FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
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Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
c'est beau, toujours
ça donne le vertige
ça donne le vertige
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Cette immense amoureuse (un mètre quatre-vingts)
me semblait increvable avec sa chevelure
de guerrière africaine
pourtant
fallait qu'elle brûle
on ne pouvait toujours
la garder là, immobile et gelée
on met le disque on se souvient
on met le disque on voudrait
tout reprendre au début
on écoute la chanson
he shot me down bang bang
On aime pleurer, quoi d'autre
Notre fils évanoui
un matin à 9 heures
s'est relevé
et est parti tout seul voir son grand amour
il avance elle l'attend
ils se prennent les mains, ils vont pourvoir parler
mais il n'y a pas de mot et la main est inerte
il y a une bouche ouverte
muette
notre fils 20 ans tient sa grande amoureuse (un mètre quatre-vingts)
qui brûlera demain entre ses quatre planches
pourquoi
parce qu'on ne peut, pourquoi
son immense amoureuse doit brûler c'est ainsi
pourquoi, c'est comme ça
on ne peut pas pourquoi
la mère demande encore un peu de temps
encore un peu la fille, la fille toute allongée
la fille morte immense, comme si ça suffisait pas
elle crie au téléphone, comme si ça suffisait pas !
Alors ça suffit pas ?
mais non, il faut encore brûler l'enfant, sa grande fille immense, pourquoi
Parfois elle vient me voir
J'ai peur j'ai peur j'ai peur
elle dit c'est du boulot de mourir de chagrin
j'ai bien essayé mais
même pliée en deux sur le tapis
même être la voix qui porte la nouvelle
même dire un matin
ton grand amour est mort
même cette vie privée de tout
elle dit puisque j'ai échoué à crever
il faut bien que je vive
elle m'apporte des photos
et nous les encadrons
nous les offrons
dans beaucoup de maisons le visage de la fille
unique la fille unique
la fille de l'amoureux
rayonne encore
me semblait increvable avec sa chevelure
de guerrière africaine
pourtant
fallait qu'elle brûle
on ne pouvait toujours
la garder là, immobile et gelée
on met le disque on se souvient
on met le disque on voudrait
tout reprendre au début
on écoute la chanson
he shot me down bang bang
On aime pleurer, quoi d'autre
Notre fils évanoui
un matin à 9 heures
s'est relevé
et est parti tout seul voir son grand amour
il avance elle l'attend
ils se prennent les mains, ils vont pourvoir parler
mais il n'y a pas de mot et la main est inerte
il y a une bouche ouverte
muette
notre fils 20 ans tient sa grande amoureuse (un mètre quatre-vingts)
qui brûlera demain entre ses quatre planches
pourquoi
parce qu'on ne peut, pourquoi
son immense amoureuse doit brûler c'est ainsi
pourquoi, c'est comme ça
on ne peut pas pourquoi
la mère demande encore un peu de temps
encore un peu la fille, la fille toute allongée
la fille morte immense, comme si ça suffisait pas
elle crie au téléphone, comme si ça suffisait pas !
Alors ça suffit pas ?
mais non, il faut encore brûler l'enfant, sa grande fille immense, pourquoi
Parfois elle vient me voir
J'ai peur j'ai peur j'ai peur
elle dit c'est du boulot de mourir de chagrin
j'ai bien essayé mais
même pliée en deux sur le tapis
même être la voix qui porte la nouvelle
même dire un matin
ton grand amour est mort
même cette vie privée de tout
elle dit puisque j'ai échoué à crever
il faut bien que je vive
elle m'apporte des photos
et nous les encadrons
nous les offrons
dans beaucoup de maisons le visage de la fille
unique la fille unique
la fille de l'amoureux
rayonne encore
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Une petite futilité, pour terminer la soirée ? J'ai un peu honte ...
A la sortie du casino
Pas loin des quais
Lulu ondule dans son fourreau
Belle
Comme une sardine sous la lune.
Un maquereau en escabèche
Remarquant la pimbêche
De son yacht la salue
Lulu monte à bord
Et sur le pont
Se met à danser
Sous les yeux médusés
Des chats gris de la nuit.
De sauts piqués
En sauts piqués,
Elle se retrouve dans les bras
De William Saurin
Le hareng saur
Cousin du maquereau.
Rappliquent la morue
Et le merlan*, coiffeur pour éperlans.
En joyeuse sarabande
Le banc
Finit sa soirée
Collé-serré
En boîte d'alu.
Les chats gris de la nuit
Se font refouler à l'entrée
Par un ouvre-boïte
En acier trempé.
* merlan=coiffeur en argot
A la sortie du casino
Pas loin des quais
Lulu ondule dans son fourreau
Belle
Comme une sardine sous la lune.
Un maquereau en escabèche
Remarquant la pimbêche
De son yacht la salue
Lulu monte à bord
Et sur le pont
Se met à danser
Sous les yeux médusés
Des chats gris de la nuit.
De sauts piqués
En sauts piqués,
Elle se retrouve dans les bras
De William Saurin
Le hareng saur
Cousin du maquereau.
Rappliquent la morue
Et le merlan*, coiffeur pour éperlans.
En joyeuse sarabande
Le banc
Finit sa soirée
Collé-serré
En boîte d'alu.
Les chats gris de la nuit
Se font refouler à l'entrée
Par un ouvre-boïte
En acier trempé.
* merlan=coiffeur en argot
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
encore un poème de Louis
toute ma vie,
je n'ai aimé que des ombres.
fuyantes, changeantes : par la lumière. des ombres.
qui ne me savaient pas, ne me regardaient pas, ne m'aimaient pas.
et toute celles, qui, par malheur, sont un jour passées entre mes bras,
on eut l'odeur du lit, de la table, des vêtements froissés,
pas de l'amour.
