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Message  Krebs Mar 14 Juin 2011 - 19:09

A celles et ceux qui me nourrissent quand je crève la dalle, parce que je ne pourrai jamais payer en retour, esclave de mon admiration.


C’est toi qu’est dans l’vrai ! Ca m’estomaque!

Sisi Tonton, la gaminerie dans ma cuisine c’est que je n’ose jamais franchement convier, c’est pas dans mes méthodes la distinction, sissa, j’ai jamais eu pour envie de l’inviter ma bouche, because l’impression de toujours foirer, jeux de moi toujours en bandoulières.
Sissi Tonton, je vais mettre des grands coups de masse dans mon palais, faut y penser aux créatifs, faut régaler.
On va s’inventer… un banquet plateau des glières… à libérer chaque mètre de viscères.

Le menu ne sera pas très raffiné, comme ça arrive en bulldozer, mais je pense qu’on n’a plus vraiment le choix avec leur blanquette d’«identité nationale », la mécanicité de l’idéation. A tous, faut leur plonger la gueule dans l’exotique. Naturellement faut l’cadre, l’envie, bout d’plage, soleil, etc.

Primordial, toi tu sais ma bouche, sissa, choisir malléable, pour la cuisson, la fermeté, le cru et le cuit, pas trop maigre par contre, il faut du jus pour tout confire… du coup, filets de Charko, nageoire caudale en talonnette, tu dis. Moi j’aime pas trop ce poiscaille, chaire flasque et insipide, mais pourquoi pas, ça umpise.

Au décollage donc, pour le courage, un JM pur (sissi du 89, banco la Rolls) on évite la claudication Clément canne bleue. Fais confiance… t’es sur un tonneau cœur caraïbe dans un maelström Rhum et Bourbon (quoique la classification du coté Statess me désespère, ce sont des futs de Tennessee whiskey, vanille, crème, cuir sur fruits confits) spectaculaire.

On a choisi poisson histoire de garder la pèche, on va leur violer l’iode à la douceur d’un clapotis. Maintiens présentes, une épice à gencives, poivre en citron, gingembre frais, exact, une autre pour échauffer, forcir la gamme dans les salives, de ces petites rondelles rouges et vives que tu fous un peu partout. Ca fait pas bézef mais faut rester humble, tu verras comment je condimente par le futur. Y a une chef qui fait ça mieux, sissa, c’est ce que j’adore dans sa compote, chez elle, tu les dégustes : authenticité, force du simple, le nu. T’inquiète, ce qu’elle cuisine au manteau vert laisse sur le cul.

J’allais oublier la veille, en macération froide, tu fais du doux en saladier, du lait de coco pas trop épais, une rasade franche du truc à venir (pour l’armature), une moitié d’oignon grossière, de l’ail haché, et trois pointes de colombo, bien sur yassa dans le placard.

Alors, je reprends, je me mets à 180 sur un four, un second JM pour l’altimètre, et fais s’épanouir deux citrons verts zestectomiés, pressés dans une casserole, les écorces restent par là bas.
On lève les filets toujours dans le milieu, on déconne pas avec les lettres, sissi, on réserve les joues et les carcasses pour un fond de sauce. C’est la partie la plus étrange de la bestiole les joues, c’est petit et ça conserve la trace, on dirait des couches de nouveau né, c’est l’appétit en mémoire et vice versa, n’y pense même plus.
Quand mon jus se bouscule, j’y mets la seconde moitié de l’oignon d’hier, de l’ail en veux-tu en voilà, les pépins de piment que j’ai eu la manie de récolter, c’est fastidieux crois-moi, et porte le tout à ébullition. Je compte comme ça, un, deux, trois dioptries, je passe la mélasse au chinois. On obtient théoriquement une toxine qui patientera avec sa sœur dans le frigidaire.

Actuellement je plane, donc j’accompagne bien volontiers d’un truc pas frais qui force à boire juste dans le respect. J’avais pensé à un carrefour féroce matoutou, risotto mangue, joues, poivrons. Tu saisis ma bouche, c’est simple à faire et pis tu surveilles à coup de JM en cas de débordement. Tu finis ta bouteille peinard, tant que ton riz se désaltère du coulis que t’as mixé avec le fond de sauce à la carcasse de nain pressé, mangues joues poivrons fallait penser, hin Tonton pas vrai ?

Vu que je me découvre spécialiste des mixtures vives, jt’avais gardé dessous la botte, la sauce chien vinaigre, miel, carotte, citronnade customisée. De quoi mordre le Charko au cœur du jus et risotto droit en dedans.Ca force à boire même les taiseux, je récapépette sissa.
T’enfile les sashimis de poissons crus sur des baguettes de bois bandés limite disparition, avec entre chaque tranche, le truc rouge dont je t’avais parlé, un copeau de gingembre, et là tu salives ma bouche paskeu tu sens où j’veux en venir. Tu chauffes des braises façon coco, bien rouges elles aussi, et tu mets la grille haute, on nationalise la faim torture. Tes brochettes, tu les trempes dans la première mixture pour adoucir le mordant et tu fris ça avec le fonds de JM qu’il doit te rester. Tu fais des aller-retour, juste pour braiser le bon poiscaille qu’on aime voir suer. Dans ton four, t’emprisonnes du sésame et quand il hurle à la porte « ouvre-moi ! » tu le laisses sortir.

