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L'autre

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Message  Invité Mar 29 Nov 2011 - 20:07

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Message  Le Greico Mar 29 Nov 2011 - 20:23

Superbe, il est très rare qu'un texte m'emporte de la sorte, mais il s'agit vraiment ici de quelque chose de brillant, vraiment. Ma-gni-fi-que, je trouve. En revanche j'ajoute une nuance qui coupe avec l'obséquiosité de ce qui précède, je n'aime pas vraiment quand tu fais un méli-mélo de langages, quand tu passes de la poésie la plus envoûtante au fracas de la grossièreté, ça fait de l'effet mais pourquoi ne pas rester constamment dans le registre poétique, lyrique (j'encule les mouches là ;p) Bravo en tout cas.

Le Greico

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Message  Invité Mar 29 Nov 2011 - 21:01

et c’est comme si nous courons, à toute allure, et qu’à la mesure de la route avalée par nos jambes nous apercevons un homme plein de vie et en filigrane son corps rongé par la mousse, comme si nous courons et que la pureté n’est plus discernable.
J'ai un problème avec ce passage où la concordance des temps me semble mise à mal. Je dirais " comme si nous courions,(...) nous apercevions (...) et que la pureté n'était plus discernable.

qui lentement s’approchent de nos pupilles entrouvertes après que nous nous fûmes évanouis ........
Ici, j'aurais mis " soyons" au lieu de fûmes, mais je ne suis pas absolument sûre.

Parfois, nous nous demandons où se situe l’horreur. Puis nous allons voir l'autre. Quelque chose dans ses yeux nous désespère. Quand nous sommes en l'autre, quand nous raclons au fond de lui comme on déterre un secret, quand nous palpons la mie de ses petites fesses, quand nous sentons sa peau salie et mate contre la nôtre, quand nous entendons les cris retenus entre ses lèvres desséchées parce que nous lui faisons mal, quand nous voyons son expression d’indifférence sur sa figure hâve qu’il s’efforce de maintenir en vie, et que les larmes coulent sur ses joues, chandelles de misère, de ses yeux si fous et si tristes, nous ressentons une satisfaction impardonnable. Lui aussi souffre, petit insecte retourné sur le dos qui ne se débat plus, lui souffre un peu comme nous, ses yeux la disent, cette profonde douleur, ses yeux la disent, cette horreur à mi-chemin entre l’amour et le meurtre.
Toute cette partie est vraiment forte et la dernière phrase est magnifique !

Le début est très bien, en revanche, je crois que tu pourrais resserrer un peu, en particulier ce passage me parait moins " plein" :
Nous nous laissons tomber à la renverse sur l'épaule de l'autre, la tête molle, la nuque brisée, et les mains de l'autre, si vieilles, qui lentement s’approchent de nos pupilles entrouvertes après que nous nous fûmes évanouis et qu'il soit parvenu à se faire maintenir droit notre corps désarticulé. Il cueille à même nos yeux la fatigue de tout un siècle, et il s'endort ensuite, instantanément, après avoir bu quelques larmes, quelques défaites. Nous bandons malgré nous en regardant le galbe de ses fesses abîmées alors qu'il avance à quatre pattes, pour finalement tomber sur le côté, faible, piteux, ridicule.
Un texte très intéressant, Lu-k, c'est rare qu'on appréhende "l'autre " de cette façon, et pourtant quelle justesse !

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Message  Invité Mar 29 Nov 2011 - 22:42

Même remarque que coline Dé avant moi : je suis rétif à ton « comme si nous courons… apercevons… courons » ; je mettrais aussi des imparfaits.
De la même façon, j'ai trouvé étrange ce « fûmes évanouis » mais n'aurais pas employé « soyons », impropre selon l'usage (après que + indicatif). J'aurais écrit « sommes évanouis », tout simplement.

Sinon, chapeau très bas.

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Message  Invité Mer 30 Nov 2011 - 9:57

J’ai craint avec le début que la démonstration reste trop théorique mais je me trompais : cet autre est à la fois tellement universel et particulier.
Bémol : pas fan des répétitions du mot "autre"(voulues, j'en ai conscience) mais à force trop voyantes, pesantes, vers la fin (deux derniers paragraphes).

Sinon, j'ai buté , naturellement comme les autres sur ces passages :
c’est comme si nous courons, à toute allure, et qu’à la mesure de la route avalée par nos jambes nous apercevons un homme plein de vie et en filigrane son corps rongé par la mousse, comme si nous courons et que la pureté n’est plus discernable. Derrière nous galopent nos cadavres.

"Comme si" est une subordonnée hypothétique (!), il semble bien qu'il faille un imparfait après - à la place d'un conditionnel qui indiquerait l'hypothèse mais qu'on n'utilise pas (en gros) après "si". Pour faire simple, tu ne dirais pas : "c'est comme si c'est vrai", ni "c'est comme si ce serait vrai" mais bien : "c'est comme si c'était vrai".

