Exo live le 11-11-2010 à 21h

Je finis mon machin et distribue les bisous juste après. Là je corrige mes fautes, il y a du taf.

Encore un bon texte (décidement, bon cru ce soir !) C'est incisif comme il faut, complètement décalé et inattendu, l'écriture de très bonne tenue en plus.
Et puis je relève ceci, parce que vraiment, j'ai aimé l'idée : "Elle était toute pâle, sur ce rouge, sauf par endroits, tout en dessous, elle bleuissait, des nervures bleues, comme du haggis, un peu, mais en plus bleu, avec des mouches aussi, des flopées de mouches qui m’empêchaient d’entendre son cœur, quand je me suis collé la joue sur sa poitrine."

Grieg (oui, le bon cette fois), le parallèle avec l'image de Churchill et accolytes me paraît bien trouvé sur un plan visuel, ça fonctionne.
J'apprécie également cette fausse simplicité dans l'histoire et le rapport après mort du type avec sa mère.

Rebecca, que c'est triste et romantique tout ça. Un peu fou aussi, parce que manger du haggis, même par amour... noooooonnn :-))

Rebecca, j'ai aimé cette lettre tendre et triste à la fois. Les jeux de mots passent très bien.

Ce que j'ai lu me semble excellent. Et drôle.
Je vous commenterai mieux demain à tête reposée .
Merci MC Abstract. Un exo réussi et intéressant à ce que je vois.

Procuste : "une espèce de potée bizarre et nauséabonde" ? Du coup, c'est possible qu'elle ait réussi la recette, ta narratrice :-) C'est léger et insouciant dans le ton, avec des passages très drôles !

elea : mais... d'habitude c'est moi qui appelle mes personnages franck :-) la fin du texte est vraiment super drôle (et bien réussie)

alex : le début est très très bon, ça se disperse un peu plus à partir du haggis. J'aime la sobriété du style (très efficace). Vraiment bien tout ça quand même.

grieg : le cancer à la fin est peut-être "un peu de trop" (j'y ai vu une certaine connotation comique). Le tout début, un peu moins que d'habitude puis tu retrouves le ton à mesure. Ah, et le coup du cigare...

Sahkti : marrant, la manière de raconter donne beaucoup de rythme et d’humour jusqu’à la chute terrible et bien trouvée. J'avoue un passage préféré : celui des princesses et des ogres.

Loup, c'est super ! Plein de finesse, de subtilité et aussi de cet humour discret et grinçant que j'aime bien. Vraiment, j'ai beaucoup aimé ton texte et tes personnages, je les trouve très présents. Et puis cette histoire se tient bien, avec son petit côté absurde qui lui donne du charme.

Avis de tempête

«Une dépression qui se déplace du Groenland vers l'Ecosse est à l'origine d'une zone de tempêtes qui atteindra jeudi les eaux du littoral belge. Le vent du sud s'intensifiera pour atteindre une force 9, ce qui entraînera des rafales jusqu'à 100 km/h sur les régions côtières. La tempête se poursuivra d'ailleurs dans le nuit de jeudi à vendredi.-. RTL infos- 11 novembre 2011

Le paysage se fragmente dans la lumière jaune de mes phares. Comme le puzzle que j’essaye de résoudre et qui me fracasse la tête. Depuis quand exactement ?
Ils me font chier avec leur météo à la con, j’appuie sur «play» et Scorpions couvre le flip flap des essuie-glaces. La voix de Klaus Meine m’agace comme une mouche à viande qui tourbillonnerait sans jamais vouloir se poser. Et voilà, ça me fait penser à toi, quand tu dansais pour moi dans ce bar minable de Potsdam, que tes seins pâles étaient à portée de ma main.

Même si tout ça avait un air de déjà vu, la blonde sexy et le mec déglingué à la bouteille plus vide que pleine. Une jupe à fleurs, un bout de dentelle et je me tourne un film où les petites putes ont des allures de princesses.

Le break Volvo avale le bitume comme un angliche se goinfre de haggis. Moi je reste l’ogre affamé. Enfermé depuis trop longtemps dans ce garage de banlieue, qu’avais-je à t’offrir ? Une cuisine équipée, un écran plat ?

Des lettres d’amour j’en n’ai jamais reçu beaucoup. Alors, quand j’ai lu dans ton français approximatif que tu me remerciais pour les moments partagés mais que non, tu ne viendrais pas me rejoindre, j’ai eu envie de me foutre en l’air.

Maintenant tu vois je vais mieux et il me reste presque 600 kilomètres pour me décider si quand je t’aurai devant moi je finirai par t’étrangler ou te baiser.

