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LOISEAU: "Grain de Sahel"

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Message  Krystelle Dim 7 Mai 2006 - 9:42

Grain de Sahel


Il était encore tôt, très tôt lorsque Loiseau ouvrit l’oeil. C’était un lundi, un lundi gris comme il ne les aimait pas. Et pourtant, il se sentait d’humeur heureuse. Il avait la certitude de s’être levé du bon pied. Enfin façon de parler, il se levait toujours du même pied, le droit. Puis le gauche, donc. Ensuite, et seulement ensuite, il s’étirait dans une longue expiration et se traînait jusqu’à la cuisine, appuyait d’un geste mécanique sur le bouton de la machine à café et, d’ordinaire, attendait que ça se passe.
Mais ce matin là n’était pas tout à fait un matin comme les autres, aujourd’hui serait une belle journée et Loiseau sentait monter en lui comme une envie irrépressible de pousser la chansonnette. Alors il se mit à chanter, tout, n’importe quoi et à tue-tête. Ce lundi serait placé sous le signe du flonflon, il l’avait décidé.
Lorsque la sonnerie du téléphone retentit, il dut se résoudre à interrompre son récital et décrocha.
— Allo Loiseau ? C’est terrible, elles ont encore disparu !
Cette voix-là, Loiseau la connaissait, et pour cause, ladite voix l’appelait trois ou quatre fois par mois, toujours pour la même histoire.
— Sur le buffet Léo.
— Non, elles sont plus là j’te dis, on me les a volées.
— Personne ne vole des lunettes, elles sont sur le buffet, comme chaque fois que tu les cherches.
— Sauf que là, non. Alors ramène-toi pour l’enquête, t’es détective privé oui ou merde ?
En temps normal, Loiseau aurait répondu « Merde » et raccroché. Mais aujourd’hui, c’était différent.
— J’arrive.
Il se doucha en chanson, s’habilla de la même façon et s’en alla.
Léo habitait dans le quartier Saint-Sulpice à dix minutes de là. Loiseau décida de s’y rendre à pied malgré l’épais voile de cumulus qui défilait et obscurcissait le ciel à vue de nez. Mais les nuages pouvaient bien s’offrir un tour de manège si ça leur chantait, il s’en fichait, il était heureux, tout simplement, et rien n’aurait pu changer ça. Pas même les premières gouttes de pluie, pas même l’absence de parapluie ; s’il n’en avait pas pris c’était pas tant par omission que par optimisme, une journée comme celle-ci finirait bien par se découvrir.
Il était trempé de la tête aux pieds lorsqu’il arriva chez Léo. En bas de l’immeuble, une petite plaque dorée indiquait : Léopold et Brigitte Pechmann, Médecine empirique, thérapeutes diplômés. Loiseau s’était toujours demandé de quoi au juste ils pouvaient bien être diplômés. Enfin, pour Léo, il savait : de rien du tout. Mais il avait toujours rêvé d’avoir son nom gravé sur une plaque dorée. Brigitte, elle, exerçait et à la connaissance de Loiseau il n’existait pas de faculté proposant un doctorat de rebouteux mais ça n’avait pas l’air d’inquiéter plus que ça les quelques rares clients des Pechmann. Il sonna à l’interphone et on le fit monter. A peine avait-il ouvert la porte que Léo se lança dans sa tirade habituelle :
— Il était 22h40 quand je les ai vues pour la dernière fois. Elles étaient là, pile là, sur mon nez, puis je les ai posées sur le buffet avant d’aller me coucher. Ce matin, aux environs de 6h25, je me suis levé, elles y étaient plus. Tu notes pas ? Tu devrais… En y repensant, j’ai entendu des bruits cette nuit mais je me suis dit que c’était Fleurette (Fleurette c’est le bichon de Brigitte). Après coup, je me dis que c’était sûrement des truands entrés par effarction. Hein ? oui effraction, c’est pareil. Bref, ils sont venus rien que pour me voler mes binocles et chambouler l’appartement. La preuve, depuis que je suis débout, je remets plus là main sur rien tellement ils ont tout changé de place.
Loiseau s’approcha du buffet, saisit la paire de lunettes et la posa sur le nez de son propriétaire.
— Et là ? C’est mieux ?