Ici :
Nous nous laissons tomber à la renverse sur l'épaule de l'autre, la tête molle, la nuque brisée, et les mains de l'autre, si vieilles, qui lentement s’approchent de nos pupilles entrouvertes après que nous nous fûmes évanouis et qu'il soit parvenu à se faire maintenir droit notre corps désarticulé. Il cueille à même nos yeux la fatigue de tout un siècle, et il s'endort ensuite, instantanément, après avoir bu quelques larmes, quelques défaites.
Pas de subjonctif, c'est sûr. Mais je ne vois pas non plus la nécessité de recourir à un passé simple puisque la principale est au présent. Et donc : "après que nous nous sommes évanouis et qu'il est parvenu" au présent de l'indicatif, tout simplement.
Au passage, je souligne la répétition du "après", bof.

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Message  Invité Mer 30 Nov 2011 - 10:49

Merci pour vos commentaires !  J'ai encore une fois posté trop vite, je le crains, les maladresses et les fautes grammaticales font vraiment taches dans un texte si court. Je me permets de poster la version corrigée selon vos remarques. Ce serait encore mieux si on remplaçait l'originale par celle-là - je sais que VE est un atelier et donc que l'intérêt réside justement dans l'évolution du texte, mais en l'occurrence ce sont simplement des fautes, qui ne modifient pas le sens profond et général mais qui nuisent à la lecture (je ne parle pas de la redondance de "autre" relevée par Easter, qui concerne évidemment le style et non les critères objectifs de langue).



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Message  Calvin Mer 30 Nov 2011 - 15:42

J'ai moyennement apprécié. Ce qu'il y a d’incompréhensible -et donc de fascinant et d'horrible- dans la figure de l'autre, c'est qu'il est un autre soi-même, si j'ai bien saisi là où tu en voulais venir. Pour moi tu te contentes de théoriser ce qui transparaissait bien plus naturellement dans tes textes narratifs. Je trouve qu'ici c'est un peu poussif.

histoire d'illustrer :
"....Nous passons avec lui dans des cloîtres où la fureur baise le vraisemblable, la ténèbre les anges, "
là c'est un peuf bof
"Nous buvons beaucoup de nos propres larmes, ce à quoi nous sommes habitués, la tristesse ayant toujours été notre principale ressource, notre principale culture."
ça déjà lu
"Nous passons le plus de temps possible à contempler son visage. [...] Notre détresse est sexuelle."
et tout ça c'est ennuyeux. on voit déjà l'idée, elle n'a pas besoin de prendre autant de place avec ses coudes sur la table.

par contre :
"Comme si nous courions et que la pureté n'était plus discernable"
"Nous vivons, sans que le verbe vivre ait une résonance dans la langue."
"Parfois, nous nous demandons où se situe l’horreur. Puis nous allons voir l'autre. Quelque chose dans ses yeux nous désespère."

ça c'est chouette. ou bien c'est bien dit, ou bien c'est bien dit et ça résume le cheminement antérieur, et parce que concentré en une phrase ça devient plus profond.

Évidemment c'est chouette (tu ne peux rien faire d'horrible) mais c'est exécuté sans brio particulier, cette fois, pour moi.

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Message  Louis Jeu 1 Déc 2011 - 17:37

L’autre est un problème insoluble ; le manque d’unité, d’in-dividualité fait problème, il nous place dans une aporie, une oscillation permanente entre deux voies : « le meurtre », la négation de l’autre, et « l’amour », la fusion avec l’autre. Deux voies qui s’avèrent des impasses, l’altérite demeurant irréductible, source de souffrance et de « désespoir ».
C’est, me semble-t-il, tout le sujet de ce texte, dans lequel l’autre n’est pas seulement autrui, l’autre n’est pas toujours le même… « autre » que le texte décline dans l’altérité.
Ce texte commence par une ambiguïté :
L’autre est « un objet rompu de nous ». Le terme « rompu » est ici ambigu. Faut-il comprendre : séparé de nous, suite donc à une fusion première, une unité indivise ? On comprendrait mal en ce cas l’opposition qui suit « et pourtant inévitablement familier ». Si l’autre est par un détachement de soi, s’il naît de soi, s’il naît du même, il n’y a nulle opposition alors avec son « caractère familier ».
Faut-il comprendre plutôt : isolé de nous, éloigné de nous, dans une séparation première avec nous ? Dans ce cas, l’opposition qui suit se comprend. Mais alors c’est l’affirmation qui se situe un peu plus loin qui ne se comprend pas : « nous éprouvons un sentiment de perte et d’abandon ». L’idée de perte et d’abandon s’accorde avec la première hypothèse d’interprétation, l’autre s’est détaché de soi, et nous laisse dans la solitude et l’isolement, irrémédiablement éloigné de lui. Isolement premier, ou fusion première rompue qui sépare soi de l’autre ?
On ne sait.
« Nous » sommes mis « face » à l’autre. Pas même dans un face à face. Juste face à l’autre. L’autre n’a pas d’abord de regard, pas de visage mais « une figure taillée dans un matériau rugueux et glacé ». Rugosité de l’autre auquel il ne fait pas bon se frotter ; il n’est pas un lieu d’accueil, cet autre qui repousse par son âpreté et sa froideur glacée. Pas de chaleur dans l’altérité, en opposition donc à la douillette proximité de soi avec soi,
au repli de chacun sur soi, sur sa molle intériorité.
« Nous » désigne chacun, chaque individu dans son glacial isolement, non l’union d’une communauté. La perception de l’autre ainsi conçue ne serait pas le propre du narrateur, mais celle de tous et de chacun.
Ou bien le « je » du narrateur se cacherait-t-il derrière le « nous » ?