Ha ha Coline, un peu court peut-être et puis non, parce que tout est là, tout s'emboîte parfaitement, avec une piste ouverte qui change de direction peu à peu. Tes protagonistes sont sympathiques comme tout et c'est drôle à souhait.

Loupbleu : Très habile et délié. J'ai particulièrement aimé ta/votre manière de poser des personnages consistants en si peu de lignes. Une prouesse !

Alex : beaucoup aimé le ton et l’histoire dans l’ensemble, c’est assez noir, prenant et bien rendu, on s’y croirait. Juste un petit bémol sur la description de la femme et le haggis sauvage, un peu plus confus que le reste pour moi.

coline Dé, j'ai (encore !!!) aimé. Un texte amusant, bien ficelé, qui met de bonne humeur !

Ah, coline Dé, c'est adorable ! Très espiègle, enlevé, efficace... Du bon !

abstract, je reste assez peu convaincue... trop esquissé, pour moi, comme désincarné.

abstract, j'ai aimé cette noirceur et ce propos, filtré par l'allusif.

Voilà ! Je crois avoir commenté tout le monde. Bonsoir, et merci à MC abstract pour la soirée !

abstract, c'est concis, efficace, tout est là, ça prend place et ça se déroule implacablement. Quant à la conclusion, suivant sa colère, les deux ne sont pas incompatibles :-)

Sahkti : très drôle, au début je me suis demandé où tu voulais en venir puis je me suis laissée emporter par l’humour succulent. J’ai bien aimé la construction avec les ogres et les princesses qui reviennent plusieurs fois dans le texte.

Procuste : ah les rencontres sur internet et leur lot de surprises, joli sujet. Et puis l’Écosse, si belle en photo et si sauvage en vrai. Bien aimé.


Elea : j’ai beaucoup aimé le début avec la description du quartier de banlieue que je trouve très bien faite. Puis, j’ai eu l’impression que le texte s’enlisait un peu, comme si tu cherchais l’humour à tout prix.

Alex: vraiment bien trouvé le coup du haggis sauvage, mais dans «les feux de l’amour ce n’est pas plutôt de Victor et de Vicky qu’il s’agit ?). J’ai apprécié, mais la dernière phrase est en trop pour moi, j’aurais préféré terminer sans savoir.
 

Le contretemps m'a empêchée de faire plus long et du coup j'ai zappé Postdam !
Je vous commente demain. mais j'ai déjà l'impression que c'est un exo sacrément porteur, Merci Abstract et bonne nuit à tous.

Grieg : un texte qui fonctionne parfois à la perfection : la découverte du corps, sa description, le cigare, et d’autres fois tombe un peu à plat : la phase terminale. Mais dans la globalité j’ai aimé.

Rebecca : beaucoup aimé cette évocation de souvenirs nostalgiques et tendres, ça coule tout seul, très agréable.

abstract, c'est vrai que d'après le peu que j'en sais, l'histoire se resserre essentiellement autour de Nikki et Victor dans les Feux de l'Amour. Cela étant, je suis allé rechercher un résumé dans les programmes télés du jour pour essayer de ne pas raconter n'importe quoi (ce qui est tout de même probable).

Sahkti : Une triste histoire que tu nous racontes! C'est drôle et je ne sais pourquoi on imagine vraiment bien tout ça...

Rebecca : C'est très réussi, des petits paragraphes presque comme des scènes de cinéma, pris sur le vif (du Truffaut ?). Et du coup, j'aimerais bien en avoir un peu plus.

Coline : "Elle était plutôt mignonne, à part ça. Dans le genre pavillon de banlieue. ". Juste pour lire ça, ça vaut le coup ! magnifique petit texte, c'est très condensé et ça se tient parfaitement.

abstract : joliment fait et très rock'n roll dans le ton, l'ambiance, l'univers, le personnage, tout y est en peu de lignes !

Comment ça Alex, tu n'es pas un fidèle spectateur des feux de l'amour. Là sur le coup je suis déçue. Oui c'est Nikki pas Vicky (ça c'est la secrétaire de mon boulot).

alex a écrit:abstract, c'est vrai que d'après le peu que j'en sais, l'histoire se resserre essentiellement autour de Nikki et Victor dans les Feux de l'Amour. Cela étant, je suis allé rechercher un résumé dans les programmes télés du jour pour essayer de ne pas raconter n'importe quoi (ce qui est tout de même probable).

Ton résumé était parfait, j'ai eu l'impression de voir l'épisode :-) Plus sérieusement, la façon dont tu racontes ça (et la suite), sur le ton, c'est impeccable.

Loupbleu : beaucoup aimé cette situation décalée et l’ambiance particulière, misère poétique, tendresse des personnages et humour d’Audrey.

Il est minuit, je vous laisse et je commente le reste demain enfin aujourd'hui ...
Merci de votre participation à cet exo de dernière minute.
La tempête fait rage et un homme m'attend au lit.
Bonne nuit à tous.

