Teresa, ma voiture et moi
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Teresa, ma voiture et moi
https://www.youtube.com/watch?v=1k6KeR_C3XI&feature=related
Comme un air de printemps. Sur une aire d'autoroute, c'est là que je l'ai rencontrée. Combien? Est-ce que moi je te demande le prix de tes nouvelles ray-ban? Non! Alors chacun met son argent ou il veut… moi je l'ai mis dans Teresa.
Elle m'a fait voir la nuit en couleur comme tes lunettes de frimeur jamais ne le feront! Elle est montée dans ma voiture. Je ne sais même pas quel genre de rencontre elle attendait, surement pas un tendre de mon espèce. Quand je lui ai demandé de me raconter son histoire elle a ri, et m'a embrassé pour que je me taise (enfin, j'avais l'impression). Et puis, avant de continuer je me suis senti obligé de lui dire que je ne savais pas où j'allais, que je ne savais même pas si j'allais quelque part ou bien dans un platane, ce qui apparemment l'a fait rire. Jaune.
Là d'où je viens, on prétend que les routes sont belles. Bien entretenues.
Et Teresa aussi l'était, comme une moisson, un soda frais, mon horizon. J'aurai presque eu envie de tomber amoureux de cette femme si je n'avais pas pris des décisions. Elle avait mis la radio et ses pieds sur le tableau de bord, comme dans Thelma et Louise, et ses sourcils me paraissaient bleus tant la nuit était noire. J'observais l'aiguille flirter avec le 150, pendant que nos silences disaient nos solitudes.
"Tu n'as pas peur?"
"J'ai la rage… TU as peur !" me dit-elle dans sa lucidité noctambule.
Je lui ai demandé si elle était ivre. Elle m'a répondu, mais je ne me rappelle plus de sa réponse ; j'avais bu. Elle a très vite trouvé le bouton pour décapoter mon cœur et ma voiture. L'experte !
On parcourait à la vitesse de la vie des territoires mielleux qu'on ne regardait pas. Là-bas, à droite, une cascade, un village et puis d'immenses montagnes, dans la nuit. Les poteaux qui scintillent sont comme des marques-pages d'une route que je lis. Je suis seul, mais Tere est à côté, seule elle aussi. Et belle. Nom de Dieu, qu'elle est belle, elle vient de tourner le rétro vers sa bouche pour caresser ses lèvre d'une rouge parure.
Je voulais un dessin, la peinture de ces lieux qui petit m'inondaient. Maintenant je suis grand… et Tere porte un décolleté faramineux, et le dessin, et la géologie m'ennuient.
Je ne sais pas pourquoi ce recoin plus qu'un autre me fait rouler vers lui. Le baiser anodin qu'elle vient de me glisser ou les nombreux virages, je lève le pied, et je gare mon engin dans ce lit de verdure ou chante une autoroute. Entre-temps, sans en avoir l'air, on a beaucoup parlé, Tere et moi. Dans plus de dix regards et dans moins de dix mots. Alors on s'arrête et je l'embrasse. Très vite, elle est assise sur moi, sur mon visage. C'est animal comme je la mange, comme elle prend mes cheveux et puis s'assied sur moi. "On est des animaux", je lui dis, elle le confirme, ses seins sont dans ma bouche, et ses pieds dans mes mains et puis on se tortille et enfin on jouit. Presque ensemble. C'était délicieux. On restait assis, et puis à un moment, j'ai compris que je devais reprendre le volant.
Dans cette région de l'autre bout du lac, les montagnes deviennent rassurantes. On roulait, je l'aimais, je voulais lui offrir ce que j'avais perdu. C'est là que j'ai choisi solennellement de lui dire que je l'aime et puis que dans sa bouche je voulais de sourires, lui caresser le bras. "Roule jusqu'à Sion, on y est bientôt", c'est ça qu'elle m'a dit, en rigolant…J'étais trop tendre apparemment car elle a rien plus. Ou bien elle était triste, elle aussi. Je ne le saurai jamais. C'est affolant comme les kilomètres défilent quand on ne vous aime pas.
C'est affolant de voir comme les bornes défilent quand Tere ne m'aime plus. On est à Sion, elle descend et m'embrasse. Furtivement. Elle file vers la lumière allumée d'un lieu de perdition.
Je repars en arrière, je ne sais plus vers où.
C'est affolant de voir comme les routes sont belles, bien entretenues. Et ce platane aussi.
Comme un air de printemps. Sur une aire d'autoroute, c'est là que je l'ai rencontrée. Combien? Est-ce que moi je te demande le prix de tes nouvelles ray-ban? Non! Alors chacun met son argent ou il veut… moi je l'ai mis dans Teresa.
