Une belge histoire, une fois !

Ma voiture filait à nonante km/h sur le ring. On avait droit à la drache nationale, sauf que ce n'était pas le 21 juillet. J'étais bien heureux dans mon habitacle. Heureusement, à cette heure-ci il n'y avait plus de bouchons. L'armada matinale des navetteurs s'était à présent dissipée dans les rues du centre de Bruxelles. Pour une fois, on roulait sur le ring… J'avais rendez-vous au kot d'Annelies vers midi, pas loin de l'athénée Madeleine Jacqmotte d'Ixelles. J'étais déjà en retard. Pour vous dire, ce matin je n'avais même pas eu le temps de me rendre à l'aubette du bout de ma rue pour acheter ma gazette. Donc je ne savais même pas si Anderlecht avait battu Zulte-Waregem dans le match au sommet de la veille. J'avais voulu lui dire que je ne saurais pas venir, prétextant ma vie faite de courreries. Mais elle m'a eu aux sentiments. Que voulez-vous, un bon belge qui se respecte ne peut pas refuser un "frite-fricadelle" agrémenté de chicons. On s'était donc dit "A tantôt".

Enfin devant le kot. Je toque à la porte. Annelies vient m'ouvrir, grand sourire, en actionnant la clenche. Elle me dit : "Désolé pour le brol, mais Martin est rentré complètement bittu de sa guindaille d'hier…". Effectivement Martin, son kokotteur, tenait une sacrée doufe. Il était vautré, comme un vrai baraquie, dans le divan de la pièce commune, en singlet, tirette de son pantalon abaissée, sa penne de student à la main. Annelies crut bon de me montrer son œil poché. Il devait avoir reçu une sacrée praline par un sorteur un peu trop zêlé. Martin n'avait jamais été un foudre de guerre dans ses études, privilégiant toujours la guindaille à la bloque. Il avait déjà bissé et pourtant cela ne l'empêchait pas de continuer. Toutes ses dringuelles de fin d'année passaient là-dedans. Son père avait déjà menacé de ne plus lui payer son minerval, mais rien n'y faisait!

— "Dis Annelies, je croyais que le bourgmestre avait interdit les guindailles en période de blocus…".
— "Oui mais ce n'était pas ici, c'était le passage de calotte de Baptiste à Louvain-la-Neuve et Martin a fait trop d'à-fond…".
— "Apparemment, ça devait être quelque chose"

Pendant qu'Annelies préparait le dîner, je passais le temps en jouant tout seul sur le kicker installé dans le coin de la pièce. La télévision était allumée sur les infos de la RTBF. " Tiens, Anne Delvaux est brune maintenant?"

— "Dis Annelies, ça se passe bien ton blocus?"
— "Ben demain, j'ai droit constitutionnel! Tu sais, les différentes réformes institutionnelles de la Belgique, la monarchie, les lois linguistiques, la procédure de la sonnette d'alarme…"
— "Mmm, c'est vrai qu'avec toutes ces régions et ces communautés, ça doit pas être évident"
— "D'autant plus que le prof est un sacré mofleur, la terreur de l'ULB"

Le repas s'est bien passé, si ce n'est que j'ai renversé ma pils sur la nappe. Annelies est allée chercher une loque pour essuyer les dégâts et une raclette pour nettoyer le sol. Une vraie zwanzeuse cette Annelies! Entre autres discussions, il y eut : Francorchamps, l'affaire de la "Carolorégienne", un débat esthétique sur le bon goût du nœud papillon rouge du ministre président de la région walonne, Elio Di Rupo.
On en était là au moment du café quand Annelies amena les soutasses et les speculoos.

— "Et un couyon, ça te dit?"