Procuste
Ton texte se lit avec plaisir. C’est un peu construit comme un « stand-up », une suite de bons mots, presque juxtaposé, mais avec cohérence. En tout cas, plaisant.

Sahkti
J’ai eu un peu peur au début, vu la façon dont tu te débarrassais des contraintes, et puis non, la sauce a prend, bien même… pardon, je dois aller aux toilettes

Elea
Putain d’incipit ! Le reste passe comme une lettre à la poste. Un super rythme pour un bon texte.

Alex
J’ai beaucoup aimé le ton. Tu as trouvé une bonne et belle façon de conter cette histoire sans histoire

Rebecca
Touchante et poétique cette lettre.

Loup
T’es juste intelligent, et en plus t’es malin.
Et puis suffit que tu dises : « un fantôme de chat » et je suis plié.

Coline
Amusant. Très. Ça m’a fait penser aux histoires qu’on se racontait, gamins, dans le noir, mais dites par quelqu’un qui sait conter.

Abstract
Une atmosphère bien rendue, et pas mal d’images fortes. J’espère qu’il la baisera à mort.

Alex, pour me faire plaisir tu me tutoies !

C'était très bien dans l'ensemble, et un grand merci à abstract : l'exercice était sympa, inspirant, juste bien dosé pour les contraintes. Tu as mené ça de main de maître, vivement que tu recommences !

bise MC et merci

De son sixième étage, accoudé au balcon, il contemplait la foule qui déambulait dans la rue ; il souriait en pensant à ses jeunes années, à ces immenses randonnées collectives dans les rues en scandant le nom des dirigeants politiques du moment, nom suffixé par des mots que le bon goût censure. « C'était y a pas si longtemps, en fait, en y repensant », se dit Jean-Eudes.
N'empêche, ces Anglais, quand ils s'y mettent, ils ne font pas dans la dentelle. Comme si tout un peuple de bouffeurs de fish'n'chips c'était mis au haggis, remplacé le poisson pané frites par l'oignon, les céréales, le saindoux, la panse de brebis et le rutabaga : tout de suite les épices et le whisky de rigueur donnent du coeur au ventre, tout de suite on quitte le chapeau melon pour la panoplie d'ex fan des Clash et des Pistols qu'on n'avait pas ressorti depuis la chute de Thatcher, et on file dans la rue.
« Londres a de la gueule ces temps-ci » se dit Jean-Eudes. « Hier des mouches hagardes à la recherche du cul d'une vache, aujourd'hui un essaim de bourdons qui veut tomber la reine. »
Il scrute le ciel dans une attitude de penseur de Rodin en position debout. Cette phrase n'était pas mauvaise, lui semble-t-il, il va la noter quelque part. Dans son petit carnet, à côté du conte pour enfants qu'il tente de chiader depuis deux jours, avec un ogre tout pas beau, un chevalier bellâtre et une princesse neuneue. Le conte qu'il écrit pour le petit garçon de Camille.
Camille pour qui il avait troqué Bruxelles contre Londres.
Oh, pas de raison de s'en plaindre, Londres c'est bien plus chouette. Bien plus cher, aussi. Pas évident pour un dessinateur au chômage, forcé de crécher dans une chambre de bonne sous le toit d'un vieil immeuble de Camden. D'un autre côté, Camden a toujours été le quartier de Londres préféré de Jean-Eudes, alors, bon.

Il quitte sa fenêtre, se tourne vers le frigo : il n'a qu'a tendre la main pour saisir la poignée. C'est vraiment petit, une chambre de bonne. Compartiment du bas, un pack d'Orval, ramené de Belgique lors de sa dernière visite chez ses anciens collègues et amis. C'est triste quand même, la vie d'artiste, faire les beaux-arts à Paris, dessiner chez Spirou, et finir dans une mansarde d'un quartier pauvre de la plus belle capitale d'Europe, sans savoir si demain il y a de la bouffe. Enfin, ce ne serait pas triste s'il avait su avant de venir pour Camille que Camille ne l'avait pas attendu, avait trouvé un jules et s'était faite engrosser. S'il avait su...
Amer, Jean-Eudes examine la bouteille comme si elle allait lui dire bonjour. Orval, bière trappiste.

