Fragment de quelque chose
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Fragment de quelque chose
Si j’avais à écrire un jour ; je veux dire si j’écrivais un roman, un vrai, un grand, il parlerait sûrement de toi. Ce serait une oeuvre titanesque, de plusieurs milliers de pages, imprimée sur du beau papier jauni, du papier qui sent bon, qui me ferait penser à toi chaque fois que je l’ouvrirais. Ce serait ce même papier qu’on trouvait dans les livres de maman, tu te souviens? Elle les gardait en bas, dans une pièce poussiéreuse au fin fond du sous-sol. Te souviens-tu comme il était merveilleux de prendre ces livres dans nos mains, de souffler, de faire tournoyer la poussière puis de déchiffrer le titre sur la couverture. Je me rappelle que tu ne savais pas lire à l’époque: c’est moi qui racontais les histoires. Nous les avions presque tous lus, ces bouquins, n’est-ce pas? Du Petit Prince (par où commencent tous les enfants) jusqu’à Sa majesté des mouches (là où l’enfance s’achève), j’avais joué tous les rôles avec un plaisir chaque fois grandissant. J’avais déjà, sans le savoir, l’âme d’un acteur. On naît acteur, on ne le devient pas ; je n’aurais pas pu pratiquer un autre métier même si j’avais essayé. Je sais que tu n’es pas d’accord là-dessus. Tu crois qu’on peut apprendre à jouer. Nous avons d’ailleurs eu des discussions passionnées et passionnantes sur le sujet, mais je persiste à dire que les écoles de théâtre déforment plus l’acteur qu’ils ne le forment.
Si j’écrivais un roman, il te serait entièrement et exclusivement consacré. Le titre en serait Isabelle et ton prénom serait inscrit sur toutes les pages. Ce serait une histoire avec du coeur qui finirait bien par tourner en rond. Et puis y’a personne, pas même toi, qui le lirait au complet. Ce serait le genre de roman qu’aucune maison d’édition n’accepterait de publier et qu’aucun libraire ne voudrait vendre. Une oeuvre en un seul exemplaire dédicacé À ma belle Isa.
Je n’ai jamais eu le courage de t’écrire jusqu’au bout. J’essaie parfois, encore aujourd’hui, mais sur un écran d’ordinateur, les mots ne veulent plus rien dire. La technologie réduit l’imagination, la mienne en tout cas, à sa plus simple expression. Ce n’est pas le syndrome de la page blanche que j’ai, c’est celui de la page noire. La page pleine de vide. Celle qui dit trop de choses ou qui les dit tout croches. Si on recollait bout à bout tous mes débuts de roman, de ce seul et même roman en fait, j’aurais au moins dix mille fragments de toi. Mais je n’en ai gardé aucun. De peur que, par hasard, un jour, tu ne tombes dessus et que tu m’en veuilles à jamais d’avoir écrit aussi bêtement.
C’est la fin qui ne me plait pas. Une fin en queue de poisson. Chaque fois que je commence à écrire, je pense à la fin et je me dis que ça ne se fait pas, écrire un aussi bon et grand et gros roman, et le laisser s’en aller en eau de boudin. Alors je me mets à écrire des âneries, juste pour faire joli, juste pour changer la fin. Je détourne la vérité. Mais la fin que j’espère ne vient jamais. Il ne peut pas y avoir une autre fin que celle-là.
Je finis toujours par tout effacer.
Si j’écrivais un roman, il te serait entièrement et exclusivement consacré. Le titre en serait Isabelle et ton prénom serait inscrit sur toutes les pages. Ce serait une histoire avec du coeur qui finirait bien par tourner en rond. Et puis y’a personne, pas même toi, qui le lirait au complet. Ce serait le genre de roman qu’aucune maison d’édition n’accepterait de publier et qu’aucun libraire ne voudrait vendre. Une oeuvre en un seul exemplaire dédicacé À ma belle Isa.
Je n’ai jamais eu le courage de t’écrire jusqu’au bout. J’essaie parfois, encore aujourd’hui, mais sur un écran d’ordinateur, les mots ne veulent plus rien dire. La technologie réduit l’imagination, la mienne en tout cas, à sa plus simple expression. Ce n’est pas le syndrome de la page blanche que j’ai, c’est celui de la page noire. La page pleine de vide. Celle qui dit trop de choses ou qui les dit tout croches. Si on recollait bout à bout tous mes débuts de roman, de ce seul et même roman en fait, j’aurais au moins dix mille fragments de toi. Mais je n’en ai gardé aucun. De peur que, par hasard, un jour, tu ne tombes dessus et que tu m’en veuilles à jamais d’avoir écrit aussi bêtement.