— Dingue ! Cinq minutes pour résoudre une affaire, t’es un putain de détective Loiseau ! Moi je comprends pas comment ça se fait que ça marche pas mieux pour toi.
— Arrête ton char, elles étaient sur le buffet, comme d’habitude !
— Ah ben oui mais comment voulais-tu que je le sache ? J’y vois rien depuis ce matin.
— Et Brigitte?
— Bof, Brigitte elle est pas très douée pour les enquêtes. Et puis de toute façon ça fait trois jours que je l’ai pas vue. Tous les ans au mois d’octobre, c’est pareil, quand arrive le Beaujolais nouveau, elle se tire !
Loiseau esquissa un sourire. Il se disait qu’un type qui faisait appel à un détective privé pour retrouver des lunettes alors que sa femme avait disparu devait être soit complètement toqué soit sur le point de divorcer. Mais de la part de Léo, plus rien ne l’étonnait. Et il avait beau répéter à longueur de journée que Brigitte était la seule personne au monde à avoir de la culotte de cheval autour des bras, il ne comptait pas pour autant s’en séparer. Il en avait vu d’autres ; après la guerre d’Algérie, un infarctus et deux chocs pétroliers, Brigitte, c’était quand même pas la mer à boire !
Léo arrivait à un âge où les balafres de la vie et les stigmates du whisky s’incrustaient dans les pores de la peau, s’immisçaient dans les moindres fêlures de l’âme. En réalité, il s’ennuyait ferme, et s’ennuyait d’autant plus que depuis trois jours il était seul, Beaujolais ou non. Alors il avait paumé ses lunettes, appelé Loiseau pour l’aider à les retrouver et par la même occasion partager un verre et discuter un peu. Il raisonnait comme personne Léo :
— J’ai lu un truc hier dans le canard : parait que trois milliards de types vivent avec moins de deux dollars par jour. J’ai regardé le cours du dollar, c’est 0,8 euro, ça nous fait trois milliards de gars qui vivent avec mois de 1,6 euro par jour. Tu suis ? Trois milliards de fois 1,6 euro, j’ai calculé ça fait dans les 5 milliards de dollars par jour. Alors j’ai réfléchi pas mal de temps et je me suis dit que si un type un jour décidait avec tout ce fric de monter une grosse boîte, une multinationale, genre Mickeyland et embauchait les trois milliards de types eh ben à mon avis, ils seraient moins pauvres et les nouvelles un peu plus folichonnes. Tu crois pas ?
Léo avait un avis sur tout et principalement sur n’importe quoi. L’écoutant parler Loiseau se disait qu’il ferait un chouette personnage de roman et regrettait de ne pas avoir emmené son carnet pour prendre des notes. Il y aurait inscrit cette dernière réplique, quelques autres et un début d’histoire peut-être. Evidemment, la disparition des lunettes c’était pas très captivant comme intrigue pour un polar, mais il y aurait sans doute quelque chose à creuser du côté de Brigitte. Trois jours que Léo ne l’avait plus vue et rien ne disait qu’elle s’en était allée de son plein gré. Un kidnapping ? Peu vraisemblable, les Pechmann n’étaient pas bien riches… Peut-être était-elle partie loin, dans un pays de l’Est par exemple, pour s’y faire liposucer la graisse des bras à moindre coût. Tout en menant l’enquête sur Bridget, alias Brigitte, dans les cliniques Hongroises, Charly Bird, héros détective du roman à écrire, démantèlerait tout un réseau de trafiquants d’organes. A la fin, Léo pleurerait de joie en découvrant les nouveaux bras de sa femme et le Président de la République remettrait la médaille d’honneur à Charly Bird.
D’un coup Loiseau se leva :
— T’inquiète pas Léo, Brigitte, je vais la retrouver, je te le promets !
— Ben, je sais où elle est : chez sa mère !
— C’que tu crois !
Et il s’en alla, heureux, encore un peu plus qu’en arrivant, se remit à chanter, sous la pluie toujours. Pour un peu, il aurait tenté une cabriole à la Gene Kelly. Un moment comme celui-ci ça s’arrosait, alors il se dirigea vers le Trompe-l’œil et passa un coup de fil à Wanda pour lui demander de le rejoindre sur place.