La position qui consiste à faire « face » à l’autre accentue cette séparation des ego ; absence d’être-avec-autrui, de relations entretenues avec l’autre, de coopération, de coexistence dans l’action. Juste ce regard contemplatif et lointain. Juste l’isolement.
L’autre semble sans vie, comme statufié « figure taillée dans un matériau » avec « ses formes, ses couleurs ».
L’autre est distingué de « l’étranger » dont on a appris à conjurer l’étrangeté.
« De l’autre nous grignotons l’éveil » : apparaît ici l’idée d’absorption sur le modèle de l’ingestion alimentaire ou bien celle de la boisson, repris plus loin : « C'est la nourriture la plus revigorante (...) Nous observons avec passion les agissements de l'autre, nous mangeons le moindre de ses gestes ». L’autre est à bouffer, mais il s’agit pour l’instant d’en grignoter « l’éveil », c'est-à-dire d’en rogner la présence, jusqu’à la confusion, « jusqu'à ce que se confondent la terre et le ciel, la chaleur et le froid. », jusqu’à l’indistinction entre soi et l’autre, l’autre nié, absorbé, réintégré, par cette disparition des couples d’opposés, la terre et le ciel, le chaud et le froid, en un anéantissement de l’altérité où ne subsiste que cette proximité sans distance entre soi et soi, sans écartèlement entre la réalité duelle céleste et terrestre.
L’autre est ainsi nié dans son altérité. Une tentative donc de fondre l’autre en soi, de l’y dissoudre, effort vain auquel se substituera, se superposera « l’amour » fusionnel avec l’autre.
Ensemble, « nous » sommes entraînés entre la vie et la mort.
De passage, avec lui. Entre enfermement (« les cloîtres ») et fuite, la mort aux trousses et la vie devant soi. Quand la « pureté » est indiscernable ( les êtres sont mêlés, soi et l’autre nié, ingéré) naît le fantasme de l’être vermoulu.
La mort ronge la vie ; l’autre dans soi nous ronge de l’intérieur : impureté, les deux idées sont mêlées.
L’autre n’est pas facile à digérer, il agit comme un poison.
L’autre que soi se fait l’autre de la vie, et cet autre prend la place de la mort.

« Nous vivons, sans que le verbe vivre ait une résonance dans la langue. » : l’aphorisme semble hors de propos. Il l’est en partie. Mais l’idée est celle de l’écho, de la « résonance ». La vie a son autre, dans la mort qui la nie. En écho, dans une réplique analogique, le « vivre » a son autre dans le langage. L’autre de la vie, la mort, et cet autre autre de la vie, le langage, se confondent : la vie est morte au langage.

« Nous » nous nourrissons de nous-mêmes, « nous » nous abreuvons de nous-mêmes, de « nos propres larmes », de nos propres chagrins, sans chercher des sources autres où se désaltérer. Nous cultivons nos tristesses, arrosons nos chagrins de nos pleurs comme nous cultivons les fleurs. On cherche à se dés- altérer, à se purger de son alter ego, de ce daimôn qui nous habite, ce génie personnel qui ne sait concilier la vie et la langue, ne sait unifier vie et littérature.
Pour n’en avoir jamais fini avec son autre, on finit par « tomber à la renverse » sur son épaule. Non pour y prendre appui, mais pour signifier que l’on s’est cassé la tête sur lui, « la tête molle, la nuque brisée », vaincu.
Sa victoire est notre aliénation ; sa victoire marque nos « défaites » dont il s’abreuve à son tour. C’est l’autre désormais qui boit à la source du moi. Démon séducteur, il nous entraîne hors de nous, « malgré nous », c'est-à-dire sans nous, vers l’érotisme, vers le corps des autres. Ridicule et dérisoire altérité que celle du corps de l’autre qui « avance à quatre pattes », comme un animal, réduit donc à l’animalité du corps, « pour finalement tomber sur le côté, faible, piteux, ridicule ».
De nouveau, on s’est cassé la figure, de nouveau l’échec, l’autre ne tient pas debout dans sa posture animale, quand il donne à voir « le galbe de ses fesses abîmées ». On en revient alors à la figure de l’autre, à son visage et « passons le plus de temps possible à contempler son visage » dans l’oubli de soi. On s’abîme dans l’autre, on contemple son « paysage ».
On y trouve d’ « impardonnables » satisfactions…

Le texte comporte des images fortes et saisissantes. Il pose le problème de l’ « autre » de façon intéressante.



Louis

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