Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Dunk Low
Voir le deal
64.99 €

Des mots et des jours

4 participants

Aller en bas

Des mots et des jours Empty Des mots et des jours

Message  Louis Dim 13 Juin 2010 - 17:19

Il me fallait un éveil. Tête vide. Difficile de s'extirper du sommeil.
Seul, dans ce matin d'une aube muette, il me fallait un mot. Il me fallait une page de soleil. Besoin d'un mot pour être en phrase avec cette journée. Il me fallait chercher une ligne de vie nouvelle. Au point du jour naissant, trouver la majuscule des heures qui s'écrivent en minuscules.
Ce jour à écrire, par quel mot le commencer ?
Air : c'est le mot qui s'est présenté. Un mot s'est fait jour : Air.
Air : ainsi soit-il dit, comme une prière du matin. Prendre l'air, sortir dans le matin clair. Sans doute, c'est ce qu'il faut dire, ce qu'il faut faire.
Je ne suis pas sorti. Je suis allé me préparer un grand bol de café, très noir. Sans sucre. Je n'ai rien lu dans le liquide foncé. Un écran noir. Trou noir. J'ai bu mon café.
"Air" : le mot fut d'abord un cri, puis un écrit. J'ai tracé les lettres a, i, r, sur les murs de cette pièce où je vis, laide, obscure, crasseuse. J'ai tracé à la craie l'air sur les murs de la pièce close, à l'odeur d'haleine des nuits silencieuses. Et j’ai tracé a, et i et r en l’air, avec des gestes appliqués sur un tableau imaginaire.
L'air, souffle vital. L'air, un mot pour respirer, pour vivre, dans ce désert, aride, amer. Air, un mot qu'on aspire par les narines de l'esprit, qui gonfle les poumons de la tête, qu'on expire par la bouche d'aération d'un corps texte.
L'air sonne comme une consonne. Cette sorte de lettres mariées aux voix d'elles qui engendrent les mots. Les mots pour dire... C'est pour dire, les mots, ça va sans dire. Celui qui ne dit mot, on ne le sent pas, il est sans odeur, nulle narine du coeur pour le sentir. Inodore, insensible, imperceptible. Insignifiant.
Air... r : premier mot du matin, première lettre, premier éclair. Comme un réveil- consonne pour un lever de mots éveils. Un souffle d' r pour animer les mots endormis, tapis au fond de ma nuit.
Mots sans elle. Claire, tu te nommerais Claire. Claire, où es-tu ?
Volent, mots d'ailes aux vies légères, aériennes, pour se tenir debout dans l'air du matin flou.
Une parole en l'air ? Non, pas dit pour rien. J'ai mon mot à dire, je ne suis pas rien, pas un néant muet, un rien taciturne.
Un doute : si, au nom du jour, il ne fallait pas prendre l'air ? Si "erre" était le mot ? J'erre. Mon jour d'errance. Ma vie en l'air, ma vie en errance.
J'ai écrit sur le sol de cette pièce où je vis, si noire, si sombre : « airance ». J'ai tourné, j'ai tourné, dans cet appartement. Sans rien faire. Il y a avait un ruban gris sur un guéridon.
Je suis resté toute la journée reclus. Muet. Solitaire. Avec juste un peu d'air. Sur les murs.