A peine avait-il poussé la porte d’entrée que le comité d’accueil le salua :
— Tiens v’là Môôôôssieur le détectipe ripé !
En réalité, Rodolphe était seul en guise de comité, vautré sur le zinc face à une demi-douzaine de verres vides alignés en rang d’oignons.
— Bon sang Rodolphe, il est à peine dix heures du mat…
— Du jus d’orange, rien que du jus d’orange !
Loiseau chercha Hassan du regard pour obtenir un démenti en bonne et due forme. Celui-ci s’activait mollement derrière le comptoir et écoutait d’une oreille ce qui se disait de l’autre coté :
— Hassan, qu’est-ce que t’as mis dans le jus d’orange de Rodolphe ?
— Pas le droit de dire, suis tenu par le secret professionnel. Ben ouais, y a pas que les psy et les curés ! Je te sers une bière ?
C’est à ça que ressemblaient les matinées au Trompe-l’œil, et Loiseau s’y sentait comme chez lui, presque mieux. Il aimait cet endroit pas tant pour la conversation de Rodolphe que pour l’odeur du café, les effluves alcoolisés et les morceaux de vies échangés. Loiseau s’était souvent dit que ce bistrot pourrait être un lieu pivot de son roman, il suffirait d’y ajouter des d’épaisses volutes de cigares et de lourds rideaux cramoisis qui donneraient au bistrot l’ambiance feutrée des vrais bars de polars. Charly Bird rencontrerait des indics à la table du fond ; il y apprendrait que Bridget avait été vue plusieurs fois au bras d’un richissime californien. L’enquête se poursuivrait à Venice Beach où Charly Bird irait chercher Bridget pour la convaincre de revenir. Bien sûr, elle commencerait par protester, il lui faudrait être persuasif, chanter les louanges de Léo et la vie parisienne, et surtout prouver la frivolité du milliardaire américain, ce qui ne poserait pas trop de problèmes vu qu’il serait à l’instant même dans la pièce d’à coté en train de fricoter avec une superbe blonde à la poitrine démesurément charnue.
Pile à ce moment là, Loiseau leva la tête et tomba nez à nez avec un 90 C :
— Tu sais Fred, quand je te vois assis là à rêvasser, le pif flottant dans ta pinte, je comprends pourquoi t’es sans arrêt fauché. Si tu m’as encore appelée pour me demander du fric…
Wanda, son grand sourire, ses jambes immenses et sa répartie assassine. Elle se disait cartomancienne, fille de cartomancienne et petite fille de cartomancienne. La vérité c’est que sa mère et sa grand-mère tapinaient rue des Lombards. C’était pas tellement différent, finalement, toutes les trois encaissaient, le temps d’une rencontre, un bout de détresse humaine pour soulager des âmes en peine.
Loiseau lui raconta sa visite chez Léo et la disparition de Brigitte mais jugea inutile de s’étendre sur ses divagations hongro-californiennes. Wanda l’écouta, prit un air sérieux, se redressa, sortit son jeu de tarot et piocha une carte :
— Qu’est-ce qu’il t’a dit au juste Léo ?
— Qu’elle était chez sa mère
Elle fit mine de réfléchir un instant, posa un doigt sur ses lèvres, fronça un sourcil, puis l’autre avant de s’exclamer :
— Exactement, elle est chez sa mère.
— C’est ça, fous-toi de moi !
— Mais non ! J’ai tiré l’Impératrice. Regarde, elle a carrément une tête de belle-doche, tu trouves pas ?
Peut-être qu’il lui faudrait commencer par ça, s’assurer que Brigitte n’était pas là-bas avant d’entreprendre des recherches à l’autre bout du monde. Et comme Fred Loiseau était un homme de terrain, et surtout comme il ne lui restait pas suffisamment de monnaie pour passer deux coups fils, il appela Léo pour connaître l’adresse et s’y rendre directement.