J'ai tout compris dans l'ensemble et pas grand chose dans certains détails... ;-)
Mais les répétitions, si elles sont parfois un peu "lourdes", aident à capter certains sens de mots.
"Guindailler" par exemple, je suppose que ça se rapproche de "guincher", "faire la teuf" ?! ;-)
La dernière phrase, par contre, me force à poser la question : COUYON, c'est quoi ? Tu peux pas me laisser comme ça Not !
Enfin, un bon petit texte régionaliste, ça peut être marrant, la preuve.
Je suis sûr que c'est le mot "sorteur" de ton exo du 30 qui t'a décidé à pondre tout ça... :-)))

mentor a écrit:J'ai tout compris dans l'ensemble et pas grand chose dans certains détails... ;-)
Mais les répétitions, si elles sont parfois un peu "lourdes", aident à capter certains sens de mots.
"Guindailler" par exemple, je suppose que ça se rapproche de "guincher", "faire la teuf" ?! ;-)
La dernière phrase, par contre, me force à poser la question : COUYON, c'est quoi ? Tu peux pas me laisser comme ça Not !
Enfin, un bon petit texte régionaliste, ça peut être marrant, la preuve.
Je suis sûr que c'est le mot "sorteur" de ton exo du 30 qui t'a décidé à pondre tout ça... :-)))

Bien vu Mentor -). Oui effectivement, la remarque judicieuse de Loup m'a donné l'envie de pondre un texte tout en belgicismes. Le Couyon est un jeu de carte populaire en Belgique.

C'est rigolo de lire et d'imaginer le sens des mots. J'imagine que ça n'a pas dû être évident de recaser tous ces belgicismes dans un seul texte.
Je retiens deux mots dont j'ignore la définition mais qui me plaisent bien: "aubette" et "dringuelles". Mais ne m'explique pas, j'aime bien le sens que je leur ai inventé.

Hahahaha Julien! Et bien j'ai TOUT compris! De bleu, je peux demander ma naturalisation pour de bon maintenant, ça y est, j'ai la culture belge dans la peau. Aucun mot ne m'était inconnu, suis fière de moi! ;))
Ptêt que t'aurais dû parler des cougnous qu'on distribue à la messe de minuit aussi, mais bon, fallait réussir à le placer dans le texte, tout comme une mitraillette (pain baguette rempli frites, sauce de préférence samouraï et fricandelle au milieu de tout ça).
Allez sur ce, je vais me boire un bon mazout. Ha non, ptêt un tango, c'est moins dégueu :)))

Sahkti a écrit:Hahahaha Julien! Et bien j'ai TOUT compris! De bleu, je peux demander ma naturalisation pour de bon maintenant, ça y est, j'ai la culture belge dans la peau. Aucun mot ne m'était inconnu, suis fière de moi! ;))
Ptêt que t'aurais dû parler des cougnous qu'on distribue à la messe de minuit aussi, mais bon, fallait réussir à le placer dans le texte, tout comme une mitraillette (pain baguette rempli frites, sauce de préférence samouraï et fricandelle au milieu de tout ça).
Allez sur ce, je vais me boire un bon mazout. Ha non, ptêt un tango, c'est moins dégueu :)))

Comme pour Bambi, faut que je garde des munitions pour faire un 2. -)

....et la choucroute-purée !
Bien vu Noth ! Et bien gai ! ;-)

Bien ça, Not. Bonne idée d'assumer sa belgitude mais manque un mot dans ton texte: "francophone", ce belgo-néologisme à la mors-moi l'noeud.
Parce que faut pas oublier qu'il y a deux belgitudes, hein, celle du nord et celle du sud. Et puis quelques zigottos qui font la navette entre les deux. Tiens, j'en profite pour faire une déclaration perso:

Arno, je t'aime comme un chou de Bruxelles, tu sais.

kilis a écrit:
Arno, je t'aime comme un chou de Bruxelles, tu sais.

With love, quoi ?!

Zou a écrit:

kilis a écrit:
Arno, je t'aime comme un chou de Bruxelles, tu sais.

With love, quoi ?!

Yes, paske "chicon" ça le fait pas!

Bon alors j'ai tout compris par rapport au contexte, j'ai deviné des mots par rapport au sens des phrases, mais y'en a aussi, que j'ai pas compris :0))
Marrant Not', je crois qu'il y a un 2, vais aller lire ça !