SPORT : Mer Morte
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benedicte
Sahkti
Zou
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SPORT : Mer Morte
Coups de sifflet.
Un court.
Une chute de peignoirs dévoile huit statues presque jumelles, peau luisante et muscles polis sous crème protectrice
Un long.
Telle une vague de fond chapeautée de latex, elles montent d’un même pas sur les plots, reflets d’un podium à venir peut-être. Leurs bras, leurs mains à présent s’ébrouent. Mais leur regard ailleurs déjà se dissimule sous plexi.
Un court à nouveau.
Et voilà huit cordes d’arc qui se tendent et se détendent par-dessus les flots chlorés.
Tel un vol de frégates suspendu au silence, elles se reflètent durant quelques secondes dans les yeux alignés des fous de bassin.
Un premier claquement suivi de ses échos jumeaux rend ses droits au brouhaha et déjà les accents circonflexes ne sont plus que des virgules oscillant dans l’aquarium géant.
La tempête fait rage dans le rectangle bleu, les eaux s’agitent comme pour chasser de leur tranquillité lunaire ces profanatrices. Les remous éructent à respiration régulière leurs têtes, ballons bigarrés qui poursuivent infatigablement leur route. Allers et retours métronomiques. Les fous de bassin s’agitent, gesticulent, piaillent.
La-bas, derrières les socles désertés par les statues d’huile, huit chaises de plastique blanc font tapisserie.
Sur l’un des plots, une emprunte embuée de doigts de pied se la joue évanescente.
Les draps s’épongent à l’avance et les sacs de sport baillent aux alouettes.
Surplombant la tempête, une corde garnie de petits triangles rouges et blancs tente désespérément de faire sécher son petit linge.
Le pouls des fous de bassin s’accélèrent. Leur horloge interne, sans doute, leur fait savoir que le millième de seconde de gloire est arrivé. Pour qui ? Les flots, après quelques clapotis d’agonie gisent immobiles. Les profanatrices semblent bien avoir vaincu. Leur guide, que rien pourtant ne distinguait de ses paires au départ, lève un bras victorieux. Les fous acclament, applaudissent.
Les chaises arrêtent d’en découdre et accueillent maintenant à bras ouverts les guerrières fatiguées. Déjà certaines repartent la victoire en bandoulière mais l’une d’entre elle, un coude sur le genou, semble pensive. Une chaise vide, livide vient de se replier sur un sac orphelin.
Les fous laissent soudain de côté leur joie éclatée et se pressent, inquiets, au bord du bassin.
Un rictus déforme de moult ridules le masque funéraire des eaux vaincues.
Au fond, une Venus de Milo gît dans un linceul de mosaïques bleues.
Un court.
Une chute de peignoirs dévoile huit statues presque jumelles, peau luisante et muscles polis sous crème protectrice
Un long.
Telle une vague de fond chapeautée de latex, elles montent d’un même pas sur les plots, reflets d’un podium à venir peut-être. Leurs bras, leurs mains à présent s’ébrouent. Mais leur regard ailleurs déjà se dissimule sous plexi.
Un court à nouveau.
Et voilà huit cordes d’arc qui se tendent et se détendent par-dessus les flots chlorés.
Tel un vol de frégates suspendu au silence, elles se reflètent durant quelques secondes dans les yeux alignés des fous de bassin.
Un premier claquement suivi de ses échos jumeaux rend ses droits au brouhaha et déjà les accents circonflexes ne sont plus que des virgules oscillant dans l’aquarium géant.
La tempête fait rage dans le rectangle bleu, les eaux s’agitent comme pour chasser de leur tranquillité lunaire ces profanatrices. Les remous éructent à respiration régulière leurs têtes, ballons bigarrés qui poursuivent infatigablement leur route. Allers et retours métronomiques. Les fous de bassin s’agitent, gesticulent, piaillent.
La-bas, derrières les socles désertés par les statues d’huile, huit chaises de plastique blanc font tapisserie.
Sur l’un des plots, une emprunte embuée de doigts de pied se la joue évanescente.
Les draps s’épongent à l’avance et les sacs de sport baillent aux alouettes.
Surplombant la tempête, une corde garnie de petits triangles rouges et blancs tente désespérément de faire sécher son petit linge.
Le pouls des fous de bassin s’accélèrent. Leur horloge interne, sans doute, leur fait savoir que le millième de seconde de gloire est arrivé. Pour qui ? Les flots, après quelques clapotis d’agonie gisent immobiles. Les profanatrices semblent bien avoir vaincu. Leur guide, que rien pourtant ne distinguait de ses paires au départ, lève un bras victorieux. Les fous acclament, applaudissent.
Les chaises arrêtent d’en découdre et accueillent maintenant à bras ouverts les guerrières fatiguées. Déjà certaines repartent la victoire en bandoulière mais l’une d’entre elle, un coude sur le genou, semble pensive. Une chaise vide, livide vient de se replier sur un sac orphelin.
