H comme Horreur

[euterpe]

Bonjour a tous. Je présente mon premier texte et j'espère que vous aurez l'indulgence de ne pas m'épargner (si nécessaire). C'est une partie du recueil que j'écris. Merci pour vos commentaires.

H comme horreur

L’intrigue de la passion amoureuse est l’intérêt que l’on octroie à la discorde. Se complaire dans le vice de l’Amour entraîne inévitablement sa perte par la création du besoin. La sincérité s’empale sur l’égo et gangrène la relation jusqu'à sa liquéfaction complète. Quand même c’est une étrange habitude. Ca dénote d’une âme en pleine déconfiture. Ce désir impérieux de posséder, ce qu’on croit unique, et de faire abstraction du monde… Vivre d’Amour et d’eau fraîche en voila une belle sottise.
Combien de temps ai-je été, combien de temps serais-je ; et au milieu quoi ? Un point de jonction entre la ligne espace et la ligne temps. La vie ? Un croisement incongru. L’univers, même vaste, ne pourra pas m’offrir un autre point semblable au mien. Alors peut-être que l’ange de l’angoisse frappe aux portes de l’esprit coupable de ne pas avoir répondu a sa fonction primale, a la métaphysique de l’amour. La peur d’avoir laissé passer sa chance, et de ne plus trouver de quoi (ou de qui) satisfaire ses besoins, de procréation et de pérennité de l’espèce, entraîne une souffrance atroce.
On se fixe des œillères et on regarde l’être aimé, jusqu'à ce qu’il disparaisse. Certains les retirent et voient le monde, d’autres continuent de fixer béatement l’endroit où il se tenait; moi j’ai fermé les écoutilles et avance dans les ténèbres. La rose a un parfum exquis et ses pétales sont doux, mais ma marionnette, à travers laquelle je vois, ne reconnait qu’une vilaine odeur et un touché rugueux ; alors je la broie, les épines percent ma peau et mon guignol flétri s’enivre de cette douleur.
Je garde une affection unique qui pourrit dans mon cœur. Je conçois qu’avec les évènements qui ont eu lieu mes propos peuvent être confus. Il n’y a pas de justice dans ces jeux de cœur sauf celle du « vainqueur ». Ne jamais se soumettre et aller au bout, déterminé. On n’est pas maître de tout. Tu me manques toujours et me manqueras toujours. Mon cœur n’est pas un verre qu’on remplit de différents liquides pour étancher sa soif. C’est un verre de Crystal que ta parole a ébréché, un verre aux bords de rasoir qui sabrera invariablement les lèvres de toutes celle qui oseront approcher leurs bouches fraîches et pulpeuses de trop près. Je l’aime cette plaie démesurée. Je nourris cette statue fatiguée de stigmates, couverte de sel, à la tripe embourbé, aux muscles sanguinolents et au cœur desséché, avec des couleuvres brûlantes pour entretenir la fournaise maudite de ses yeux.
Ce pantin en charpie me suit partout, et je le traîne a tes pieds, jusqu'à ce mur de silence. Le silence quelle arme terrible… Aujourd’hui voit ! Contemple cette magnifique carcasse coulante au sourire acide. Cette horreur dérouillée qui avec son haleine éthérée, endors les soupçons pour mieux frapper dans le sommeil. Sa voix est grippée par la glace qui coule dans ses veines. Son rire fait frissonner les démons et fait taire toute la nature. Dans son ciel creux, le Diable m’envi cet épouvantail damné et, parfois, s’attriste de ne pas avoir conçu, lui-même, un objet aussi déplaisant.
Certains me disent que j’ai perdu mon âme, que je suis comme une pierre. Ca plairait aux gens de croire que des âmes soient perdues entre notre monde et le Royaume Divin. Même si ces esprits sont le plus souvent frappeurs ils portent en eux l’espoir d’exister encore un peu après la Mort. Lui est bien là, vivace et impitoyable, pour nous exposer toute la violence de son être. Il est l’avatar de mon âme et une fois de plus, il lance en l’air son ricanement glauque ; avant de mordre avec ses dents pourries une ou deux artères bien molles, d’une jeune adolescente ou d’un gamin aux joues roses, pour en retirer la sève salvatrice ; puis une fois évidée, il jette sa proie dans une fosse, sans aucun remord.
Ô sinistre chimère déglinguée, usée par tant de regards stupéfaits, je ne me lasserais jamais d’admirer ta succulente décomposition. Quel spectacle fascinant ! Ah ! Délicieuse pourriture ! Tu me suis partout comme le chien obéissant à son maître. Je t’ai tiré, ombre noctambule, de ton abyme en flammes, pour m’illuminer dans le périple désespéré de ma vie. Le temps est venu pour nous d’étancher notre soif de nouveauté. Avec ta vue perçante tout devient amusant. Le temps est venu pour nous de partir à cheval, sur les crêtes du Monde, ou le rythme des vagues qui s’écrasent sur la roche ne fait qu’un avec le claquement sec des sabots de nos étalons. Nos montures s’ébrouent à cause de l’air marin, leurs jambes robustes et rapides cravachent le sol et soulèvent la poussière, créant un mouvement semblable à la houle, et nous nous regardons d’un œil complice. Le temps est venu pour nous, invisibles sur nos pur-sang d’ébène, de grimper jusqu’aux cieux pour terroriser Celui qui accepte de nous voir souffrir avec tant d’indifférence.
(Près du Créateur, je te regarde et tu à l’air d’avoir perdu un peu de ton air déjanté, je suis déçu. Tu t’effaces peu à peu dans le ciel clair mais je ne m’en fait pas pour toi, ma tendre créature, je sais que tu t’en retourne de la d’où tu viens pour ressurgir plus effrayante encore…)

