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La bougie

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Message  Nechez Jeu 3 Juin 2010 - 18:12

La bougie


La bougie semait ses yeux dans l'atelier.

L'écrivain s'était borné à son bureau, armé à la plume, conquérant, tel un chevalier révolutionnaire, seul, face au papier. Son cerveau gonflait de démence à l'idée de toutes ces choses qui défilaient et croissaient dans sa tête. Ça allait cogner, exploser, il en était certain, il attraperait l'orgasme et balancerait durant trois jours.
D'un bond, le noir pinceau enfonça sur la douce blanche pour la première fois, ô, qu'il savourait cet instant, cette tache, délictueuse excitation qui annonçait la tempête. La pointe avait creusé et sur la feuille ça baignait encore.
A cet instant, il fut attiré, comme dans un rêve en forme de grotte où il coulerait sur les parois quelque chose de vivant. Il se sentit menacé, agressé par milles chemins, tous aboyant comme pour se prostituer à son esprit. Son regard circulaire ne cessait d'agiter, faisant enchainer des acrobaties de part et d'autre du vide, et soudain, quand tout se mit à sécher, il se demanda si enfin ça allait exploser. Quand tout à coup ! Rien.
Rien. Il logeait encore et toujours ce satané bureau. Le stylo n'avait point changé d'un degré. La main exerçait encore la pression. Et pourtant, dans la goutte que ça venait de tracer, il c'était passé des choses extraordinaires, des mondes et des merveilles venait d'apparaitre d'un coup, d'un bout de plume. Tout ça, il ne le découvrirait jamais. Il le savait et il le savait très fort et il le savait horriblement et il attrapa un coup de folie.
Ce soir, ça n'avait pas dansé, même pas marché. Il regardait la bougie, la flamme gigotante. Ça lui piquait les yeux, comme pour se moquer de son âme. Il pensait qu'il pourrait la tuer, d'un simple souffle, lui voler ses idées et rejoindre les étoiles. Mais alors, il coucherait sans lumière, et ainsi on ne conte pas - c'est une question en manque de problème, partout où l'on a raison.
Il scrutait le feu comme pour attendre qu'un gros mot lui fonce dessus. Quelque chose pour bouger. Où donc s'était caché les vibrations ? Il n'en percevait même plus un écho. Sur son front coulait la sueur, quelque chose de vivant.

Le réveil dit « Dring ! ». Il n'avait pas beaucoup dormi. Pourtant il fallait se lever, partir, aller travailler. Voir le patron, lui offrir un sourire de lumière, lui dire que tout va bien. Aie.
Son patron était un de ces bureaucrates dinosaures, borné à la borne, simple, réglé à la plume de droiture qui évite les trous. Jamais il ne s'avançait trop, et au risque de rebondir, jamais ne tentait de saut. Adepte converti de cadrage pierreux, il se refusait toutes sortes de gribouillis. On croit que là gisait son défaut - en vérité, il avait peur du soleil. Ah, qu'il faisait bon dans la grotte, c'était tout orné d'inertie passionnante, on y dansait par fragment, au cas où, quand le vent s'égarait. Qu'on était bien à l'abri dans les sourires, protégé de l'ennui, totalement bercé de vide directeur, là où nul ne conte – Au revoir ! les aventures de la bêtise enchantée. Là-bas, rien, moins que la poussière, c'était le paradis, on aurait dit qu'un ivrogne eût tout gommé et qu'il eût bien raison. Ô, qu'il n'aimait pas le bordel, ça le faisait couler et il aboyait à chaque fois qu'il en percevait. Son plan diabolique consistait à exterminer chaque recoin entraperçus de désordre. C'était ça ; grâce à ses pouvoirs magiques, – et c'était ça son astuce - il briserait le désordre en milliers de morceaux qu'il enverrait beugler dans toutes les dimensions. Ô Icare, au fond de lui, un vieux rêve qui cognait sans cesse, comme arraché du fin fond d'un cauchemar, lui il voulait la paix, l'ordre et la sécurité.