écoutez-moi. j'ai 20 ans.
j'ai un corps, une âme.
et ce corps est jeune, cette âme nubile.
j'ai voulu déshabiller mon coeur à l'infini.
il n'y a rien de beau à un coeur d'homme.
une femme le sait.
c'est pourquoi, dans la nuit,
dans une pièce où je devrais être occupé à autre chose,
je pense. à des femmes qui savent qu'à un coeur d'homme rien de beau.
à les femmes qui le voyant ferment les yeux, et l'imaginent avec le coeur.
qui font de leur doigts, sur son contour, une poitrine,
pour qu'il y puise son souffle.
quand je regarde à l'intérieur de moi - je ne vois rien.
j'ai des souvenirs qui pourraient être ceux d'un autre,
j'ai fait des rêves qui n'appartient pas au monde de la veille,
pourtant, je ne me sais qu'éveillé sans cesse.
à un coeur d'homme rien de beau.
c'est pourquoi, bientôt, je vais arrêter de penser,
comme si ce geste, à force de se répéter,
prenait un sens. je voudrais faire des gestes entiers,
avoir un coeur entier,
une vie entière.
que je pourrais mettre dans ma poche, et caresser du bout des doigts.
il n'y à rien à dire au monde,
mais tous les corps sont à étreindre,
et tous les langages sont construits comme un corps,
ils sont dans l'air comme une syntaxe.
j'aimerais me dire que la vie ou la mort me soutiennent,
je ne suis soutenu par aucune vie, par aucune mort.
le présent ne soutient rien que le présent,
et nos corps ont grandi.
et je ne sais pourquoi je suis ici,
avec ce corps et ce visage,
qui me ressemble et qui m'étonne,
de me ressembler comme au réel une photographie ressemble,
sans l'être.
mon visage est jeté vers les autres.
à un visage d'homme tout est beau
toute ma vie,
je n'ai aimé que des ombres.
fuyantes, changeantes : par la lumière. des ombres.
qui ne me savaient pas, ne me regardaient pas, ne m'aimaient pas.
et toute celles, qui, par malheur, sont un jour passées entre mes bras,
on eut l'odeur du lit, de la table, des vêtements froissés,
pas de l'amour.
écoutez-moi. j'ai 20 ans.
j'ai un corps, une âme.
et ce corps est jeune, cette âme nubile.
j'ai voulu déshabiller mon coeur à l'infini.
il n'y a rien de beau à un coeur d'homme.
une femme le sait.
c'est pourquoi, dans la nuit,
dans une pièce où je devrais être occupé à autre chose,
je pense. à des femmes qui savent qu'à un coeur d'homme rien de beau.
à les femmes qui le voyant ferment les yeux, et l'imaginent avec le coeur.
qui font de leur doigts, sur son contour, une poitrine,
pour qu'il y puise son souffle.
quand je regarde à l'intérieur de moi - je ne vois rien.
j'ai des souvenirs qui pourraient être ceux d'un autre,
j'ai fait des rêves qui n'appartient pas au monde de la veille,
pourtant, je ne me sais qu'éveillé sans cesse.
à un coeur d'homme rien de beau.
c'est pourquoi, bientôt, je vais arrêter de penser,
comme si ce geste, à force de se répéter,
prenait un sens. je voudrais faire des gestes entiers,
avoir un coeur entier,
une vie entière.
que je pourrais mettre dans ma poche, et caresser du bout des doigts.
il n'y à rien à dire au monde,
mais tous les corps sont à étreindre,
et tous les langages sont construits comme un corps,
ils sont dans l'air comme une syntaxe.
j'aimerais me dire que la vie ou la mort me soutiennent,
je ne suis soutenu par aucune vie, par aucune mort.
le présent ne soutient rien que le présent,
et nos corps ont grandi.
et je ne sais pourquoi je suis ici,
avec ce corps et ce visage,
qui me ressemble et qui m'étonne,
de me ressembler comme au réel une photographie ressemble,
sans l'être.
mon visage est jeté vers les autres.
à un visage d'homme tout est beau
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
petite merde
Il faisait toujours aussi froid
quand les oiseaux m'apportèrent un soleil au ventre
et quels fruits quelles chambres
quels dire quels entendre
se trouvaient espace en moi
tu as marché dans la pièce
tes deux revers brillaient en l'air
comme un verdict indéfini
belle dans ta robe
tu restais à son assiette
comme sommeil contre la nuit :
j'ai cousu tes yeux aux miens
pour être moi aussi la lumière.
Je me souviens : c'était hier
ou bien demain. et si j'imagine que les oiseaux me feront un habit
de leur plumes, tes lèvres un nid
de leurs dunes, pour que j'y laisse mon corps
et éclate comme de l'assassin la lame sur les étoiles,
de l'amoureux la parole qu'il voudrait dire et qu'il avale,
il en sera ainsi.
Il faisait toujours aussi froid
quand les oiseaux m'apportèrent un soleil au ventre
et quels fruits quelles chambres
quels dire quels entendre
se trouvaient espace en moi
tu as marché dans la pièce
tes deux revers brillaient en l'air
comme un verdict indéfini
belle dans ta robe
tu restais à son assiette
comme sommeil contre la nuit :
j'ai cousu tes yeux aux miens
pour être moi aussi la lumière.
