien maîtrisé.

PS : une petite faute repérée : « des thèmes que j’avais déjà entendu ». Il manque un s à entendu.

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Message  Gobu Mar 2 Mar 2010 - 19:29

Cher Ubik, voilà bien longtemps que je n’ai pas commenté tes envois, ni d’ailleurs quoi que ce soit sur VE. Je ne suis pas sûr d’avoir lu tous les épisodes de ta saga en cours avec toute la concentration qu’ils méritent, mais à mesure que ton histoire se développe, je souhaiterais attirer ton attention sur quelques points qui me paraissent essentiel, s’agissant d’un récit ancré dans l’Histoire. Ce récit est prenant, les personnages brillamment campés, les rapports entre eux intelligemment décrits, le tout avec une qualité d’écriture que tous se plaisent à louer.

Pourtant, tout cela me laisse un sentiment, sinon de malaise, tout au moins d’insatisfaction. Je m’explique. Dans cette histoire, l’Histoire me semble étrangement absente. Si je ne savais pas de quoi il était question, je ne suis même pas certain que je comprendrais que nous sommes en Allemagne entre les deux guerres. Pour ne citer que cet exemple, dans ton dernier épisode, tu fais allusion au parti dans lequel militent plusieurs de tes personnages, mais à part une petite tirade sur les agissements de ces frénétiques, rien n’indique qu’il s’agisse du NSDAP. Il pourrait tout aussi bien s’agir du Parti Communiste, ou Socialiste, par exemple. On ne peut imaginer des militants nazis qui n’auraient pas Hitler sans arrêt à la bouche. Les nazis n’étaient pas seulement des revanchards horrifiés par le Traité de Versailles – c’est la majorité du peuple allemand qui partageait ces sentiments – mais des activistes plongés dans la politique contemporaine. Ils allaient écouter leurs idoles dans des meetings de plus en plus vastes, Hitler, bien sûr, mais aussi Goebbels, Hess ou Streicher. Ils affrontaient quasi-quotidiennement les rouges, non seulement dans les usines et les lieux de travail, mais aussi dans la rue. Ils tiraient à boulets rouges sur le gouvernement, et n’hésitaient pas à se heurter aux forces de l’ordre.

L’Allemagne de l’entre deux guerres était une véritable cocotte minute où bouillonnaient les passions les plus extrêmes, et celles-ci s’exprimaient régulièrement au travers de crises, de convulsions et de faits divers sanglants. Si nous sommes juste après la guerre, on ne peut faire l’impasse sur la révolte spartakiste et sa sanglante répression par les Corps Francs aux ordres du pouvoir Social-Démocrate. Si nous sommes un peu plus tard, en 1923 par exemple, comment ne pas évoquer la grève générale provoquée par l’occupation de la Ruhr par l’armée française et la faillite économique qui s’ensuivit, entraînant une dévaluation record et la mise au chômage de millions de travailleurs ? De nombreux assassinats politiques émaillaient aussi cette période, leur évocation, même anecdotique, permettrait à la fois de situer le récit dans le temps historique et de lui conférer une ampleur dramatique qui, selon moi, lui fait défaut.

L’Allemagne de l’époque était aussi le théâtre d’un extraordinaire foisonnement culturel et artistique. La sortie de grands films comme ceux de Lang ou de Murnau, la publication de livres majeurs comme ceux des frères Mann, Brecht ou, à l’autre bord, de Jünger ou de Von Salomon, étaient largement commentés dans une presse populaire incroyablement dynamique et influente. Tous ces événements permettraient de donner des repères historiques à ton récit, auquel ils font cruellement défaut.

Enfin, s’agissant d’un récit ayant pour objet de montrer le destin d’une famille confrontée à la montée de la peste brune, il y manque un élément essentiel : l’antisémitisme. Dès le départ, le parti nazi avait annoncé clairement la couleur : le principal responsable des malheurs du peuple allemand, c’est le Juif. Le rouge à la solde de Moscou, le socialiste traître à la patrie, le démocrate hypocrite, le patron exploiteur insensible aux malheurs du travailleur allemand, tout ces misérables ne sont que des marionnettes entre les mains du complot juif. Bien sûr, les nazis n’étaient pas les seuls à développer des idées antisémites – même au sein du mouvement ouvrier, cette tendance avait la peau dure – mais ils furent les premiers à en faire le point central de leur doctrine, et surtout à essayer de lui donner des formes concrètes…

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