[Zou]

Bonjour euterpe et bienvenue.
Ce serait sympa de ta part de nous nous écrire quelques mots de présentation dans le fil ad hoc.
A part ça j'ai commencé à lire ton texte.
C'est très dense et donc je relirai le tout à une heure un peu plus propice ;-)
Une première remarque serait peut-être d'aérer un peu ton texte par des interlignes car il n'est pas dense que par le fond mais aussi par sa présentation.
A plus tard donc.

[Loupbleu]

Encore bienvenue Euterpe, et merci d'avoir posté ton texte.

Donc pas d'indulgence, et c'est l'habitude ici. Ceci dit, je ne donne que mon avis perso, et plus pour faire des suggestions que pour porter un jugement.

* * *

J'ai trouvé globalement que le texte avait des qualités (l'expression, de bonnes formules, plusieurs images réussies), mais que globalement (c'est l'objet de la critique qui suit), il fonctionnait mal.

Tu utilises, surtout au début à mon sens trop de mots et expressions abstraites (y compris l'amour, la vie, la passion), du coup, je trouve que les formules que tu balances ne touchent pas. Come si tu développais une thèse à partir d'une réalité que tu nous caches (en partie du moins).

La ponctuation et le rythme des phrases est aussi peut-être à retravailler. C'est je crois ce qui donne cette impression très dense, et on a du mal à suivre le cheminement de ta pensée.

Les "images poétiques", par ailleurs que je touve plutôt intéressantes, singulières, sont introduite un peu trop systématiquement comme des métaphores qui viennent les unes après les autres. (Mon cœur n’est pas un verre , ma marionnette à travers laquelle je vois, ...)

Je trouve que tu insistes trop sur le champ sémantique de l'horreur (notamment le paragraphe avec : en charpie, carcasse, horreur, la glace, démon, diable, damné). Or cette sorte de "liturgie" a toujours je crois tendance à nuire à l'effet que tu veux produire. (Bref, si on veut vraiment faire ressentir l'horreur au lecteur -idem pour l'étonnement, la peur -, il faut éviter de prévenir !).

La fin qui prend une tournure fantastique m'incite à penser qu'elle serait plus efficace si justement tu commençais par du concret, du banal, du vécu...

Dans l'ensemble du texte, je trouve qu'il manque des éléments "tangibles" et quotidiens. C'est aussi cette histoire de contraste. Pour utiliser une métaphore, ce qui fait vraiment peur, dans un film d'horreur, c'est pas le gros plan sur un amas de tripaille, c'est la petite fille qui entre dans une pièce sombre qu'on imagine hantée.

Voilà, j'espère que ces remarques te seront utiles. N'hésite pas à réagir, demander des explications, (et même protester !).

En conclusion, je ne suis pas emballé par ce texte, mais j'ai trouvé qu'il y avait une vraie envie d'écrire, un plaisir des mots, de l'originalité, bref, vraiment beaucoup de bons ingrédients ! Continue à écrire (et à poster bien sûr ;-) !

[Krystelle]

Ce texte s’offre à mes yeux comme une succession de phrases-choc, de pseudos sentences qui ont pour effet d’assommer le lecteur et de le perdre dans un flux de pensées que l’auteur n’a pas nécessairement pris soin de lier.
Et donc, ça ressemble un peu à de l’esbroufe, c’est comme si tu avais voulu en mettre plein la vue en enchaînant des formules qui sonnent comme des axiomes avec un vocabulaire certes riche mais qui ne fait pas toujours sens.
Le ton général est plutôt monotone, le texte sonne comme une litanie qui entraîne le lecteur dans une certaine torpeur malgré la brutalité du contenu.
D’autre part, dans ces lignes qui se veulent virulentes par leur propos, je suis surprise de retrouver des métaphores et images un peu faciles, convenues (« Le silence quelle arme terrible… ») et des parenthèses doucereuses (« Tu me manques toujours et me manqueras toujours ») qui auraient mérité un traitement plus pertinent.

