Te souviens-tu ?
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Te souviens-tu ?
T'en souviens-tu ? Je l'ai regardé cet après-midi, comme à mon habitude. Tout aussi calme, coulante et réservée, elle n'a jamais vraiment changé et c'est bien ce qui me réconforte en elle. J'aime à la regarder, dans ma vieille chaise de bois, sur la galerie de notre grande et vieille maison. J'aime à la voir se rafraîchir les ailes, à se dépeindre de seconde en seconde, à se couler la frontière à chaque un peu plus loin, sans jamais pour autant s'éloigner de jour en jour.
Savais-tu qu'elle savait sauté ? La rivière saute en gouttelette à ses extrémités. Elle surprend les marguerites qui osent, quelques fois, pousser un peu trop près, mais jamais assez pour les noyer. Cette rivière n'a jamais été bien méchante. Même en temps d'orage, elle se montre tout aussi inoffensive que fragile. Aussi douce et pareille qu'en son jeune temps.
Te souviens-tu du nôtre ? Notre jeunesse à nous ? Nous la longions souvent en après-midi l'été et tu ramenais toujours de nos promenades, quelques marguerites et quelques sourires dans ton visage. Puis, nous revenions le soir, à chaque fois peu avant le coucher du soleil. Nous préférions être à la maison pour ce moment, car nous aimions regarder le ciel se colorier d'orange, de jaune et de rose pâle et ce soleil aux yeux brûlants, se cacher les lunettes sous l'horizon. Nous regardions toujours cet instant sur ces chaises, ces vieilles chaises de bois qui garnissent, à elles seules, notre galerie.
Je me sens un peu nostalgique de ce temps, je dois avouer. Aujourd'hui, Martin est venu à la maison et est déjà grand. Il ne vient plus aussi souvent qu'avant, tu sais ce que c'est... Il s'est marié, il y a déjà plusieurs années, avec Sophia, son amie avec qui il passait beaucoup de temps étant plus jeune. Nous avons toujours su qu'ils finiraient ensembles ces deux-là, leurs histoires ressemblaient trop à la nôtre. Et puis, ils ont trois enfants et ça grandit vite ces petites bêtes ! Il me semble qu'hier seulement, Martin ne faisait que trois pommes, et voilà que ses enfants ont déjà tous dépassés cette taille... le temps coule trop vite et de jour en jour, tout semble partir aux bouts de mes doigts...
Ils vont prendre ma maison Madeleine, malgré moi, toujours vivant, ils vont me reprendre notre maison. Martin est à l'intérieur présentement, il finit d'empaqueter les dernières boîtes et demain, je partirai dans une maison pour vieux... Jamais j'aurais cru vivre assez longtemps pour en arriver jusque-là et malheureux comme je suis, mon cœur semble trop en santé pour me laisser partir avant demain.
Te souviens-tu de cette soirée où la rivière était en chamaille ? Tu t'étais endormie tôt ce soir là, tes idées doivent être tous entremêlées... Il y avait un orage au ciel et nous le regardions, toujours sur notre galerie, buvant une tisane de gingembre. Puis, dans un élan de bataille, c'est là que tu t'étais endormie. Le fracas de ta tasse au sol m'avait fait sursauté, mais ce fut à mon tour de me fracasser le cœur par la suite. Tu ne t'es jamais réveillé après... Tu rêvas de rose pâle en étoile et de marguerite en navire jusqu'à l'éternel...
Je m'ennuie de toi Madeleine, je m'ennuie de notre fils qui semble oublier son vieux père et je vais m'ennuyer de ce soleil couchant. Crois-tu que je pourrai le voir de ma fenêtre là-bas? Soupir...
« Georges... »
Martin ? C'est toi ?
« Georges... »
Non, ça ne pouvait être lui. C'était une voix féminine... Qui m'appelle ? Sophia ?
« Non Georges, c'est moi... »
Je ne pouvais en croire mes oreilles. Je devais rêver. Madeleine... C'est bien toi que j'entends ? Madeleine, où es-tu que je t'embrasse ? Où sont tes mains que je réconforte les miennes ? Mes mains, fripées sans toi, s'ennuient de la douceur des tiennes. Mon soleil couchant, mes marguerites en solitaires, ma rivière fuyante et mon ciel décoloré s'ennuient tous de ta voix, de ton visage et de tes lèvres...