Je me souviens : c'était hier
ou bien demain. et si j'imagine que les oiseaux me feront un habit
de leur plumes, tes lèvres un nid
de leurs dunes, pour que j'y laisse mon corps
et éclate comme de l'assassin la lame sur les étoiles,
de l'amoureux la parole qu'il voudrait dire et qu'il avale,
il en sera ainsi.
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
J'aime beaucoup votre poème Janis. Il y a quelque chose du récit d'un fou.
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
De même ! terrifiant et fabuleux à la fois.Louis! a écrit:J'aime beaucoup votre poème Janis. Il y a quelque chose du récit d'un fou.
Louis : pourquoi ce titre de petite merde ? C'est à l'antipode de la sensualité dégagée par le poème.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
c'est vrai, pourquoi, Louis !?
Mon texte me fait peur à moi aussi !
Mon texte me fait peur à moi aussi !
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Deuxième écho
Elle
jouera bien aux billes
Elle
s'en mettra plein les doigts
Elle
s'appellera
brindille
ma fille.
Elle
tressera des nattes
Elles les
collectionnera
Elle
sera ce qui brille
ma fille.
Elle
appuiera sur tous les boutons de l'ascenseur
Elle nous
élèvera
Elle sera
ma fille.
Elle
s'accrochera à ma jambe
Elle
y poussera
Elle sera belle
ma fille.
Elle
se peindra les ongles en vert
elle a
déjà dix doigts
Ma fille.
jouera bien aux billes
Elle
s'en mettra plein les doigts
Elle
s'appellera
brindille
ma fille.
Elle
tressera des nattes
Elles les
collectionnera
Elle
sera ce qui brille
ma fille.
Elle
appuiera sur tous les boutons de l'ascenseur
Elle nous
élèvera
Elle sera
ma fille.
Elle
s'accrochera à ma jambe
Elle
y poussera
Elle sera belle
ma fille.
Elle
se peindra les ongles en vert
elle a
déjà dix doigts
Ma fille.
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Le dépôt de quinze ans dans le vin de mes vingts
Je t’aime
Je ne le dirais jamais
A l’assassin du silence
Qui a volé ma bouche
Pour la crucifier au coeur
De tous les astres voyeurs
Tous les amis menteurs
Qui te regardent
Quand tu rêves
Que tu pourrais vivre nue
Tu pourrais vivre folle
Tu pourrais vivre blanche.
TU ES déjà trop morte
Pour que je ne te dise pas belle.
Pour que je ne perde pas mes yeux
Dans la toile cinématographique
De ta peau en transparence
Qui vibre dans le jour
Qui te soulèves
Comme une feuille que le vent
Vient riant
Déposer
A mes pieds.
Je passe ta porte.
Colisée d’amour
J’ai tué tous les gladiateurs tous
Les césars tous les lutteurs
Avec la force de mon ennui
Un caillou plus lourd que la terre
Sur le chariot mes épaules
JE SUIS de ceux
Qui vivront leur mort
Mieux que leur vie.
IL EST bientôt temps.
Embrasse-moi
Je t’aime
Je ne le dirais jamais
A l’assassin du silence
Qui a volé ma bouche
Pour la crucifier au coeur
De tous les astres voyeurs
Tous les amis menteurs
Qui te regardent
Quand tu rêves
Que tu pourrais vivre nue
Tu pourrais vivre folle
Tu pourrais vivre blanche.
TU ES déjà trop morte
Pour que je ne te dise pas belle.
Pour que je ne perde pas mes yeux
Dans la toile cinématographique
De ta peau en transparence
Qui vibre dans le jour
Qui te soulèves
Comme une feuille que le vent
Vient riant
Déposer
A mes pieds.
Je passe ta porte.
Colisée d’amour
J’ai tué tous les gladiateurs tous
Les césars tous les lutteurs
Avec la force de mon ennui
Un caillou plus lourd que la terre
Sur le chariot mes épaules
JE SUIS de ceux
Qui vivront leur mort
Mieux que leur vie.
IL EST bientôt temps.
Embrasse-moi
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
bonjour,
J'aimerais, si c'est possible avoir des critiques, positives ou négatives, sur totem ou bien la fête à la kalach.
Vous pouvez être virulents si vous le désirez, cela ne me dérange pas, même au contraire, du moment que ce soit constructif.
bonne journée à vous.
chris
J'aimerais, si c'est possible avoir des critiques, positives ou négatives, sur totem ou bien la fête à la kalach.
Vous pouvez être virulents si vous le désirez, cela ne me dérange pas, même au contraire, du moment que ce soit constructif.
bonne journée à vous.
chris
chris- Nombre de messages : 89
Age : 49
Date d'inscription : 25/05/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Petits riens
- Spoiler:
- DADA isthme
JE NE CROIS EN RIEN
JE POURRAIS ÉCHANGER MON CORPS CONTRE N’IMPORTE QUELLE AUTRE CORPS
JE NE CROIS EN RIEN
JE VOUDRAIS AIMER MAIS JE NE SAIS PAS CE QUE C’EST
QUE L’AMOUR
JE VOUDRAIS AIMER MAIS J’AIME BEAUCOUP VOULOIR
J’AI MENDIé MES IDÉES AU HASARD -
JE N’AI PAS DE BRAS PAS DE PIEDS PAS DE VOIX PAS DE GESTES
POUR BLESSER L’ESPACE
UN JOUR JE SERAIS MORT
OU JE SERAIS UN VASE.
- Spoiler:
- Ophtalmologie
Un visage se découvre par un beau clair de vitre
Le soleil est tombé dans toutes mes fenêtres
A force de ne rien boire je suis devenu ivre
Pour corriger ma pensée trouble nulle lunettes
- Spoiler:
- Plus loin que l’intelligence
Plus belle que ce qui ne se laisse penser
Plus aimable que ce qui ne se laisse dire.