***

Krystelle

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LOISEAU: "Grain de Sahel" Empty Re: LOISEAU: "Grain de Sahel"

Message  Krystelle Dim 7 Mai 2006 - 9:44

Léo raccrocha, en resta comme deux ronds de flan. Elle n’avait pas disparu Brigitte, elle allait revenir, c’est sûr. Pourquoi elle ne reviendrait pas ?
Il s’assit sur son vieux fauteuil imitation cuir vert et se pencha vers la bouteille de Jameson posée là, à coté. Il l’observa un long moment, cligna des yeux, s’approcha encore un peu, ne vit rien, définitivement rien. Sacrément moche la vie quand même. Elle passait, chaque minute un peu plus, et un beau jour, sans prévenir, voilà qu’elle vous volait votre reflet.
Et si elle ne revenait pas ?
Il s’accrocha à l’accoudoir de son fauteuil, se figea, comme paralysé, scotché, puis, tous comptes faits se leva pour aller chercher dans le placard une autre bouteille.
Il n’y vit rien de plus que dans la première, mais celle-ci avait l’avantage considérable d’être pleine.

***


Fred Loiseau chantait toujours lorsqu’il sonna à l’interphone, boulevard Barbès. Il lui fallut grimper au sixième et il en eut le souffle coupé. Une fois de plus, il regretta de ne pas avoir amené son carnet, il y aurait noté, pour plus tard : arrêter de fumer et prendre l’ascenseur. A peine était-il rentré qu’il commença à se sentir mal. L’intérieur de l’appartement était poussiéreux, fade et flétri, à l’image de cette vieille femme qui lui avait ouvert. Tout là dedans lui filait la nausée, les tableaux morbides suspendus aux murs défraîchis, les relents de naphtaline et ce regard fané qui le dévisageait. D’un coup, il en avait perdu l’envie de chanter. Aller à l’essentiel et partir. C’était sans compter sur l’affabilité de son hôtesse qui installait déjà sur la table en verre fumé des petits biscuits secs et un service à café.
— Alors comme ça vous cherchez Brigitte ?
Loiseau confirma par un borborygme. Les gâteaux étaient infects et ça l’aidait pas à se sentir à l’aise. Il espérait qu’elle lui dise que sa fille était bien là, dans la chambre à côté, qu’elle ne l’avait pas vue, ou même qu’elle était folle d’inquiétude, n’importe quoi, quelque chose qui lui permettrait de la remercier et s’en aller. Elle se leva, revint quelques minutes plus tard avec une cafetière à la main et un sourire desséché au cœur du visage.
— Non, j’ai pas de nouvelles, mais je peux vous aider à la chercher…
Loiseau sentit une odeur forte et écœurante, comme un mélange de musc et de fruits pourris. Il se demanda un instant si elle ne s’était parfumée en allant chercher le café et n’en douta plus lorsqu’elle posa une main sur sa cuisse pour le servir. Il s’enfuit.
Marcher, respirer l’air frais, oublier le musc et le goût des biscuits… Loiseau n’avait pas envie de prendre le métro et quand bien même, il n’avait pas un sou pour le ticket. Il marcha donc, traversa le marché de la Goutte d’or. Déjà les étals se vidaient laissant en suspend les fragrances de safran, de sumac et d’encens. Bouquet d’ailleurs, senteurs exotiques, il n’en fallait pas plus à Loiseau pour voyager…
Un souk, une petite ville aux maisons colorées, et Bridget quelque part plus loin dans l’immense palais blanc d’un riche sultan. Dans quelques jours, Léo recevrait un courrier et trois chameaux. Evidemment, il ne saurait pas quoi en faire. Charly Bird devrait agir vite pour retrouver Bridget et la ramener. Il faudrait négocier sans doute, l’enlever peut-être. Traverser le désert à dos de dromadaire, affronter la faim, la soif et les tempêtes de sable. Passer les frontières, franchir une mer et regagner Paris. Ce serait haletant, ce serait poignant, ce serait... Ça s’appellerait Charly Bird met son grain de Sahel. Ou Grain de Sahel tout court, ça sonnait bien aussi.
Loiseau se mit à fredonner, il avait un titre et c’était pas rien. Il ne lui restait plus qu’à écrire le reste. Il accéléra le pas.
Une fois chez lui, il s’empressa de fouiller tiroirs et placards à la recherche du carnet Moleskine noir que Wanda lui avait offert quelques années auparavant. Elle était plutôt lucide comme voyante et n’avait jamais réellement cru en son génie mais elle lui trouvait un coté poète et estimait que rien que pour ça, il méritait d’être encouragé. L’année suivante Loiseau avait reçu un porte-plume et, pour son dernier anniversaire, un critérium.
Finalement, il remit la main sur son calepin et le parcourut rapidement : des raturages, un ou deux croquis rapidement esquissés, des titres, des dizaines de titres. En haut d’une page vierge, il inscrivit Grain de Sahel, relut à voix haute et sourit d’un air satisfait. Stylo en main, clope au bec, Loiseau était prêt pour le grand voyage, celui qui l’emmènerait à l’extrême limite du désert africain et lui rapporterait le Prix Nobel de littérature. Il se voyait déjà serrer la pince au roi de Suède et brandir son trophée devant un public en admiration. Deux heures plus tard, Loiseau n’avait toujours pas écrit une ligne mais il connaissait son discours de remise de prix sur le bout des doigts. Il manquait de matière sans doute, il devait progresser dans l’enquête avant d’en faire une œuvre littéraire majeure. Alors il rassembla quelques unes des affaires qui traînaient par terre, les mit dans un sac, prit son passeport et sortit d’une vieille paire de chaussettes le peu d’économies qu’il avait mis de coté au cours de ces dernières années.