« Papa ? Papa ! Sophia, appelle l'ambulance ! Il ne respire plus ! »
Non ! Laissez-moi tranquille, laissez-moi mourir ! J'ai vécu bien suffisamment de longs hivers, bien suffisamment de guerre et missile, de science et de miracle de la vie. J'ai attendu bien au-dessus de mon temps, laissez-moi dormir...
« Je dois partir Georges... »
Non Madeleine ! Je t'en pris... Ne repars pas cette fois encore, amène-moi avec toi, ne me laisse pas ici...
J'ouvrais les yeux tranquillement. J'entendais le jappements insoutenables des machines de l'hôpital, je voyais apparaître la silhouette de mon fils, son épouse et peu à peu, leurs visages, leurs yeux en fatigue et leurs cheveux en insomnie. Je voyais apparaître la fenêtre me laissant la vue d'un building voisin du centre-ville. Soupirs et misère ! J'emmerde la médecine et ses progrès...
Savais-tu qu'elle savait sauté ? La rivière saute en gouttelette à ses extrémités. Elle surprend les marguerites qui osent, quelques fois, pousser un peu trop près, mais jamais assez pour les noyer. Cette rivière n'a jamais été bien méchante. Même en temps d'orage, elle se montre tout aussi inoffensive que fragile. Aussi douce et pareille qu'en son jeune temps.
Te souviens-tu du nôtre ? Notre jeunesse à nous ? Nous la longions souvent en après-midi l'été et tu ramenais toujours de nos promenades, quelques marguerites et quelques sourires dans ton visage. Puis, nous revenions le soir, à chaque fois peu avant le coucher du soleil. Nous préférions être à la maison pour ce moment, car nous aimions regarder le ciel se colorier d'orange, de jaune et de rose pâle et ce soleil aux yeux brûlants, se cacher les lunettes sous l'horizon. Nous regardions toujours cet instant sur ces chaises, ces vieilles chaises de bois qui garnissent, à elles seules, notre galerie.
Je me sens un peu nostalgique de ce temps, je dois avouer. Aujourd'hui, Martin est venu à la maison et est déjà grand. Il ne vient plus aussi souvent qu'avant, tu sais ce que c'est... Il s'est marié, il y a déjà plusieurs années, avec Sophia, son amie avec qui il passait beaucoup de temps étant plus jeune. Nous avons toujours su qu'ils finiraient ensembles ces deux-là, leurs histoires ressemblaient trop à la nôtre. Et puis, ils ont trois enfants et ça grandit vite ces petites bêtes ! Il me semble qu'hier seulement, Martin ne faisait que trois pommes, et voilà que ses enfants ont déjà tous dépassés cette taille... le temps coule trop vite et de jour en jour, tout semble partir aux bouts de mes doigts...
Ils vont prendre ma maison Madeleine, malgré moi, toujours vivant, ils vont me reprendre notre maison. Martin est à l'intérieur présentement, il finit d'empaqueter les dernières boîtes et demain, je partirai dans une maison pour vieux... Jamais j'aurais cru vivre assez longtemps pour en arriver jusque-là et malheureux comme je suis, mon cœur semble trop en santé pour me laisser partir avant demain.
Te souviens-tu de cette soirée où la rivière était en chamaille ? Tu t'étais endormie tôt ce soir là, tes idées doivent être tous entremêlées... Il y avait un orage au ciel et nous le regardions, toujours sur notre galerie, buvant une tisane de gingembre. Puis, dans un élan de bataille, c'est là que tu t'étais endormie. Le fracas de ta tasse au sol m'avait fait sursauté, mais ce fut à mon tour de me fracasser le cœur par la suite. Tu ne t'es jamais réveillé après... Tu rêvas de rose pâle en étoile et de marguerite en navire jusqu'à l'éternel...
Je m'ennuie de toi Madeleine, je m'ennuie de notre fils qui semble oublier son vieux père et je vais m'ennuyer de ce soleil couchant. Crois-tu que je pourrai le voir de ma fenêtre là-bas? Soupir...
« Georges... »
Martin ? C'est toi ?
« Georges... »
Non, ça ne pouvait être lui. C'était une voix féminine... Qui m'appelle ? Sophia ?
« Non Georges, c'est moi... »
Je ne pouvais en croire mes oreilles. Je devais rêver. Madeleine... C'est bien toi que j'entends ? Madeleine, où es-tu que je t'embrasse ? Où sont tes mains que je réconforte les miennes ? Mes mains, fripées sans toi, s'ennuient de la douceur des tiennes. Mon soleil couchant, mes marguerites en solitaires, ma rivière fuyante et mon ciel décoloré s'ennuient tous de ta voix, de ton visage et de tes lèvres...