Rêvons Ne rêvons pas
Peu importe
Tant qu’il nous est donné le temps de mal vivre
A tenter d’aimer bien.
- Spoiler:
- Publicité
Mangez de la POUDRE D’ÉTOILES. Vous serez poète.
- Spoiler:
- Patriotisme
J'ai salué les drapeaux qui tendaient ta peau
Jusqu’aux quatre coins du monde pour former le réel.
- Spoiler:
- Carte postale
J'ai fui
pour un pays sans paupières
où les rêveurs dorment
grand-les-songes
- Spoiler:
- Paris Match
Je ne cherche à mes pas fatigués nulle auberge
A ma voix épuisée nulle concierge
Pour me délester de la longue rumeur de vivre
- Spoiler:
- La fin des temps
Qui sème le vent récolte la tempête
Qui récolte la tempête
Ouvre grand les bras
la nuit est cousue entre toutes les étoiles
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
J'aime beaucoup tes petites trouvailles, Louis !
Un souffle se lève, chargé de chaleur et de sable. Au milieu des ergs rouges de la tombée du soir, les anciennes ruines frémissent, sentent l’odeur tiède du crépuscule sur son cheval de nuit. Et quand la lune monte au milieu de ce lac désertique et illumine les pierres de raies fantomatiques, les ruines crénelées se remplissent et deviennent salles de bals, chambres de réception, halls mordorés et rouges boudoirs qui accueillent tout un tas de squelettes dont les mains s’entrechoquent et rythment la musique d’une nuit de réveil. Tout se met en branle dans la lumière blanche. Les ossements courent dans les allées bordées de fontaines d’eau et de fleurs violettes en se tenant les côtes et les poignets, leurs hanches décharnées, et les senteurs de la nuit ressuscitent leurs vieux nez bouchés par l’odeur des cloaques de la mort. Les tables de pierre se recouvrent de nappes dentelées, des froufrous et fanfreluches apparaissent aux chevilles des femmes cliquetantes, les pectoraux des hommes se gonflent en craquements sordides. Des tambours sortent des anciennes loges de ce théâtre saharien et battent du pied et des mains sur des peaux tirées en travers de vases mortuaires. Le sable siffle sur le sol et s’engouffre dans les jupons sanctuaires des jeunes vierges décédées en silence, leurs visages encore pâles du linceul de la maladie. Tout est prétexte à rire. Les gorges claquent et s’entrechoquent. Les mâchoires se rencontrent et se frottent sans cesse. On se gratte le dos avec l’os de son voisin. Les doigts qui jouent sur les épaules font naître des sons de xylophone. Les pieds font trembler le sol et la poussière, les mûrs se fissurent, le séisme se propage aux lustres déchirés dont le halo palpite, tout se fait plus sérieux et la lune vient frapper les cœurs amoureux pour dessiner une dernière fois en eux le crime de l’amour et les formes fléchies des dieux archers. On célèbre les noces de deux jeunes cadavres unis sur la corniche noire de l’éternité. On joue à se mettre un bandeau sur les yeux et on s’effrite avec fracas sur les anciens tombeaux. Les violons de la nuit jouent sur la corde des mœurs la mélode des transgressions.
Un souffle se lève, chargé de chaleur et de sable. Au milieu des ergs rouges de la tombée du soir, les anciennes ruines frémissent, sentent l’odeur tiède du crépuscule sur son cheval de nuit. Et quand la lune monte au milieu de ce lac désertique et illumine les pierres de raies fantomatiques, les ruines crénelées se remplissent et deviennent salles de bals, chambres de réception, halls mordorés et rouges boudoirs qui accueillent tout un tas de squelettes dont les mains s’entrechoquent et rythment la musique d’une nuit de réveil. Tout se met en branle dans la lumière blanche. Les ossements courent dans les allées bordées de fontaines d’eau et de fleurs violettes en se tenant les côtes et les poignets, leurs hanches décharnées, et les senteurs de la nuit ressuscitent leurs vieux nez bouchés par l’odeur des cloaques de la mort. Les tables de pierre se recouvrent de nappes dentelées, des froufrous et fanfreluches apparaissent aux chevilles des femmes cliquetantes, les pectoraux des hommes se gonflent en craquements sordides. Des tambours sortent des anciennes loges de ce théâtre saharien et battent du pied et des mains sur des peaux tirées en travers de vases mortuaires. Le sable siffle sur le sol et s’engouffre dans les jupons sanctuaires des jeunes vierges décédées en silence, leurs visages encore pâles du linceul de la maladie. Tout est prétexte à rire. Les gorges claquent et s’entrechoquent. Les mâchoires se rencontrent et se frottent sans cesse. On se gratte le dos avec l’os de son voisin. Les doigts qui jouent sur les épaules font naître des sons de xylophone. Les pieds font trembler le sol et la poussière, les mûrs se fissurent, le séisme se propage aux lustres déchirés dont le halo palpite, tout se fait plus sérieux et la lune vient frapper les cœurs amoureux pour dessiner une dernière fois en eux le crime de l’amour et les formes fléchies des dieux archers. On célèbre les noces de deux jeunes cadavres unis sur la corniche noire de l’éternité. On joue à se mettre un bandeau sur les yeux et on s’effrite avec fracas sur les anciens tombeaux. Les violons de la nuit jouent sur la corde des mœurs la mélode des transgressions.
