Pluie, Pluie, Pluie

La pluie s'abat sur le carreau froid.
Douce, elle berce, ma tristesse, atone.
Elle glisse élégamment, et va,
Par mes joues blanches, mes yeux monotones.

Je l'entends, elle frappe les toits
Tinte, aux gouttières, grelot insolent
Se pavane en ruisseaux, sur le bois
Du vieux bureau, usé et grinçant.

Dans sa danse démente, elle plie
Et abat, et détruit, notre lilas.
Seul, je le contemple, gisant, maudit,
Sur la terre, en de noirs entrelacs.

Elle rampe, salamandre débile
Et se glisse, couvre les chairs glacées
Prenant leurs fers dans ses eaux stériles,
Brulant les corps de ses airs viciés.

Comme elle est émaciée, et difforme !
Entêtante, elle couvre l'Esprit
De son abominable uniforme.
Et dans la plaine, tremblant, asservi,

Sous de lourds oripeaux, enchaîné,
Gît mon Espoir, hurlant à la pluie ;
Près de lui, serrant l'étau rouillé,
L'Automne, et dans son ombre l'Ennui.

Bonjour Arthur,

Bien qu'assez nouvelle et peu assidue, je me permets de te souhaiter la bienvenue.

Concernant ton poème, j'ai noté des associations de mots bizarres, comme les "yeux monotones". Et puis la salamandre qui évoque aussitôt le feu. Alors appliqué à la pluie ... Mais partant du principe qu'en poèsie on peut prendre des libertés avec la réalité ou avec les idées reçues ...

J'ai noté la progression au fil du poème de l'intensité de la pluie qui commence par être douce, puis se déchaîne. Comme aussi la progression dans les sentimlents exprimés.

J'ai bien aimé les deux derniers vers.

Merci à toi, pour ces quelques remarques.
Pour les "yeux monotones", cela ne me choque pas plus que ça, mais la perception est différente pour chacun.
Par contre, pour la salamandre, je ne m'en étais pas du tout rendu compte ! L'association au feu, ce côté ci, ne m'était pas du tout venu à l'esprit, merci de l'avoir souligné !
J'avais dans l'idée de montrer quelque chose de reptilien, de glissant, de moite, qui inspire un certain dégoût, mais je ne voulais pas utiliser le serpent. Peut-être que finalement, pour l'atmosphère, j'aurais mieux fait.
Je prends note pour les prochaines fois
Merci du commentaire !



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La Modération >
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Alors Arthur, je te rassure : la salamandre, associée de façon mythique au feu est dans la réalité un batracien qui vit en zone humide, à l'instar du crapeau : pas dans l'eau mais à proximité.

J'ai apprécié ton poème et ces yeux monotones, pour moi, font image, répondant bien à l'ennui de la dernière strophe.

Le thème est un peu bateau, mais tu le revisite assez agréablement en particulier avec les deux derniers vers, bien trouvés. La seule chose qui coince, en ce qui me concerne, c'est l'emploi que tu fais du mot émacié, qui me parait incompatible avec

" la pluie" ( un visage est émacié < creusé par la maladie, très amaigri... La pluie... ????)

avec un s tu revisites !

Alors, au risque de me faire taper sur les doigts par la modération, j'ose répondre à ton commentaire, ne serait-ce que par politesse !
Tout d'abord, merci ! Tes remarques m'ont fait un grand plaisir.
La dernière m'a faite sourire. Une pluie émaciée, quel bizarrerie, n'est-ce pas? Mais pourquoi ne lui donnerais-je pas un visage?
As-tu déjà vu l'Automne et l'Ennui serrer un étau?
Un Espoir qui serait enchaînée?
Et pour reprendre Baudelaire, par exemple, une Angoisse atroce et despotique, qui irait planter des drapeaux?
C'est la magie de la poésie.
Ma pluie à moi est émaciée, je pourrais même la décrire, je crois.
Voilà pourquoi j'ai choisi l'adjectif J'espère que l'explication était correcte
(Et pardon d'avoir, oh sacrilège, ramené mon poème en haut de la liste... )

J'ai plutôt aimé, même cette image de la pluie émaciée. D'accord avec toi, c'est là toute la liberté qu'offre la poésie !!

Un ou deux petits bémols, ben oui quand même...

"Et abat, et détruit, notre lilas." je n'aime pas trop ce vers, trop terre-à-terre justement, je préfère la pluie émaciée...

et puis quelques virgules inutiles (dans le vers précité par exemple) j'en ai repéré 2 ou 3 autres mais là je n'ai plus le texte sous les yeux et ne peux te les citer de mémoire. Ça casse un peu le plaisir de la lecture, dommage...

Il y a quelque chose qui charme dans ce texte...
Il devrait être un peu retravaillé, sans doute, pour l'alléger, pour éviter trop une ponctuation parfois superflue. Mais il faut dire que j'aime les textes non ponctués. Le lecteur peut alors placer lui-même les silences et son souffle...