« Papa ? Papa ! Sophia, appelle l'ambulance ! Il ne respire plus ! »
Non ! Laissez-moi tranquille, laissez-moi mourir ! J'ai vécu bien suffisamment de longs hivers, bien suffisamment de guerre et missile, de science et de miracle de la vie. J'ai attendu bien au-dessus de mon temps, laissez-moi dormir...
« Je dois partir Georges... »
Non Madeleine ! Je t'en pris... Ne repars pas cette fois encore, amène-moi avec toi, ne me laisse pas ici...
J'ouvrais les yeux tranquillement. J'entendais le jappements insoutenables des machines de l'hôpital, je voyais apparaître la silhouette de mon fils, son épouse et peu à peu, leurs visages, leurs yeux en fatigue et leurs cheveux en insomnie. Je voyais apparaître la fenêtre me laissant la vue d'un building voisin du centre-ville. Soupirs et misère ! J'emmerde la médecine et ses progrès...
Re: Te souviens-tu ?
Ah merde ! « J'entendais les jappements insoutenables des machines de l'hôpital » et non pas « J'entendais le jappements insoutenables des machine de l'hôpital »
< Ok.
La Modération >
< Ok.
La Modération >
Re: Te souviens-tu ?
Trop de pathos à mon goût, mais, dans le genre, je crois que c'est un texte réussi, prenant, simple.
Mes remarques :
« Je l'ai regardée (puisqu’on apprend dès la phrase suivante qu’il s’agit d’un truc féminin) cet après-midi, comme à mon habitude »
« à se couler la frontière à chaque un peu plus loin » : à chaque quoi un peu plus loin ?
« Savais-tu qu'elle savait sauter »
« les marguerites qui osent, quelquefois (et non « quelques fois ») »
« tu ramenais toujours de nos promenades, (pourquoi une virgule ici ?) quelques marguerites »
« Nous avons toujours su qu'ils finiraient ensemble (et non « ensembles ») ces deux-là »
« ses enfants ont déjà tous dépassé (et non « dépassés ») cette taille »
« tes idées doivent être tout entremêlées »
« Le fracas de ta tasse au sol m'avait fait sursauter »
« Tu ne t'es jamais réveillée après »
« Non Madeleine ! Je t'en prie »
Mes remarques :
« Je l'ai regardée (puisqu’on apprend dès la phrase suivante qu’il s’agit d’un truc féminin) cet après-midi, comme à mon habitude »
« à se couler la frontière à chaque un peu plus loin » : à chaque quoi un peu plus loin ?
« Savais-tu qu'elle savait sauter »
« les marguerites qui osent, quelquefois (et non « quelques fois ») »
« tu ramenais toujours de nos promenades, (pourquoi une virgule ici ?) quelques marguerites »
« Nous avons toujours su qu'ils finiraient ensemble (et non « ensembles ») ces deux-là »
« ses enfants ont déjà tous dépassé (et non « dépassés ») cette taille »
« tes idées doivent être tout entremêlées »
« Le fracas de ta tasse au sol m'avait fait sursauter »
« Tu ne t'es jamais réveillée après »
« Non Madeleine ! Je t'en prie »
Invité- Invité
Re: Te souviens-tu ?
Un texte touchant, avec des insistances qui l'alourdissent : par exemple sur vieilles chaises, vieille maison : puisqu'il est vieux, tout ce qu'il a doit l'être aussi (?) Ca fait un peu redondant !
Le passage en italique devrait être beaucoup plus travaillé pour ne pas sombrer dans le cliché. Sûr que c'est pas facile ; mais l'aspect explicatif d'une situation déjà bien convenue fout en l'air la grâce de ce qui précède.
Ellipse, allusion, métaphore, je ne sais ce qu'il faudrait utiliser, mais je suis sûre que tu devrais remanier ce passage, Ratz.
Le passage en italique devrait être beaucoup plus travaillé pour ne pas sombrer dans le cliché. Sûr que c'est pas facile ; mais l'aspect explicatif d'une situation déjà bien convenue fout en l'air la grâce de ce qui précède.
Ellipse, allusion, métaphore, je ne sais ce qu'il faudrait utiliser, mais je suis sûre que tu devrais remanier ce passage, Ratz.
Invité- Invité
Re: Te souviens-tu ?
Les québecquoiseries donnent un joli petit parfum d'exotisme, il n'y manque que les canneberges et le sassafras.