C’est la fin qui ne me plait pas. Une fin en queue de poisson. Chaque fois que je commence à écrire, je pense à la fin et je me dis que ça ne se fait pas, écrire un aussi bon et grand et gros roman, et le laisser s’en aller en eau de boudin. Alors je me mets à écrire des âneries, juste pour faire joli, juste pour changer la fin. Je détourne la vérité. Mais la fin que j’espère ne vient jamais. Il ne peut pas y avoir une autre fin que celle-là.
Je finis toujours par tout effacer.
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Fragment de quelque chose
J'aime vraiment beaucou, beaucoup Jonjon.
Je relirai attentivement et prendrai le temps d'un commentaire détaillé.
Mais tant qu'à présent, je dis: c'est un beau texte qui contient plein de choses intéressantes. Bravo.
Je relirai attentivement et prendrai le temps d'un commentaire détaillé.
Mais tant qu'à présent, je dis: c'est un beau texte qui contient plein de choses intéressantes. Bravo.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Fragment de quelque chose
Il est beau ce texte Jonjon!
Juste une phrase avec un mot que je ne pense pas comprendre comme il se doit: "Celle qui dit trop de choses ou qui les dit tout croches".
Je trouve qu'il y a beaucoup d'âme et de sensibilité dans ton texte, comme si il sortait du coeur pour de vrai. Un brin de maladresse aussi, ce qui accentue son côté touchant. Petit bémol pour la dédicace, j'aurais mis Isabelle et non Isa, question de sonorité, mais c'est un détail.
Juste une phrase avec un mot que je ne pense pas comprendre comme il se doit: "Celle qui dit trop de choses ou qui les dit tout croches".
Je trouve qu'il y a beaucoup d'âme et de sensibilité dans ton texte, comme si il sortait du coeur pour de vrai. Un brin de maladresse aussi, ce qui accentue son côté touchant. Petit bémol pour la dédicace, j'aurais mis Isabelle et non Isa, question de sonorité, mais c'est un détail.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Fragment de quelque chose
de maladresse?
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Fragment de quelque chose
maladresse du je trop présent qui hésite entre parler d'elle et parler de lui-même, c'est par moments vacillant. Une sensation de maladresse aussi dans son insistance à répéter que son roman ne serait pas bon.jonjon21 a écrit:de maladresse?
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Fragment de quelque chose
ok de la maladresse de sa part, pas de la mienne, c'est ça?
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Fragment de quelque chose
C'est très bien, Jonjon, c'est imaginatif et bien écrit. Avec une certaine vibration qui suscite même un brin d'émotion.
Mais peut-être que tu en fais un peu trop : auteur d'un livre de tant de pages, oui, mais en plus, acteur ? Enfin c'est pas grave et ça n'enlève rien à la beauté du texte.
J'ai quand même un ...regret ! A qui ça s'adresse ? "...les livres de maman, tu te rappelles ? quand nous étions enfants..." C'est donc ta petite sœur, cette belle Isa ? Après tout pourquoi pas ! Le grand frère qui écrit pour sa petite sœur, c'est tellement charmant... !
Mais peut-être que tu en fais un peu trop : auteur d'un livre de tant de pages, oui, mais en plus, acteur ? Enfin c'est pas grave et ça n'enlève rien à la beauté du texte.
J'ai quand même un ...regret ! A qui ça s'adresse ? "...les livres de maman, tu te rappelles ? quand nous étions enfants..." C'est donc ta petite sœur, cette belle Isa ? Après tout pourquoi pas ! Le grand frère qui écrit pour sa petite sœur, c'est tellement charmant... !
Saint Jean-Baptiste- Nombre de messages : 440
Localisation : Ottignies Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Fragment de quelque chose
oui!jonjon21 a écrit:ok de la maladresse de sa part, pas de la mienne, c'est ça?
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Fragment de quelque chose
Saint Jean-Baptiste a écrit:C'est très bien, Jonjon, c'est imaginatif et bien écrit. Avec une certaine vibration qui suscite même un brin d'émotion.
Mais peut-être que tu en fais un peu trop : auteur d'un livre de tant de pages, oui, mais en plus, acteur ? Enfin c'est pas grave et ça n'enlève rien à la beauté du texte.
J'ai quand même un ...regret ! A qui ça s'adresse ? "...les livres de maman, tu te rappelles ? quand nous étions enfants..." C'est donc ta petite sœur, cette belle Isa ? Après tout pourquoi pas ! Le grand frère qui écrit pour sa petite sœur, c'est tellement charmant... !
C'est juste un fragment de quelque chose qui va peut-être devenir autre chose. En soi, ce texte ne répond pas à toutes les questions.
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Fragment de quelque chose
Tu as envie de le poursuivre ce texte Jonjon?
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Fragment de quelque chose
Sahkti a écrit:Tu as envie de le poursuivre ce texte Jonjon?
Oui. Parce qu'il est différent de ce que je fais d'habitude.
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
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