Lendemain d'un mot. D'un premier mot. Après le silence bavard. Après tous les jours d'aphasie. Quand ma vie s'était tue comme un chemin sans paroles. J'ai attendu un autre mot, j'attendais un signe. Non, la vie ne se réduit pas à un mot, à un seul. Deux mots, deux mots au moins à dire. J'aurais deux mots à vous dire, à vous, absents, présents, ombres d'un passé. Rien. Ça ne me disait rien, ça ne me parlait pas, ça ne voulait rien dire, ce jour vide, ce lent demain à générer le mot espéré. J'attendais. Un signe. Un verbe peut-être, conjugué à la couleur du jour, un adjectif sans doute, accordé au substantif d'une journée éphémère. Il se présenta, subreptice, soupir sur mes lèvres, dans un souffle d'air, vital : espace.
Espace : lieu dit où vivre.
Une aspiration, dans un souffle d'air, à sortir de cet enfermement, là, à l'intérieur de cette chambre où ma vie traîne misère. Rêverie de vastes étendues. L'immense. L'au-delà, des murs, des clôtures, des frontières. Délivrance.
Le mot enfin venu au grand jour : espace. Mot passe partout, jusqu' au bout de tout, jusque dans l'illimité, à l'horizon, après toutes choses, après Tout.
Espace-mot, où j'entre, silencieux ; monde où je me terre, où je ferai une sphère, mon univers. Il y aura des bulles de vers, et de prose, des rimes embrassées, tant de choses, et des rimes solidaires. Des paroles auréoles. Des phrases circulaires.
Je suis allé boire mon café noir, sans sucre. J'ai écrit, sur le mur de cette pièce où je vis, laide, obscure, crasseuse : espace. De cette couleur du sable des grands déserts. Près de l'air : espace, airance. Les murs ont ma parole. Je suis resté dans mon réduit, solitaire. Traînait sur une chaise, un pan d'étoffe très claire.
Je ne suis pas sorti, je suis resté dans mon espace, j'ai respiré mon air. Tout le jour : cette clarté, aube, cette lueur qui rend lisibles les mots sur le mur, et cette lumière de l'intelligible, midi, tout est dit, tout ce qui est à dire, cet éclat dicible, et ce crépuscule, cet obscur ineffable, ces ombres sur le mur, quand un chiffon de pénombre efface toutes les traces, vernis de nuit qui se dépose, papier peint noir, obscur, qui enténèbre l'air et l'espace, et l'errance. Nuit d'attente d'un mot, d'un prochain mot. Nuit de rêves muets.


Il s'est imposé à mon esprit, à peine revenu à moi d'un désert lointain aux sables silencieux. Un verbe insistant, impératif : cours ! Pas de doute, netteté du sens, l’infinitif l'accompagnait, le suivait : courir. Courir : fuir, s'échapper, s'évader. Courir à n'en plus finir.
Je suis allé boire, lentement, mon café noir. Une écharpe tricotée, tout en laine, reposait sur un vieux canapé déglingué.
J'ai écrit en lettres rouges : cours ! cours ! Je les ai écrits en lettres dégoulinantes de peinture sur le mur de cette pièce où je vis, sombre bouge.
Courir, discourir, je ne savais plus.
Au fil des jours où je suis suspendu, une phrase se construit peut-être.
Je ne suis pas sorti de mon taudis.
J'ai encore écrit : temps ; et j’ai écrit : silence.
J'avais désormais tout mon espace, j'avais un air vif, je vivais, respirais en chaque mot, j’avais tout mon temps. J'avais même un mot silence pour tuer le silence muet. Je ne vivais pas à mi-mots, à mi-voix d’un murmure, je vivais dans les cris des murs.
Je buvais toujours du café noir, il y avait une étoffe bleu pâle sur le bord d’un tiroir.

J’attendais une suite. Des mots pour me porter, me transporter. Des mots à vivre. Des signes d’existence. Un vieux miroir m’a renvoyé une image. Découpée par les lettres d’un mot tracé en rouge flamboyant. Entre la barre d’un I et deux LL ; entre la cuvette d’un U et le raturé d’un S ; entre une barre encore d’un I, le creux d’un O, le N d’une négation, mon reflet me surprit. J’avais peint sur mon front un cercle rouge avec en son centre un rectangle blanc ; partout sur mon corps, éruptions de pustules d’une variole, s’allumaient de petits cercles verts, rouges ou oranges ; sur mes bras, tatoués, des triangles sanguins et trois flèches giratoires à l’intérieur. J’étais un dérisoire tableau signalétique suspendu au-dessus d’une autoroute déserte. Dans quel panneau étais-je tombé ?
J’ai peint sur les murs, entre temps et silence, entre l’air et l’espace, dans le fond d’une flèche verte orientée vers la porte, les lettres blanches : SORTIE. Je suis allé boire un café noir assis sur le carré rouge d’une impasse, au bout d’une traînée blanche signifiée sur le sol.

Fallait sortir, fallait courir à n’en plus finir, traverser les espaces, trouver son air, mais comment se conduire dans cet univers muet ? Où se diriger sans boussoles ? Dans un monde sans cartes et sans repères ?