Merde, il était en retard, c'est pourquoi il ralenti. Oh oui, il raterait son bus. Sortir du manège, il en était sûr, ça lui montrerait une idée, et l'idée de la démasquer dessinait sur le virage quelques esquisses entraperçus. Oh oui, ça tracerait des croquis qu'il suffirait de poursuivre, et en les coloriant ça glisserait comme du magma. Tout va bruler et il aura gagner. En marchant, il riait encore tant il songeait à son plan diabolique.
Il leva les yeux, vit les nuages faisant fleurir dans le ciel toutes races de directions. La pente jaillira au prochain tournant. Il suffira de pleuvoir dessus, ça fera pourrir les fausses notes. A cette pensée, il marcha longtemps, jusqu'à la nuit tombée.. Alors il comprit, jamais il ne touchera l'horizon. Et quel sens à toutes ces étoiles ? Il n'avait qu'un bâton, un capitaine sans équipage, un bateau sur l'océan traversant partout là où ça n'a pas besoin.
Il demeura silencieux un instant. Ici, il n'y a rien d'autre à faire, il faut s'entrainer à rêver, même en dormant, même en crevant. Ce soir au moins, il faudra essayer. Joyeux, satisfait de la trouvaille, il rentra chez lui.
Il logeait un mince appartement, perdu au centre de la grosse puante.
D'un saut, il atterrit sur son lit comme un terroriste, agrippa le drap dont il se recouvrit entièrement comme pour que le sommeil ne s'en s'enfuît pas. Ainsi, il enfermerait toutes les idées au fond de lui, il n'aurait plus qu'à les recracher sur la toile. C'est un bon plan ! Tout sourire, il s'endormi.
Nechez
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Message  Invité Jeu 3 Juin 2010 - 22:39

Bravo encore une fois pour vos progrès en orthographe ! Il reste certes des erreurs de langue, un reliquat, mais vos textes sont infiniment plus agréables à lire.
Bon, cela dit je n'ai pas aimé celui-ci, je l'ai trouvé trop brouillon ; j'ai aimé la description du chef, mais elle arrive un peu en vrac, et le retour au personnage principal se fait trop abruptement à mon goût. Dommage, j'ai apprécié l'idée et cette gaieté, cette énergie qui émane toujours de vos textes.

Mes remarques :
« agressé par mille (et non « milles », « mille » est invariable) chemins »
« il s'était passé des choses extraordinaires, des mondes et des merveilles venaient (les mondes et les merveilles) d'apparaitre »
« et ainsi on ne conte pas - (typographie : pour introduire une incise, le trait d’union « - » ne suffit pas, il fait le quart ous semi cadratin « – » ou « — ») c'est une question en manque de problème »
« Où donc s'étaient cachées les vibrations »
« On croit que là gisait son défaut - (typographie : pour introduire une incise, le trait d’union « - » ne suffit pas, il fait le quart ous semi cadratin « – » ou « — ») en vérité, il avait peur du soleil »
« chaque recoin entraperçu (et non « entraperçus », c’est le recoin qui est entraperçu) de désordre »
« grâce à ses pouvoirs magiques, – (typographie : pas de virgule avant une introduction d’incise par « – ») et c'était ça son astuce - (typographie : pour introduire une incise, le trait d’union « - » ne suffit pas, il fait le quart ous semi cadratin « – » ou « — ») il briserait le désordre »
« c'est pourquoi il ralentit »
« quelques esquisses entraperçues (une esquisse) »
« Tout va bruler et il aura gagné »
« pour que le sommeil ne s’enfuît (et non « s'en s'enfuît ») pas »
« Tout sourire, il s'endormit »

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Message  Invité Jeu 3 Juin 2010 - 22:39

Fantaisie, je cherchais le mot. J'aime la fantaisie de vos textes.

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