***


Léo n’avait pas bougé de son fauteuil. Même pas pour allumer la lumière. Il commençait à faire sacrément sombre mais il s’en fichait, ça lui faisait pas peur. La nuit, en tombant, se promènerait dans les silences de l’appartement et trimballerait son doux parfum de sommeil.
A côté de lui, la bouteille Jameson se faisait ombre et, la regardant peu à peu perdre ses contours dans l’obscurité, Léo réfléchissait. Dormir ou boire, finalement ça revenait au même, dans les deux cas on s’offrait le luxe de l’oubli, on prenait la solitude à bout de bras pour la jeter derrière soi. Peut-être qu’elle ne reviendrait pas, Brigitte, mais au moins, il lui resterait le whisky et la nuit, et ça, personne pourrait jamais lui enlever.
Bientôt, il fit tout à fait noir. Léo avait beau porter ses lunettes, il ne voyait plus rien, pas même la bouteille posée sur la petite table juste à ses cotés. D’un coup, il se précipita sur l’interrupteur pour allumer. Il n’avait pas peur de la nuit, non pas peur, bien pour ça qu’il voulait la regarder en face.
Elle reviendrait, il le fallait.

***


Lorsque Loiseau arriva à l’aéroport Charles de Gaulle, les comptoirs fermaient. Derrière l’un d’eux une hôtesse au regard pâle et cerné enregistrait les derniers voyageurs. Loiseau s’inséra dans la file d’attente et attendit son tour pour réserver un vol à destination de Khartoum. La fille aux yeux pochés tapota sur son ordinateur. Elle n’avait rien, pas avant demain. Pas davantage pour Budapest ni Los Angeles. Grain de Sahel, ça aurait fait un joli titre pourtant. Une petite boule de regret au fond de la gorge, il reprit sa valise, jeta en soupirant un dernier coup d’œil sur le tableau d’affichage des départs et, au moment de s’en aller, l’aperçut, de l’autre coté du hall.
Elle était là, assise sur un banc en métal jauni, les yeux rivés sur le même panneau à regarder les dernières destinations clignoter puis mourir.

Un peu plus tard dans la nuit, tandis que Loiseau s’endormait sans flonflon, Brigitte rentrait sous une pluie fine et froide, retrouvait Léo, là où elle l’avait laissé, à peine quelques bouteilles plus loin.
Puis :
Elle s’allongerait à ses cotés. Sur l’oreiller, elle déposerait une perle de Pacifique, une goutte de Danube ou d’ailleurs... Alors, peut-être, il lui demanderait pourquoi elle pleure.
― Rien, une poussière.
Un grain de Sahel.