Une nuit, un songe m’emporta sur une île. Terre d’aucune légende, sans nom, sans lieu comme une utopie. Sûr, nul jamais n’y avait jeté l’ancre surprise, étonnée, peut-être même un peu effrayée, du regard vivant de l’existence humaine. Tout s’y donnait neuf, inédit, vierge à des yeux ébahis.
Là, sur cette île, on ne touchait pas terre, on flottait, on ne réalisait pas, on affleurait au domaine fantasmagorique ; on touchait à l’extravagance, aux ondulations centrifuges d’un imaginaire tourbillonnant, aux effets débordants d’un monde-toupie en rotation rapide sur l’océan.
Sur tous les versants de l’île solitaire se déversaient des cascades de soleils du ciel immense, incandescent. S’y dressait une forêt de colonnes en obsidiennes et silices, toutes en torsades longues, élevées, massives, teintées vertes, rouges et noires, couronnées par des chapiteaux de brume.
Il y avait ces colonnades où planaient un peu d’effroi et de fascination mêlés, entre les piliers et leurs ombres sur le sol noirâtre, ombres démesurées, et il y eut aussi mes pas silencieux dans ce temple ouvert, sans dieux. Pour toujours, d’une vérité que rien ne peut effacer, ces pas, ce sol foulé, et des sauts, et des enjambées, mon passage dans ce monde, inscrit pour l’éternité de ce qui fut quand même meurent les souvenirs et naît l’oubli, en cet irrémédiable, dans ce qui ne peut être aboli, il y eut mon passage.
Il régnait, sur cette île, une atmosphère étrange. Une touffeur âcre, écrasante, accablante. Toute chose semblait en attente. Ce qui devait s’accomplir s’annonçait dans l’imminence. Le présent semblait tordu, distordu, penché sur un futur proche, alourdi par le poids d’une fatalité.
Je pénétrai au-delà du péristyle, rideau de colonnes dressées sur toute la périphérie. Se découvrit un paysage au sol boursoufflé d’innombrables mottes de verre diaphanes, translucides, aux éclats irisés ; apparut un horizon sculpté par des arbres de pierres plates, oblongues, superposées jusqu’à des hauteurs de vertige. Je trébuchai sur des pépites de l’aube des jours si purs, cristallisés, disséminés là, entre des saillies de roche couleur amertume, couleur noires humeurs aux éclats de pointes brillantes, solides infortunes, larmes de glace.
Il y avait l’île, il y eut avec elle une réciprocité, une pénétration mutuelle. Elle en moi, moi en île.
Il y eut soudain, dans quelques mottes de verre, des remous, un bouillonnement, une trouble effervescence.
Il y avait cette chaleur suffocante si difficile à supporter, cette moiteur, cette sueur ruisselante sur mon visage et sur la rocaille sèche insulaire, suée d’un monde exténué, transpiration d’un temps passé, usé, vieilli, coulée sur le corps d’un monde où tout s’évapore en ardentes nuées.
On put entendre tout à coup d’aigus grésillements, des sifflements, un déchirement du silence, un râle sibilant des entrailles de la terre.
Il y avait ces mouvements chtoniens, une agitation souterraine à la recherche d’une manifestation de surface, un dessous qui voulait prendre le dessus jusqu’à effacer la mémoire de ce sol immémorial qui ne pouvait rien oublier de ses colonnades, de ses pierres et de chaque grain de sable et de poussière.
Il y eut d’un seul coup des fumerolles qui s’élevèrent du sol boursoufflé, et des volutes rougeoyantes, des spirales montantes, colonnes de vapeurs denses, piliers de soutien d’un ciel bas à vouloir se coucher sur la terre, sur l’océan, hauteur en effondrement sur le bas, le tout en bas ; à vouloir resserrer l’espace en une couche mince de fluctuations et de vibrations aléatoires.
Des apparences de vent et de sable sous les monticules de verre. Des scènes de réalités anciennes. Spectacles de vies ramassées en une fulgurance, en éclairs d’existence. Durées ramenées à de ponctuels instants de matière lumière où chatoient mille tourments, quelques sérénités profondes, et les pointes acérées de longs parcours en aiguille où, marbrés d’ecchymoses, poudroient les grains des effervescences vitales.
Il y eut les déchirements. Terre craquelée, terre lézardée, terre fissurée. Le sol s’ouvrait en béances aux profondeurs insondables. Il y avait ces blessures, cette douleur encore de la chair du monde, de l’île, de son corps, et mon corps ruisselant de la sueur des choses, entaillé par des chutes brutales, de profondes cicatrices suppurantes, mon corps à nu, sans armure, lacéré par les pointes des réalités aiguës, tranchantes.
Il y eut un tremblement de l’âme.
Il y avait ce volcan immense au centre de l’île.
Il y eut des secousses oniriques.
Il y avait l’île.
Il y eut ma présence.
Il y avait.
Il y eut.
Grondement retentissant, caisse du monde tonnante étonnante.
Ce fut l’assourdissant fracas d’une désintégration.
Des montagnes d’eau s’élevaient sur les océans au large de l’île fantastique.
Eruption d’encre. Taches bleues. Ciel rouge ocellé de bleu serti de noir, moucheté de rouge.
Le cratère immense vomit incandescentes des lettres de feu.
Ce furent phrases magmatiques en coulées de lave.
Ce furent scripturales roches de basalte.
C’étaient sculpturales graphies de pierres monolithes, écrits des spasmes produits de forces éruptives.
Ile aux matières utiles.
Ile sénile rajeunie de mots fébriles.
Ile ancienne en métamorphose de lignes nouvelles.
Il y eut les longues coulées de réalité.
Il y avait cette épaisseur à recouvrir d’un futur le monde de l’île avant, et des mots de pierre et des lettres de roches en fusion, émanations, surgissements, éminences des terres à réel, degré haut sur l’échelle des riches terres.
Il y eut des coulées de l’âme en fusion d’une écriture.
Il y eut les répliques aux mots de nature volcanique, secousses et convulsions, frissons ; les paroles prolifiques et glissements signifiants sur les failles signifiées ; les chocs sismiques et les traînées poétiques.
C’étaient cendres et scories.
C’étaient épanchements, mots d’émotions. Cœur à l’épicentre.
C’étaient les textes toniques qui font dériver les plaques des continents, du réel et de l’imaginaire, des consciences et des âmes solitaires.
C’était une géologie des frissons. Tremblements et vibrations.
L’île, en une poussée, une violence, glissa sous un continent immense d’où s’éleva une chaîne de mots, phrases et paroles aux cimes perdues dans les nuages, en un ciel rasséréné. Réveil.