Comme relevé par les filles, qui tirent toujours plus vite que Lucky Luke, en gommant les traits un peu trop appuyés, qui alourdissent par redondance alors qu'un peu d'élision donnerait de l'air et dissiperait l'impression un peu larmoyante, ça sera bien bon, le court format servant le texte.
Comme relevé par les filles, qui tirent toujours plus vite que Lucky Luke, en gommant les traits un peu trop appuyés, qui alourdissent par redondance alors qu'un peu d'élision donnerait de l'air et dissiperait l'impression un peu larmoyante, ça sera bien bon, le court format servant le texte.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Te souviens-tu ?
J'irais jusqu'à dire que le texte pourrait se passer du passage en italiques, à mon avis ça fonctionne, avec peut-être l'ajout d'une transition légère.
Sinon, de très jolies choses dans l'expression :
tu ramenais toujours de nos promenades, quelques marguerites et quelques sourires dans ton visage.
Te souviens-tu de cette soirée où la rivière était en chamaille ?
leurs yeux en fatigue et leurs cheveux en insomnie.
Un point de grammaire ici :
Nous avons toujours su qu'ils finiraient ensembles ces deux-là, leurs histoires ressemblaient trop à la nôtre.
Il serait plus correct de dire "nous avions toujours su", plus-que-parfait donc, parce que l'action décrite est antérieure à la narration.
Sinon, de très jolies choses dans l'expression :
tu ramenais toujours de nos promenades, quelques marguerites et quelques sourires dans ton visage.
Te souviens-tu de cette soirée où la rivière était en chamaille ?
leurs yeux en fatigue et leurs cheveux en insomnie.
Un point de grammaire ici :
Nous avons toujours su qu'ils finiraient ensembles ces deux-là, leurs histoires ressemblaient trop à la nôtre.
Il serait plus correct de dire "nous avions toujours su", plus-que-parfait donc, parce que l'action décrite est antérieure à la narration.
Invité- Invité
Re: Te souviens-tu ?
Voilà une autre version. J'ai corrigé mes erreurs, enlever quelques trucs qui alourdissaient mon texte et remplacer la partie italique par une transition légère. J'attends vos impressions sur mes corrections ! :-)
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T'en souviens-tu ? Je l'ai regardée cet après-midi, comme à mon habitude. Tout aussi calme, coulante et réservée, elle n'a jamais vraiment changé et c'est bien ce qui me réconforte en elle. J'aime à la regarder, dans ma chaise de bois, sur la galerie de notre grande et vieille maison. J'aime à la voir se rafraîchir les ailes, à se dépeindre de seconde en seconde, à se couler la frontière toujours plus loin encore, sans jamais pour autant s'éloigner de jour en jour.
Savais-tu qu'elle savait sauter ? La rivière saute en gouttelette à ses extrémités. Elle surprend les marguerites qui osent, quelquefois, pousser un peu trop près, mais jamais assez pour les noyer. Cette rivière n'a jamais été bien méchante. Même en temps d'orage, elle se montre tout aussi inoffensive que fragile. Aussi douce et pareille qu'en son jeune temps.
Te souviens-tu du nôtre ? Notre jeunesse à nous ? Nous la longions souvent en après-midi l'été et tu ramenais toujours de nos promenades, quelques marguerites et quelques sourires dans ton visage. Puis, nous revenions le soir, à chaque fois peu avant le coucher du soleil. Nous préférions être à la maison pour ce moment, car nous aimions regarder le ciel se colorier d'orange, de jaune et de rose pâle et ce soleil aux yeux brûlants, se cacher les lunettes sous l'horizon. Nous regardions toujours cet instant sur ces chaises qui ne font que garnir notre galerie.
Je me sens un peu nostalgique de ce temps, je dois avouer. Aujourd'hui, Martin est venu à la maison et est déjà grand. Il ne vient plus aussi souvent qu'avant, tu sais ce que c'est... Il s'est marié, il y a déjà plusieurs années, avec Sophia, son amie avec qui il passait beaucoup de temps étant plus jeune. Nous avions toujours su qu'ils finiraient ensemble ces deux-là, leurs histoires ressemblaient trop à la nôtre. Et puis, ils ont trois enfants et ça grandit vite ces petites bêtes ! Il me semble qu'hier seulement, Martin ne faisait que trois pommes, et voilà que ses enfants ont déjà tous dépassé cette taille... le temps coule trop vite et de jour en jour, tout semble partir aux bouts de mes doigts...