Elle m'a fait voir la nuit en couleur comme tes lunettes de frimeur jamais ne le feront! Elle est montée dans ma voiture. Je ne sais même pas quel genre de rencontre elle attendait, surement pas un tendre de mon espèce. Quand je lui ai demandé de me raconter son histoire elle a ri, et m'a embrassé pour que je me taise (enfin, j'avais l'impression). Et puis, avant de continuer je me suis senti obligé de lui dire que je ne savais pas où j'allais, que je ne savais même pas si j'allais quelque part ou bien dans un platane, ce qui apparemment l'a fait rire. Jaune.
Là d'où je viens, on prétend que les routes sont belles. Bien entretenues.
Et Teresa aussi l'était, comme une moisson, un soda frais, mon horizon. J'aurai presque eu envie de tomber amoureux de cette femme si je n'avais pas pris des décisions. Elle avait mis la radio et ses pieds sur le tableau de bord, comme dans Thelma et Louise, et ses sourcils me paraissaient bleus tant la nuit était noire. J'observais l'aiguille flirter avec le 150, pendant que nos silences disaient nos solitudes.
"Tu n'as pas peur?"
"J'ai la rage… TU as peur !" me dit-elle dans sa lucidité noctambule.
Je lui ai demandé si elle était ivre. Elle m'a répondu, mais je ne me rappelle plus de sa réponse ; j'avais bu. Elle a très vite trouvé le bouton pour décapoter mon cœur et ma voiture. L'experte !
On parcourait à la vitesse de la vie des territoires mielleux qu'on ne regardait pas. Là-bas, à droite, une cascade, un village et puis d'immenses montagnes, dans la nuit. Les poteaux qui scintillent sont comme des marques-pages d'une route que je lis. Je suis seul, mais Tere est à côté, seule elle aussi. Et belle. Nom de Dieu, qu'elle est belle, elle vient de tourner le rétro vers sa bouche pour caresser ses lèvre d'une rouge parure.
Je voulais un dessin, la peinture de ces lieux qui petit m'inondaient. Maintenant je suis grand… et Tere porte un décolleté faramineux, et le dessin, et la géologie m'ennuient.
Je ne sais pas pourquoi ce recoin plus qu'un autre me fait rouler vers lui. Le baiser anodin qu'elle vient de me glisser ou les nombreux virages, je lève le pied, et je gare mon engin dans ce lit de verdure ou chante une autoroute. Entre-temps, sans en avoir l'air, on a beaucoup parlé, Tere et moi. Dans plus de dix regards et dans moins de dix mots. Alors on s'arrête et je l'embrasse. Très vite, elle est assise sur moi, sur mon visage. C'est animal comme je la mange, comme elle prend mes cheveux et puis s'assied sur moi. "On est des animaux", je lui dis, elle le confirme, ses seins sont dans ma bouche, et ses pieds dans mes mains et puis on se tortille et enfin on jouit. Presque ensemble. C'était délicieux. On restait assis, et puis à un moment, j'ai compris que je devais reprendre le volant.
Dans cette région de l'autre bout du lac, les montagnes deviennent rassurantes. On roulait, je l'aimais, je voulais lui offrir ce que j'avais perdu. C'est là que j'ai choisi solennellement de lui dire que je l'aime et puis que dans sa bouche je voulais de sourires, lui caresser le bras. "Roule jusqu'à Sion, on y est bientôt", c'est ça qu'elle m'a dit, en rigolant…J'étais trop tendre apparemment car elle a rien plus. Ou bien elle était triste, elle aussi. Je ne le saurai jamais. C'est affolant comme les kilomètres défilent quand on ne vous aime pas.
C'est affolant de voir comme les bornes défilent quand Tere ne m'aime plus. On est à Sion, elle descend et m'embrasse. Furtivement. Elle file vers la lumière allumée d'un lieu de perdition.
Je repars en arrière, je ne sais plus vers où.
C'est affolant de voir comme les routes sont belles, bien entretenues. Et ce platane aussi.
levaran82- Nombre de messages : 145
Age : 42
Localisation : belgique
Date d'inscription : 26/01/2010
Re: Teresa, ma voiture et moi
Un peu trop appuyée la fin, limite pathétique, il me semble qu'on peut faire plus subtil en mettant ce platane au pluriel.
Un bon texte, un très bon texte qui me fait personnellement penser à Sailor and Lula ("Nom de Dieu, qu'elle est belle, elle vient de tourner le rétro vers sa bouche pour caresser ses lèvre d'une rouge parure.", ""On est des animaux", je lui dis, elle le confirme, ses seins sont dans ma bouche, et ses pieds dans mes mains et puis on se tortille et enfin on jouit. Presque ensemble.").