Je n’ai pas bu de café noir. Je suis sorti, après tout ce temps, très long, d’une réclusion. Le rêve de la nuit me poussait dans le dos vers le monde, hors les noms emmurés.
Je ne cherchais pas les mots, gouttes de rosée sur le silence, en évaporation sous le soleil du jour. Je suivais désormais les traces souterraines invisibles, et pourtant perceptibles. Des courants profonds en circulation sous nos pieds. Le texte qui trame les aventures, les drames, les comédies, et toutes destinées. Je suivais d’immenses géoglyphes à peine distincts dans le sable du grand désert, des villes, des rues, des avenues ; des cités et des campagnes vertes et boisées. J’arpentais les chemins qui mènent d’un mot à l’autre, en émergence du fond, où courent des lignes souterraines, en multiples strates, mille ramifications de rhizomes ; où courent des flux latents. Je marchais avec les foules immenses dans les sillons tracés sur la toile du monde, éprouvant sa texture, parfois lisse, parfois rêche, goûtant des choses leur velours et leur soie. Le ciel est écrit sous la terre, et nous marchions en nombre dans le sillage des étoiles sous nos semelles de sable.
De lettres sillonnées en vallées de consonnes, de courants d’air en espaces calligraphiés, je courais pourtant sans comprendre. Nul sens n’émergeait. J’étais encore en errance.

Je me suis mis à l’écart. Désormais, je les regarde courir.
Je reste figé, immobile, contemplatif.
Je m'attarde dans l'heure méridienne, en milieu de vie, à l'ombre la moins longue.
Ils courent dans le soir. Sur la ligne de l'horizon, leur passage, leur sillage en flocons de nuages, je reste figé. Immobile, en marge, je traduis.
Je traduis les moments de sable en traversée de déserts. Je traduis l'innommable, je traduis l'infini, j'interprète l'innombrable. En mots imparfaits, en pensées ouvrières, à la fabrique des appels, des signes, sceaux de parole plénière, inlassable, je traduis.
Les observer encore un moment dans leur course obstinée. Je traduis. Contemplatif, j’interpelle.
Je m'attarde à l'heure méridienne, entre aube de toujours et durée pérenne.
Les contempler encore, de loin, dans le soir qui vient. Je m'attarde dans l'heure méridienne, je calme ma peine.
Je traduis dans les songes, en marques oniriques, la réalité aux spasmes critiques ; je déchiffre les bas-fonds de l'existence tout humaine. Je cherche l'habitation d'un monde familier, un monde hospitalier qui fait signe, de son doigt de lune, vers le ciel étoilé, de son doigt de lune, vers la faible humanité.
Je ne serai plus celui qui court. A pousser devant lui la nuit infinie. Je m'attarde à l'heure méridienne.
Je traduis. J'évente les para-dits. J’établis l’écho-graphie du silence.
Je n’accompagnerai plus le passager furtif. Je cherche l'implicite d'un soleil couchant. J’essaie, chiromancien, de lire dans la main d'un monde décliné, les lignes d'un destin oublié, les traces de vies aux longues sinuosités, entailles dans la chair du monde, ruptures et continuités, les lignes qui courent sans répit, sans repos.
Et je reste à l'heure méridienne.
Ils courent, ils sautent, d'une virgule glissante à un point fixe, d'un mot à l'autre, dans les lignes des cahiers du monde, moi, je m'attarde à l'heure méridienne, j'étudie la grammaire du vent, la rhétorique vive des nuages, la syntaxe de l'aube. Dans l'heure méridienne, je traduis, j'interprète.