Ce texte a néanmoins des qualités et il est certain que la plume a du caractère mais je crois vraiment qu’elle n’est pas utilisée ici avec beaucoup de perspicacité.

Et bienvenue ici, espérant te lire à nouveau.

[Mériam]

Un texte interessant de mon point de vue.
Au premier abord plutôt rebutant par son hermétisme, tant par la forme que par le contenu, qui necessite de faire un effort pour "entrer" dedans, mais j'imagine que c'est voulu.
Ceci dit, ça a qquelque chose de lyrique, moi qui me plait bien et on sent une plume investie et maîtrisant un vocabulaire plutôt riche (même si utilisé quasi uniquement dans le même champ sémantique)
De ce point de vue moi, ça me fait penser à un essai philosophique en fait.

Toutefois, là sera ma critique non-indulgente ;-)

Si on peut effectivement se complaire dans les bons sentiments comme tu semblais le signaler dans ta présentation, on le peut également dans les sentiments "noirs" et desespérés, et au final ça donne un texte qui ne fonctionne pas, parce qu'on se dit "Trop facile". Il ne suffit pas d'écrire avec des mots"choc" pour choquer.

Pour exemple : Dans les premières phrases seules on trouve les mots : Discorde/Vice/s'empale/gangrène/liquéfaction/ déconfiture.. qui pour moi font partie du même champ, même image, même puissance et qui du coup, selon la formule moins + moins = +, s'annulent tous.

Et quelque part, c'est un peu domage en fait parce que le propos reste intéressant. Mais on y reste totalement extérieur, probablement par manque d'émotion ou d'identification possible.
Un texte "choc" comme tous les textes choc, ou les images choc ont le défaut d'assener le propos, de l'imposer. Du coup il ne reste aucune place au lecteur pour s'y glisser, pour "exister" quelque part.
Ca ferme des portes bien plus que ça n'en ouvre.

Voilà, malgré ça, mon interêt reste entier, parce que ton écriture est particulière et que le particulier ou le différent éveille toujours mon interêt, aussi j'aurai plaisir te lire, même si maintenant je suis prévenue que ça sera pas toujours facile ;-)

[mentor]

Mériam parle d’un essai de philo. J’ai eu le même genre d’impression au début mais plus simplement je pensais à une entame de disserte. Tout au moins dans la première partie. Parce que après, ça devient plus « perso » et plus trash en comparaison des considérations qui se veulent profondes du départ. Considérations très discutables d’ailleurs pour chacune d’elle ! mais là c’est perso…
Pour la suite, je trouve qu’il y a un peu trop de grandiloquence pas forcément utile. Mais c’est le style du texte qui veut ça et sans doute ton besoin à toi d’écrire comme ça. Et là nous on n’y changera rien ! ;-)
C’est dense aussi, tu nous balances un bloc compact qui demanderait peut-être un peu d’aération, plus de retour ligne, des séparations de paragraphes. A voir.
En attendant merci de nous avoir soumis ta prose !
Ps 1 : je m’attendais à tout autre chose au vu de ta présentation et des quelques posts ici et là qui ont précédé ce texte…
Ps 2 : « tu t’en retourne de la d’où tu viens », ça c’est pas top ! ;-)

[Sahkti]

Ça commence comme un essai, ça ressemble à un essai, ça sent comme un essai... oui, mais on n'est pas dans une pub pour Canada Dry ici et très vite, on se rend compte que ce n'est rien de tout cela. Bien dommage d'ailleurs, parce que j'ai eu le sentiment d'un soufflé qui retombait et qu'on regonflait à tout prix pour qu'il maintienne un semblant d'allure.
Dure je suis? ben désolée, t'as demandé à pas être épargnée...

Perso, j'ai trouvé que c'était, sous un joli emballage un brin tourmenté, un assemblage de clichés et de phrases creuses sur l'amour, Dieu, la mort et tout le tralala. Quand tu décortiques le fond, ça ne veut pas dire grand chose ou alors rien de très extraordinaire. Mais il n'est imposé nulle part qu'il faut parler d'exceptionnalité dans ses textes, dont acte.
Heureusement (ben oui, tout n'est pas mauvais, loin de là!), tu arrives à créer un style et un langage poétiques qui ramassent bien tout le reste. Certaines formules ont de la gueule et tu imprimes un rythme très particulier à ton texte. C'est dense et touffu, ça ne me dérange pas du tout, au contraire, parce que je trouve que ça participe à la démonstration que tu poses là, sur l'existence.
Donc au final, je suis partagée. Contenu quelconque dans un contenant luxueux. Or la première chose que capte le regard quand il voit un cadeau, c'est d'abord l'emballage et sur ce point, c'est réussi. Arrive ensuite un brin de déception pour le reste, mais tout de même, les tournures sont bel et bien là, ça compte, y a pas à dire.

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