Le point de chute

Un jour, le vide se remplit de monde
Tu te lèves et tu contemples, livide,
Tes points de chute sur la mappemonde

Tu vas, tu viens, de temps en temps, tu tombes

Et puis le monde se remplit de vide
Ta vie, cet arbre que le temps émonde
Et ta mort que tu regardes, impavide

Te ramènent, là, au pied de ta tombe

C’est ainsi qu’a toujours tourné le monde
Et son cortège de femmes gravides
Dévidant le temps avide et immonde

Enfantant le néant et l’hécatombe

J'ai pas pu m'empêcher de sourire en lisant ce petit poème.
Assez vrai, faut le dire!

C'est bien l'histoire de ce monde...et bien dites !

Surprenant de te lire dans un registre moins habituel Rebecca (moins habituel pour moi tout du moins).

Personnellement, le poème aurait pu s'arrêter ici : « Te ramènent, là, au pied de ta tombe »

Déjà avec le « C'est ainsi » de « C’est ainsi qu’a toujours tourné le monde » il y a une rupture d'écriture / changement de style. Ensuite, les reprises (...monde, ...vide) deviennent pour moi un peu trop insistantes et marquées à la fin.

La 1ère strophe très appréciée, et le « Un jour, le vide se remplit de monde » / « Et puis le monde se remplit de vide »

Merci Rebecca

Ventres ensemencés, arbres émondés, terres ouvertes ensanglantées, sarabandes ricanantes... Je vais aller dormir Reb pour échapper quelques heures à la vie.

J'ai un peu de mal avec la répétition de certains mots (et donc des rimes) dont les sonorités plombent le texte, mais à la réflexion je me dis que le poème lui-même est plombant...

J'aime beaucoup en revanche ce mouvement autour du plein et du vide. La vie est faite de cet enchainement, alternance de vides et de pleins dans un voyage au coeur du néant.

"Un jour, le vide se remplit de monde"
je me suis dit "pourquoi pas, faut voir".

"Tu te lèves et tu contemples, livide,"
Je me suis dit "oulàlà"

"Tes points de chute sur la mappemonde"
je me suis dit "bel effort mais bon..."

"Tu vas, tu viens, de temps en temps, tu tombes"
je me suis dit "ah y'a quand même un joli sens du rythme"

"Et puis le monde se remplit de vide"
L'écho au premier vers a rempli tout d'un coup ce dernier de sens, ca y est j'étais partie. La suite est un régal. Merci.
Très maitrisé dans le rythme et la forme, l'air de rien. j'adore.


...Mais pourquoi "hétacombe" comme fin mot du poème... ?

Un ptit rajout, dans cette strophe :

« Et puis le monde se remplit de vide
Ta vie, cet arbre que le temps émonde
Et ta mort que tu regardes, impavide »

qq points d'écriture : tu emploies 2 fois « Et » (peut-être 1 fois de trop sur 3 vers ??) : le 1er est bien en continuité mais le 2nd me semble en trop, ou à éviter.

Ici : « Et ta mort que tu regardes … » la formulation pourrait peut-être être autre, d'autant que l'on sent davantage la construction à la rime (… vide) qu'une suite initialement conçue (pour être + clair : ici l'enchainement vers 2 – vers 3 ne me semble hyper fluide, naturel et trop dirigé vers la fin du vers qu'en suite, d'où peut-être ce « rajout » « Et » en début...??). De +, la suite « ta » « tu » n'est pas tip top... Le « ta » pourrait aussi devenir « la » ??

La fin (4 derniers vers) je ne reviens pas dessus.

Ici : « Ta vie, cet arbre que le temps émonde »

très bien aussi, belle image.

C'est bien vrai que ce registre est inattendu, tant par la forme que par le fond de gravité.
Mais quand même, il y a toujours dans tes textes, tous, cette énergie, cette vie, ce tourbillon et ce fond qui rit de se voir si belle.
J'aime, toujours.

Salut Rebecca, ça va bien depuis le temps.
J'ai trouvé ce texte très très sympa, parce que le fond est en accord avec la forme, une espèce de petite comptine ronde et cyclique comme le monde, pour un message désabusé mais avec l'humour du désespoir
Une réussite pour moi.
Un couplet de plus et un refrain et ça ferait une super chanson

J'aime bien ce ton désabusé, cette indifférence trompeuse, pour traiter de la vie, du ressenti et de la fatalité.

"Un jour, le vide se remplit de monde
...
Et puis le monde se remplit de vide

Tu vas, tu viens, de temps en temps, tu tombes"

Ce ne sont que des exemples car je ne vais pas citer tout le texte mais ça ressemble beaucoup à de la facilité et à du convenu.
L'idée n'a rien d'originale mais quel sujet l'est aujourd'hui?
Un texte que je ressens "baclé".

"Avec la capote Nestor, je suis pas né je suis pas mort" (Coluche).
Tout est dit et bien dit.

Doux Jésus ! Sa fête (ou son anniversaire): un feu de paille...
J'ai l'image de la Piéta en tête.. Il n'est plus mort en rédemption de nos péchés, les prêches ne concerne plus que ce qu'il reste de vieilles bigotes.
Mais la gravidude enfante un cycle: après la mort, une vie nouvelle; après Pâques, attendre Noël.

oups... J'ai beaucoup aimé le jeu original des sonorités: le tintement des clochettes des enfants de choeur

Ce poème a le charme obsédant des jouets d'autrefois, mécaniques simples et fascinantes, aux couleurs usées,aux formes rudes, faciles à vivre...

Et bien je t'aime bien dans cette simplicité là !
Le vide se remplit de monde et le monde se remplit de vide, pour moi ne sonne pas ici comme du convenu, mais d'avantage comme une sobriété "efficace" et ça me parle pas mal.

Des choses que j'aime moins par exemple le derniers vers qui ne coule pas chez moi, heurte l'oreille, un côté un peu pompeux qu'il n'y a pas dans le reste.
Par contre il y a de belles sonorités (dévidant le temps avide, gravide/impavide, même si couplé avec le vide d'au dessus je trouve que c'est un peu trop.)