La progression est excellente, on voyage au fil des émotions du narrateur, dans ses pensées. J'ai relevé un ou deux exemples d'écriture en creux, un concentré tellement parlant, ce à quoi toute prose devrait tendre, au lieu de longues descriptions ennuyeuses :
Elle a très vite trouvé le bouton pour décapoter mon cœur et ma voiture. L'experte !
Et celle-ci, superbe :
Entre-temps, sans en avoir l'air, on a beaucoup parlé, Tere et moi. Dans plus de dix regards et dans moins de dix mots.
Deux phrases à revoir :
"puis que dans sa bouche je voulais de sourires, lui caresser le bras."
"J'étais trop tendre apparemment car elle a rien plus."
Petit doute sur le procédé de départ, le narrateur s'adressant au lecteur. Hormis cela : bravo !
Un bon texte, un très bon texte qui me fait personnellement penser à Sailor and Lula ("Nom de Dieu, qu'elle est belle, elle vient de tourner le rétro vers sa bouche pour caresser ses lèvre d'une rouge parure.", ""On est des animaux", je lui dis, elle le confirme, ses seins sont dans ma bouche, et ses pieds dans mes mains et puis on se tortille et enfin on jouit. Presque ensemble.").
La progression est excellente, on voyage au fil des émotions du narrateur, dans ses pensées. J'ai relevé un ou deux exemples d'écriture en creux, un concentré tellement parlant, ce à quoi toute prose devrait tendre, au lieu de longues descriptions ennuyeuses :
Elle a très vite trouvé le bouton pour décapoter mon cœur et ma voiture. L'experte !
Et celle-ci, superbe :
Entre-temps, sans en avoir l'air, on a beaucoup parlé, Tere et moi. Dans plus de dix regards et dans moins de dix mots.
Deux phrases à revoir :
"puis que dans sa bouche je voulais de sourires, lui caresser le bras."
"J'étais trop tendre apparemment car elle a rien plus."
Petit doute sur le procédé de départ, le narrateur s'adressant au lecteur. Hormis cela : bravo !
Invité- Invité
Re: Teresa, ma voiture et moi
Le lecteur aussi est embarqué, lui aussi il se prend des mots et des Tere et des platanes dans la tronche.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Teresa, ma voiture et moi
J'voulais dire c'est affolant comme il aime ça.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Teresa, ma voiture et moi
merci pour ces messages encourageants! j'ai dans le mme temps publié un texte un peu plus impulsifs qui a reçu des critiques négatives en plus grand nombre, ça me fait donc plaisir de recevoir un petit nombre de réponses, mais encourageantes cependant!
j'en mijote un prochain, selon l'humeur et l'impulsion, ce sera pour bientot!
j'en mijote un prochain, selon l'humeur et l'impulsion, ce sera pour bientot!
levaran82- Nombre de messages : 145
Age : 42
Localisation : belgique
Date d'inscription : 26/01/2010
Re: Teresa, ma voiture et moi
J'aime ce texte qui " bouge" bien, avec une grande économie mais sans sécheresse. Il y a de l'originalité, de la jeunesse, de la modernité et sans chercher à épater.
Moi aussi j'aimerais mieux le platane de la fin au pluriel, le singulier appuie trop.
Moi aussi j'aimerais mieux le platane de la fin au pluriel, le singulier appuie trop.
Invité- Invité
Re: Teresa, ma voiture et moi
je suis absolument d'accord... dans ma refonte du texte, la fin est d'ailleurs déjà corrigée! merci pour le bouquet de qualificatif flatteur!;)
levaran82- Nombre de messages : 145
Age : 42
Localisation : belgique
Date d'inscription : 26/01/2010
Re: Teresa, ma voiture et moi
oui, un bon texte, je trouve aussi.
J'aime le rythme, le choix des mots, les "images en creux" comme le dit Easter. J'aime un peu moins le frôlement de cliché, dans la fin (mais d'autres l'ont relevé avant moi), et peut être, là: "Tu n'as pas peur?""J'ai la rage… TU as peur !" me dit-elle dans sa lucidité noctambule."
Mais ce n'est qu'un détail.
Merci pour ce chouette texte.
J'aime le rythme, le choix des mots, les "images en creux" comme le dit Easter. J'aime un peu moins le frôlement de cliché, dans la fin (mais d'autres l'ont relevé avant moi), et peut être, là: "Tu n'as pas peur?""J'ai la rage… TU as peur !" me dit-elle dans sa lucidité noctambule."
Mais ce n'est qu'un détail.
Merci pour ce chouette texte.
Lizzie- Nombre de messages : 1162
Age : 58
Localisation : Face à vous, quelle question !
Date d'inscription : 30/01/2011
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