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Message  Zou Dim 7 Mai 2006 - 10:38

Très travaillé et bien construit ce texte, Krystelle...maîtrisé même.
Tout y est. Les incontournables Loiseau et Wanda, Rodolphe et Hassan ainsi que les aspirations d'écrivain de Fred.
Et puis les ptits nouveaux de l'épisode, Léo, Brigitte et la belle-doche !
On sent beaucoup d'empathie pour les personnages. Une belle écriture soignée avec le souci du détail juste. Parfois poétique. Seul bémol, j'ai trouvé les deux premiers tiers du texte plus puissants que la fin qui m'a semblé plus faible, moins précise. Un bon et beau moment de lecture. Merci Krystelle.
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Message  mentor Dim 7 Mai 2006 - 10:52

Voilà j'ai fait un joli voyage sans bouger de mon fauteuil.
Je trouve cette nouvelle très réussie, toute en finesse, aussi bien au niveau de l'écriture que de l'observation des personnages et aussi du "scénario".
Tu réussis à rendre attachant chaque intervenant.
Une très belle écriture ponctuée de touches d'humour léger et de réflexions aux accents profonds sans en avoir l'air.
De belles images aussi.
Sans parler des "contraintes" parfaitement maîtrisées qui n'alourdissent pas du tout l'ensemble mais qui sont (pratiquement toutes) habilement rappelées.
Une grande facilité de lecture, un grand plaisir aussi.
Merci Krystelle !

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Message  Kilis Mar 9 Mai 2006 - 18:41

J’aime bien, non, beaucoup. Surtout le côté décalé ou décollé pour le fond et le style qui s’y prête bien qui s’y colle, lui, bien. L’idée d’une intrigue sur des lunettes, il faut le faire ! Tu le fais bien. Le couple de para-je-ne-sais-quoi-thérapeuthes : joli. Le dialogue entre Léo et Loiseau :extra. Juste le ton qu’il fallait. Et aussi des phrases qui ont du poids, qui donnent un relief au texte comme ceci : « Léo arrivait à un âge où les balafres de la vie et les stigmates du whisky s’incrustaient dans les pores de la peau, s’immisçaient dans les moindres fêlures de l’âme. » Et aussi j’adore le délire de Léo sur les trois milliards de types qui vivent avec moins de deux dollars par jour : ça c’est vraiment très bon, très.
Je trouve la première partie du texte nettement supérieure au reste, c’est-à-dire que le dénouement, la fin laisse un peu… sur sa faim. Le grain de Sahel aurait pu être un rien mieux amené. N’empêche, qu’il reste que c’est un texte très réussi.
Pour l’ensemble : un grand bravo Chris.
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Message  Bluewitch Mar 16 Mai 2006 - 14:20

J'aime beaucoup les personnages secondaires de ce texte, le côté fausse enquête, la quête de l'événement plutôt que l'événement lui-même.
Un joli Loiseau, délicat et empathique.
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Message  Loupbleu Sam 20 Mai 2006 - 14:00

J'ai beaucoup aimé le début, qui est carrément touché par la grace avec cette histoire de lunettes ! Ca, c'est un très grand moment.

Il y a un bel univers dans tout le texte, le ton est juste, le tempo est bon, il y a une économie de moyen pour créer l'univers à la fois surréaliste et tendre...

Un petite réserve sur l'emploi du conditionnel pour la partie rêvée de l'enquête, peut-être qu'elle donne trop de distance, et du coup on ne plonge pas carrément dedans. Je ne suis pas vraiment réservé sur la fin, mais le début m'a tellement emballé qu'elle m'a paru un peu moins brillante.

C'est un épisode décalé juste comme il faut. J'ai beaucoup apprécié ta façon d''interpréter l'univers. Bref, tout ça est vraiment très bon ! Sans doute un de tes textes que je préfère.
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Message  Sahkti Sam 20 Mai 2006 - 16:44

je me l'imprime et me le lis au calme, les quelques lignes parcourues me laissent deviner que ça va être du bon!
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Message  Charles Lun 29 Mai 2006 - 9:27

bon, je m'attendais à du palpitant, j'avais déjà les nerfs à vifs avant de commencer la lecture et ... et ... et paf, je me suis retrouvé un peu désarçonné par le décalage. Dans un 1er temps, un peu déçu par rapport à mon attente puis à la relecture, en laissant passer un peu de temps, plus du tout déçu ! Tu as su t'approprier Loiseau. Le ton est décalé, original et il y a quelques vraies belles formules.

