Vingt ans déjà

Ce texte me plait beaucoup.
La description du paysage est très visuelle, je m'y vois, et à la fin, le souvenir ( vieux de vingt ans) de cette apparition insolite, érotique, me paraît teinté d'amertume, ce que je trouve touchant.

Un petit détail : j'aurais mis les vieux murs "couverts" ou "habillés" de lichen.

C’était en Ardèche, dans la maison de famille de D. Une vue extraordinaire et rare. Un escalier de pierre entouré de vieux murs en lichen. Une terrasse. Une dégringolade de vieux champs en terrasse abandonnés. Des lignes de pierres accumulées jusqu’au fond du lit d’un gros torrent, fond très profond d’une ravine encombrée de ronces et de cadavres noirs de châtaigniers gelés. Torrent bruyant de rage, coincé entre les mamelons dodus de deux grosses collines en forme de généreuses fesses vert-de-gris, de genets, de bruyères et de lianes, vergers abandonnés, pâturages des chèvres à demi sauvages.

J'y étais. Là, précisément. Il y a plus de vingt ans, mais aussi à un moment très important ; et donc, ça me touche énormément. Bien joué, Narbah !

(genêts)

J'aime bien ! C'est extrêmement original ce mélange de sérieux et de rigolo, de vie et de mort, de naïf (ou faussement naïf) et de savant.

j'aime toujours cette écriture très visuelle, très efficace (me fait penser ici à la façon de TC Boyles dans ses nouvelles), et en plus ici la gravité donne beaucoup de tenue à ce texte.

vallée du Chassezac, les anciennes mines après Villefort ?

De la très belle prose poètique.
Du Giono!

Merci infiniment pour tous ces commentaires. Et un petit mot pour chacun :

embellie a écrit:Ce texte me plait beaucoup.
La description du paysage est très visuelle, je m'y vois, et à la fin, le souvenir ( vieux de vingt ans) de cette apparition insolite, érotique, me paraît teinté d'amertume, ce que je trouve touchant.

et

embellie a écrit:Un petit détail : j'aurais mis les vieux murs "couverts" ou "habillés" de lichen.

Je voudrais t’y voir (rire). Pour l'amertume, c'est sûr que je n'ai pas vu toutes les petites culottes que j'aurai voulu (rire)
Pour le mur en lichen, pourquoi pas en robe de lichen pendant que tu y es? Non je préfère mon lichen tout sec. C’est mon style ça. Maintenant que tu me le dis, je mettrai même “de vieux murs en lichen tout sec".

Easter(Island) a écrit:C’était en Ardèche, (…) pâturages des chèvres à demi sauvages.

J'y étais. Là, précisément. Il y a plus de vingt ans, mais aussi à un moment très important ; et donc, ça me touche énormément. Bien joué, Narbah !

(genêts)

Qu’est-ce que j’ai pu me faire comme chèvres en Ardèche à l’époque! (merci de rire aux blagues salaces, c’est de mon âge)

vincent M. a écrit:J'aime bien ! C'est extrêmement original ce mélange de sérieux et de rigolo, de vie et de mort, de naïf (ou faussement naïf) et de savant.

Merci Vincent.

Janis a écrit:j'aime toujours cette écriture très visuelle, très efficace (me fait penser ici à la façon de TC Boyles dans ses nouvelles), et en plus ici la gravité donne beaucoup de tenue à ce texte.

Toi tu m’as déjà fait rougir la dernière fois : merci Madame Janis.

loic a écrit:vallée du Chassezac, les anciennes mines après Villefort ?

C’est partout comme ça en Ardèche tu sais. Chacun sa vallée, c’est tout. La mienne est —je l’espère— générique.

Maryse a écrit:De la très belle prose poètique.
Du Giono!

Un beau compliment, même si j’aurai préféré Ramuz.

Narbah, RAMUZ! Je viens de le découvrir grâce à toi!
Je n'ai pas une grande culture littéraire et j'en suis fort marrie...Et suis ravie de le connaÏtre.
C'est vrai c'est un sacré écrivain.
J'adore!

Ma deudeuch perso, c'était il y a 40 ans... C'était dans le Larzac, plus aride.
Mes souvenirs inoubliables aussi.
Si vous permettez et si ce n'est vous faire ombrage, quelques hiatus:
fond du lit d’un gros torrent, fond très profond : ainsi font font font...
Les gouilles zozos
Une simple vision de tissus propres et secs