Louis

Nombre de messages : 458
Age : 68
Date d'inscription : 28/10/2009

Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  Ba Dim 13 Juin 2010 - 17:34

Pour l'instant je suis restée en " l'air " stop au tout début. Bien entendu je n'utiliserai aucune grille de lecture genre Genette, Todorov ou même Barthes.
Juste de l'air dans le noir café plein de marc secret et le plaisir d'une lecture " simple ".
Ba
Ba

Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  Invité Dim 13 Juin 2010 - 18:08

on m'appelle pour l'apéro, alors je vais faire court
première lecture : je trouve ce texte magnifique, mieux que ça : grand
merci, bravo et merci

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  Rebecca Dim 13 Juin 2010 - 20:00

Un merveilleux voyage dans l'imagin'air !
Rebecca
Rebecca

Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  Invité Dim 13 Juin 2010 - 21:14

Bon, alors voilà : ce texte me paraît caractéristique de ce côté autosatisfait qui me rebute par moments sur Vos Écrits. C'est bien écrit, je ne saurais dire le contraire, le côté visuel dans la description de l'île m'a bien plu et l'idée est belle, mais pourquoi cette enflure dans l'expression ? Pourquoi tortiller du cul pour dire des choses si essentielles ? J'ai le regret de vous dire, Louis, après avoir tant aimé votre précédent texte, que j'ai trouvé celui-ci nombriliste, plein d'afféterie, m'as-tu-vu-écrire... prétentieux.

Quelques phrases qui m'ont paru très représentatives du "je fais dans le creux épastrouillant et puis, tiens, quelques jeux de mots, du profond-pensé-je-maîtrise-signifiant-et-signifié-comme-personne" :
« Besoin d'un mot pour être en phrase avec cette journée. »
« Cette sorte de lettres mariées aux voix d'elles qui engendrent les mots. »
« Je suis resté toute la journée reclus. Muet. Solitaire. Avec juste un peu d'air. Sur les murs.

Lendemain d'un mot. D'un premier mot. Après le silence bavard. Après tous les jours d'aphasie. » (là, ce que j'ai trouvé artificiel, c'est la rupture de rythme pour faire genre)
« cette lumière de l'intelligible, midi, tout est dit, tout ce qui est à dire, cet éclat dicible, et ce crépuscule, cet obscur ineffable, ces ombres sur le mur, quand un chiffon de pénombre efface toutes les traces »
« inscrit pour l’éternité de ce qui fut quand même meurent les souvenirs et naît l’oubli, en cet irrémédiable, dans ce qui ne peut être aboli, il y eut mon passage »
« des pépites de l’aube des jours si purs »
« Elle en moi, moi en île »
« un dessous qui voulait prendre le dessus jusqu’à effacer la mémoire de ce sol immémorial qui ne pouvait rien oublier de ses colonnades, de ses pierres et de chaque grain de sable et de poussière »
« Durées ramenées à de ponctuels instants de matière lumière où chatoient mille tourments, quelques sérénités profondes, et les pointes acérées de longs parcours en aiguille où, marbrés d’ecchymoses, poudroient les grains des effervescences vitales. »
« Le sol s’ouvrait en béances aux profondeurs insondables. »
« Il y avait ce volcan immense au centre de l’île.
Il y eut des secousses oniriques.
Il y avait l’île.
Il y eut ma présence.
Il y avait.
Il y eut. »
« Ile sénile rajeunie de mots fébriles. »
« degré haut sur l’échelle des riches terres »
« nous marchions en nombre dans le sillage des étoiles sous nos semelles de sable »
« J'évente les para-dits. J’établis l’écho-graphie du silence. »