Ils vont prendre ma maison Madeleine, malgré moi, toujours vivant, ils vont me reprendre notre maison. Martin est à l'intérieur présentement, il finit d'empaqueter les dernières boîtes et demain, je partirai dans une maison pour vieux... Jamais j'aurais cru vivre assez longtemps pour en arriver jusque-là et malheureux comme je suis, mon cœur semble trop en santé pour me laisser partir avant demain.
Te souviens-tu de cette soirée où la rivière était en chamaille ? Tu t'étais endormie tôt ce soir là, tes idées doivent être tout entremêlées... Il y avait un orage au ciel et nous le regardions, toujours sur notre galerie, buvant une tisane de gingembre. Puis, dans un élan de bataille, c'est là que tu t'étais endormie. Le fracas de ta tasse au sol m'avait fait sursauter, mais ce fut à mon tour de me fracasser le cœur par la suite. Tu ne t'es plus jamais réveillée... Tu rêvas de rose pâle en étoile et de marguerite en navire jusqu'à l'éternel...
Je m'ennuie de toi Madeleine, je m'ennuie de notre fils qui semble oublier son vieux père et je vais m'ennuyer de ce soleil couchant. Crois-tu que je pourrai le voir de ma fenêtre là-bas? Soupir...
Je regardais la rivière, le ciel rosé, mes mains fripées par le temps, derrières mes paupières qui se fermaient d'eux même... Je suis fatigué Madeleine...
J'ouvrais les yeux tranquillement. J'entendais le jappements insoutenables des machines de l'hôpital, je voyais apparaître la silhouette de mon fils, son épouse et peu à peu, leurs visages, leurs yeux en fatigue et leurs cheveux en insomnie. Je voyais apparaître la fenêtre me laissant la vue d'un building voisin du centre-ville. Soupirs et misère ! J'emmerde la médecine et ses progrès...
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T'en souviens-tu ? Je l'ai regardée cet après-midi, comme à mon habitude. Tout aussi calme, coulante et réservée, elle n'a jamais vraiment changé et c'est bien ce qui me réconforte en elle. J'aime à la regarder, dans ma chaise de bois, sur la galerie de notre grande et vieille maison. J'aime à la voir se rafraîchir les ailes, à se dépeindre de seconde en seconde, à se couler la frontière toujours plus loin encore, sans jamais pour autant s'éloigner de jour en jour.
Savais-tu qu'elle savait sauter ? La rivière saute en gouttelette à ses extrémités. Elle surprend les marguerites qui osent, quelquefois, pousser un peu trop près, mais jamais assez pour les noyer. Cette rivière n'a jamais été bien méchante. Même en temps d'orage, elle se montre tout aussi inoffensive que fragile. Aussi douce et pareille qu'en son jeune temps.
Te souviens-tu du nôtre ? Notre jeunesse à nous ? Nous la longions souvent en après-midi l'été et tu ramenais toujours de nos promenades, quelques marguerites et quelques sourires dans ton visage. Puis, nous revenions le soir, à chaque fois peu avant le coucher du soleil. Nous préférions être à la maison pour ce moment, car nous aimions regarder le ciel se colorier d'orange, de jaune et de rose pâle et ce soleil aux yeux brûlants, se cacher les lunettes sous l'horizon. Nous regardions toujours cet instant sur ces chaises qui ne font que garnir notre galerie.
Je me sens un peu nostalgique de ce temps, je dois avouer. Aujourd'hui, Martin est venu à la maison et est déjà grand. Il ne vient plus aussi souvent qu'avant, tu sais ce que c'est... Il s'est marié, il y a déjà plusieurs années, avec Sophia, son amie avec qui il passait beaucoup de temps étant plus jeune. Nous avions toujours su qu'ils finiraient ensemble ces deux-là, leurs histoires ressemblaient trop à la nôtre. Et puis, ils ont trois enfants et ça grandit vite ces petites bêtes ! Il me semble qu'hier seulement, Martin ne faisait que trois pommes, et voilà que ses enfants ont déjà tous dépassé cette taille... le temps coule trop vite et de jour en jour, tout semble partir aux bouts de mes doigts...
Ils vont prendre ma maison Madeleine, malgré moi, toujours vivant, ils vont me reprendre notre maison. Martin est à l'intérieur présentement, il finit d'empaqueter les dernières boîtes et demain, je partirai dans une maison pour vieux... Jamais j'aurais cru vivre assez longtemps pour en arriver jusque-là et malheureux comme je suis, mon cœur semble trop en santé pour me laisser partir avant demain.