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
et moi j'aime tout ce que je lis ici
(même mes textes me font pleurer quand je les redécouvre !)
iris, c'est beau !
louis, marine !
si tous ces textes étaient dans un recueil, je passerais une partie de mes nuits à les lire et à les relire
(même mes textes me font pleurer quand je les redécouvre !)
iris, c'est beau !
louis, marine !
si tous ces textes étaient dans un recueil, je passerais une partie de mes nuits à les lire et à les relire
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
et solfa, itou !
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Tombeau pour pete
« Soudain mon petit frère était mort et nous étions bien fatigués.
Au cimetière protestant de Sainte-Croix-Vallée-Française, il reposerait en paix. Après une vie de shoots et d'amour. Mon petit frère l'espiègle, totalement mort, enfin.
Je voyais moulées dans les pantalons noirs les fesses des employés penchés au dessus du trou.
Si je devais embaucher aux pompes funèbres, je ne prendrais que des maigres.
Toc, toc, faisait le cercueil qui bringuebalait.
Je sentais mes cheveux se dresser sur ma tête.
Mon père en profita pour nous présenter sa nouvelle amie. Première nouvelle. Je la détestai aussitôt.
je n'irai pas passer Noël avec la nouvelle amie de mon père.
Entre les croix, il capitula : on se passera de toi (moi).
Je surveillais en douce l'ex de mon frère.
Depuis longtemps, elle restait assise sur une chaise, volets tirés, dans ce petit appartement tout là-haut, pendant qu'il crevait de son foie pourri.
Leur fils posait sur ses genoux une assiette de pâtes crues. Il était en colère, le fils de mon frère mort et de son ex alcoolique assise dans le noir. Il était en colère avec ces parents toxicos, infectés par tous les virus, ces parents qui mouraient alors qu'il n'avait pas seize ans.
Ils s'étaient connus jeunes. Mon frère aimait raconter qu'à un moment de sa vie, elle avait des cheveux teints en verts, et tondus comme une pelouse, avec de fines allées qui laissaient voir la peau de son crâne.
Ma sœur était outrée, outrée par tout : la mort de Pete notre petit frère, la présence dégoulinante de l'amie de notre père, vingt ans de moins que lui (mais tout de même soixante-sept ans). Les mecs, j'te jure, répétait-elle. Ma sœur se laisse battre comme plâtre par le sien. Elle appelle au secours au milieu de la nuit, puis le lendemain elle nous insulte. Ma sœur est une avocate d'une beauté à couper le souffle.
Je suis médecin, mais moins spectaculaire.
Je fais les ordonnances. Pete me volait mes carnets et mon tampon, pour avoir sa dope.
Notre frère est mort mais ma sœur part se reposer aux Baléares.
C'est épuisant la mort.
À Noël, je n'irai pas. »
Ainsi parlait mon docteur l'autre matin. Le scanner n'annonçait ni aggravation, ni rémission. Les neuf nodules étaient à leur place, répartis sur les deux poumons.
Tout était normal. Il faisait très doux. Je suis rentrée à pied, par le parc de la Torse. Les canards glissaient sur l'eau de la rivière. Comme j'étais fatiguée, je me suis assise un peu, et j'ai pensé au beau Pete qui avançait grand et mince, avec cette allure d'increvable jeunesse, dans les rues de ma ville, il n'y a pas si longtemps.
Au cimetière protestant de Sainte-Croix-Vallée-Française, il reposerait en paix. Après une vie de shoots et d'amour. Mon petit frère l'espiègle, totalement mort, enfin.
Je voyais moulées dans les pantalons noirs les fesses des employés penchés au dessus du trou.
Si je devais embaucher aux pompes funèbres, je ne prendrais que des maigres.
Toc, toc, faisait le cercueil qui bringuebalait.
Je sentais mes cheveux se dresser sur ma tête.
Mon père en profita pour nous présenter sa nouvelle amie. Première nouvelle. Je la détestai aussitôt.
je n'irai pas passer Noël avec la nouvelle amie de mon père.
Entre les croix, il capitula : on se passera de toi (moi).
Je surveillais en douce l'ex de mon frère.
Depuis longtemps, elle restait assise sur une chaise, volets tirés, dans ce petit appartement tout là-haut, pendant qu'il crevait de son foie pourri.
Leur fils posait sur ses genoux une assiette de pâtes crues. Il était en colère, le fils de mon frère mort et de son ex alcoolique assise dans le noir. Il était en colère avec ces parents toxicos, infectés par tous les virus, ces parents qui mouraient alors qu'il n'avait pas seize ans.
Ils s'étaient connus jeunes. Mon frère aimait raconter qu'à un moment de sa vie, elle avait des cheveux teints en verts, et tondus comme une pelouse, avec de fines allées qui laissaient voir la peau de son crâne.
Ma sœur était outrée, outrée par tout : la mort de Pete notre petit frère, la présence dégoulinante de l'amie de notre père, vingt ans de moins que lui (mais tout de même soixante-sept ans). Les mecs, j'te jure, répétait-elle. Ma sœur se laisse battre comme plâtre par le sien. Elle appelle au secours au milieu de la nuit, puis le lendemain elle nous insulte. Ma sœur est une avocate d'une beauté à couper le souffle.
Je suis médecin, mais moins spectaculaire.
Je fais les ordonnances. Pete me volait mes carnets et mon tampon, pour avoir sa dope.
Notre frère est mort mais ma sœur part se reposer aux Baléares.
C'est épuisant la mort.
À Noël, je n'irai pas. »
Ainsi parlait mon docteur l'autre matin. Le scanner n'annonçait ni aggravation, ni rémission. Les neuf nodules étaient à leur place, répartis sur les deux poumons.