Peut être que le côté "noir" du texte (léo l'alcool, brigitte l'aéroport, leur relation ... ) aurait pu être plus développer mais c'est un bien joli épisode. Et ce qui est vraiment sympa, c'est que les 4 premiers épisodes ne se ressemblent pas du tout ! une vraie diversité !!
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Message  Sahkti Lun 29 Mai 2006 - 11:44

Suis un peu partagée... Dans l'ensemble, j'aime bien, mais je trouve ça assez inégal. Le début est bon, le milieu s'enlise un peu et aurait gagné à être développé, la fin me plaît très moyennement.
Il y a aussi des moments où je trouve que tu passes trop rapidement sur certaines choses. Que Loiseau tire des conclusions hâtives sur certaines choses, c'est son souci, mais celui de l'auteur serait de développer un peu plus les raisonnements, ça manque un peu et ça empêche peut-être le lecteur de pleinement s'approprier le récit.
La fin me paraît assez pauvrette, surtout par rapport au reste qui est meilleur. Pas un mauvais Loiseau du tout, mais il me manque un truc, plus de corps.
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Message  grieg Sam 3 Juin 2006 - 7:03

Peu importe l'histoire que tu nous racontes, il fait bon te lire.
Ce qui est épatant chez toi, c'est que tu peux passer du temps sur une anecdote banale en nous emballant, que tu sais t'approprier un personnage sans le déformer, que d'un coup de mots, tu sais créer une âme.
Talent rare.
Et du talent tu en as.
Tu nous promènes sans nous tenir la main et il fait bon te suivre.

Pas très constructif mon commentaire :))), mais j'ai des excuses, je suis fan.

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Message  à tchaoum Dim 20 Avr 2008 - 16:55

Les personnages qui viennent compléter le microcosme de Loiseau sont très touchants ; c'est bel et bien écrit-décrit. Mais je trouve que tu aurais pu développer un peu plus le parcours de Brigitte dans cette "enquête", d'autant plus que le conditionnel du dernier paragraphe rend tout ce qui précède hypothétique.
Enfin, ça n'est pas encore dans cet opus que Loiseau se révèle être une vraie pointure en détectivologie...
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Message  Anne Veillac Dim 20 Avr 2008 - 17:05

Pas lu le texte en entier (je suis dans un café Internet et il faut maintenant que je déconnecte). Très pressée d'avoir enfin mon ordinateur portable pour lire ton texte en entier et y répondre. Super début. J'aime beaucoup. A +
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LOISEAU: "Grain de Sahel" Empty Re: LOISEAU: "Grain de Sahel"

Message  souris Dim 20 Avr 2008 - 19:04

Te lire, c’est comme boire un milk-shake à la fraise, avec des vrais morceaux de fraises dedans, mais assez petits pour qu’ils passent quand même par le petit trou de la paille avant de racler onctueusement le gosier… de Loiseau.
J’ai lu les Loiseau des autres aussi sur cette page, et c’est très agréable à lire. C'est de la bonne littérature de gare (genre San Antonio), et ce n'est pas péjoratif ! loin de là, j'adore lire dans le train.
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Message  Lucy Mar 22 Avr 2008 - 3:53

Krystelle a écrit :
Enfin façon de parler, il se levait toujours du même pied, le droit. Puis le gauche, donc.
Sais pas pourquoi, j'ai visualisé cette pub avec Zidane dont on nous abreuvait ( Hi ! ) pendant un moment.
J'ai adoré le passage des lunettes. J'ai vraiment bien ri.
Comme pour certains commentaires, je suis un peu partagée pour la fin. Pas déçue, car l'ensemble est vraiment bien écrit. Il faudra que je lise d'autres Loiseau.
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Message  apoutsiak Mar 22 Avr 2008 - 9:22

J'ai aimé découvrir Léo et ses lunettes, le rêve de Loiseau de devenir écrivain plus que de l'être réellement, mais j'attendais plus de rêve du grain de Sahel. Je trouve la recherche de Brigitte peu excitante, même si la fin est très touchante, mais un peu orpheline, je trouve, et trop courte.
Au total, un Loiseau bien écrit, bien sûr, et le manque cité plus haut n'enlève rien au côté attachant de ton texte.
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Message  apoutsiak Mar 22 Avr 2008 - 9:32

Je corrige une petite chose. Il y a bien une jolie partie de rêve entre le souk et le prix Nobel : bien écrite et drôle, d'ailleurs. Ce que je voulais dire, c'est qu'il est un peu coincé entre Léo et Brigitte, au lieu d'être un lien harmonieux entre tout, surtout relié à Brigitte à cause du voyage, ce qui aurait peut-être permis à la recherche de Brigitte d'être moins chaotique : Beaujolais, Europe de l'Est, maman...
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Message  Anne Veillac Mar 22 Avr 2008 - 21:39

Merci pour ton texte.