Les fous laissent soudain de côté leur joie éclatée et se pressent, inquiets, au bord du bassin.
Un rictus déforme de moult ridules le masque funéraire des eaux vaincues.
Au fond, une Venus de Milo gît dans un linceul de mosaïques bleues.
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: SPORT : Mer Morte
Ha Zou, quel texte!
D'abord l'intensité qui se dégage, tu arrives à restituer toute la tension qui s'emparent de ces filles parties combattre les flots, c'est impressionnant.
et ensuite, tu joues avec les mots pour en faire quelque chose de poético-lyrique. Intensité et poésie réunies, ce n'était pas simple, et tu t'en sors assez bien, même si certaines tournures de phrases sont parfois un peu plus pesantes que d'autres.
J'aime bien le côté tendu et crispé, beaucoup.
D'abord l'intensité qui se dégage, tu arrives à restituer toute la tension qui s'emparent de ces filles parties combattre les flots, c'est impressionnant.
et ensuite, tu joues avec les mots pour en faire quelque chose de poético-lyrique. Intensité et poésie réunies, ce n'était pas simple, et tu t'en sors assez bien, même si certaines tournures de phrases sont parfois un peu plus pesantes que d'autres.
J'aime bien le côté tendu et crispé, beaucoup.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: SPORT : Mer Morte
ah zou c'est impressionnant toutes les images que tu nous envoie et encore j'ai bien peur de ne pas les avoir toutes comprises je vais relire et relire encore. On a vraiment l'impression d'être au bord du bassin et la fin c'est dur même si on s'y attend un peu ça m'a paru très sombre dès le départ ; c'est beau et dramatique comme le sport souvent
benedicte- Nombre de messages : 215
Age : 65
Localisation : sud du milieu du centre de la France
Date d'inscription : 17/01/2007
Re: SPORT : Mer Morte
Très bien! Surtout pour la distance implacable menée vis à vis des athlètes et des images du corps...
Re: SPORT : Mer Morte
réussi. Ca commence un peu comme un exercice de style et puis je me suis surpris à entrer dans le texte en oubliant le style (ce que je ne croyais pas au début de la lecture) qui s'efface pour devenir tout simplement efficace et servir ce que tu racontes.
Juste un bémol sur la fin de phrase ou plutôt l'expression " se la joue évanescente" qui m'a semblé dénoter de l'ensemble
Juste un bémol sur la fin de phrase ou plutôt l'expression " se la joue évanescente" qui m'a semblé dénoter de l'ensemble
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: SPORT : Mer Morte
Un beau texte Zou, très imagé, qui dégage de la force et de la poèsie. Les variations de rythmes collent parfaitement aux différentes étapes de la course.
Juste un petit reproche sur l'abstraction de certaines images qui sortent le lecteur de sa torpeur, le bouscule peut-être un peu trop au moment où il aimerait se laisser bercer par le texte.
Juste un petit reproche sur l'abstraction de certaines images qui sortent le lecteur de sa torpeur, le bouscule peut-être un peu trop au moment où il aimerait se laisser bercer par le texte.
Re: SPORT : Mer Morte
Ces 2 expressions là, m'ont rappelé le style Yali ;-)
Sinon ? De très belles et fortes images de ces naïades sur-entraînées. On les voit bien, pas besoin de petit écran. Et la fin, inattendue, dure, qui laisse mal à l'aise.
Très bon texte Zou.
J'ai même pas cherché si tu avais respecté les contraintes ! ;-)
Et dommage pour "les fous de bassin", expression très originale, mais usée par 3 redites.Zou a écrit:...muscles polis sous crème protectrice... [...]...se dissimule sous plexi.
Sinon ? De très belles et fortes images de ces naïades sur-entraînées. On les voit bien, pas besoin de petit écran. Et la fin, inattendue, dure, qui laisse mal à l'aise.
Très bon texte Zou.
J'ai même pas cherché si tu avais respecté les contraintes ! ;-)
Re: SPORT : Mer Morte
T'as bien fait Mentor ! ;-))) Et merci pour ton comm.mentor a écrit:J'ai même pas cherché si tu avais respecté les contraintes ! ;-)
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: SPORT : Mer Morte
C'est un texte tout d'abord très bien vu, et qui a une véritable force poétique !
Deux petites remarques, vraiment du détail, comme mes collègues, sur "fous de bassins" répété, et "se la joue", au ton un peu gouailleur qui ne colle pas tout à fait peut-être ?
Bravo, c'est un très joli texte, et j'espère que tu nous en referas de semblables !
Deux petites remarques, vraiment du détail, comme mes collègues, sur "fous de bassins" répété, et "se la joue", au ton un peu gouailleur qui ne colle pas tout à fait peut-être ?
Bravo, c'est un très joli texte, et j'espère que tu nous en referas de semblables !
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
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