Tout était normal. Il faisait très doux. Je suis rentrée à pied, par le parc de la Torse. Les canards glissaient sur l'eau de la rivière. Comme j'étais fatiguée, je me suis assise un peu, et j'ai pensé au beau Pete qui avançait grand et mince, avec cette allure d'increvable jeunesse, dans les rues de ma ville, il n'y a pas si longtemps.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
C'est ici qu'il faut venir lire ! Louis! Marine, Janis, Solfa, Panda... Je vais éplucher ce fil jusqu'à l'âme !
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
c'est vrai, je ne sais pas pourquoi on s'y sent plus libre
j'adore aussi venir lire ici
j'adore aussi venir lire ici
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Ah, oui !
J'ai tout d'abord envie de dire: mais pourquoi poster ici ?
Et puis, non, au contraire.
Très bonne idée, cet espace "off", à côté de l'exposition. En catimini.
Du coup, on ne sait quoi dire. Enfin, si, j'aime lire ici...
J'ai tout d'abord envie de dire: mais pourquoi poster ici ?
Et puis, non, au contraire.
Très bonne idée, cet espace "off", à côté de l'exposition. En catimini.
Du coup, on ne sait quoi dire. Enfin, si, j'aime lire ici...
Lizzie- Nombre de messages : 1162
Age : 58
Localisation : Face à vous, quelle question !
Date d'inscription : 30/01/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Ce fil est le troisième opus d'une série qui totalise 26000 lectures.
pour en trouver l'âme antécédente :
https://vosecrits.1fr1.net/t4385-fragments-le-fil-de-vos-textes-courts?highlight=fragments
https://vosecrits.1fr1.net/t1193-fragments-le-fil-de-vos-textes-courts?highlight=fragments
pour en trouver l'âme antécédente :
https://vosecrits.1fr1.net/t4385-fragments-le-fil-de-vos-textes-courts?highlight=fragments
https://vosecrits.1fr1.net/t1193-fragments-le-fil-de-vos-textes-courts?highlight=fragments
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Le fil, dont je suis le Chef, était destiné initialement aux textes de 20 lignes. Puis. On s'en moque hein ?
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Oui Chef, on s'en moque :-) Il est très bien comme il a grandi, ce fil...
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Courtepointe
Tu parles avec ton tissu
Tu parles de poésie avec des fleurs
Tu parles chansons avec des maisons
Tu parles sans parler, tu parles avec tes doigts
Des doigts de fée qui donne vie à du coton
À du satin, à la laine des moutons.
Que c'est beau les paysages!
Que c'est beau les papillons!
Nous y avons mis notre coeur
Nous y avons mis notre ferveur
Un souvenir se rattache à chaque image:
Une ferme, une école, un chat,
un papillon, une maison,
Une petite fille en chapeau rond.
Tu parles avec ton tissu
Tu parles de poésie avec des fleurs
Tu parles chansons avec des maisons
Tu parles sans parler, tu parles avec tes doigts
Des doigts de fée qui donne vie à du coton
À du satin, à la laine des moutons.
Que c'est beau les paysages!
Que c'est beau les papillons!
Nous y avons mis notre coeur
Nous y avons mis notre ferveur
Un souvenir se rattache à chaque image:
Une ferme, une école, un chat,
un papillon, une maison,
Une petite fille en chapeau rond.
gaeli- Nombre de messages : 417
Age : 78
Date d'inscription : 21/05/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Ce matin, ce matin
de guerre lasse
j'ai rasé toute ma tête
retrouvant
sous la corne de mes doigts
le crâne premier
de guerre lasse
j'ai rasé toute ma tête
retrouvant
sous la corne de mes doigts
le crâne premier
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Vêtue de peaux effilochées des dernières chasses,
L'os dans le nez, le regard fier, le port altier,
Je te vois, Janis,
Menant ta tribu vers demain
Au mépris des "si" et des "peut-être"
L'os dans le nez, le regard fier, le port altier,
Je te vois, Janis,
Menant ta tribu vers demain
Au mépris des "si" et des "peut-être"
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
merci polixène
on y va
on y va bravement
mais c'est vrai
parfois on a besoin
d'applaudissements, d'encouragement
campto avastin c'est aussi
la peau douce
les yeux brillants
l'air tranquille et dispo de ceux
qui en reviennent,
de loin
on y va
on y va bravement
mais c'est vrai
parfois on a besoin
d'applaudissements, d'encouragement
campto avastin c'est aussi
la peau douce
les yeux brillants
l'air tranquille et dispo de ceux
qui en reviennent,
de loin
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Portland, Oregon, une belle cubaine demie-nue se débarrasse de la moitié restante pendant que d'une autre main, elle vide d'un trait son verre de Old School. Elle n'a pas ses papiers, ses cheveux sont en ordre. Elle s'assoit en tailleur sur le lit, Bertrano à tout le loisir de plonger son regard en elle, au bassin; mais cependant c'est dans les yeux qu'ils se fixent. S'y trouvent de l'amour des restes de conjonctivite des bordées de cils. Autour.
S'y trouvent de l'amour, les restes d'une conjonctivite encerclés de cils. En amande. Encerclés par les cils sur leur ligne en amande.
S'y trouvent; de l'amour resté sur un cil un soir de conjonctivite, et le reste en cercles, à l'intérieur de l'amande. De l’œil.
S'y trouvent les cercles de l'amour posés comme les alvéoles de la coque des amandes. Le Fruit.