Sinon, quelques remarques de langue :
« nulle narine du cœur » (ah oui, et puis la narine du cœur, l'image est burlesque pour moi !)
« Comme un réveil-consonne (et non « réveil- consonne ») » (quel jeu de mots pourri, soit dit en passant)
« Il y a avait un ruban gris »
« Jusqu’au (et non jusqu' au) bout de tout »
« de petits cercles verts, rouges ou orange (et non oranges ; les noms communs employés en qualificatifs de couleur resntent invariables, sauf fauve, rose, écarlate, mauve, indigo et pourpre) »
« un paysage au sol boursouflé (et non « boursoufflé ») »
« des fumerolles qui s’élevèrent du sol boursouflé (et non « boursoufflé ») »

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  Invité Lun 14 Juin 2010 - 11:01

socque, tu m'ôtes les mots de la bouche... c'est dire !

J'ai trouvé assez intéressant, significatif voire symbolique que j'ai du mal à respirer dans ce texte qui parle d'air et d'espace. Sensation d'être oppressée par un trop plein de mots, par la démonstration même, comme une volonté de s'assurer l'aval du lecteur. Après, à partir de l'île, je dois avouer que ma lecture est devenue survol.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  Invité Lun 14 Juin 2010 - 11:02

"j'aie", pardon.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  isa Lun 14 Juin 2010 - 15:59

Beaucoup aimé le tout début du texte avec cette recherche du mot qui m'a fait penser aux tâtonnements au seuil de l'écriture d'un poème mais je n'ai pas réussi à prendre le temps de bien lire ce texte jusqu'au bout -par exemple, j'ai diagonalisé le passage de l'île... Je repasserai peut-être pour essayer de lire le texte correctement dans son intégralité, et j'y découvrirai peut-être d'autres richesses!
isa
isa

Nombre de messages : 559
Age : 33
Localisation : Elbonerg
Date d'inscription : 08/04/2009

Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  Invité Lun 14 Juin 2010 - 17:05

Face à des coms tièdes je m'insurge.
Et maintiens que je trouve ce texte formidable.
Une genèse de l'écriture très originale, qui s'élargit par petites touches sur celle de l'art en général, avec une interrogation sur l'artiste peut-être réduit à une sorte de passeur, d'interprète. L'idée n'est pas nouvelle mais là je trouve que c'est super bien traité, et de toutes façons ça reste un vrai intéressant problème, à sans cesse creuser, en expérimentant, sans fioritures, face au mur ou à la page, un bol de café noir à la main.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  Invité Mar 15 Juin 2010 - 8:28

Oui, ce texte a des défauts, un peu répétitif, trop lent, trop emphatique par moment, mais il a bien plus de qualités que d'imperfections !Refuser systématiquement le lyrisme, c'est renier la poésie. C'est refuser la voix de
Pindare Horace Dante Pétrarque Hölderlin Walter Whitman Rainer Maria Rilke Apollinaire Pablo Neruda Césaire Gaston Miron et tant d'autres !

Le poème lyrique c'est le Je qui dit sa relation au monde, à la nature, à l'Autre. Qui dit l'amour et la mort, la joie et la douleur, la pensée, la créativité... bref, qui dit l'humain que nous sommes tous...

"On se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas? Ah! insensé, qui crois que je ne suis pas toi!" (Hugo, préface des Contemplations)

Alors refuser le Je ce serait se refuser ?

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  Invité Mar 15 Juin 2010 - 8:52

dusha, je me permets de vous rappeler que la coutume ici est de ne pas commenter les commentaires. Vous avez votre avis, j'ai le mien, vous n'avez pas à porter de jugement sur ce que vous supposez que je refuse ou accepte.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  Invité Mar 15 Juin 2010 - 9:08

socque a écrit:dusha, je me permets de vous rappeler que la coutume ici est de ne pas commenter les commentaires. Vous avez votre avis, j'ai le mien, vous n'avez pas à porter de jugement sur ce que vous supposez que je refuse ou accepte.

socque, mon intervention précédente dépasse "le commentaire du commentaire", j'espère que vous l'avez perçu.
Si vous avez un avis, j'ai le mien aussi et je tiens à l'exprimer à voix haute.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  Invité Mar 15 Juin 2010 - 9:23

Non, je ne l'ai précisément pas perçu. Je ne veux pas tomber dans le travers que je dénonce (le jugement), aussi j'en resterai là.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Des mots et des jours Empty Re: Des mots et des jours

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum