Re: Exo en direct : jeudi 2 février 2012 - 20 heures 15

Invité Jeu 2 Fév 2012 - 19:50

Je rame pas, je godille !

Lizzie Jeu 2 Fév 2012 - 19:51

ah non, moi j'ai pas besoin de me détendre après avoir monté un meuble Ikéa... (tu connais le sketch du blond de Gad Elmaleh ?).
Bref, m'en fiche, moi, tout me va.

Coline, t'as pris qui ?

Lizzie Jeu 2 Fév 2012 - 19:53

bon, je prends Bosley, et hop !

Invité Jeu 2 Fév 2012 - 19:54

Janis

Invité Jeu 2 Fév 2012 - 19:55

J'ai comme un grand flou intérieur...

Yali Jeu 2 Fév 2012 - 20:08

coline Dé a écrit:J'ai comme un grand flou intérieur...

C'est tout ton charme

Invité Jeu 2 Fév 2012 - 20:21

Janis Jeu 2 Fév 2012 - 20:30

hop comme d'habitude, vite fait mal fait mais fait !
je lirai le tout quand j'émergerai dimanche ou lundi
Bon week end à toutes (yali étant minoritaire ce soir)
ça m'a beaucoup plu ce thème !

Un fermoir
une grelinette
à la va comme j'te pousse

Maman s'est réveillée tôt ce matin, contrairement à son habitude.
Elle a fait le café. On sentait l'odeur qui montait dans l'escalier. Elle est montée avec un plateau et trois tasses, et elle a ouvert les rideaux, puis la fenêtre. Elle a dit debout les garçons, il est l'heure. Le froid matutinal est entré dans la chambre.
Et puis elle s'est assise sur le lit, et on a bu le café, tous les trois, avec juste le bruit des cuillères dans les tasses.

On nous appelle Butane et Propane, parce qu'on est jumeaux et qu'on se ressemble comme deux gouttes d'eau. Notre père qui avait le pied marin préférait babord et tribord. Mais pour notre mère nous sommes les garçons. Fondus en une entité qui s'appelle comme ça. Je ne sais même plus mon prénom, et encore moins celui de mon frère.

Maman a ramassé les tasses, et puis elle a dit "les garçons,vous allez vous doucher puis vous essaierez les capuches". Ça fait une semaine qu'elle nous tricote ces passe-montagnes, un vert et un rouge, avec un petit fermoir doré, parce que notre mère est très raffinée, même si elle pèse cent vingt kilos et mesure près de deux mètres.

On se douche ensemble, comme d'habitude. Je regarde mon frère, je le trouve très beau. Il est maigre, comme moi. Pas un poil de graisse. Il me savonne le dos. Je lui savonne le dos.

Maman nous attend dans le petit salon. Comme je suis tribord, je prend la capuche rouge. Babord prend la verte. C'est impeccable. On embrasse maman.

Pendant qu'elle passe la grelinette dans l'herbe du jardin, on nettoie le mauser. Mon frère s'amuse à lancer la bombe lacrymo en l'air, comme un garçon de café qui préparerait un cocktail. Puis maman dit "à table" et nous mangeons nos spaghettis à l'ail, avec les tellines. On se lèche les doigts. On fait une petite sieste dans le canapé.

Après, on va préparer la moto. C'est la moto de notre père, son leg en quelque sorte. Quand nous jardinons avec maman, quand nous l'aidons à ramasser les légumes, nous avons une pensée pour lui : les sels minéraux qu'il dégagea ont si bien nourri la terre que désormais, notre potager fait l'envie de tout le voisinage. Chaque fois que nous dînons d'une courgette, d'une pomme-de-terre, maman nous demande de faire une petite prière pour papa.

À seize heures, maman nous rappelle que nous avons à faire. Nous nous habillons de noir. Elle nous fait réciter l'adresse, et les choses à dire. Pas de violence, sermonne-t-elle, sauf si vous vous trouvez en danger. On lui dit maman, nous ne sommes plus des enfants. Nous avons bientôt soixante ans ! et ça nous fait rire, tous les trois, sur le pas de la porte.

On l'embrasse, on lui dit t'inquiète pas m'man, tu l'auras ta croisière dans les fjords. La moto fait un drôle de bruit en démarrant. On s'en va à la va comme j'te pousse. On voit maman qui nous fait des signes avec la main. Elle est belle.

Janis Jeu 2 Fév 2012 - 20:33

ou plutôt je vous lirai demain dès l'aube
car nous sommes peu nombreux

Yali Jeu 2 Fév 2012 - 21:17

Pour ma part j"ai un flou qui ressemble a une petite fille, un très jolie petite fille et qui demande son père — elle est en phase avec — ça doit être l'âge ou on a pas encore compris que le pire n'est pas le meilleurs :-)
Je poste dés que je le peux. Demain.
Merci à vous, d'être.

Lizzie Jeu 2 Fév 2012 - 21:21

pas sérieuse du tout, ce soir, mais je me suis amusée, c’est l’essentiel !
Un brunissoir, un rabot
être aux anges
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Fait d’hiver : 36 heures presque chrono

Jean-Philippe, il a des lettres. C’est un intellectuel, il a fait tout son collège, même qu’ils l’ont envoyé en bac pro. Pour expliquer que quand y réfléchit, c’est du lourd. On est comme qui dirait des frères d’armes, tous les deux. Elle est chouette, cette expression. J’l’ai trouvée dans un jeu vidéo. On est des frères d’armes… ça veut dire qu’on se fourre dans les mêmes coups tordus et qu’on s’en tire ensemble, qu’on se serre les coudes quand ça craint et qu’on se marre le reste du temps. Un peu comme Starsky et Hutch… enfin… sans la plaque.
Bref, j’ai tout de suite pensé à JP quand j’ai vu tout ce fric qui nous tendait les bras au « Rêve toujours ». Le « Rêve toujours », c’est le rade où je pointe mes heures de chômage. Mes journées entières, donc, depuis deux ans. C’est une famille qui le tient. Sont lourds, mais lourds… T’as l’oncle derrière le comptoir, il aime à parler politique pendant des heures, il en donne soif aux clients. T’as la sœur à la caisse, qui écrit les menus sur l’ardoise, et qui gueule après le reste de la famille ; les deux ancêtres qui tapent le carton sans se préoccuper des cris (j’veux pas croire qu’y aient réussi à monter c’t’affaire, des auvergnats, ok, mais tout de même), et derrière, la cousine, promue chef cuistot après le départ de l’autre sœur, une pas commode, celle-là, un carafon… elle a bien fait de se tirer, parfois j’me dis, vu les daubes servies !
Donc, moi, je zone là, je regarde la league 1 en boucle ou les clips sur NRJ. Quand j’ai un peu de fric, je me fais un PMU ou un loto sport. Et l’autre jour, un samedi deux janvier tout matutinal, un mec fringué comme un banquier pousse la porte. La soeur hèle :

- Monsieur Retors ! Vous venez pour l’inventaire ?
- Bonjour, Mademoiselle Rose. Oui, c’est ça, l’inventaire et le bouclage du bilan.

C’est pas que j’écoutais, mais tout de même, entre leurs papotages et un clip de Grégoire, autant suivre les petites histoires de fric.

-On va s’installer dans la salle, le radiateur du bureau a lâché.

Et vas-y que le gus sort un portable de sa mallette, et la Rose elle va chercher un gros bouquin et deux classeurs. Ils discutent clients, chiffre d’affaires, sans se soucier de ma pomme. Je passe inaperçu, c’est un don. On me prend aussi souvent pour un abruti, faut avouer. Je paie pas de mine. Enfin, j’ai dressé l’oreille, ils parlaient du coffre et de la recette, et ce que j’ai entendu… aux anges, que j’étais. Cent cinquante mille euros, nom de dieu ! Fallait pas trainer, parce que Rose a dit en baissant d’un ton que le ramasseur de fonds passait le lundi aux aurores. Mais elle gueulait tellement en temps normal, que même en tentant d’être discrète, on captait tout. Heureusement que j’étais le seul client à me remettre du réveillon à coup de calva !

Je suis sorti en catimini, j’ai bigophoné JP. On a pipeletté trois heures, j’ai explosé mon forfait, mais ça en valait la peine. On a tout bien mis au point, comme des pros, avec des noms de code et tout. Lui, il amenait le mathos : comprenez : un brunissoir (une bombe lacrymo pour t’oxyder les pupilles), un rabot (un flingue pour aplanir les difficultés). On voit qu’il a fait section « restauration des œuvres d’art », mon JP. Un artiste, un poète jusque dans les moindres détails de ses plans…

J’étais chargé de la fuite. C’est un casanier, JP, les motos, les bagnoles, c’est pas son truc. Moi, si. J’aime sentir le départ, les bagages, l’urgence, la porte qu’on ferme et les clés dans la poche. Pour le casse, fallait une moto : ma vieille golf, ça le faisait pas, trop lente, et puis, je me suis déjà souvent garé devant le troquet. Je me suis dit que j’allais emprunter la 500cc de mon beauf, il peut rien me refuser, j’lui ai donné ma sœur. Pas futfut, le mec, c’est pas un cadeau, ma frangine. J’espère qu’il s’y connait mieux en moto qu’en meuf…

Alors voilà. J’ai ma cagoule, une blanche achetée aujourd’hui chez Décathlon, elle va me resservir pour le surf. Quand on aura du fric, on ira à la montagne, skier et glisser et s’éclater. Ce ne sera plus jamais le « Rêve toujours », mais le « Vis encore ». C’est ce qu’il me chuchote en riant, JP, avant d’enfiler sa cagoule. Noire comme ses yeux. Hop, on est prêt. A trois, on y va, rabot et brunissoir en main.

1, 2… 3 !

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Invité Jeu 2 Fév 2012 - 21:21

Ben..... voilà...

− Ben rien.
Non, j’vous dis, y a rien eu de spécial. C’était calme. Les habitués. Rien de nouveau. Enfin, si : une jeune femme que je vois depuis quelques jours, dans les vingt cinq ans, avec son landau de jumeaux. Sinon, ben comme d’hab, j’encaisse.
Chez Monsieur Grad... Guénard ? Ça va faire cinq ans.
Non, c’était jamais arrivé, depuis que j’suis là en tout cas.
Ben vous savez, maintenant, qu’on soit prof, pharmacien, flic ou caissière, on risque pareil : y a des allumés partout !

Il aime pas les armes à feu, mais il ne peut quand même pas y aller comme ça, les mains dans les poches ou braquer Gradub avec un tournevis ! Alors il s’est résigné à sortir le flingue de son père, que sa mère a rangé à la cave avec le brassard et les décorations. Son père, c’était presque un arbre de Noël : un flic brillant et décoré qui se faisait enguirlander par sa femme bien plus d’une fois par an !
Un con.
Faut être con pour brader sa mort à un tarif aussi ridicule qu’un salaire de flic !
Lui, pas question d’être gros Jean comme devant − c’est une expression de sa grand-mère, il aime bien parce qu’il ne la comprend pas tout à fait :c’est un mystère, même s’il comprend globalement que ça veut dire se faire mettre.
Donc pas question.
Il l’a tellement observé, son père pendant toutes ces années où il voulait lui ressembler, il l’a tellement imité qu’il aurait pu faire illusion dans son uniforme, s’il avait eu vingt centimètres de plus.
Et puis ce con est mort. Y a rien de pire pour foutre l’admiration en l’air.

Alors maintenant, tout ce qu’il a appris, ça va lui servir. Surtout à pas se faire gauler.
Déjà, ça le pose par rapport à Marcia.
Elle n’y connaît rien, elle a juste la haine et une niaque d’enfer. Et les vingt centimètres qui lui manquent à lui. Mais ça n’a pas l’air de la gêner, elle se baisse un peu pour l’embrasser, c’est tout.
On peut pas dire qu’elle est belle, Marcia, non, c’est mieux : elle est bandante. Elle a une façon de se sucer le petit doigt en vous regardant dans les yeux qui court-circuite le cerveau : vous n’avez pas encore vraiment vu que votre machin dit déjà je veux.
Alors quand elle lui a dit :
− C’est con que tu n’aies pas de fric, je serai bien partie sur la Côte avec toi… en se massant les seins sans y penser, il s’est dit que plutôt que de casser sa tirelire, il allait casser celle de Gradub, le taulier du PMU à côté.
Sa tirelire, ça aurait pas dépassé trois minutes avec Marcia, tandis que si ses calculs étaient corrects, ce que raflait Gradub un samedi soir…
Bon ça ferait pas la vie, mais après tout, Marcia elle a onze ans de plus que lui…
Il est un peu nerveux, quand même.
Ok, ils ont tout bien répété, tout vérifié plein de fois. Il lui a montré qu'il savait se servir du flingue en cas de besoin.
Elle, elle aura une bombe lacrymogène. Vachement efficace : quand les gens pleurent, ils voient mal.
C’est un problème d’ailleurs, parce que Marcia a les yeux super fragiles…
Quand elle lui dit ça en faisant le papillon avec ses cils, il se sent tout drôle. Et inquiet, un peu. Alors Marcia lui dit :
− J’ai une idée.
Il aime pas l’idée de Marcia. Elle s’appelle Julien, son idée.
Mais c’est vrai que comme ça, ils seront plus tranquilles : rien dans les mains, rien dans les poches, ils foutent le camp, Julien et lui avec la moto qui est tout le temps garée devant le PMU et Marcia promène "ses jumeaux" tranquillos. Elle les aura déjà baladés dans le coin depuis un jour ou deux. Dans un profond landau.

N’empêche. Il aurait préféré faire tout avec Marcia, tout seuls tous les deux. Il fait la gueule. L’heure approche.
− Il est où, Julien ?
− A l'aér... Il va arriver. T'es pâlot toi, dis donc ! T’as les jetons, elle lui demande ?
− Ben…
− Allonge-toi là, je connais un super truc pour passer la trouille.
Elle lui défait ses chaussures, ses chaussettes, elle s’allonge à côté de lui, tête-bêche…

Ça détend pas tant que ça, finalement de se faire sucer les doigts de pied.

Invité Jeu 2 Fév 2012 - 21:32

Janis : entre Ma Dalton et Bloody Mama ! Un pur régal, corsé, serré !
Des bises regonflantes pour demain.

Lizzie Jeu 2 Fév 2012 - 21:34

Vous voulez que je vous dise, les filles ? Pas sûre que notre production soit particulièrement littéraire, mais elle est en tout cas bien rigolote !
Plus de détails demain, après la production du MC (qui s'est sans doute endormi en berçant sa fille, le veinard...)

Bonne fin de soirée à toutes (et un !)

(et pensées à toi pour demain, Janis)

Invité Jeu 2 Fév 2012 - 21:40

Lizzie, t'es devenue une détourneuse de ~~min~~ consigne de première bourre !
Le brunissoir et le rabot, ça m'a fait rire !
Et une histoire bien ficelée, avec des clins d'oeil marrants : ton intello est super !

Invité Jeu 2 Fév 2012 - 21:43

Oui, j'ai bien aimé... et ça a quand même de la gueule, pour des exo !
Bonsoir itou, même au MC qui nous lâche en cours de route toutes seules dans le noir...
Bises à l'excuse

Rebecca Ven 3 Fév 2012 - 5:45

z'êtes trop fortes les filles...franchement vous lire au réveil, ça donne la pêche !

Janis Ven 3 Fév 2012 - 7:35

ah ça, réjouissant !

Yali Ven 3 Fév 2012 - 9:15

Désolé pour le contretemps. J'y retourne !

Yali Ven 3 Fév 2012 - 10:19

Adjectif et pragmatisme

— « La vie est un étrange et douloureux divorce », il dit d’une voix d’outre-tombe, en lisant l’un de ces trucs émaillés qui ornent les murs du bistrot.
— C’est une citation de Aragon, je réponds.
— Ah, moi je préfère l’autre.
— Laquelle ?
Je dis « Laquelle », sans vraiment y prêter attention parce que pour l’instant j’ai les yeux scotchés sur un plan. Enfin si on peut appeler la chose ainsi tellement c’est dessiné à main levée, imprécis, genre crayon gras revisité par un enfant de trois ans.
— Celle d’à côté, là. Celle qui dit : « Du bon, du beau ». Et c’est signé Dubonnet. Un pote à… comment t’as dis déjà.
— Aragon.
— Ça doit être ça. Sûr que c’est ça, même.
Je respire à fond, j’élimine l’enfant de trois ans qui me trotte dans la tête et qui, étrangement, semble s’être installé, matutinal, sur la banquette d’en face :
— T’as pris les outils ? Je lui demande.
Il s’éberlue :
— Tournevis, bèche, râteau, pioche, des trucs comme ça ?
— Non, la bombe lacrymo, les cagoules, le pistolet… ?
— Ah, ça. Èh mais t’es chelou toi, t’as qu’à dire un Gun comme tout le monde. ‘Tain, tu sors d’où, de polichnique ?
J’hésite, je lui réponds que c’est Polytechnique ou plutôt polyclinique ? Puis non, j’opte pour faire avancer les choses. Et je pointe du doigt ce qui semble être une porte sur le plan qui s’étale sur table.
— On répète. J’entre, je sors le pistol… le gun, pendant que toi ?
— Pendant que je m'achète un paquet de clopes.
— …
— Ben quoi, c’est pas un bureau de tabac ?
Je le dévisage un long moment, aucun doute, il ne le fait pas exprès.
— Et que penses-tu qu’il arrivera si tu demandes un paquet de clopes avec une cagoule sur la tête et une bombe lacrymo à la main ?
— ßen je vais les avoir gratos. T’as raison, pas besoin de les acheter. Suis con.
Au vu de la carrure du bonhomme, je n’ose confirmer.
D’habitude, je bosse avec Angelo. C’est pas non plus un rapide question réaction neuronale, mais quand même pas à ce point. Lorsque j’ai demandé audit Angélo si à tout hasard, il connaissait quelqu’un pour le remplacer vu qu’il se mettait au vert pour quelque temps : « Y a bien Jojo ! », il a répondu sans chercher.
« Et il est comment ce Jojo ? »
« Baraqué et pragmatique ! »
Baraqué et pragmatique, je répète, juste pour moi.
Mais revenons à nos moutons :
— Tu as déposé la bécane devant le bar-tabac.
— J’ai fait comme tu m’as dis, j’ai déchargé la bécane de la camionnette et je l’ai garée pile devant.
— Et la camionnette ?
— Comme tu m’as dis, je te dis.
— Je préfère m’en assurer.
— Je l’ai abandonnée quelque part en banlieue. À vingt bornes d'ici.
— Et ?
— Et j’ai pris le train pour te rejoindre.
— Parfait. Allons y.
Nous y allons.
Sur le chemin, je vérifie que les cagoules sont dans le sac, qu’il ne nous manque rien, que les…
— Et les clés de la moto, Jojo ?
— En sécurité.
— En sécurité ?
— Bien au chaud, dans la boite à gants de la camionnette.
Je stoppe notre marche pour le dévisager. Quelque part, loin très loin dans les tréfonds de sa pupille une micro étincelle semble naître puis grossir, puis exploser. Ce qui a pour conséquence de lui filer le sourire et lui faire dire :
— Eh, t’avais rien dit à propos des clés. Et puis t'inquiète, j’ai pas besoin de clés pour faire démarrer une bécane.
— Tu en es certain ?
— Sûr de chez sûr !
Nous reprenons notre marche.
Arrivé à proximité du bar-tabac, je me dis qu’il faudra que j’interroge Angelo un de ces quatre.
Enfilant ma cagoule, je sais que l'interrogatoire se résumera à une seule question :
Quel sens exactement, Angelo donne à l’adjectif « Pragmatique » ?

Lizzie Ven 3 Fév 2012 - 14:52

Je m'incline. ça m'a fait rire, c'est pas une image, et ma fille me traite de "gogole" à me marrer devant cet écran.

C'était une réussite très "pragmatique", cet exo. Puisse-t-il donner envie aux autres d'exoter avec nous !

Yali Ven 3 Fév 2012 - 18:16

Janis :
excellent, rien à redire. Ah si, ils ont 60 ans à deux ? Je demande ça, parce que j’aurais bien aimé, que ce soi le cas.

Lizzie :
on est dans le bain de suite et le bain est chaud avec quelques bulles.

Coline :
« Et puis ce con est mort. Y a rien de pire pour foutre l’admiration en l’air.»
Ça, j’adore. Aussi bon que du Audiard.

Et bien c’est un bon crû et pourquoi donc des jumeaux ?

Phylisse Ven 3 Fév 2012 - 19:14

J'ai adoré vous lire ! Quatre textes vraiment très sympa, drôles, différents et dans le même temps dotés d'un enthousiasme semblable dans la préparation du casse.

Janis, quelle belle trouvaille que ces jumeaux butane - propane / tribord - bâbord, c'est jubilatoire ce genre de choses pour moi, et toute l'histoire l'est, en plus. Explosif...

Lizzie, j'ai beaucoup aimé l'ambiance, les personnages, le ton, j'y étais !

Coline, j'ai eu un peu de mal à suivre, mais une fois que j'ai eu tout bien compris, j'ai apprécié le déroulement, la description des personnages, sauf que je n'ai pas compris la fin :-( (je n'ai pas trouvé les cagoules, elles étaient cachées dans le landau ? :-))

Yali, toujours des dialogues savoureux qui suffisent à la mise en scène, j'ai bien ri. Comme une impression de voir un film avec Bernard Blier et un autre acteur dont le nom m'échappe, bref, les films de ces années là quoi.

Je n'étais pas là hier soir, mais de vous lire m'a donné envie de le faire cet exo. Je prends le train demain direction la Savoie (- 40°... Ah ? c'est trop ? - 30° ? Bon d'accord, - 20°), et ça me plairait bien de profiter de ces quelques heures pour écrire. Est-ce quelqu'un pourrait me donner deux noms d'outils et une expression ? :-)

Admin Ven 3 Fév 2012 - 19:16

Un arrosoir, une binette.
"Faut pas pousser mémé dans les orties"

Phylisse Ven 3 Fév 2012 - 19:58

Super ! Merci Admin'

Invité Ven 3 Fév 2012 - 20:38

Dispersée mais non moins efficace : une vraie équipe de choc ! Bravo à tous, j'ai bien ri.

Yali Ven 3 Fév 2012 - 21:01

Easter(Island) a écrit:Dispersée mais non moins efficace : une vraie équipe de choc ! Bravo à tous, j'ai bien ri.

Tsssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss
c'est trop ou pas assez

Invité Ven 3 Fév 2012 - 21:21

Yali, excellent, tu fais de plus en plus cinématographique. Je suppose que c'est exprès ?

Yali Ven 3 Fév 2012 - 22:48

coline Dé a écrit:Yali, excellent, tu fais de plus en plus cinématographique. Je suppose que c'est exprès ?

C'est exprès, mais il n y a rien de cinématographique, juste un simple constat, nous ne sommes plus de simples lecteurs mais des lecteurs mutltimedia.

Lizzie Sam 4 Fév 2012 - 8:46

Votre dernier échange m'interroge.
C'est quoi, une écriture "cinématographique" ? C'est sérieux, hein.
Yali, tu sembles penser que ton écriture est plus "multimedia" qu'auparavant. Que veux-tu dire ? Que tu te tournes vers des dialogues uniquement, et des descriptions de "plans" ? Que tu utilises de moins en moins une narration "intérieure", l'introspection du narrateur ? (je n'ai pas le bon vocabulaire, mais j'essaie de me faire comprendre). Si c'est ça, pourquoi ? Une question de rythme, de mode, ou une envie personnelle ?
J'ai assisté l'an passé à 8h d'explications données par une personne qui réalise des documentaires. C'était sur "le scénario". Des petits exo pour nous montrer la différence entre "écrire une nouvelle" et "ecrire pour être filmé". J'ai trouvé ça passionnant. Pas forcément applicable dans ce que j'ai envie d'écrire, mais comme une autre manière de transmettre. J'ai bien conscience que ce n'était qu'un survol, une "introduction à" (cette fille donne des cours à l'année ailleurs), cependant, j'y pense souvent, quand je décris une scène, ou une action. Montrer et ne pas dire. Trouver les gestes, les attitudes, le langage corporel qui, à l'image, rendraient perceptibles les pensées du personnage. Je ne sais pas si c'est mieux que de rentrer dans sa tête et de mettre noir sur blanc ses pensées. Pour moi, ce sont plutôt deux "techniques" complémentaires.

Yali Sam 4 Fév 2012 - 9:34

Une écriture cinématographique, dans le sens où elle est destinée à être filmée ne tient qu’à une seule règle : n’est écrit que ce qui est vu par la caméra. Pour ce qui est du scénario lui même, il contient sept point fondamentaux. Que l’un d’eux manque et le scénar est bancal :

• Faiblesse et besoin du héros
• Désir
• Adversaire
• Stratégie
• Bataille
• Révélation personnel
• Nouvel équilibre.

Ceci est donc une écriture typiquement scénaristique. (J’ai développé ça dans un post, il faudrait que je le retrouve)

Lorsque j’emploie le terme multimédias et non cinématographique, c’est parce que les images que nous voyons ne passent plus exclusivement par le canal du cinéma. Mais en vérité, je ferais bien d’employer le terme «Nouvelle écriture» il serait plus adapté. Cette Nouvelle écriture, ce ne sont pas les auteurs qui l’inventent mais les lecteurs qui l’imposent, conséquence directe de leur emmagasinage grandissant en terme d’images. Ainsi, l’auteur d’hier se devait de minutieusement décrire les lieux de l’action, pour la simple raison que le lecteur avait très peu de chance d’être familiarisé avec lesdits lieux. Aujourd’hui, au regard du flot d’images qu’un lecteur enregistre, il y a peu de chance qu’il ne connaissent pas les lieux (sauf cas particulier) du coup, les descriptions s'allègent laissant davantage de place au ressenti.

Pour ce qui est de la remarque de coline à propos de mon texte, elle est justifiée dans le sens où le texte tient compte des sept points fondamentaux d’un scénario (même si il sont esquissés et non installés) et qu’il est monté, comme un film, plans inclus).

1) Plan panoramique : le bistrot.
Cut
2) Plan poitrine (au-dessus de la table) plus champ et contrechamp : dialogue.
Cut
3) Flashback, plan rapproché (il se remémore dans quelle condition il a embauché Jojo)
Cut
4) Fin de flashback, plan poitrine. Dialogue : champ contrechamp
5) Plan italien (Ils marchent dans la rue)
Cut
6) Travelling optique sur le visage de Jojo (il réalise avoir fait une bourde)
Cut
7) Plan italien (reprise de la marche)
Cut
Plan rapproché (il enfile la cagoule)

Rebecca Sam 4 Fév 2012 - 10:49

Tiens yali ( et ceux que ça intéresse) , j'avais enregistré ton post :

"Ok, prenons par exemple le cas de cette vieille femme qui découvre son chien empoisonné au petit matin sur le pas de sa porte. Quelques jours se passent et elle mène son enquête.

1/ FAIBLESSE - BESOIN
- Faiblesse : Elle ne parvient pas à faire le deuil de son chien
- besoin psychologique : Évacuer la culpabilité depuis la mort de Médor
- besoin moral : depuis l’empoisonnement elle se refuse à continuer une vie ordinaire et délaisse les activités genre cours de tricot, club de Bridge… être capable de reprendre une vie normale

2/ DESIR
- retrouver l'empoisonneur de chien

3/ ADVERSAIRE
Elle-même vu qu’elle débloque et le sent, et le reste de son entourage vu qu’elle soupçonne tout un chacun.

4/ LIEUX/PLANS
Sa maison.
Le club de bridge (même si elle ne participe plus aux activités)
Le commissariat ou elle débarque matin et après-midi avec en tête un nouveau suspect.
Le cimetière pour animaux.
Les rues ou elle erre.
…

5/ BATAILLE
Altercation avec le ou les personnes soupçonnées, avec les flics qui ont d’autres chats à fouetter. Avec elle-même…

6/ REVELATION PERSONNELLE
Elle doit faire le deuil de Médor d’une autre manière si elle ne retrouve pas le coupable. Le faire tout court si elle retrouve le coupable

7/ NOUVEL EQUILIBRE
Elle téléphone à son fils avec lequel elle est fâchée depuis des lustres (étant entendu que la brouille a pour origine Médor)
Elle dépose chaque dimanche un bouquet de roses sur la tombe de Médor

C'est plus clair là ?
Les 7 points sont issus d'un manuel intitulé " Anatomie du scénario " de John Truby, intervenant à la Sorbonne.7 c'est pour un court ou une nouvelle, il en existe 22 pour un roman ou un film :-p"

Yali Sam 4 Fév 2012 - 11:24

Merci Reb, et je me rend compte que je n'ai pas assez développé Lieu/Plan :
4/ LIEUX/PLANS
Sa maison. Le club de bridge (même si elle ne participe plus aux activités) Le commissariat ou elle débarque matin et après-midi avec en tête un nouveau suspect. Le cimetière pour animaux. Les rues où elle erre.
Par plan il faut entendre la stratégie que met en place la vieille dame pour retrouver les ou l'auteur de l'empoisonnement.

Lizzie Sam 4 Fév 2012 - 12:37

La suite des points « obligatoires » me laisse sceptique. Enfin, toujours la résistance du vieux continent devant l’efficacité des méthodes du nouveau monde, j’imagine. Ceci dit, en fille centrée sur elle-même (qui a dit pléonasme ?), j’ai vérifié la présence des points à traiter dans ma dernière longue nouvelle : c’est bon, ils y sont tous ! ouf ! :- ) Je pense que c’est assez instinctif, en fait. On doit être tellement baigné dans ce schéma qu’on l’applique sans y prendre garde. Ensuite, a-t-on envie d’écrire « équilibré », c’est une autre histoire…

Un truc me chipote :

Cette Nouvelle écriture, ce ne sont pas les auteurs qui l’inventent mais les lecteurs qui l’imposent, conséquence direct de leur emmagasinage grandissant en terme d’images.

J’ai un peu de mal à comprendre cette interactivité. Elle serait basée sur une supposition de retours, de tri dans les livres « qui marchent », et l’application inconsciente ou pas des mêmes façons d’écrire ? Sceptique. Je pense que ce sont les gens qui écrivent, et qui sont en général consommateurs de multimédia (comme leurs éventuels lecteurs), qui ne ressentent plus le besoin de décrire, pour reprendre cet exemple : étant eux-mêmes insérés dans un système de pensée « connectée », ils supposent que leurs lecteurs les comprendront, puisque membres du même « système global ». Et ça marche, le plus souvent.

Yali Sam 4 Fév 2012 - 13:39

Lizzie a écrit:La suite des points « obligatoires » me laisse sceptique. Enfin, toujours la résistance du vieux continent devant l’efficacité des méthodes du nouveau monde, j’imagine. Ceci dit, en fille centrée sur elle-même (qui a dit pléonasme ?), j’ai vérifié la présence des points à traiter dans ma dernière longue nouvelle : c’est bon, ils y sont tous ! ouf ! :- ) Je pense que c’est assez instinctif, en fait. On doit être tellement baigné dans ce schéma qu’on l’applique sans y prendre garde. Ensuite, a-t-on envie d’écrire « équilibré », c’est une autre histoire…

Un truc me chipote :

Cette Nouvelle écriture, ce ne sont pas les auteurs qui l’inventent mais les lecteurs qui l’imposent, conséquence direct de leur emmagasinage grandissant en terme d’images.

J’ai un peu de mal à comprendre cette interactivité. Elle serait basée sur une supposition de retours, de tri dans les livres « qui marchent », et l’application inconsciente ou pas des mêmes façons d’écrire ? Sceptique. Je pense que ce sont les gens qui écrivent, et qui sont en général consommateurs de multimédia (comme leurs éventuels lecteurs), qui ne ressentent plus le besoin de décrire, pour reprendre cet exemple : étant eux-mêmes insérés dans un système de pensée « connectée », ils supposent que leurs lecteurs les comprendront, puisque membres du même « système global ». Et ça marche, le plus souvent.

Elle n'est pas basée sur une supposition de retours, mais bien sur une consommation courante. Un individu, de sa naissance à sa mort enregistre environ sept milliarsd de messages divisés et enregistrés de façon mémorielle environ comme ceci : visuel 70%, auditif 20%, écrit 10%. À partir de ces chiffres, si nous construisons une histoire, il devient évident que n'étant que le 10% nous appelons les 70% du lecteur. Ce qui revient à dire que dire trop en écrivant embouteille la capacité mémorielle du lecteur. Pourquoi ? Parce que la mémoire est une gare de triage, si un wagon entre alors un wagon sort. Notre mémoire est la copie de celle d'un ordinateur, ou plutôt l'inverse, sitôt que le disque dur est plein, il faut vider la corbeille. Et donc, écrire consiste surtout à faire appel à la mémoire du lecteur et non à lui imposer d'autres images — les nôtres — qui satureraient sa lecture et lui feraient quitter nos pages.
Pour résumer.
Sinon, je reviens la semaine prochaine avec le déroulé ?

Lizzie Sam 4 Fév 2012 - 15:39

D'accord, je te suis. Mais donc, quand tu dis que c'est une "Nouvelle écriture", c'est qu'avant, on n'avait pas 70% de messages mémorisés en visuel ? C'est la télé et le reste qui aurait changé ce pourcentage ?
Non, inutile de revenir la semaine prochaine avec le "déroulé" (heu, pas compris, désolée), c'était simplement histoire de papoter, tout ça. :- )) Ok, on a mieux à faire un samedi après-midi, chuis d'accord ! ^^

Yali Sam 4 Fév 2012 - 15:56

Lizzie a écrit:D'accord, je te suis. Mais donc, quand tu dis que c'est une "Nouvelle écriture", c'est qu'avant, on n'avait pas 70% de messages mémorisés en visuel ? C'est la télé et le reste qui aurait changé ce pourcentage ?

La quantité était la même sauf que les visuels que nous stockions étaient construit à partir de lecture, d'expériences, de discussions, ils ne nous étaient pas livrés achevés.

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