La belle cubaine se revêtit de peu, l'air frais commence à s'engouffrer par la fenêtre ouverte à demi. Elle observe le bassin.
Du fleuve. Elle se revêtit encore un peu. Le soir se complète.
S'y trouvent de l'amour, les restes d'une conjonctivite encerclés de cils. En amande. Encerclés par les cils sur leur ligne en amande.
S'y trouvent; de l'amour resté sur un cil un soir de conjonctivite, et le reste en cercles, à l'intérieur de l'amande. De l’œil.
S'y trouvent les cercles de l'amour posés comme les alvéoles de la coque des amandes. Le Fruit.
La belle cubaine se revêtit de peu, l'air frais commence à s'engouffrer par la fenêtre ouverte à demi. Elle observe le bassin.
Du fleuve. Elle se revêtit encore un peu. Le soir se complète.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Etre là pour toi ce soir.
Deviner ton souffle qui s’approche. Imaginer tes mains. Lorsque tu me parles, parfois tu regardes tes mains. Moi aussi je les regarde, alors. Nous les observons comme deux choses étrangères, vivantes. J’aimerais qu’elles s’enhardissent, qu’elles quittent le plein jour d’une bête existence de mains. Que leurs paumes s’ouvrent vers le ciel, vers moi. Que leurs doigts m’effleurent. Je suis encore troublée lorsque tes mains m’effleurent.
Effleure-moi.
Deviner ton souffle qui s’approche. Imaginer tes mains. Lorsque tu me parles, parfois tu regardes tes mains. Moi aussi je les regarde, alors. Nous les observons comme deux choses étrangères, vivantes. J’aimerais qu’elles s’enhardissent, qu’elles quittent le plein jour d’une bête existence de mains. Que leurs paumes s’ouvrent vers le ciel, vers moi. Que leurs doigts m’effleurent. Je suis encore troublée lorsque tes mains m’effleurent.
Effleure-moi.
Lizzie- Nombre de messages : 1162
Age : 58
Localisation : Face à vous, quelle question !
Date d'inscription : 30/01/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
À Erdeven nous louions un gîte, et nos amis se séparaient; ils passaient de dernières vacances ensemble.
La plage était nudiste, les gars espéraient voir quelque fille à poil. Ils ne croisèrent qu'un vieil homme aux fesses toutes ridées.
Il n'y avait pas de cargo échoué à Erdeven.
G. qui quittait L. était murée dans le silence. Elle maquillait sa bouche, et posait des lunettes de soleil sur son nez. Or, il pleuvait.
Ils avaient choisi la chambre avec deux lits.
L. jouait au casino de Carnac, puis il avait trop bu pour conduire et il n'y avait pas de taxi.
Une fois, décidant de rentrer à pied, il se perdit dans un parc à huître.
Puis après un long périple, se trouva nez à nez avec un lama.
Un petit cirque s'était installé sur la lande.
G. prétexta sa mère et nous quitta avant la fin du séjour.
L. but beaucoup.
Le dernier jour, il y avait une jeune fille sur la plage.
Elle était nue avec un bandeau jaune dans les cheveux.
Malheureusement, en guise de bras droit elle agitait un moignon.
La plage était nudiste, les gars espéraient voir quelque fille à poil. Ils ne croisèrent qu'un vieil homme aux fesses toutes ridées.
Il n'y avait pas de cargo échoué à Erdeven.
G. qui quittait L. était murée dans le silence. Elle maquillait sa bouche, et posait des lunettes de soleil sur son nez. Or, il pleuvait.
Ils avaient choisi la chambre avec deux lits.
L. jouait au casino de Carnac, puis il avait trop bu pour conduire et il n'y avait pas de taxi.
Une fois, décidant de rentrer à pied, il se perdit dans un parc à huître.
Puis après un long périple, se trouva nez à nez avec un lama.
Un petit cirque s'était installé sur la lande.
G. prétexta sa mère et nous quitta avant la fin du séjour.
L. but beaucoup.
Le dernier jour, il y avait une jeune fille sur la plage.
Elle était nue avec un bandeau jaune dans les cheveux.
Malheureusement, en guise de bras droit elle agitait un moignon.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Tu aurais pu faire l'économie du "malheureusement" qui introduit un commentaire...
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
tu as raison ! enplus je suis une chasseuse de commentaires.
C'était pour introduire de l'ironie, mais sans doute y est-elle déjà
C'était pour introduire de l'ironie, mais sans doute y est-elle déjà
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Il a des allures de rêve fantôme ton petit texte Janis
J'ai aimé cet autre monde ; ou c'est l'heure et le jour qui m'en donnent l'impression ?
Les rues lui sont douces aux pavés de la solitude. Les bancs déserts sont absents des folies chaleureuses, aliénés dans leurs coins de verdure assombris, prisonniers de leurs boules à neige. Là-haut on tourne les mains dans tous les sens autour de leurs parois de verre et les flocons se coulent doucement entre les lèvres, entre les cils, entre les doigts de ma Laura, qui tiennent une cigarette. Laura marche entre les joints. Les enseignes lumineuses clignotent et crachent sur la chaussée, en hoquets saccadés, de rouges et vertes étincelles. La rue luit seule dans sa robée de soirée que personne n'étreint plus. Des ombres courent sur les fontaines, et la femme qui lit, dans son costume de marbre, une attention extrême marquée sur son latent visage, contemple toujours la même page, sans jamais se lasser, sans jamais la tourner. Les mots se sont gelés dans les coeurs, gelés sur la place, gelés sur les pièces de monnaie jetées contre la pierre froide en attente de voeux inespérés. Le bruit des souhaits retentit encore contre les bouches des fontaines, oreilles sourdes, gargouilles d'algues. Il faut que tu vois ma poésie, ma Laura, il faut que tu t'en sortes, il faut que tu t'accroches aux grains de beauté du ciel contre le corps du monde, il faut que tu plantes tes dents dans la lune et que tu y plantes les dents pour te faire monter jusqu'au ciel. Là-haut, assis sur les genoux d'un nuage, les yeux rêveurs, tu verras ce que tes paupières de folle ne veulent plus voir ici. Bonne année, ma Laura.