Dans la «vraie » vie, ce n’est pas possible une histoire pareille. Et pourtant, ça marche… on y croit à 100% (en tout cas, moi, j’y ai cru). J’étais embarqué dans cette histoire, avec ces deux types, avec ce narrateur. C’est peut-être parce qu’il y a beaucoup de détails, des dialogues. Tout ça est très concret. L’écriture est rythmée, rapide.

Moi aussi j’ai préféré le début du texte à la fin. Cette histoire de lunettes, c’est super… C’est totalement cocasse et ça m’a paru tellement réel...

Quelques petits détails qui m’ont gênée :
- Le métier de Léo, avec sa plaque : j'ai trouvé que ça n’apportait rien à l’histoire et ça, je n’y ai pas trop cru.
- Au début, le narrateur se lève de très bonne humeur et c’est inhabituel pour lui. Je m’attendais à apprendre, dans la suite du texte, pourquoi il était de si bonne humeur.
- Quand Loiseau est chez la belle-mère, j’ai compris, par déduction que c’était chez elle. Mais j’aurais aimé une petite phrase de confirmation (je ne suis pas toujours une très bonne lectrice et j’aime bien qu’un texte dise les choses clairement ; mais je sais que pour d’autres lecteurs, ça peut être l’inverse). Par exemple, la mère de Brigitte pourrait dire : « Alors, comme ça, vous cherchez ma fille ? »

C’était juste des petites remarques de lectrice très enthousiaste.
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Message  Invité Mer 23 Avr 2008 - 15:36

C'est la première histoire Loiseau que je lis et si elles sont toutes du même tonneau il faudra que je les lise toutes !

Tu as le sens de la formule, l'art de l'humour fin et des petits détails qui rendent les personnages attachants. On vit au rythme de la journée de Loiseau, de ses rêves et de ses petites lâchetés.
L'écriture est sobre et riche à la fois, la lecture glisse toute seule en dépit d'un instant de flottement à la reprise du 2e texte :
Léo raccrocha, en resta comme deux ronds de flan.
je ne comprends pas pourquoi son étonnement, mais ça ne nuit pas à la compréhension de la suite.

Beaucoup aimé ce paragraphe, la poésie qui s'en dégage, la mélancolie et l'humour, tout ça en quelques lignes :
Léo n’avait pas bougé de son fauteuil. Même pas pour allumer la lumière. Il commençait à faire sacrément sombre mais il s’en fichait, ça lui faisait pas peur. La nuit, en tombant, se promènerait dans les silences de l’appartement et trimballerait son doux parfum de sommeil.
A côté de lui, la bouteille Jameson se faisait ombre et, la regardant peu à peu perdre ses contours dans l’obscurité, Léo réfléchissait. Dormir ou boire, finalement ça revenait au même, dans les deux cas on s’offrait le luxe de l’oubli, on prenait la solitude à bout de bras pour la jeter derrière soi. Peut-être qu’elle ne reviendrait pas, Brigitte, mais au moins, il lui resterait le whisky et la nuit, et ça, personne pourrait jamais lui enlever.
Bientôt, il fit tout à fait noir. Léo avait beau porter ses lunettes, il ne voyait plus rien, pas même la bouteille posée sur la petite table juste à ses cotés. D’un coup, il se précipita sur l’interrupteur pour allumer. Il n’avait pas peur de la nuit, non pas peur, bien pour ça qu’il voulait la regarder en face.
Elle reviendrait, il le fallait.

Et puis chapeau bas à la poésie, encore, de la fin :
Sur l’oreiller, elle déposerait une perle de Pacifique, une goutte de Danube ou d’ailleurs... Alors, peut-être, il lui demanderait pourquoi elle pleure.
― Rien, une poussière.
Un grain de Sahel.

Voilà, je suis emballée, conquise, nouvelle fan !

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