Il se rappelle la première fois qu'il était tombé sur ce mot : « trappiste. » Au début, ça lui avait penser à « trapéziste. » Puis, en y réfléchissant un peu plus, à un mec dont le boulot est de poser des trappes, sur le plancher, au plafond, sur un mur, n'importe où, mais qui ne fait que ça toute sa journée, poser des trappes. Wikipedia lui apprit qu'en fait il s'agissait d'un ordre monastique cistercien. Oh. Tiens, un moine, ce ne serait pas une mauvaise idée pour le conte. Genre un illuminé qui tente de prêcher à l'ogre une philosophie de hippie philanthrope. Ou alors un moine Shaolin qui lui fasse la tête au carré en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ouais, c'est bien, ça, un Shaolin ! Un mètre soixante et le coefficient de dangerosité d'un char d'assaut allemand !
C'est rare, ça, qu'une boisson vous inspire avant de l'avoir bue.
Un char d'assaut allemand d'un mètre soixante.

Char allemand.

L'Allemagne.

Potsdam.

Il se rappelle cette aventure un peu folle, lui et quelques potes dans un camping car bohème parés pour un tour du monde, elle en voyage d'études avec l'école de commerce. Cette première soirée où il l'avait trouvée ivre morte au bord du lac Peetzee, toute pâle, une bouteille de becherovka tchèque dans chaque main, deux bouteilles qui avaient bien vécu. Les premiers mots qu'il l'avait entendue dire : « Ne me traite jamais de mousmé ».
Lui-même étant bien allumé, il avait fallu à Jean-Claude un intense effort intellectuel pour se rappeler la signification de mousmé, après quoi il l'avait embrassée.
Le lendemain, réveillé dans le garage d'un petit pavillon de la banlieue berlinoise, à poil dans un sac de couchage, une capote remplie au bout du sexe et une fille superbe avec de longs cheveux couleur feuille d'automne et des tâches de rousseur qui lui avait dit : « Salut, moi c'est Camille. Tu veux du café ? »
Le meilleur café qu'il ait jamais goûté.
« Oui, à condition que tu trempes tes lèvres dedans avant », avait-il répondu.

Jean-Eudes verse l'Orval dans un verre. C'est donc la deuxième fois qu'une boisson l'inspire avant qu'il ne l'ait bue.

Camille.
Avoir tout quitté pour Londres.
A présent, il était convaincu d’avoir eu raison.

Ouf, je démarre dans le thème et je finis hors sujet ! Tant pis, je me suis fait plaisir ! Commentaires demain.
Bonne fin de soirée à tous, merci MC !

pas le courage d'attendre kilis
à demain
c'est éprouvant les retours

Coline : chouette petite scène, des personnages aussi consistants dans une forme si courte c’est fort !

C’était un dimanche de septembre. L’Ogre nous avait convié à une garden party, tenue décontractée exigée. Adresse du jour : chez lui, pavillon chic d’outre banlieue. Tout le Service était là à piétiner la pelouse. D’aucuns avaient même apporté une bouteille.
Une imposante tente à rayures bleues et blanches abritait une table dressée pour trente-cinq personnes. Mais pour l’heure, nous en étions à l’apéro et aux zakouskis que nous présentaient les trois serveurs stylés, attentifs et en smoking, eux, et, je dois le reconnaître, beaucoup plus à l’aise que nous, tout invités que nous fûmes.
Des anges passaient. Entre deux nuages. Se bousculaient, s’excusaient. Seul fusait par intermittence, traversant l’atmosphère aussi plombée que le ciel, le rire dantesque de l’Ogre. Monsieur Potsdam, ou Zeus, soit le boss.
Et donc, nous nous contentions timidement de boire. De nous racler la gorge. Et de boire encore jetant de temps en temps les yeux au ciel qui s’assombrissait alors que tout autour de nous, tout semblait blêmir. Même les mouches étaient pâles, faut dire qu’elles avaient du mal à garder leur cap avec ce vent qui furieusement s’était mis à défeuiller les arbres, à décorner les cocus et à détenter la tente.

Bref au final, l’Ogre et Madame sa mousmé ont dû sortir leurs Merdès pour qu’on puisse tous s’encaquer dans le garage. Là, on s’est assis en rond comme des hommes des cavernes. L’Ogre à apporté un énorme plat fumant qu’il a posé à même le sol. La chose ressemblait vaguement à du haggis, mais a vrai dire, à la première bouchée, et si j’avais été moins saoule, j’aurais regretté que ce n’en fût pas.

Je suis désolée, j'ai été interrompue par une voisine qui est venue me demander si c'était moi qui tapait au marteau sur les murs.
C'était pas moi, non, mais je l'entendais aussi et j'ai vraiment eu un mal de chien à me concentrer. J'ai quand même tenu à poster ce que j'ai pu.
Voilà. Le bruit a cessé, vais aller me coucher.

Bonne nuit à tous et toutes.

Abstract : j’aime bien l’idée, l’ambiance, le ton et le personnage qui colle bien avec tout ça et puis la dernière phrase est parfaite mais il me reste l’impression qu’il manque des pièces au puzzle évoqué pour que je visualise bien le tout.