J'ai aimé cet autre monde ; ou c'est l'heure et le jour qui m'en donnent l'impression ?
Les rues lui sont douces aux pavés de la solitude. Les bancs déserts sont absents des folies chaleureuses, aliénés dans leurs coins de verdure assombris, prisonniers de leurs boules à neige. Là-haut on tourne les mains dans tous les sens autour de leurs parois de verre et les flocons se coulent doucement entre les lèvres, entre les cils, entre les doigts de ma Laura, qui tiennent une cigarette. Laura marche entre les joints. Les enseignes lumineuses clignotent et crachent sur la chaussée, en hoquets saccadés, de rouges et vertes étincelles. La rue luit seule dans sa robée de soirée que personne n'étreint plus. Des ombres courent sur les fontaines, et la femme qui lit, dans son costume de marbre, une attention extrême marquée sur son latent visage, contemple toujours la même page, sans jamais se lasser, sans jamais la tourner. Les mots se sont gelés dans les coeurs, gelés sur la place, gelés sur les pièces de monnaie jetées contre la pierre froide en attente de voeux inespérés. Le bruit des souhaits retentit encore contre les bouches des fontaines, oreilles sourdes, gargouilles d'algues. Il faut que tu vois ma poésie, ma Laura, il faut que tu t'en sortes, il faut que tu t'accroches aux grains de beauté du ciel contre le corps du monde, il faut que tu plantes tes dents dans la lune et que tu y plantes les dents pour te faire monter jusqu'au ciel. Là-haut, assis sur les genoux d'un nuage, les yeux rêveurs, tu verras ce que tes paupières de folle ne veulent plus voir ici. Bonne année, ma Laura.
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
en tout cas, c'est superbe et déchirant, ce petit texte
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Rentrant de l'école nous naviguions entre des champs jaunes, secs, pelés.
Il fallait passer devant une porcherie. Des chiens hargneux bondissaient contre la grille, en montrant les crocs. La grille était basse, nous avions peur, les trois petites filles du soir. La nuit nous entendions gémir les porcs.
De l'autre côté, c'était une ferme, au bout d'un champ.
Une fille hurlait à intervalle régulier.
Parfois on voyait la fille marcher sur le chemin de terre, longtemps avant d'arriver sur le goudron.
Sa petite silhouette grossissait à mesure qu'elle approchait.
Elle pouvait avoir douze ans.
Elle était enceinte jusqu'au cou. Elle vivait avec un père et beaucoup de frères. Je n'ai jamais vu d'autre élément féminin dans cette ferme.
Souvent nous étions seules les trois fillettes dans cette maison, le jour, la nuit.
J'étais l'aînée, je me débrouillais avec ce qu'il y avait dans le frigo.
Nous allumions toutes les lumières. Nous nous couchions toutes les trois dans mon lit. Nous étions petites. Nos parents ressemblaient à Mick Jagger et Marianne Faithfull. Ils se faisaient draguer où qu'ils aillent, toujours, partout.
Pour raconter cette enfance, il faut inventer des mots, des mots qui font se dresser les cheveux sur la tête.
Il faut voir les parents magnifiques, les ravissantes fillettes aux longs cheveux plein de nœuds, le jardin avec des flaques où croupissent des jouets. La beauté de nos parents nous coupait le souffle.
Il fallait passer devant une porcherie. Des chiens hargneux bondissaient contre la grille, en montrant les crocs. La grille était basse, nous avions peur, les trois petites filles du soir. La nuit nous entendions gémir les porcs.
De l'autre côté, c'était une ferme, au bout d'un champ.
Une fille hurlait à intervalle régulier.
Parfois on voyait la fille marcher sur le chemin de terre, longtemps avant d'arriver sur le goudron.
Sa petite silhouette grossissait à mesure qu'elle approchait.
Elle pouvait avoir douze ans.
Elle était enceinte jusqu'au cou. Elle vivait avec un père et beaucoup de frères. Je n'ai jamais vu d'autre élément féminin dans cette ferme.
Souvent nous étions seules les trois fillettes dans cette maison, le jour, la nuit.
J'étais l'aînée, je me débrouillais avec ce qu'il y avait dans le frigo.
Nous allumions toutes les lumières. Nous nous couchions toutes les trois dans mon lit. Nous étions petites. Nos parents ressemblaient à Mick Jagger et Marianne Faithfull. Ils se faisaient draguer où qu'ils aillent, toujours, partout.
Pour raconter cette enfance, il faut inventer des mots, des mots qui font se dresser les cheveux sur la tête.
Il faut voir les parents magnifiques, les ravissantes fillettes aux longs cheveux plein de nœuds, le jardin avec des flaques où croupissent des jouets. La beauté de nos parents nous coupait le souffle.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
Ah, j'adore ce fragment, Janis. Belle puissance d'évocation. On en redemande.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
merci, c'est un fil que j'ai envie de tirer moi aussi
et tout est vrai
dans le prisme (déformant ?) de l'ancienne fillette
et tout est vrai
dans le prisme (déformant ?) de l'ancienne fillette
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
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