Te souviens-tu de cette soirée où la rivière était en chamaille ? Tu t'étais endormie tôt ce soir là, tes idées doivent être tout entremêlées... Il y avait un orage au ciel et nous le regardions, toujours sur notre galerie, buvant une tisane de gingembre. Puis, dans un élan de bataille, c'est là que tu t'étais endormie. Le fracas de ta tasse au sol m'avait fait sursauter, mais ce fut à mon tour de me fracasser le cœur par la suite. Tu ne t'es plus jamais réveillée... Tu rêvas de rose pâle en étoile et de marguerite en navire jusqu'à l'éternel...
Je m'ennuie de toi Madeleine, je m'ennuie de notre fils qui semble oublier son vieux père et je vais m'ennuyer de ce soleil couchant. Crois-tu que je pourrai le voir de ma fenêtre là-bas? Soupir...
Je regardais la rivière, le ciel rosé, mes mains fripées par le temps, derrières mes paupières qui se fermaient d'eux même... Je suis fatigué Madeleine...
J'ouvrais les yeux tranquillement. J'entendais le jappements insoutenables des machines de l'hôpital, je voyais apparaître la silhouette de mon fils, son épouse et peu à peu, leurs visages, leurs yeux en fatigue et leurs cheveux en insomnie. Je voyais apparaître la fenêtre me laissant la vue d'un building voisin du centre-ville. Soupirs et misère ! J'emmerde la médecine et ses progrès...
Re: Te souviens-tu ?
Je ne suis pas sûre que l'imparfait soit le temps approprié pour les deux derniers paragraphes ; je ne vois pas pourquoi le présent n'irait pas tout aussi bien ; je m'y suis essayée à voix haute et il me semble que ça sonne plutôt bien et ne remet pas en cause la chronologie.
Sinon je trouve abrupt le passage au dernier paragraphe. Pourquoi ne pas l'introduire par une expression du genre "Plus tard..." ?
Note :
derrières (derrière) mes paupières qui se fermaient d'eux même (d'elles-mêmes)...
Sinon je trouve abrupt le passage au dernier paragraphe. Pourquoi ne pas l'introduire par une expression du genre "Plus tard..." ?
Note :
derrières (derrière) mes paupières qui se fermaient d'eux même (d'elles-mêmes)...
Invité- Invité
Re: Te souviens-tu ?
la deuxième version est plus douce mais je trouve que tu as trop supprimé à la fin, là on passe sans transition de sa chaise à l'hôpital sans en connaitre la raison
misschocolat- Nombre de messages : 60
Age : 69
Localisation : en pays féerique
Date d'inscription : 03/08/2010
Re: Te souviens-tu ?
Me semble beaucoup mieux ; le premier paragraphe, en particulier, y a gagné énormément.
Impression générale poignante, justement parce que tu appuies moins .
J'ai juste regretté la disparition de : Mes mains, fripées sans toi, s'ennuient de la douceur des tiennes. qui suscitait une jolie image.
Impression générale poignante, justement parce que tu appuies moins .
J'ai juste regretté la disparition de : Mes mains, fripées sans toi, s'ennuient de la douceur des tiennes. qui suscitait une jolie image.
Invité- Invité
Re: Te souviens-tu ?
Touchant ce texte bien que je ne sois pas fan du genre... de bien jolis passages...légers et lourds à la fois comme les images qui surgissent de ci de là...
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Te souviens-tu ?
Exercice difficile que de traiter en mots le mouvement mortuaire de l'eau : risques de s'engluer, alourdir, endormir…
Je trouve que « Soupir… » et « Soupire et misères etc » ne respirent pas assez. Ne manque-t-il pas de l'espace pour permettre à ce vieil homme de pleinement soupirer ?
Je trouve que « Soupir… » et « Soupire et misères etc » ne respirent pas assez. Ne manque-t-il pas de l'espace pour permettre à ce vieil homme de pleinement soupirer ?
Enyo- Nombre de messages : 64
Age : 39
Date d'inscription : 06/09/2009
Re: Te souviens-tu ?
Enyo a écrit:Je trouve que « Soupir… » et « Soupire et misères etc » ne respirent pas assez. Ne manque-t-il pas de l'espace pour permettre à ce vieil homme de pleinement soupirer ?
Hmm.. Très intéressant comme remarque. Ça m'amène à réflexion !
Merci :-)
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