Présentation dans les assiettes, faire la palette, sissi ça c’est de sa faute mon sismologue sémiographe ou l’inverse. Avant d’avoir diné chez lui, je trouvais la couleur moribonde, esthète de cheval steuplay, un vrai bourrin pété au coca cinoche, attention, de la race des connards totipotents, tu me diras mon génome a pas changé. J’étais fan de minimalisme, le dessin, l’art du trait et de la limite, genre sobriété design béton brut, toutes ces fadaises, pis j’ai bu une à une ses décoctions. Moi, faut que je teste, j’y peux rien, j’suis maladif de la digestion. Il m’a fait redécouvrir que jouer creux dans le glaçage avait un gout, que la synesthésie était sculpture, que le vrai dialos s’écrivait gras dans le cortex. Du coup, j’me suis scarifié jusqu’à l’os, j’ai mis mes couilles dans un broyeur, dégouté d’avoir oublié la mise en œil.
Donc tu déposes tes tranches grillées avec le petit bout rouge en plein milieu, si tu te démerdes adroitement, façon de parler, tu lui mets dans le petit, sens-tu ma bouche. T’ajoutes le risotto façon boulettes, tu saupoudres de sésame cuit, tu badigeonnes de quelques goute de clébard huant et le tour est joué.

En tonalité, faut conserver l’armature, tu te doutais ma bouche faut dégrossir, j’ai opté pour un cépage Chenin de Touraine, salinité agrume, jeunesse en bulles, parce que c’est l’été, que ça rigole consensuel le Vouvray. Je sais, bulles et poisson c’est flouche, mais pense à l’accompagnement et que j’emmerde le correct politiquement, puis, elles sont si fines, tu saisis, l’aigrefin, le massage de langue, l’acidité timide, avant l’estérification, pour ceux qui font du moléculaire, tout ça verdi dans un fut même pas noirci. Pour mes amis un peu plus beige du houblon en alcool ou à rouler.

En dessert on généreuse, blanc manger vanille ibiscus, sucre roux, pas le neutralisé, tu sais combien je hais ce truc blanchâtre et sans brutalité, le sucre il faut lui conserver ses cris, sa sueur. Et puis de la grenade parsemée des zest précédemment hachés, tu le savais ma bouche qu’on finirait à l’explosif pour plus panser.

Et vous inquiétez pas pour la plonge, j’y serais un joint dans le bec et du clairon sournois paskeu musique cadillac et p’tit vélo bordel à cul !



Note de l’auteur :
Quand le soleil s’installe à la terrasse du ciel, une belotte contre les nuages, les humains déambulent et astiquent en secret le cuivre chauffé de leur solitude. Ils fermentent autour d’un breuvage, coagulent ou s’isolent dans la contemplation d’idées à peine mortes, impatients, toujours mélancoliques des attentes devançant le concret. Tous subissent avec plus ou moins de cruauté, plus ou moins de détachement, l’implacable spirale. Tous collabos, tous résumés dans cette biologie musicale, mécanique aussi vieille que leur race, chaine saisonnière qui relie espoir et printemps, été et chaleur, automne au soupir, hiver au tombeau. Une déclinaison monotone que chaque être clôt avec lui, abandonnant à quelques légataires le soin de poursuivre la partition.
Ce devenir éternel trouve pourtant chez certains, si peu en fait, suffisamment d’aveuglement, d’immaturité ou de rage pour tenter d’en bouleverser, dans un procédé criard, le rythme ronflant.
Ironique ou lassé le cycle réserve donc à ceux-là des farces sanglantes aux contours de lucidité. Pour ces maillons incapables, je veux tatouer sur les fesses du temps ma rengaine nasillarde, mon souci d’être, à leur image, un écho du « suffit ! ». Je voulais juste prouver qu’avec un peu de bleu sur une ligne et de la musique en hyperlien, internet bouffera le papier.


< Le site VE n'a pas changé, Krebs, c'est bien toujours UN texte par semaine et par catégorie : PROSE ou POESIE.
Merci d'en tenir compte.
Ce texte sera donc rendu disponible aux commentaires la semaine prochaine et on vous demandera de ne plus en poster avant la semaine d'après. Merci.
La Modération >

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Krebs

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Message  elea Mer 22 Juin 2011 - 21:14

Quelle cuisine ! Je ne sais pas si la recette est bonne mais malgré la somme des ingrédients et la manière de les touiller, le tout n’est pas indigeste.
J’aime beaucoup cette langue vive et parfois peu compréhensible, le cerveau n’est pas reposé par la lecture, il travaille, trime, ouvre les écoutilles et tente de saisir chaque bribe, de la disséquer, décortiquer, au final elle garde du mystère et c’est tant mieux.

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Message  Invité Sam 25 Juin 2011 - 12:15

cervelle en yaourt, j'allonge, je détends, ça bouillonne doucement, faudrait pas laisser évaporer... et au final, ça attache !

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Message  LaBeletteMasquée Sam 25 Juin 2011 - 22:51

Sans doute est-ce du au fait que mon cervelet a été mis à rude épreuve lors de cette lecture aux mille et unes saveurs, mais je ne comprend pas le titre ... Une explication ?
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Message  Crashtest kid Ven 15 Juil 2011 - 23:10

J'ai trouvé ça très bon!

Au plaisir.
Crashtest kid
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